12 

Constitution ou traité ? Progrès ou pas ?

Je voudrais réagir à quelques affirmations que je lis souvent dans les rares mais virulents messages qui me font reproche de ma position : selon ses partisans, « ce texte n’est pas une Constitution, c’est un traité »

Et bien c’est précisément ce que je reproche à ce texte : c’est un traité alors que ça ne devrait pas l’être. Je découvre à presque 50 ans, (preuve que je n’y avais pas assez réfléchi j’en conviens) que, depuis cinquante ans, on règle des problèmes qui relèvent normalement d’une Constitution avec de simples traités qui ne présentent pas du tout les mêmes garanties d’impartialité et d’équilibre des pouvoirs : le TCE donne une définition des grands principes, il met en place des institutions (exécutif, législatif, judiciaire), il règle l’équilibre des pouvoirs, sans limitation de durée, il s’impose comme un texte suprême supérieur à toute autre norme, il prévoit des procédures de révision (largement illusoires, mais bon...)...

Bref : dans le TCE, on a exactement, sans qu’il en manque un seul, tous les thèmes, et la force, qui relèvent normalement d’une Constitution, loi fondamentale que les peuples se donnent à eux-mêmes pour se protéger des puissants.

Je prétends, et je dis ça en simple citoyen, pas plus, que de telles dispositions, qui transfèrent la souveraineté du peuple (du niveau national au niveau européen), n’ont pas à être décidées par les pouvoirs en place, à coup de traités et loin des peuples, comme si ces pouvoirs étaient propriétaires de la souveraineté populaire, ce qu’ils ne sont pas.

Qu’on me comprenne bien : je ne suis pas hostile du tout à ce que ma (petite) part de souveraineté de citoyen passe d’un parlementaire national à un parlementaire européen (je veux dire que je ne suis pas du tout nationaliste, pas du tout « replié sur moi-même »), mais je tiens mordicus à ce que cette souveraineté ne soit pas bradée, mise en cage dans un Parlement sous tutelle, qui n’a même pas l’initiative des lois (alors qu’il devrait en avoir l’exclusivité) et qui est privé d’un réel pouvoir législatif car il ne peut rien décider seul. L’exemple de la 5ème république, qui emprisonne aussi le parlement français, ne me console pas du tout : un excès n’en justifie pas un autre,

Je rappelle que le Parlement est la seule assemblée porteuse de la légitimité du suffrage universel direct. C’est elle qui a objectivement la plus grande légitimité et c’est pourtant elle qui a le moins de pouvoir. C’est normal ? C’est ça qu’on doit signer ?

Au passage, il me semble qu’une assemblée élue donne plus de garanties aux citoyens qu’un individu élu : j’ai l’impression qu’il est beaucoup plus facile pour un groupe de pression (lobby) de circonvenir un homme seul ou un petit groupe qu’une assemblée toute entière. C’est une autre raison importante pour laquelle il me semble très important que ce soit le Parlement qui domine (un peu) les autres pouvoirs européens, et pas l’inverse.

Alors on me répond aimablement que je n’ai manifestement aucune idée sérieuse des principes de droit constitutionnel, que cette mise en avant de ma qualité de « prof de droit » est une imposture destinée à légitimer mon discours et lui donner une autorité imméritée, et autres gracieusetés que je vous épargne (j’explique dans la page "Avertissement du site le peu d’impor ­tance que je donne à mon « étiquette » et la nécessaire ouverture de ce débat aux non experts).

L’épicentre de la discussion serait, pour les vrais juristes, pas pour les charlots comme nous qui sommes des non experts et qui ferions mieux de nous taire au lieu de diffuser de mauvaises idées irresponsables, l’épicentre donc, serait que l’Europe n’est pas un État, au cas où on ne l’aurait pas remarqué, et que donc, subséquemment et sans appel, le TCE ne peut pas être une Constitution, puisqu’une Constitution précise les règles qui régissent un État on vous dit. Pas d’État, pas de Constitution, pas d’application des ces règles protectrices des individus qui n’ont donc pas leur place ici, circulez.

Hum. Mais qu’est-ce qui compte ? Est-ce la protection des individus en général ou est-ce la définition juridique stricto sensu de l’État, imposée par certains experts, définition étroite qui a pour effet évident, en l’occurrence, de nous imposer une norme suprême au mépris des règles élémentaires de la démocratie ?

Est-ce qu’on a raison de faire confiance à ces grands juristes, s experts qu’ils en oublient carrément les fondements du droit et notamment les protections générales contre l’arbitraire ?

