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Côte d’Ivoire : «  légalisme » ou «  gouvernance » ?

Qui de Laurent Gbagbo ou d’Alassane Ouattara est-il le président légitime de la Côte d’Ivoire, depuis le second tour des élections, ce 28 novembre, et l’imbroglio institutionnel qui les a suivi, plongeant le pays dans une crise aux allures de guerre civile ?

Laurent Gbagbo, président sortant, chrétien, a dû faire face, depuis 2002, à une rébellion l’opposant aux leaders musulmans de Côte d’Ivoire. Après diverses tentatives de négociations qui ont toutes échoué, il a proposé de procéder à des élections, dans le but de mettre fin au conflit.

A l’issue de ces élections, la Commission électorale, gagnée à la cause d’Alassane Ouattara, a déclaré ce dernier, musulman, vainqueur du scrutin. Cependant, selon la constitution ivoirienne, c’est au Conseil constitutionnel, favorable à Laurent Gbagbo, qu’il revenait de valider ou non les résultats des élections. Or, ce dernier a dénoncé les nombreuses fraudes qui ont émaillé l’élection présidentielle. Et, de fait, alors que très largement catholiques et donc favorables à Laurent Gbagbo, les 60% du pays, la partie nord, tenus par la rébellion, selon la Commission électorale, auraient bizarrement voté pour Alassane Ouattara… Les résultats du vote étant très serrés (54% en faveur d’Ouattara, selon la Commission électorale), les constatations de fraudes pourraient sans aucun doute inverser la donne.

Mais, tout aussi étrangement, alors que rien ne permet pourtant de trancher, la communauté internationale, à l’encontre de la constitution ivoirienne, a choisi de peser en faveur de la Commission électorale, balayant d’un revers de la main la décision du Conseil constitutionnel. Alassane Ouattara a ainsi été proclamé président par plusieurs gouvernements étrangers, de la manière la plus arbitraire.

En tête de cette mouvance, on trouve la France, ancienne puissance coloniale qui cherche à conserver ses intérêts en «  Françafrique » et a misé sur ce nouvel homme fort dans le cas de la Côte d’Ivoire, et ce depuis le début de la rébellion, contre laquelle l’Élysée a toujours refusé d’assister le gouvernement ivoirien, à l’encontre des traités de défense pourtant signés avec celui-ci.

Mieux, en 2004, dans ce contexte, prétextant de la mort de neufs soldats français basés en Côte d’Ivoire, tués lors d’une manifestation anti-française à Abidjan, l’armée française avait même violé le territoire de la Côte d’Ivoire et, en guise de «  représailles », détruit l’entièreté de l’aviation ivoirienne, favorisant ainsi incontestablement la progression de la rébellion.

Dans le but de soutenir Alassane Ouattara, enfin, le gouvernement français n’a pas hésité à appeler à une intervention militaire des voisins de la Côte d’Ivoire, associés, en étroite collaboration avec la France, dans la «  Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ».

Ce dimanche 26 décembre, cependant, Alassane Ouattara avait lancé un appel à la grève générale, dans le but évident d’asseoir sa légitimité sur une large manifestation populaire. Mais c’est l’effet contraire qui a résulté de cet appel, qui ne fut suivi quasiment nulle part dans le pays et certainement pas dans la capitale, Abidjan, où commerces et marchés battaient leur plein comme chaque jour, au rythme des concerts de klaxons et des embouteillages habituels, y compris dans les quartiers pourtant réputés partisans de Ouattara.

Seule la petite ville de Bouaké, fief de la rébellion alliée d’Alassane Ouattara, a vu ses échoppes fermées, sous la férule des miliciens ; et cette opération a en définitive pris la tournure d’un cuisant désaveu pour le «  président » reconnu par la communauté internationale…

Toutefois, rien ne semble pouvoir arrêter l’ingérence de l’étranger (c’est-à -dire des Etats-Unis et des principaux États européens…) dans sa volonté de promouvoir Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire, pas même ce désaveu populaire : le légalisme, la souveraineté des États et le droit international semblent bien avoir vécu.

En matière de relations internationales, en effet, la nouvelle mode est au concept de «  gouvernance » : faisant fi de toutes les règles établies, les États qui en ont les moyens, économiques et militaires, «  gèrent » les crises au cas par cas, imposant leurs vues dans «  l’intérêt » des populations concernées ; et ce au nez et à la barbe de l’ONU, pourtant sensée garantir le respect de ces règles.

Ce fut le cas tout récemment, pour la première fois sans le moindre complexe, au Kosovo, province qui fut détachée de la République de Serbie et érigée en État indépendant, sans accord ni de l’Assemblée générale, ni du Conseil de sécurité de l’ONU, mais du seul fait de la force, de l’OTAN, des Etats-Unis, et pas même de tous les États membres de l’Union européenne, certains, telles l’Espagne ou la Roumanie, ayant refusé de reconnaître cette monstruosité institutionnelle.

Peuple de Côte d’Ivoire, entre légalisme et gouvernance, c’est ton coeur qui vacille…

Pierre PICCININ
Professeur d’histoire et de sciences politiques

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