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Le New-York Times : « l’impressionnante contribution de Cuba contre le virus Ebola »

Cuba : de l’étoile solitaire à l’étoile solidaire

« Cuba est une île pauvre, relativement isolée (...) à plus de 7 000 kilomètres des pays africains où Ebola se répand. Cependant, en envoyant des centaines de médecins et d’infirmiers en première ligne, Cuba occupe le premier rôle des états qui luttent contre la propagation du virus ».

Cet hommage date du 19 octobre. Il est paru une semaine avant le vote de l’ONU qui, pour la vingt troisième fois a condamné (par 188 voix) l’embargo contre Cuba isolant les États Unis et Israël qui lui bloque Gaza.

Titré « l’impressionnante contribution de Cuba contre le virus Ebola » cet éditorial est le second de la campagne que mène le New York Times. Depuis le 11 octobre, son édition dominicale argumente pour la levée du blocus dont il fait un test de légitimité internationale : « le président Obama doit ressentir de l’angoisse devant le lamentable état des relations bilatérales ( ..) Il devrait réfléchir sérieusement sur Cuba où un changement de politique pourrait représenter un grand succès pour son gouvernement ».

Les signes multiples indiquent que l’administration Obama étudie comment infléchir sa politique. Les raisons sont commentées dans les thinks tanks de Floride, les enquêtes d’opinion, les déclarations de la plus puissante organisation patronale du monde : Cuba créée une économie mixte qui attire les investisseurs étrangers ; Au lieu d’isoler l’ïle ce sont les États- Unis qui s’isolent comme le prouve la déclaration commune des états Latino-américains qui ont fait savoir que le sommet des Amériques,( avril 2015 au Panama), n’aurait pas lieu sans Cuba, car il n’y a pas d’Amérique sans Cuba.

Battu aux élections au congrès qui peut seul défaire les lois sur l’embargo, Obama va-t-il décider les réformes qui le videraient de son contenu ? ( retrait de Cuba de la liste des états terroristes, voyages et envois d’argent facilités, investissements autorisés, rétablissement des relations diplomatiques ?) La question est posée.

Le fait manifeste, éclatant demeure. L’embargo a échoué car Cuba a résisté. Au plus long, au plus rigoureux, au plus injuste des blocus qui visait à affamer son peuple après la chute de l’URSS. Aux campagnes de diffamation menées en Europe« au nom des droits de l’homme. » Au même moment, incroyable affront et symbole du rapport de forces de l’époque, l’ile voyait Guantanamo, occupé par l’empire, devenir centre de torture.

Aujourd’hui, Cuba fait la différence, seul pays à envoyer - au nom de l’État et des valeurs qu’il défend - ce dont les pays les plus touchés ont besoin, des médecins, au lieu d’organiser une expédition militaire (les États Unis), de promettre de l’argent qui n’arrive pas (la France). La directrice de l’OMS la cite en exemple. Après le New York Times, du Washington Post en passant par El Pais, Le Monde, le Times, et jusqu’au Wall Street journal de la City, toute la presse a découvert un scoop, la médecine solidaire de Cuba.

Avant l’envoi des missions contre Ebola, les Cubains travaillaient déjà en Sierra Leone et Guinée-Conakry. Comme 50 000 autres « internationalistes » qui soignent les plus pauvres dans 66 pays : au Brésil, au Venezuela, dans les dispensaires, campements et bidonvilles, au fin fond des Mornes d’Haïti, des brousses africaines et jusques dans les montagnes du Pakistan.

Le blocus de l’info se mesure à cette aune : il a fallu un virus et des milliers de morts pour que la vérité éclate. Les bonnes nouvelles sont rares mais celle ci continue à faire les Unes internationales : l’étoile solitaire du drapeau cubain est reconnue comme l’étoile solidaire.