Si ceux qui construisent l’Europe n’ont rien de mieux à me proposer qu’une Europe non démocratique (je rappelle que si le Parlement est faible, c’est moi qui suis faible), si vraiment c’est impossible d’avoir un parlement qui légifère en toute souveraineté, sous prétexte d’un caprice d’experts juridiques qui refusent de dépasser leur définition classique du terme "Constitution" et qui n’arrivent pas non plus à inventer un autre concept que l’État, concept qui permettrait de continuer à protéger les individus dans cette perspective originale qu’est l’Europe, je préfère me passer d’Europe pour l’instant, espérant qu’on finira par me proposer un système moins inquiétant : je tiens plus que tout à la démocratie, je tiens plus à la démocratie qu’à l’Europe.

Je ne signerai jamais un texte qui traite ainsi mon Parlement (c’est-à -dire moi).

Je note au passage que mon exigence est toute nouvelle : il y a six mois, je m’en fichais pas mal (comme tout le monde). Étonnants effets d’une réflexion peut-être trop intense. Je sens bien une certaine exaltation qui m’emplit parfois, pendant que je replace ensemble les pièces du puzzle longtemps négligé et que je découvre des horreurs. Mais bon, « ça va se tasser », sans doute... Mais reprenons...

Le TCE paraît donc inacceptable en l’état, mais je ne crois pourtant pas du tout qu’une Europe démocratique soit inaccessible, ni même compliquée à construire, comme on voudrait nous le faire croire. Je crois même que c’est très simple, pour peu qu’une vraie volonté politique existe pour le défendre : qu’est-ce qu’il y a de compliqué à écrire "Le Parlement a l’exclusivité de l’initiative et du vote des lois. Tous les corps constitués lui rendent des comptes publics. La Commission présente tous les ans au Parlement un bilan et un programme de politique générale qui doit être approuvé à la majorité." ? Où est la difficulté ?

On me parle de compromis, mais je ne comprends pas pourquoi on devrait accepter un compromis sur un point à la fois aussi non négociable et aussi universel : tous les peuples d’Europe ont droit au même respect, à travers le Parlement, que celui que je réclame ici, le compromis devrait être vite trouvé.

On me parle de progrès, mais à la vérité tout est dans la référence qu’on prend pour évaluer le progrès : car en effet, si l’on prend la situation de Nice (que je tiens pour déplorable sur le plan démocratique), c’est effectivement "mieux", c’est un "progrès", et on comprend donc pourquoi on se réfère à ce texte pour nous vendre le TCE.

Mais si je me réfère à la démocratie nationale que je perds au profit de la "démocratie européenne" que je gagne, c’est objectivement un recul historique.

Or je rappelle que c’est la première fois en cinquante ans qu’on me demande mon avis : en tant que citoyen, je ne suis donc pas cosignataire de Nice, ni des traités précédents. A Maastricht, on m’interrogeait sur la monnaie et les contraintes économiques, si je me souviens bien, pas sur l’équilibre et le contrôle des pouvoirs.

Pourquoi n’aurais-je donc à juger que du petit différentiel qui sépare Nice du TCE ?

Pourquoi n’aurais-je pas mon mot à dire ("moi", citoyen de base, évidemment) sur l’ensemble de ce fantastique coup de force des exécutifs nationaux depuis cinquante ans sur le contrôle parle ­mentaire ?

Je ne vois pas pourquoi il faudrait que le texte soumis au vote soit artificiellement circonscrit aux quelque 50 articles nouveaux du TCE.

Quand je vois d’éminents experts prétendre qu’il n’y a que 60 pages à juger, 50 petits articles de rien du tout, prétendre que le reste existe déjà et se trouve donc hors du sujet, pas soumis au référendum, quand j’entends ça, je me dis, et j’ai l’impression que je ne suis pas le seul, que cette affaire est une escroquerie, pour rester poli.

Si on refuse cette vue d’ensemble dont je parle, si cette période de cinquante ans est sacrée, promue intouchable, irréversible, si on impose Nice comme référence, alors, effectivement, le TCE est un "bon texte" puisqu’"on progresse", mais il ne vous apparaît pas qu’il manque une petite partie de la démonstration ?

C’est vrai que c’est sans doute une erreur (pour ceux qui construisent cette Europe très peu démocratique) d’avoir qualifié le texte de Constitution (ils nous ont mis la puce à l’oreille), et une autre erreur d’avoir proposé le texte par référendum à ces râleurs arrogants que sont les français, mais pour nous, citoyens, j’ai bien l’impression que ces deux erreurs nous donnent une chance historique, celle de voir plus clairement le danger et d’enfin résister, pour rendre aux parlementaires européens le pouvoir dont ils n’auraient jamais dû être privés.

