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Charlie, où es-tu ?

Perso, je ne suis pas allé à la manif du 11 janvier, car justement, j’aimais trop Hara-Kiri et l’ancien Charlie pour cautionner cette grand-messe nationale. Choron et Reiser ont du se bidonner à en faire trembler leur pierre tombale en voyant cette mascarade si vite récupérée. Eux qui ont toujours été à contre-courant, soudain transformés en icônes, c’est juste à pleurer de rire. Une dernière blague à leurs dépens. De toute façon, le vrai Charlie était mort depuis longtemps ...

C’était quand même insolite cet attachement soudain et spontané à l’hebdomadaire satirique que personne n’achetait auparavant. D’un seul coup tout le monde en a fait l’éloge et sacralisé son contenu qui, par ailleurs, était depuis de nombreuses années d’une médiocrité certaine. D’autre part, je n’avais jamais entendu parler de Charlie Hebdo comme garant de la liberté d’expression avant ce jour. La liberté d’expression est instrumentalisée. On s’en sert aujourd’hui pour instaurer des lois pour « fliquer » la population.

Reste l’émotion, réelle, d’un peuple pour ses troublions. J’en veux aux politiques, aux médias, certainement pas aux manifestants qui ont exprimé ensemble leur tristesse d’une manière maladroite, mais touchante. On demeure largement inconscient de ce qui est en jeu, dans les phénomènes de masse chacun est saisi par l’émotion et trouve ça beau, grandiose, on a une réelle envie de se fondre dans le collectif, d’avoir ce sentiment de partage et d’appartenance qui fait si cruellement défaut à nos société modernes. Le 11 janvier la France a communié dans la douleur et les larmes, demain sera un autre jour ... mais s’offusquer des conséquences sans chercher à en comprendre les causes est un manque de conscience citoyenne et politique.

Je ne doute pas que tous les français qui y ont participé voulaient exprimer ce qu’ils estiment être des valeurs justes, de fraternité, de liberté d’expression, etc... Au départ, les gens qui ont manifesté l’ont fait sans aucune arrière-pensée, bien avant que Hollande ne s’exprime pour tenter de récupérer cette mobilisation en marche. Dans cette pitoyable mascarade, une fois de plus, les médias « mainstream » ont joué un rôle manipulateur, laissant place à une mythologie douteuse. Sans tomber dans les raccourcis complotistes, mais ne vous en déplaise, vous avez participé à un mouvement qui vous dépasse, qui est maintenant inscrit dans l’Histoire de France, et ce n’est ni vous ni n’importe quel Charlie qui écrit l’Histoire...

On nous a donc montré une grande vague dite « républicaine », l’union nationale contre le terrorisme. Des Français fiers d’être Français, unis comme jamais, dressés contre la monstruosité terroriste, pour les libertés démocratiques, pour la liberté d’expression. Unis avec le chef de l’Etat et ses prestigieux invités internationaux. A Paris, dans certains coins de la gigantesque manifestation, celle-ci prenait même des airs de « manif pour tous » (un paradoxe pour Charlie Hebdo !), et là se concentraient le délire patriotique et les ovations à la maréchaussée... Mais attention, l’union nationale n’a jamais profité qu’à une petite caste, jamais au peuple ! L’union nationale n’est pas seulement un leurre, c’est exactement le contraire de ce qu’il faut faire. Il faut commencer par sabrer et tailler, séparer le bon grain de l’ivraie, radicaliser les positions et créer de vraies alternatives politiques ...

Le Monde a appelé cette grande communion « L’esprit du 11 janvier ». Ce sont les images de cette France-là que nous ont montré les télévisions : un peuple qui dit des choses généreuses, mais au garde-à-vous derrière ses chefs qui eux n’ont rien de généreux et accompagnés d’abjectes hypocrites venus des quatre coins de la planète. Le gouvernement veut ainsi reprendre la main, et fait comme si ces millions de gens, qui ont juste défilé, plus ou moins confusément « contre le terrorisme » ou « pour la liberté », avaient manifesté pour le pouvoir. Et d’invoquer cet « esprit du 11 janvier » pour justifier tout et n’importe quoi...

