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11 commentaires

Ce qui s’est passé le 17 octobre 1961

Charlotte NORDMANN

1. Le contexte

En 1961, la nécessité d’une solution négociée au conflit algérien s’est imposée. Des négociations ont été officiellement ouvertes entre le gouvernement français et le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne le 20 mai 1961. Il est hors de doute pour les participants que les négociations aboutiront à l’institution d’un État algérien indépendant : les discussions portent sur les conditions exactes de l’indépendance. Et pourtant c’est à partir de l’été 1961 qu’eurent lieu les plus terribles violences que connut le territoire métropolitain pendant la Guerre d’Algérie. C’est cette contradiction que met en évidence l’examen des faits qui ont conduit aux massacres du 17 octobre 1961.

En 1961, Maurice Papon est préfet de police de Paris. Nommé à ce poste en 1958 sous la IVème République, il y a été maintenu par le président Charles de Gaulle sous la Vème. Lorsqu’en 1958 M. Papon est nommé préfet, à la suite de violentes manifestations de policiers parisiens, sa recommandation est " l’efficacité " dont il a fait preuve lors de son mandat de préfet à Constantine. De 1956 à 1958, en tant que préfet et IGAME pour les départements de l’Est algérien, il a instauré un système de répression dans lequel la torture est systématique, les exécutions sommaires courantes. Lorsqu’il est nommé préfet de police à Paris en 1958, il répond à une campagne d’attentats menés en métropole par le F.L.N. en organisant des rafles massives de "Français musulmans d’Algérie ". Les violences à l’encontre de la population nord-africaine de Paris s’institutionnalisent : le préfet de police crée la Force de police auxiliaire, constituée de harkis, qui pratique la torture ; il fait ouvrir le Centre d’Identification de Vincennes, où peuvent être internés, sur simple décision administrative, sans jugement, les Nord-Africains " suspects". M. Papon va jusqu’à instaurer, le 1er septembre 1958, un couvre-feu pour les Nord-africains. Boycotté par le F.L.N., il tombe peu à peu en désuétude. Au cours des opérations de police, des internements, des rafles et des "contrôles" par les harkis, des hommes disparaissent. De nombreuses plaintes sont déposées, pour torture, pour meurtre ; malgré l’accumulation de témoignages accablants, malgré les constatations de sévices par des médecins, malgré le nombre de disparitions, aucune plainte n’aboutira. Toute la population nord-africaine de la région parisienne souffre de ces rafles systématiques et de la violence des harkis qui patrouillent dans les quartiers qu’elle habite, par exemple dans le 18ème ou le 13ème arrondissement.

Ces violences s’ajoutent à la condition extrêmement dure qui est faite par ailleurs aux travailleurs nord-africains en métropole. Dans leur très grande majorité, ce sont des célibataires que de grandes firmes industrielles françaises ont fait venir par contingents : la France manque de main d’oeuvre et les populations rurales d’Algérie ou du Maroc constituent une force de travail docile. Ils vivent dans des hôtels à Paris ou dans des bidonvilles, comme à Nanterre. La surpopulation et l’isolement forcé qu’ils subissent tiennent à la fois à leur pauvreté et au refus des propriétaires français de leur louer des appartements. Les Algériens " immigrés " en métropole sont très strictement encadrés par le F.L.N. Cela signifie en particulier que tous sont contraints de cotiser - ceux qui refusent risquent la mort.

