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Au Congrès des États-Unis, les héros de la classe ouvrière sont plus nombreux et plus diversifiés que jamais

Le mouvement social (lutte syndicale, antiracisme, mouvement des femmes, mouvement environnemental) est bien vivant aux États-Unis. Il peut trouver un lien et du soutien auprès de quelques élus de gauche. Et la bonne nouvelle des récentes élections, c’est que ce groupe haut en couleur est plus important que jamais.

« We doubled The Squad » [nous avons doublé l’équipe], a tweeté Alexandria Ocasio-Cortez (plus connue sous le nom d’« AOC »). The Squad, ce sont les députées étasuniennes de gauche Ilham Omar, Ayanna Pressley, Rashida Tlaib et Alexandria Ocasio-Cortez elle-même. Le 3 novembre, toutes ont été réélues les doigts dans le nez, au détriment de leurs opposants républicains.

Alexandria Ocasio-Cortez vient d’une famille portoricaine de New York et a travaillé comme serveuse dans un café pendant de nombreuses années. Ilham Omar est fille de réfugiés somaliens. Les parents de Rashida Tlaib ont émigré de Palestine à Detroit, où son père travaillait dans une usine automobile. Ayanna Pressley est originaire de Chicago, où elle a grandi dans une situation familiale difficile.

Elles sont donc toutes issues de familles de la classe ouvrière et c’est leur marque de fabrique d’être les porte-parole de cette partie de la population au Congrès.

Au cours des deux dernières années, ces jeunes étoiles montantes ont créé un nouveau tourbillon progressiste au sein du Congrès, qui regroupe principalement des hommes blancs, plus âgés et conservateurs.

Alexandria Ocasio-Cortez est surtout connue chez nous pour avoir prononcé un discours puissant et inspirant devant un sénateur républicain, qui lui témoignait du mépris parce qu’elle était une femme.

Ayanna Pressley a combattu le président Trump avec acharnement parce qu’il voulait interdire les bons alimentaires en pleine pandémie.

Avec Bernie Sanders, « The Squad » est souvent la cible de plaisanteries dans les tweets dégoûtants que publie fréquemment Donald Trump. Il est même allé jusqu’à leur dire de retourner dans leur pays, alors que ces femmes (à l’exception d’Ilhan Omar) sont nées et ont grandi aux États-Unis.

« Nous n’irons nulle part, a rétorqué Ayanna Presley au président, sauf à Washington, pour nous battre pour les gens que vous marginalisez et calomniez chaque jour. »

Au cours de la dernière mandature, « The Squad » a surtout pris des initiatives pour augmenter le salaire minimum à 15 dollars de l’heure, pour un autre Green New Deal et pour Medicare For All, l’accès à une assurance maladie universelle.

Elles sont toutes les quatre actives au sein des DSA, les Socialistes Démocrates d’Amérique. Il s’agit du mouvement de gauche le plus important aux États-Unis, et qui grandit le plus rapidement. 28 de ses 37 candidats ont gagné leur course électorale et siégeront bientôt au Congrès.

Un signal important, et une source d’espoir pour tous les mouvements populaires qui se battent pour les droits sociaux et démocratiques, pour la paix et pour le climat.

Une infirmière noire au Congrès

Cette équipe est maintenant renforcée par quelques nouveaux députés prometteurs.

Parmi eux, Cori Bush, mère célibataire, infirmière et ancienne sans-abri. Elle a été l’une des principales figures des manifestations contre les violences policières à Ferguson en 2014, après le meurtre de l’adolescent noir Michael Brown.

Après sa victoire, elle a publié sur Twitter : « Je suis la première infirmière du Missouri élue au Congrès, et ce en plein milieu d’une pandémie. Partout dans le pays, des infirmières ont risqué leur vie pour en sauver d’autres. Les gens de la classe ouvrière ont besoin de représentants qui leur ressemblent, qui connaissent leurs combats. Eh bien, je serai leur championne. »

Un autre nouveau venu, flamboyant, est Jamaal Bowman.

Plus de diversité

Le Congrès actuel est constitué d’environ 79 % de Blancs, majoritairement des hommes. Au Sénat, seuls 26 % des membres sont des femmes, à la Chambre des représentants, elles sont à peine 23,2 %.

On ne sait pas encore très bien si le prochain Congrès fera beaucoup de progrès en termes de couleur et de genre. Mais ce qui est certain, c’est qu’il montrera plus de diversité en termes d’orientation sexuelle.

Onze membres du Congrès sont ouvertement LGBTQ+, un nombre record dans l’histoire de ce pays. Kim Jackson devient la première militante LGBTQ+ noire qui siégera au Sénat pour l’État de Géorgie.

Mondaire Jones est le premier homosexuel noir élu au Congrès. « Les enfants blancs crachaient sur mon grand-père quand il m’a emmené à l’école dans le Sud de Jim Crow. [Les lois Jim Crow imposaient la ségrégation raciale dans le Sud des États-Unis dès 1880, NdlR.] Maintenant, je suis le premier membre du Congrès noir et ouvertement homosexuel ».

Ritchie Torres sera le premier homme LATINA afro-latino à siéger au Congrès.

La candidate démocrate Sarah McBride est également entrée dans l’histoire en devenant la première sénatrice transgenre des États-Unis. Elle a remporté plus de 90 % des voix aux élections locales de l’État du Delaware pour le Sénat.

Ces députés qui ne rentrent pas dans les cases

Et il y a encore d’autres nouveaux députés qui ne rentrent pas dans les cases stéréotypées de la sphère politique.

Prenez Tarra Simmons. Elle est avocate et militante des droits civiques, et se bat pour la réforme du droit pénal. En 2011, elle a elle-même été condamnée à 30 mois de prison pour vol et délits liés à la drogue. Experte par expérience, elle est aujourd’hui l’une des figures de proue de la lutte contre les emprisonnements massifs dans les prisons du pays.

Même si Joe Biden devient le prochain président des États-Unis d’Amérique, l’organisation et la mobilisation de la base de la population resteront essentielles pour que la classe ouvrière au sens large puisse imposer des améliorations, sur les plans économique, écologique et démocratique. Mais la lutte sociale pourra déjà compter sur quelques soutiens au Parlement

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Hernando CALVO OSPINA
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Irving Kristol, conseiller présidentiel, en 1986 devant l’American Enterprise Institute

Le 25 octobre 1983, alors que les États-Unis sont encore sous le choc de l’attentat de Beyrouth, Ronald Reagan ordonne l’invasion de la Grenade dans les Caraïbes où le gouvernement de Maurice Bishop a noué des liens avec Cuba. Les États-Unis, qui sont parvenus à faire croire à la communauté internationale que l’île est devenue une base soviétique abritant plus de 200 avions de combat, débarquent sans rencontrer de résistance militaire et installent un protectorat. La manoeuvre permet de redorer le blason de la Maison-Blanche.

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