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Venezuela - La chaîne de télévision privée RCTV, ou comment fermer une porte fermée ?








Mercredi 1er août 2007.


Le lecteur qui ne vit pas sur la planète Mars et qui lit la presse a entendu parler il y a deux mois de la « fermeture » de « l’unique » chaîne de télévision d’opposition au Venezuela.

Le monde entier s’en est ému, preuve de la puissance (et de l’unanimité) des médias. Le parlement européen a voté une résolution. L’Union européenne a publié un communiqué. Robert Ménard, le patron (à vie) de RSF, a foncé le 28 mai à l’hôtel Hilton de Caracas pour une conférence de presse, puis au siège de RCTV pour crier son indignation.

Quelques voix mal médiatisées (sauf sur quelques sites comme celui-ci) ont prétendu que la licence hertzienne de la télé putschiste arrivant à expiration au bout de 20 ans, le gouvernement ne l’a pas renouvelée afin d’attribuer l’espace dégagé à une nouvelle télévision éducative, sociale. Mais RCTV pouvait émettre par câble, satellite, Internet.


Chavez n’a jamais « fermé » RCTV.

La vérité est que RCTV, avertie dès décembre 2006 de la fin de sa concession, s’est fermée toute seule pendant quelques semaines pour pouvoir crier à la censure. Elle est revenue discrètement sur les écrans 50 jours plus tard.

RCTV émet aujourd’hui par câble avec la même programmation, via une de ses filiales de Miami (USA) qui commercialise ses productions dans le monde entier.

Le saviez-vous ? Vous a-t-on dit cette vérité avec la même puissance que celle qui nous a assourdi du mensonge de sa « fermeture » ? Ben non, car cela contredit et dévoile les bobards passés. Fermée, on vous dit ! Morte ! Assassinée par un apprenti dictateur !

Le public apprendra bientôt que «  Chavez referme RCTV ». Il manque un épisode, observera un esprit cartésien.

Et voici ce que le grand public ne saura pas : Marcel Garnier, le richissime patron de RCTV, a choisi Miami comme siège officiel de RCTV câble. De là , les mêmes programmes seront diffusés que par voie hertzienne mais avec une nouveauté : plus question de se soumettre à la loi du pays récepteur des émissions. Les « cadenas », par exemple, ces obligations de donner la parole au chef de l’Etat à sa demande (disposition imposée chez nous à toutes les chaînes françaises) ne concerneraient plus RCTV. Ainsi, RCTV câble ressemble à RCTV hertzien, mais en pire. Le gouvernement qui y était fustigé avec une rare violence en sera désormais exclu à 100%. Plus de droit de réponse. Bombardements sans risque depuis le territoire US.

Imaginons qu’une chaîne de télévision française prétende émettre depuis un pays ennemi pour se soustraire à la charte du CSA et prôner la violence politique en France. Sarkozy ne sortirait-il pas son Kärcher ?

Pour justifier cette course en avant dans la négation des lois de son pays, Marcel Granier allègue que RCTV câble est une télé internationale, comme CNN, Telesur, etc. Sauf que ses émissions (les mêmes qu’hier) sont destinées essentiellement à un public vénézuélien. S’y ajoutent, pour alibi, les îles Aruba, Curazao, Bonaire, Trinidad-Tobago.

La Conatel (le CSA vénézuélien) a demandé à 45 chaînes vénézuéliennes opérant par câble de s’enregistrer comme télés nationales, soumises aux lois du pays visé par leurs émissions. La même demande a été faite à Marcel Granier, patron de RCTV.

S’il refuse, le droit d’émettre par câble pourrait être suspendu en application de lois dont nous pouvons trouver l’équivalent chez nous.

C’est alors que la presse va nous stupéfier en nous apprenant que Chavez veut fermer en août une télé qui n’était, paraît-il, plus ouverte depuis mai.

Robert Ménard va encore foncer au siège de RCTV.

A Miami cette fois.

Il paraît qu’il a des amis dans le coin.

Maxime Vivas




Venezuela - Reporters sans frontières et RCTV : Désinformation et mensonges, par Salim Lamrani.


Venezuela : Chávez, les putschistes, la télé et le peuple, par Maxime Vivas.






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Maxime VIVAS
Des années de travail et d’investigations (menées ici et sur le continent américain) portant sur 5 ans de fonctionnement de RSF (2002 à novembre 2007) et le livre est là . Le 6 avril 2006, parce que j’avais, au détour d’une phrase, évoqué ses sources de financements US, RSF m’avait menacé dans le journal Métro : " Reporters sans frontières se réserve le droit de poursuivre Maxime Vivas en justice". Au nom de la liberté d’expression ? m’étonné-je. Quoi qu’il en soit, j’offre aujourd’hui (…)
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