2. D’août 1961 au couvre-feu d’octobre

En août 1961, les rafles et les perquisitions s’intensifient, les violences et les détentions arbitraires, au faciès, se multiplient. Ce redoublement de l’offensive policière se produit alors que le F.L.N. a cessé ses attentats à Paris et en banlieue depuis plusieurs semaines. Les attentats de l’O.A.S. deviennent au même moment de plus en plus nombreux, visant parfois des hôtels où vivent des Algériens. Fin juillet 1961, les négociations entre le gouvernement français et le G.P.R.A. ont achoppé sur la question du Sahara, la France contestant la souveraineté du futur État algérien sur cette région. En août 1961, le président Charles de Gaulle est prêt à céder sur cette question d’importance pour relancer les négociations. Il entend en même temps être en position de force pour négocier. C’est le sens de son geste lorsque, fin août 1961, il démet de ses fonctions le Garde des Sceaux Edmond Michelet, favorable depuis longtemps à la négociation avec le F.L.N. Il cède ainsi à la pression de son Premier ministre Michel Debré, lequel est profondément partisan de l’Algérie française. En renvoyant Edmond Michelet, il signifie qu’il accepte le durcissement de la répression contre les " Français musulmans d’Algérie ".

Le F.L.N. décide, fin août 1961, de reprendre sa campagne d’attentats en métropole. Les policiers sont visés ; onze d’entre eux seront tués et dix-sept autres blessés de la fin août au début octobre 1961. A la suite de ces attentats, trois organisations syndicales de policiers, dont la principale, se constituent en un " Comité permanent de coordination et de défense " et exigent du pouvoir des exécutions de condamnés à mort et un couvre-feu pour les Nord-africains. A partir de septembre 1961, des rafles massives sont organisées. Au cours de ces rafles, des personnes disparaissent. C’est aussi à partir de septembre que l’on commence à entendre parler de cadavres de Nord-africains retrouvés dans la Seine. A la pression des policiers, qui parlent de " se faire justice soi-même ", M. Papon répond par un discours sans ambiguïté : le 2 octobre, aux obsèques d’un policier, il déclare : " Pour un coup rendu, nous en porterons dix ", puis, plus tard, il assure les policiers que, s’ils tirent les premiers, ils seront " couverts ". Le 5 octobre, il instaure un couvre-feu pour les " Français musulmans d’Algérie ". Malgré les dénégations du ministre de l’Intérieur, ce couvre-feu raciste institutionnalise la confusion entre " Algérien " et criminel.

3. La manifestation

Le F.L.N. décide d’organiser un boycott du couvre-feu. Une circulaire du 7 octobre met fin à la campagne d’attentats en métropole : il s’agit par ce boycott de changer entièrement de stratégie et de renverser l’opinion publique française. Alors que les attentats s’inscrivaient dans une logique de clandestinité et de guerre, le boycott du couvre-feu doit prendre la forme d’une manifestation pacifique de masse, au grand jour. La manifestation doit avoir lieu dans tout Paris, le long des artères principales de la ville. Tous doivent y participer, les familles entières. Les manifestants ont la consigne de ne répondre à aucune provocation, à aucune violence ; des cadres du F.L.N. les fouillent avant la manifestation pour s’assurer qu’ils n’ont rien qui puisse servir d’arme. Tous les Algériens de la région parisienne doivent participer à la manifestation, sous la contrainte si nécessaire : il s’agit non seulement pour la Fédération de France du F.L.N. de démontrer son emprise sur les Algériens en métropole, mais aussi de faire exister aux yeux des Français le peuple algérien. A l’institutionnalisation de l’arbitraire et du racisme, il faut répondre par la revendication d’une existence politique. Les dirigeants de la Fédération de France estiment que la répression qui ne peut manquer de s’abattre sur les manifestants mettra en lumière la violence du pouvoir et la légitimité de la lutte du peuple algérien pour son indépendance.