C’est donc bien le précieux pouvoir des parlementaires que je défends aujourd’hui, parce que leur pouvoir, c’est le mien.

Je viens de l’expliquer à une députée européenne qui m’a gentiment écrit, et qui m’a ainsi permis de préciser ma pensée, de progresser. Un bel exemple de courrier respectueux entre citoyens nourrissant le même rêve européen.

J’aimerais pouvoir parler de la sorte à tous les parle ­men ­taires qui me protègent.

Pour parler franchement, j’aimerais que les parlementaires eux-mêmes soient plus agressifs pour exiger ce pouvoir qu’ils sont seuls à incarner, normalement, du fait du suffrage universel direct.

Beaucoup parmi les partisans du TCE ont une peur, la peur des conséquences uniquement négatives d’un refus de ce texte-là , et je respecte
cette peur.

Il me semble pourtant que le réveil citoyen que je sens partout autour de moi, cette prise de conscience croissante qu’il faut s’occuper de l’Europe, mais sans céder d’un pouce sur le pouvoir de nos parlementaires, cet élan-là peut porter les parlementaires européens, si nous sommes assez nombreux et intraitables sur ce qui n’est pas négociable, et créer la force politique qui les remettra vite à leur place naturelle, tout en haut de l’organisation des pouvoirs.

Ce que je dis n’est ni de gauche, ni de droite, ni du centre... Cela pourrait être consensuel.

Étienne Chouard.
etienne.chouard@free.fr

A Trets, le 9 avril 2005.

- Du même auteur :

Une mauvaise Constitution qui révèle un secret cancer de notre démocratie.

Traité constitutionnel : lettre ouverte aux journalistes.

L’Europe malTRAITEe : une vidéo en ligne. A voir absolument.

- Lire aussi entre autres :

Constitution : sept questions, sept réponses négatives, par Jean Gadrey.

Constitution Européenne : Réponses aux éléphants qui trompent énormément, par Raoul Marc Jennar.

Huit bonnes raisons de dire non à la "Constitution" , par Jacques Généreux.

COMMENTAIRES  

14/04/2005 04:44 par J. M. Hureau

Le citoyen Étienne Chouard sera suspendu de tout exercice de parapente jusqu’au 28 mai.

Motif de l’arrêt : "Il est indispensable qu’il puisse continuer à abreuver le bon Peuple de France de sa littérature jusqu’à cette date.
Une prolongation pourrait être envisagée avec l’accord du patient."

JMH

14/04/2005 09:25 par olivier

Et bien cher JMH, on est tous mort de rire là .
Et tellement dans le débat...
On voit bien les arguments qui vous animent, c’est fin, détaillé, intelligent.
Merci pour votre riche participation

16/04/2005 22:06 par 29 rouge et gagne

perso, j’aime bien JMH. Le sujet (la constitution ou le traité, pas EC bien sûr) est suffisemment ardu, pour qu’un sourire détende et ragaillardise. Les votants de gauche sont heureux, et ils n’auraient pas le droit de plaisanter et de rire ? Allons, ils savent, eux, ce qu’ils veulent, parce qu’ils savent ce qu’ils ne veulent pas. Ils remercient Etienne Chouard de ses propos éclairés et éclairants. :-)

18/04/2005 00:43 par J. M. Hureau

C’est sympa et réconfortant. Merci.

En tout cas, publié ou pas, je m’en fous, je ne changerai jamais de style (si j’en ai un).

Ca, c’est sûr !

JMH

20/04/2005 19:39 par quentin

CONTRE LA DIRECTIVE BARROT DE LIBERALISATION DES TRANSPORTS !

Lorsqu’on sait tout le mal qu’a entraîné la libéralisation du secteur des transports dans d’autres pays comme la Grande-Bretagne (retards, vétusté, augmentation des tarifs, accidents à répétition), on ne peut accepter aujourd’hui le projet Barrot de libéralisation des transports (Jacques Barrot est commissaire européen aux transports).
Signez la pétition en envoyant un mail à nondirectivebarrot@yahoo.fr !
Faites circuler au maximum ce message et demandez à vos amis de signer cette pétition ! merci !