Maïté Pinero

ex correspondante de l’Humanité à La Havane


EN COMPLEMENT, DE LA MEME AUTEURE

Les États-Unis ont un problème. Un problème qui les met au ban de la communauté internationale. Pour la vingt troisième fois, le 28 octobre, l’assemblée générale de L’ONU a demandé la levée du blocus le plus long, le plus rigoureux, le plus injuste de l’histoire. Isolant les États-Unis et Israël, seules voix contre, 188 États ont condamné l’embargo contre Cuba.

Depuis 1962, le pays qui totalise dans son histoire le plus grand nombre de violations du droit des peuples à disposer d’eux mêmes, isole une île de 11 millions d’habitants qui n’a jamais déclaré la guerre à personne. Dans les années 90, après la disparition de l’URSS, le blocus visait à affamer la population. En instaurant l’extra-territorialité des lois étasuniennes il viole le droit international, sanctionne les entreprises qui commercent avec La Havane, organise la traque financière de ses transactions, met à l’amende 38 banques et saisit le compte bancaire CIC de l’ambassadeur de France pour avoir acheté en dollars, à Cuba..... une voiture française !

Encore une fois, les principaux médias n’ont consacré que quelques lignes au vote de L’ONU, qu’ils auraient du mettre en rapport avec leurs propres titres de la semaine précédente. Du New York Times à Time et au Washington Post, en passant par le Financial Times, El Pais, Le Monde et jusqu’au Wall Street journal de la City, tous avaient mis en exergue l ’envoi des médecins cubains en Afrique de l’Ouest. Le poids des mots ? Oubliés la rigueur de l’info et l’exercice journalistique quand il met à nu l’isolement de l’empire.

ONU, OMS : MERCI CUBA

Pas une ligne donc sur l’Assemblée générale de l’ONU qui a vu les représentants de tous les continents remercier Cuba. Elle donne « l’exemple au monde entier » comme l’a souligné la directrice de l’Organisation mondiale de la santé, Margareth Chan, en envoyant ses médecins en première ligne pour lutter contre le virus Ebola. L’administration Obama - prix Nobel de la paix 2009 et recordman des guerres - organise elle une expédition de Marines quand l’OMS réclame urgemment et en priorité du personnel médical.

L’empire a un problème. Ses alliés le défient. En 1996, l’Union Européenne avait adopté une « position commune » rompant avec l’île de l’étoile solitaire au nom des droits de l’homme selon Washington. Elle renoue avec elle ses relations et une importante réunion est prévue en décembre à La Havane sur le volet économique du prochain traité.

Les gestes se multiplient comme celui du Gafi ( groupe d’action financière international), créé par le G7 pour combattre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Réuni à Paris le 24 octobre, il a salué la coopération de Cuba et l’a retirée de sa « liste grise ».

Cuba est devenue un problème de politique intérieure pour l’Administration Obama. En février dernier, un sondage de l’Atlantic Council révélait que 56% des citoyens étasuniens demandent la normalisation des relations, chiffre qui passe à 63% en Floride, fief de la communauté d’origine cubaine. Depuis la délégation, en mai, à La Havane ,de la chambre de commerce des États-Unis, conduite par son président, Thomas Donahue, la contestation du blocus fait tâche d’huile.

L’île a résisté, desserre l’étau en créant une économie mixte qui attire les investisseurs du monde entier ( Brésil, Chine, Russie). Tous les États d’Amérique centrale et latine ont fait savoir que le prochain sommet des Amériques (avec les États-Unis et le Canada), prévu en avril 2015 au Panama, n’aurait pas lieu sans Cuba. Ces arguments conjugués sont détaillés dans la campagne que mène le New York Times .

CINQ EDITORIAUX DU NEW YORK TIMES

Intégralement publié dans « Granma » le journal du parti communiste cubain, le premier éditorial a été commenté par Fidel Castro qui en a relevé le symbole. « Ce qui ne peut être oublié » écrit-il, c’est que en 1957 déjà, le New York Times avait détruit le mensonge. Alors que Batista avait annoncé la destruction de la guérilla des Barbudos, Le quotidien publiait à la une une photo de Fidel et le reportage dans la Sierra Maestra de Herbert Matthews (« Castro est vivant et combat dans les montagnes »).