Au matin du mardi 17 octobre, la police sait qu’une manifestation de masse se prépare ; des cars de police quadrillent la ville, des policiers cernent les bouches de métro aux portes de Paris, prêts à arrêter les manifestants. Aux portes de Paris, à la sortie des métros Étoile, Opéra, dans les couloirs de la station Concorde, sur les Grands Boulevards, les manifestants seront systématiquement matraqués, à coups de crosse, de gourdin, de bâton, souvent jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. Les policiers frappent au visage, au ventre, des manifestants qui ne font montre à aucun moment d’aucune violence ni d’aucune résistance. Sur le boulevard Bonne-Nouvelle, au pont de Neuilly, au Pont-Neuf d’Argenteuil et en d’autres lieux, les policiers tirent sur les manifestants. Sur les ponts aux portes de Paris et sur le pont Saint-Michel, des hommes sont précipités à la Seine. En plein Paris et pendant plusieurs heures se déroule une véritable chasse au faciès, à laquelle la population parisienne assiste et collabore même parfois. Le préfet de police M. Papon suit toutes les opérations et se rend lui-même à l’Etoile, pour constater leur " bon déroulement ". Il a aussi connaissance de toutes les liaisons radio de la police. Il sait donc que de faux messages d’information circulent selon lesquels des policiers auraient été tués. Il ne les démentira pas.

Plus de dix mille Algériens sont interpellés. Ils sont internés au palais des Sports, au Parc des Expositions, au stade de Coubertin, au Centre d’Identification de Vincennes, pendant près de quatre jours. Quatre jours pendant lesquels les violences continuent. A leur arrivée, les manifestants sont systématiquement battus. Dans l’enceinte des lieux d’internement, on assiste à des exécutions et nombreux sont ceux qui meurent de blessures non soignées. Au lendemain de la manifestation, le bilan officiel est de deux morts algériens. Il fait état de " tirs échangés " entre la police et les manifestants. Malgré les efforts de quelques parlementaires, le gouvernement empêche la création d’une commission d’enquête. Aucune des plaintes déposées n’aboutira.

S’il n’est pas possible de déterminer exactement combien d’Algériens furent tués le 17 octobre 1961 et les jours qui suivirent, il reste que le chiffre de plusieurs centaines de morts, avancé par J-L. Einaudi dans son livre La Bataille de Paris à partir de l’étude de registres de cimetières, de témoignages et de documents internes du F.L.N., est le plus vraisemblable. De nombreuses archives administratives qui auraient été essentielles au dénombrement des victimes ont aujourd’hui disparu. Ceci explique pourquoi le rapport Mandelkern - commandité par le gouvernement et rendu public en 1998 - et le livre de J-P. Brunet, qui tous deux se fondent sur les archives existantes de la préfecture de Police, concluent à un nombre de morts bien inférieur - autour d’une quarantaine. Le rapport Mandelkern reprend du reste à son compte la version selon laquelle des tirs auraient été échangés entre les manifestants et la police.

Source :
Article de Charlotte Nordmann sur le site 17 octobre 1961 : contre l’oubli

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COMMENTAIRES  

17/10/2004 10:38 par Anonyme

« UNE JOURNEE PORTEE DISPARUE » :

Paris, le 17 OCTOBRE 1961 des centaines d’Algériens ont été massacrés et jetés dans la Seine lors d’une manifestation pacifique. 43 ans plus tard, ce crime contre l’humanité n’est toujours pas reconnu officiellement par l’Etat français.

Le collectif « 17 octobre 1961 » appelle à commémorer cette date sanglante pour dénoncer ce crime d’État et restaurer une mémoire occultée.

 RASSEMBLEMENT LE DIMANCHE 17 OCTOBRE 2004
A 15H30 PLACE GABRIEL PERI (PLACE DU PONT)

Métro / Tramway (ligne1) : Guillotière

04/09/2007 15:40 par Anonyme

c est une honte pour la france mieux reconnaitre ses crimes pour ezffacer ça et pour laisser la page blanche pour les generations qui viennent

17/10/2004 20:29 par DAMMAD

Une amnésie toute relative...