Jacques Barrot enrage. Le calendrier qu’il avait concocté pour son projet de règlement européen « relatif aux services publics de transports de voyageurs par chemin de fer et par route » a été dévoilé. Le commissaire européen espérait cacher l’existence de cet encombrant document, au moins jusqu’au lendemain du référendum sur le projet de constitution européenne du 29 mai prochain. Histoire d’éviter qu’il vienne illustrer concrètement ce qu’est « une économie sociale de marché hautement compétitive » où « la concurrence est libre et non faussée » (cf l’article 3 de la Constitution…). L’ancien président du groupe UMP à l’Assemblée nationale a raté son coup, dynamitant au passage la stratégie du gouvernement et du président de la République qui visait à présenter la directive Bolkestein comme un accident de l’histoire, voire comme l’initiative personnelle d’un libéral un peu trop zélé. Le contenu du règlement Barrot confirme l’orientation libérale qui préside à la construction européenne et que renforce sensiblement la Constitution.

QUE PREVOIT LA DIRECTIVE BARROT DE LIBERALISATION DES TRANSPORTS ?

à˜ LA DIRECTIVE BARROT CONSTITUE UNE NOUVELLE ÉTAPE DE LA LIBÉRALISATION
Après les directives ferroviaires sur le fret et le transport international de voyageurs, après la directive « ciel unique » et celle sur les services portuaires, le projet Barrot constitue une nouvelle étape de la libéralisation des transports. Il instaure la concurrence dans les transports de voyageurs au niveau régional et urbain. Si, dans sa version provisoire, il laisse aux collectivités locales organisatrices de transport la possibilité d’attribuer des contrats à des régies, il impose que celles-ci opèrent exclusivement sur leur territoire. Dans ce cas, le règlement Barrot oblige, en effet, à ouvrir à la concurrence la moitié des lignes de bus dans un délai de quatre ans après l’entrée en vigueur du texte et leur totalité dans les huit ans. Pour les trains régionaux, les délais sont de huit et quinze ans.
Le règlement Barrot a déclenché l’hostilité des organisations syndicales qui ont dénoncé « une mise à mort du service public ». Dans les régies de transport comme la RATP, les syndicats ont d’ores et déjà pris des initiatives en vue de mobiliser les salariés. Ce texte suscite d’autant plus l’inquiétude des organisations syndicales qu’il s’agit d’un règlement, c’est à dire qu’il est immédiatement applicable et en l’état après son adoption par le Parlement et le Conseil des ministres européens.

à˜ L’OBJECTIF : L’OUVERTURE TOTALE A LA CONCURRENCE
Autre motif de colère : ce n’est pas la première fois que l’Union européenne tente d’imposer l’ouverture à la concurrence dans le transport de voyageurs. En 2000, en application de l’agenda de Lisbonne 2000-2010 qui visait à faire de l’Union européenne « l’économie la plus compétitive du monde », la commission Prodi avait concocté un texte similaire baptisé « obligation des services publics dans les transports de voyageurs ». A l’époque, la mobilisation des organisations syndicales et celle du groupe GUE au Parlement européen avaient permis de le mettre en échec.
La Commission européenne s’apprête donc à repasser les plats de la libéralisation des transports en s’appuyant sur l’arsenal juridique des traités. Pour le président du groupe GUE « la conclusion à tirer de cette expérience est bien que la clé pour enrayer durablement cette fuite en avant libérale est de changer les fondements actuels des traités européens ». Et de préciser que « c’est cette exigence qu’exprime le NON au projet de Constitution ».
Ce sont les traités en vigueur, que la Constitution sacralise et élève au rang de normes constitutionnelles qui constituent la base juridique du règlement Barrot. Dire oui à la constitution, c’est confirmer ce socle libéral et ouvrir la voie à la poursuite du démantèlement de nos services publics.
Il est plus que temps de changer de donne et de dire non au démantèlement des services publics. Pour une Europe plus sociale, respectueuse et protectrice des services publics, disons NON au projet Barrot et donc NON à la Constitution Giscard !
Signez la pétition en envoyant un mail à nondirectivebarrot@yahoo.fr !
(pétition lancée par Cette fois c’est NON, http://cettefoiscestnon.over-blog.com)

24/04/2005 21:03 par une élue chartraine

Je comprends mieux pourquoi vous arrivez, en tant que pratiquant de parapente, à nous faire prendre de la hauteur sur le sujet ;-)

Merci pour cet éclairage qui rend les choses plus limpides.

14/04/2005 18:06 par imanaccident

50 ans 50 ans, qu’est-ce que c’est que ces citoyens à la manque sans aucune connaissance du contexte historique qui nous sortent le chiffre de 50 ans pour s’arroger le droit de juger ce qui n’est pas de leur ressort ? Les formes et objectifs politiques de l’Europe ont été ratifiée une fois pour toute au traité de Vienne, en 1815, et légitimées ad vitam aeternam par la signature des souverains de toutes les nations ; or, nos dirigeants nationaux ont pour principe de respecter les engagements de leur pays. Un peu moins de hargne s’il vous plaît.