C’est pour cela que je voudrais attirer votre attention sur la conséquence effective des attentats contre Charlie Hebdo et des manifestations qui en ont découlé : la loi renseignement, un « patriot-act » à la Française, qui n’est rien de moins que la légalisation d’une surveillance de masse sans aucun contrôle judiciaire. Votée par 438 députés de tous les partis (y compris les verts et le FDG, un comble). Et les mêmes, sans aucune logique, mais par simple calcul politicien, condamnent le fichage ethnique du maire de Béziers, alors que la surveillance de masse de l’ensemble de la population qu’ils ont approuvée et votée fournira de facto ce type de statistiques... hypocrisie, hypocrisie ! De la captation en temps réel des métadonnées des abonnés à Internet, à la mise en place d’algorithmes pour la détection automatique des profils suspects sur le réseau, l’interception de correspondances électroniques, la pose de micros dans un appartement ou dans un véhicule, la géolocalisation... tout cela va encore élargir les possibilités de surveillance du net, déjà étendues par la dernière loi de programmation militaire de 2013 et la loi antiterroriste votée en novembre 2014.

Avec Charlie, le 11 janvier, on condamnait le terrorisme, mais les contradictions politiques et économiques sont décidément nombreuses et le 4 mai avec les ventes des rafales au Qatar, financeur de ce même terrorisme, on l’approuve. Le 11 janvier, on défendait la liberté d’expression et aujourd’hui la loi renseignement met à mal nos libertés et laisse présager des dérapages inévitables, car comme le disait Abraham Lincoln : « qui préfère la sécurité à la liberté, aura tôt fait de perdre les deux ! ». En restant poli, j’ajouterais simplement : « Les cocus du 11 janvier, comptez-vous ! »

Alex TERRIEUR en surfant sur le net

Voir aussi les articles de mon frère Alain

»» http://2ccr.unblog.fr/2015/05/14/charlie-ou-es-tu/
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Boycott d’Israel. Pourquoi ? Comment ?
Nous avons le plaisir de vous proposer cette nouvelle brochure, conçue pour répondre aux questions que l’on peut se poser sur les moyens de mettre fin à l’impunité d’Israël, est à votre disposition. Elle aborde l’ensemble des problèmes qui se posent aux militants, aux sympathisants, et à l’ensemble du public, car les enjeux de la question palestinienne vont bien au-delà de ce que les médias dominants appellent le "conflit israélo-palestinien". Dans le cadre de la campagne internationale (…)
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(...) quelqu’un a dit il y a vingt ans : "vous pouvez croire tout ce qu’on raconte sur cet homme, sauf qu’il est mort".

(...) Ce lieu sera pour toujours un témoignage de lutte, un appel à l’humanisme. Il sera aussi un hommage permanent à une génération qui voulait transformer le monde, et à l’esprit rebelle et inventif d’un artiste qui contribua à forger cette génération et en même temps en est un de ses symboles les plus authentiques.

Les années 60 étaient bien plus qu’une période dans un siècle qui touche à sa fin. Avant toute chose, elles ont été une attitude face à la vie qui a profondément influencé la culture, la société et la politique, et a qui a traversé toutes les frontières. Un élan novateur s’est levé, victorieux, pour submerger toute la décennie, mais il était né bien avant cette époque et ne s’est pas arrêté depuis. (...)

Avec une animosité obstinée, certains dénigrent encore cette époque - ceux qui savent que pour tuer l’histoire, il faut d’abord lui arracher le moment le plus lumineux et le plus prometteur. C’est ainsi que sont les choses, et c’est ainsi qu’elles ont toujours été : pour ou contre les années 60.

Ricardo Alarcon,
président de l’Assemblée Nationale de Cuba
Allocution lors de l’inauguration de la statue de John Lennon à la Havane, Décembre 2000

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