A rappeler au milieu des commémorations d’un événement passé sous silence depuis plus de quarante ans, la saisissante rage d’informer de l’ensemble des médias français et à disfonctionner de concert à l’occasion de l’affaire extraordinairement fausse du RER il y a quelques mois dont les conséquences pour leur crédibilité ne paraît pas avoir provoqué le moindre déclic. Hier, déjà 43 ans, le 17 octobre 1961, c’est également l’ensemble des médias français, qui de concert organisa l’amnésie générale autour d’un crime d’Etat. Aujourd’hui on se souvient à "L’Humanité" et au "Nouvel Observateur" mais quelle est donc cette raison d’Etat qui fait publier avec fracas les délires racistes d’une pauvre folle de misère, suivis par l’ensemble de la classe politique, président en tête, journalistes, intellectuels, unis une fois de plus, c’est de bon ton, dans un tollé d’indignation anti-raciste. Mais quelle raison a prévalu lorsqu’il s’est agi de briser les espoirs de manifestants pacifiques, pauvres parmi les pauvres, à qui il était reproché avant tout d’être Algériens donc arabes donc pas grand chose... dans la France des colonies. Qui protège "l’intégrité", aujourd’hui de Maurice Papon, préfet de police responsable au pedigree remarquable durant l’occupation pour son traitement "spécial" des juifs français que tout le monde connaît ? Nul doute que les méthodes efficaces de Papon aient été fort appréciées en 1961 ainsi que la discrétion "professionnelle" du monde journalistique quant au massacre : "trois morts à Paris" c’est succinct !
Le silence assourdissant de la raison d’Etat fait écho comme dans un mausolée à l’agitation xénophobe brandie par certains allumeurs d’incendie qui par miracle, ont trouvé la voix du discours indigné dans une affaire montée de toutes pièces qui démontre l’hypocrisie généralisée et l’absence de débats en France autour de la question coloniale.
Quand la France officielle refoule, c’est la démocratie qui trinque. Maintenant que la presse est "libre", un 17 octobre 1961 n’est même plus un mauvais souvenir. A-t-il eu lieu finalement ?

19/10/2004 10:32 par Anonyme

A signaler la parution d’un nouvel ouvrage de Jean-Luc Einaudi, celui qui a permis de faire reconnaître officiellement par la justice le massacre du 17 octobre 1961 : Franc-Tireur, Georges Mattéi, de la guerre d’Algérie à la guérilla. Un ouvrage passionnant sur cette époque. A découvrir sur : http://www.dangerpublic.net

20/10/2004 00:11 par Agrud n azawan

En tant que petit fils de combattant indépendantiste et fils d’immigré, je pense qu’il reste du chemin à faire : on commence à en parler, encore que dans les " milieux autorisés " les choses restent cachées.

L’occasion aussi de rappeler que face à la machine de la répression, le FLN a joué la carte de l’irresponsabilité/ Ce mouvement a non seulement liquidé ceux de ses militants qui ne suivaient pas la ligne officielle. De nombreux marxistes, des Berbères et des électrons libres l’ont chèrement payé. Béni soit le jour où l’on fera la lumière sur le rôle ambigu du FLN en métropole.

En Algérie aussi les mentalités évoluent pour admettre qu’à côté des bourreaux français, il y a leur complices parmi les futurs dictateurs de notre Algérie actuelle. Et si les bourreaux étaient des deux côtés ?

Ceci étant dit, les choses bougent, lentement mais sûrement.