15/04/2005 01:15 par Actustragicus

...Je crois même qu’on doit pouvoir franchir une étape dans votre raisonnement : à mon sens, un espace politique disposant de la personnalité juridique, dont les institutions sont compétentes pour produire des lois s’appliquant à l’ensemble de la vie publique des citoyens vivant sur son territoire, moi, j’appelle ça un Etat. Etat fédéral, probablement, dans la mesure où il garantit aux états qui le composent les droits et les pouvoirs qui leur sont propres, tout en gardant pour lui l’autorité législative supérieure, la monnaie et la politique extérieure (cf. les art. I-6, 7, 13 et 15).

Il est donc inutile de s’étriper pour savoir si l’on veut ou non instituer un état européen, cet état existe déjà de fait. La question est de savoir comment l’organiser en droit, et c’est là bien évidemment une question primordiale.

Par ailleurs, je crois que l’origine du malentendu traité/constitution est historiquement assez compréhensible. Il faut considérer en effet que le recours au principe du traité, peu démocratique sur le fond, se justifie par le fait que l’objet d’un traité est défini et limité. C’est donc une forme juridique qui convenait bien il y a 50 ans pour organiser un champ particulier des échanges européens.

Mais au fur et à mesure des années, les institutions chargées de mettre en oeuvre ces traités ont peu à peu étendu leur propre compétence, jusqu’au point où elles sont devenues universelles, intervenant par là dans tous les domaines de notre législation. C’est cette universalité (par ex., non pas l’organisation de tel ou tel service, mais de l’ensemble des services) qui fait sortir les institutions européennes des compétences d’un simple traité.

Autrement dit, peut-être n’y a-t-il en effet rien de très nouveau dans ce traité-là , mais c’est l’Europe elle-même qui a changé de nature, et la méthode intergouvernementale qui lui convenait il y a 50 ans est devenue obsolète. Pas de complot libéral donc, mais un simple déphasage historique, dont nos élites n’ont visiblement pas encore pris la mesure.

Une dernière chose : je n’arrive pas à concevoir qu’après deux siècles de luttes, d’expériences et de réflexions politiques, l’Europe soit incapable de produire autre chose qu’un médiocre compromis, ni qu’elle puisse se résigner au plus petit dénominateur commun ; ce que les ouistes désignent eux-mêmes par un "c’est mieux que rien" qui résume bien souvent l’essentiel de leur argumentation.

Il me semble que nous devons à notre histoire et à ceux qui l’ont faite d’écrire la meilleure constitution qu’on ait jamais vue. Nous n’avons tout simplement pas le droit de viser plus bas, et nous ne devons plus lâcher le débat, en France et bientôt dans toute l’Europe, avant de l’avoir obtenue.

17/04/2005 00:49 par kloo

Juste merci pour rappeler "ces fondamentaux".Si seulement nos élites et nos hommes politiques voulaient bien les entendre........

18/04/2005 11:50 par Anonyme

Bonjour

c’est facile ; il n’y a qu’à le leur écrire aux adresses jointes.

Cordialement.Daniel

18/04/2005 13:48 par babel451

C’est en discutant au travers des différents forums et blogs sur la Constitution que j’ai pu constater à quel point des personnes, pour qui le texte qui nous est « proposé » est loin d’être satisfaisant, peuvent s’investir pour le … défendre !

Outre qu’il s’agit là , pour moi, d’un des mystères de l’engagement, une de ces ruse de la raison, j’ai souhaité ouvrir cette plage de liberté afin que tous nous puissions dire, au delà du clivage « OUI »/ »NON », clivage artificiel car imposé par la forme référendaire de la consultation, ce que, dans ce texte, nous aurions aimé VOIR ou voulu RETRANCHER .

Quelles seraient, pour vous, une ou deux chose à ajouter à ce texte, ou à retirer, afin de vous le rendre plus acceptable, plus proche de votre vision de l’Europe .

Voilà …, si vous le souhaitez, A VOS PLUMES ! sur http://babel451.free.fr/serendipity/index.php?/archives/30-I-had-a-dream.html

.

02/05/2005 19:45 par SpiP

Consitution ou traité peu m’importe puisque même en ayant le texte à portée de main et sur lequel je me jette dès qu’on décortique le moindre article dans les médias JE NE COMPRENDS RIEN

(Commentaires désactivés)