RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
17 
Repérer et « traiter » ceux qui disent, même en privé, « Je ne suis pas Charlie » ?

Bienvenue chez Orwell

Nous sommes en guerre. C’est ce qu’a martelé le Premier ministre. C’est ce qu’a répété Nicolas Sarkozy. C’est ce que psalmodie, depuis les sanglants attentats de Paris, une large part de la caste médiatico-politique française, mais aussi européenne. Or la première victime d’une guerre est toujours la vérité, en l’occurrence la liberté d’information, d’opinion et d’expression.

Ce constat classique n’a pas tardé à se confirmer. Tout d’abord à travers l’uniforme qu’ont revêtu les grands médias audiovisuels. Quatre jours durant, hors les équipées meurtrières et la traque – diffusée à la manière d’un obscène spectacle en temps réel – il ne s’est rien passé ni en France, ni dans le monde. Des dizaines de victimes tuées, ce même 7 janvier, par une bombe au Yémen ? Pas trace. Des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants massacrés à Baga (Nigéria) ? Pas le moment. Les autorités égyptiennes qui décident de raser Rafah (75 000 habitants), évacuent sans ménagement la population et dynamitent des quartiers entiers ? Pas un mot. Dans un tout autre registre, l’écroulement des prix du pétrole, la dégringolade de l’euro ? Aucune importance. Les abattoirs GAD (Manche) menacés de dépôt de bilan, 400 chômeurs à la clé ? Disparus. Que les tragiques événements du début du mois, et la légitime émotion qu’ils ont provoquée, méritent une large couverture des radios et télés, nul ne le conteste. Que celle-ci évince littéralement toute autre information, voilà qui n’est ni acceptable, ni rassurant.

Le deuxième niveau de conséquences est institutionnel. La seconde loi « anti-terroriste » du quinquennat (qui est aussi la quinzième depuis 1986) n’est pas encore entrée en application que certains plaident déjà pour un « Patriot Act » à la française, qui limiterait ouvertement les libertés des citoyens. Et si Manuel Valls a pris soin de préciser qu’il ne souhaitait pas de « mesures d’exception », il a exhorté l’UE à adopter sans tarder les dispositions dites PNR qui visent à enregistrer et transmettre le suivi détaillé de chaque passager aérien. Seraient ainsi tracées pas moins de soixante informations sur tout voyageur, parmi les plus personnelles. D’aucuns appellent du reste de leurs vœux un FBI de l’UE – et pourquoi pas une NSA ? D’autres souhaitent le renforcement du parquet fédéral européen embryonnaire, Eurojust.

Il est une troisième catégorie de conséquences qu’on pourrait nommer : police de la pensée. Le cas de Dieudonné M’Bala M’Bala est à cet égard emblématique : on peut penser ce que l’on veut de ce dernier (comme l’on peut penser ce que l’on veut de Charlie Hebdo), son placement en garde-à-vue, puis son renvoi en correctionnelle pour avoir affirmé «  je suis Charlie Coulibaly » fait froid dans le dos. Au titre de l’« apologie du terrorisme » (un grief récemment introduit, et qui vaut y compris pour les conversations privées), une cinquantaine de procédures sont actuellement engagées, de premières condamnations à des années de prison ferme sont prononcées. Des traitements psychologiques (sic !) sont imposés à des gamins qui avaient refusé de participer à une minute de silence (mais que vaut l’émotion vraie, quand le recueillement est imposé par décret ?). Des employés municipaux sont sanctionnés, comme à Lille, pour n’avoir point participé au moment collectif – et l’avoir expliqué. Et demain, le simple fait de chercher à comprendre les raisons du drame, sera-t-il suspect, voire punissable ? C’est sans doute cela que saluait l’eurofédéraliste Guy Verhofstadt lorsqu’il jubilait au même moment : « pour la première fois est née l’Europe des valeurs ».

La palme revient sans doute à Nathalie Saint-Cricq, chef du service politique de France 2. Le 13 janvier, emportée par son élan, celle-ci, désignant du doigt ceux qui « ne sont pas Charlie », lançait : « ce sont eux que nous devons repérer » et « traiter ». Au nom de la liberté d’expression, certainement. Orwell n’est plus loin.

Ce jour-là, Charb, Cabu, Wolinski et les autres ont été assassinés – une seconde fois.

Pierre LEVY

Éditorial paru dans l’édition du 26/01/15 du mensuel Bastille-République-Nations
Information et abonnements :http://www.brn-presse.fr
Pierre Lévy est par ailleurs l’auteur d’un roman politique d’anticipation dont une deuxième édition est parue avec une préface de Jacques Sapir : L’Insurrection

URL de cet article 27920
  

La Nuit de Tlatelolco, histoires orales d’un massacre d’Etat.
Elena Poniatowska
« Pour le Mexique, 1968 se résume à un seul nom, à une seule date : Tlatelolco, 2 octobre. » Elena Poniatowska Alors que le monde pliait sous la fronde d’une jeunesse rebelle, le Mexique aussi connaissait un imposant mouvement étudiant. Dix jours avant le début des Jeux olympiques de Mexico, sous les yeux de la presse internationale, l’armée assassina plusieurs centaines de manifestants. Cette histoire sociale est racontée oralement par celles et ceux qui avaient l’espoir de changer le Mexique. (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« Citoyens,

Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre vie, souffrant des mêmes maux. Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables. Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère. Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter. Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considèrent jamais comme vos maîtres.

Le Comité Central de la Garde Nationale »

Texte de l’affiche apposée avant l’élection de la Commune de Paris, 25 mars 1871.

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.