11/12/2005 02:26 par Matthieu

Cette "nuit noire" soulève un grave problème bien plus inquietant a mon avis qu’un simple problème de xenophobie.
Il soulève celui de la haine organisée.
Il prend suite, si je ne me trompe à une guerre bien plus affreuse que ce ce massacre qui n’est pas négligeable, celle d’Algerie.
Les dirigeants du FLN sont partis d’un bon sentiment, faire comprendre aux français leur persécution en passant pour des martyres. Mais leur refléxion fût superficielle. Ils auraient dut se douter que le FLN avait envenimé l’opignon des policiers.
De l’autre côté les dirigents ont en toute conaissance de cause donné carte blanche à des policiers qui n’attendaient que cet accord pour venger stupidement leurs collègues tués par le FLN. Leur stupidité et leur faiblesse d’esprit couplés à la haine accumulée les ont fait agir de manière inacceptable !!
Je suis fils d’immigré italien. Mes ailleux n’ont rien à voir avec cette tragédie bien qu’ils furent persécutés eux aussi. Cependant, je penses que si mon père ou quelqu’un de ma famille avait été du camp des policiers, je n’hésiterai pas à salir sa mémoire.
La haine est encore à l’heure actuelle présente en france. Le gouvernement ne fait toujours rien pour la palier. Il est de nôtre devoir de le condamner.
Aidez-vous les uns les autres sans à prioris et jujez les personnes sur leurs actes. Ne vous laissez pas influencer par des leaders idéologiques.
Ne vous faites pas d’illusions, la haine continuera de persister tant que la race humaine vivera groupée. C’est certainement dans la nature de l’homme.
Demandez-vous si vos actes embellissent vôtre vie et unissez-vous avec les partisants de la paix. faut-il avoir vu la guerre et la soufrance organisée pour la condamner ?

ps : escusez-moi pour l’ortographe.

08/02/2008 08:36 par karima

D’accord pour tout ce que vous avait dit mais jusque la vous ne faite toujours pas apparaître les vrais raison de ce massacre et je pense que celui qui veux lire cet article aimerais savoir les raison pour le quel a eux ce massacre

11/10/2008 14:18 par Pauline Sulak

Venez en parler avec nous après la représentation du seul en scène "le frabyle"...et après la manifestation prévue de 18h à 20h sur le pont St Michel...

« Quand le meilleur naît du pire il est souvent meilleur pour le plus grand nombre »
Tayeb Belmihoub qui a également participé au tournage du film d’Alain Tasma "Nuit noire" sur Canal+ - Rôle d’un dirigeant du FLN autour d’un petit déjeuner préparatoire de la manifestation du 17 octobre 61...

Dans le cadre des événements du souvenir du 17 octobre 61 à Paris…
« Le Frabyle » propose son regard le 17 octobre 2008 à 21h30 à Paris
Au « Paname » 14 rue de la Fontaine au Roi 75011 Paris 01 48 06 31 27

« Etre Frabyle, c’est un France/Algérie quotidien ! »

Le Frabyle, c’est le spectacle de tous les mélanges, des mélanges réussis ou ratés, des traditions différentes avec leur lot de richesses, d’ouverture et de tolérance mais également de douleurs, de déséquilibres, de questions et de doutes…

Le Frabyle, c’est le spectacle de celles et ceux qui aiment la terre de leur naissance et celle de leurs ancêtres et qui les partagent sur une même terre…

Le Frabyle, c’est le spectacle de tous les français, de celles ceux qui ont envie de découvrir ou de partager, sans imposer mais sans oublier pour autant leurs convictions ni leurs traditions. C’est le langage de celles ceux qui n’ont pas peur de leurs différences…

Le Frabyle, c’est le spectacle de tous ces immigrés, dont les enfants, français, ne supportent plus d’être appelés des « beurs », rejettent la notion d’intégration, les amalgames cités/ délinquants, musulmans/terroristes et attendent qu’on leur parle « avenir » avec des mots comme possible, égalité, équilibre…

ROMAIN BOUTEILLE « Il faut avoir suivi Tayeb Belmihoub dans sa promenade sereine entre les vagues de la violence publique. J’allais dire sa promenade « digestive » à cause de la cocasserie mais, sous les cendres couve une lucidité plus chirurgicale qu’intestinale. La haine n’est pas quelque chose de familier sur les trottoirs où l’on parle en « frabyle », dans ce ramassis d’argots kabyle, chtimi, parisien on trouve une profondeur serbo-croate et cette clarté imparable des coups de pieds au cul mais aucune hargne. On trouve une espèce d’universalité soignante. Je ne sais pas par quel tour de magie chacun retrouve là ses petits, ses proches, son lait maternel. »