La campagne qui a débuté le 11 octobre ( « Il est temps d’en finir avec l’embargo contre Cuba ») s’est poursuivie le 19 octobre avec un panégyrique de la solidarité cubaine. Sous le titre « l’impressionnante contribution de Cuba dans la lutte contre Ebola » le journal souligne « Cuba est une ile pauvre et relativement isolée. Elle se situe à 7 000 kilomètres de l’Afrique. Cependant, (…) Cuba est en passe de jouer un rôle phare dans la lutte contre la propagation du virus Ebola ». Le quotidien relève que « les Etats Unis et d’autres ont offert de l’argent mais seules Cuba et des ONG fournissent le plus nécessaire et le plus urgent : des médecins pour les malades. »

Un nouvel éditorial du 25 octobre, ( « les changements électoraux sur la thématique cubaine ») s’étend sur la politique intérieure. « Jusqu’à très récemment tout candidat se présentant à des élections en Floride devait obligatoirement se prononcer pour l’embargo. » Et de rappeler que les temps ont changé comme le confirme le sondage de l’Atlantic Council. Le 2 novembre paraît un plaidoyer en faveur de la libération des trois cubains détenus à Miami depuis 2001. Le 9, le journal commente les déboires de la loi Helms Burton : en dix huit ans les Administrations successives ont dépensé 264 millions de dollars pour destabiliser Cuba, En vain.

Battu aux élections par les Républicains, Obama va-t -il lever l’embargo ? Seul le congrès peut supprimer la loi. Cependant, le journal donne la marche à suivre pour le vider de son contenu : retirer Cuba de la liste des pays terroristes et rétablir les relations diplomatiques, faciliter voyages et envois d’argent vers l’ile, encourager les investissements « au lieu de laisser le marché aux concurrents », libérer les trois prisonniers cubains.

Le quotidien fait de la levée de l’embargo un test de légitimité internationale : « Le président Obama doit ressentir de l’angoisse devant le lamentable état des relations internationales (...). Il devrait réfléchir sérieusement sur Cuba où un changement de politique pourrait représenter un grand triomphe pour son gouvernement ». Sauf que c’est Cuba qui conduit ses propres changements et que le triomphe n’est que cubain.

EMBARRAS A WASHINGTON

Le secrétaire d’État John Kerry a mis quelques jours à saluer « Cuba qui a dépêché cent soixante cinq professionnelles de santé et prévoit d’en envoyer près de trois cent de plus ». En guise de réponse aux offres répétées du gouvernement cubain en vue d’une coordination dans la lutte contre Ebola, le département d’État a répondu en proposant d’aider à l’évacuation des médecins cubains qui seraient infectés. Or, ils seront soignés sur place. Seul signe positif, parmi les représentants de trente deux pays et de l’OMS réunis à Cuba le 29 octobre pour établir la coopération contre le virus, figurait un fonctionnaire du centers for disease control and prévention, l’agence des États-Unis pour la prévention des épidémies. Et on attend toujours de savoir si Obama sera présent en avril 2015 au Panama lors du 17ème sommet des Amériques.

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« La démocratie et les droits de l’homme ne nous intéressent que très peu. Nous utilisons simplement ces mots pour cacher nos véritables motifs. Si la démocratie et les droits de l’homme nous importaient, nos ennemis seraient l’Indonésie, la Turquie, le Pérou ou la Colombie, par exemple. Parce que la situation à Cuba, comparée à celle de ces pays-là et de la plupart des pays du monde, est paradisiaque »

Wayne Smith, ancien chef de la Section des Intérêts Américains à La Havane (SINA) sous l’administration Reagan

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