KARIM ZERIBI « Ce soir là , c’est aussi un homme qui m’a permis de partager avec d’autres, un moment délicieux car la paix et la cohésion humaine -et non sociale pour une fois- étaient au menu. Ce soir là enfin, c’est aussi un citoyen qui s’est exprimé avec sincérité, intelligence et authenticité sur des sujets de société ô combien sensibles puisque nous les traînons comme des boulets depuis plus de 20 ans. Le FRABYLE, je l’ai découvert un soir d’été au festival d’Avignon. Dès la fin du spectacle, je me suis promis, en tant qu’acteur de terrain, de transmettre le message comme on le faisait à d’autres époques, afin que le plus grand nombre de femmes et d’hommes, de jeunes et d’anciens, de riches et de pauvres puissent profiter de ce moment de bonheur auquel j’ai eu droit. Celles et ceux qui représentent la majorité -trop- silencieuse et qui aspirent à vivre ensemble dans le respect mutuel seront en parfaite osmose avec cet artiste- citoyen libre qui refuse le fatalisme ambiant et l’enfermement identitaire. »

LA PROVENCE « Tayeb propose des mots justes. Il nous emmène dans son voyage semé d’embûches et de joies. Pour lui « le monde est un livre (….) Il est temps que l’on donne aux individus la possibilité de lire leur livre sans distinction idéologique ou religieuse » Il se dégage un tel espoir des paroles de Tayeb, une lumière, un regard, un sourire qui vous font réfléchir. Il respire une sorte de plénitude, la leçon de vie de cet homme est à voir absolument. »

Si….

Si tu peux déclamer sans être censuré
Si tu peux critiquer sans être menacé
Si tu peux t’opposer sans être emprisonné
Si tu peux dénoncer sans être exécuté
Si tu peux être femme sans être bafouée
Si tu peux sans trembler dire ta berbérité
Si tu peux être jeune sans être désespéré
Si tu peux dire « je t’aime » sans être décrié

Si tu peux t’incliner sans que ta barbe pousse
pour faire cesser enfin le sang qui éclabousse,
Si l’on accueille enfin comme un hôte de marque
celui qui, hier encor, subissait la matraque,
Si ta peau basanée et tes cheveux frisés
ne sont plus un prétexte à mieux te contrôler,

Si implorent pardon ceux qui ont torturé
Si la mémoire revient à ceux qui ont tué
Si le nom de ton père est enfin honoré
pour avoir, de son sang, servi la Liberté,

Si les pouvoirs abdiquent de leurs desseins obscurs
Si les peuples décident enfin de leurs futurs
Si les mères patries rapprochent leurs rivages
pour qu’enfin leurs enfants ne fassent plus naufrage,

Si, Si, Si…

Alors et alors seulement, en « Hommes Libres* » nous fêterons ensemble
« l’Année de l’Algérie en France »
Alors et alors seulement en « Hommes Libres » nous ferons exister ensemble
« l’Année de la France en Algérie » !

TAYEB BELMIHOUB - LE LIVRE

"Le Frabyle -Entre Kabylie & France, le grand pardon ?"
paru aux Editions manuscrit.com

4ème de Couverture

"Certains actes de notre vie se plaisent à précéder notre pensée. Celui qui m’a conduit à offrir en partage ces quelques lignes s’est manifesté sans que j’ai eu le temps ni même l’envie de l’analyser. Je me nomme ou plus exactement, j’ai été nommé Belmihoub Mohamed Tayeb, fils de Belmihoub Mohamed Mouloud, kabyle jusqu’au bout des montagnes et de Allart Marguerite son épouse, plus ch’timi que le tréfonds d’une mine.
Malheureusement, la conjugaison de certains mots, surtout s’ils sont des noms propres, donne à vivre une grammaire quotidienne dont les règles souffrent de « déclinaisons » et « irrégularités » très singulières."

Tayeb Belmihoub, après son livre « Une balle pour la paix » paru en novembre 2005 et malgré de longues pérégrinations à travers la France pour donner des conférences « Football, vecteur de paix », a trouvé le temps et l’envie de nous faire partager ses points de vues sur la France d’aujourd’hui à travers le prisme et le regard de celles et ceux qui sont, comme l’on se plait à dire « issus d’une double culture »… Ces français à peu près comme les autres, à cela près que souvent, l’un de leur parent est « d’origine »…Et c’est là que tout commence et c’est là que parfois tout fini…

Après avoir parcouru la France avec son seul en scène - il est également comédien et auteur d’une pièce de théâtre : « le Frabyle », (français/kabyle), il a pendant 5 ans, à travers les débats qui suivent chacune des représentations, rencontré des milliers de personnes, jeunes, plus âgées, homme, femmes, croyants ou athées, « d’origine » ou « issus de », ou « Frabyle » comme lui. Il les a écoutés, entendus, ils ont échangé et peu à peu s’est dessinée la carte de cette « France Frabyle » avec laquelle il faut maintenant compter et qui doit permettre à chacun de prendre la place qui lui revient dans une société que tous contribuent à faire progresser.

TABLE DES MATIERES
L’auteur - Tayeb Belmihoub
Préface de Romain bouteille
Préambule de Tayeb belmihoub

Chapitre 1
DELIT DE FACIES - DELIT DE NOM
Chapitre 2
LES ORIGINES
Chapitre 3
JUIFS & MUSULMANS
Chapitre 4
LA GUERRE D’ALGERIE
Chapitre 5
LA POLICE, LES POLITIQUES & L’ISLAM
Chapitre 6
LA DOUBLE CULTURE :
Double identité - double nationalité
Chapitre 7
RACISME OU XENOPHOBIE
Chapitre 8
KABYLE, ARABE ?
Chapitre 9
LES « BEURS » & LES « INDIGENES »
Chapitre 10
LES HARKIS - LE FLN - L’OAS
Chapitre 11
ALGERIE/FRANCE : SEXUALITE & ISLAM
Chapitre 12
LES BANLIEUES DU MONDE

16/10/2009 00:11 par SFE

L’impossibilité de consulter les archives retraçant les faits de la nuit du 17 octobre 1961 à Paris, a suscité la colère de l’ancien président de la fondation du 8-Mai- 1945, Mohammed El Korso. Intervenant hier, dans le cadre de la commémoration du 48e anniversaire de la Journée nationale de l’émigration, qui coïncide avec les massacres du 17 octobre 1961, Mohammed El Korso, qui a été l’invité, hier, de l’association Mechaâl Echahid, estime qu’il est regrettable que les archives liées aux faits du 17 octobre 1961 ne peuvent pas être consultées en Algérie malgré leur disponibilité. Lire la suite...http://socialisteetfierdeletre.unblog.fr/

04/10/2010 20:50 par Yves Dorsey

Pour bien comprendre ce qui s’est réellement passé ce 17 octobre, je vous renvoie vers l’excellent livre de Youcef Dris édité par ALPHA Algérie en 2009 et intitulé LES MASSACRES D’OCTOBRE 1961 PAPON LA HONTE. Vous y découvrirez les tenants et aboutissants de ce tragique évènement, avec des témoignages poignants des acteurs de ce drame et de ceux qui l’ont subi dans leur chair et dans leur mémoire aujourd’hui tourmenté. Pour que nul n’oublie, car l’oubli couvre plus vite que la poussière.

10/10/2011 15:04 par Hafida

A propos des massacres d’octobre 61, lire Algérie ! Algérie, d’Eric Michel, paru en 2007 aux presses de la renaissance.
Grande fresque historique sur la guerre d’Algérie, toutes les intrigues convergent vers les massacres d’octobre,
auxquels une large part est consacrée.
Hafida Rebbani.

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