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Démolir des statues, semer la division

À la suite des manifestations concurrentes de Charlottesville, la vague de destruction des statues confédérées s’est accélérée. La nuit dernière, quatre statues confédérées ont été mises par terre à Baltimore. Des statues de soldats et marins confédérés honorés, et d’une femme confédérée. Ailleurs aussi, des statues ont été renversées ou dégradées.

Le conflit de Charlottesville lui-même portait sur le déboulonnage d’une statue du général Robert E. Lee, commandant des forces confédérées pendant la guerre civile américaine. Des militants de la droite politique protestaient contre le déboulonnage, les militants de la gauche politique manifestaient contre la manifestation de la droite. Selon des témoins cités par le LA Times il y avait des deux côtés des sous-groupes prêts à se livrer à la violence.

En 2003, un tank américain a démoli la statue de Saddam Hussein sur la place Firdos à Bagdad. Une image de télévision étroitement cadrée laissait penser que c’était des Irakiens qui faisaient tomber la statue. Mais ils n’étaient que de simples acteurs dans un spectacle de propagande américain. En démolissant la statue, les Etats-Unis manifestaient leur manque de respect envers ceux qui avaient combattu et travaillé avec Saddam Hussein ou qui l’avaient soutenu. Cela a contribué à stimuler la résistance à l’occupation des États-Unis.

Les cinglés de la droite ukrainienne qui, sous la direction des États-Unis, ont renversé par la force le gouvernement légitime d’Ukraine, ont abattu les centaines de statues de Lénine qui étaient encore debout dans le pays. Les anciens combattants qui se sont battus sous les Soviétiques dans la seconde guerre mondiale ont pris cela comme un manque de respect. D’autres encore y ont vu une attaque contre les bons souvenirs qu’ils avaient de temps meilleurs et ils ont essayé de les protéger. L’effacement forcé de l’histoire a divisé encore plus le pays :

« Ce n’est pas comme si à l’Est ils voulaient Lénine, et à l’Ouest ils voulaient l’abattre », a déclaré M. Gobert. « Ces oppositions ne sont pas seulement géographiques, elles se manifestent à l’intérieur même des générations, de la société et de l’économie, à l’intérieur des zones urbaines et rurales ».

Les statues situées dans les villes et les lieux sont bien plus que la vénération d’une personne ou d’un groupe. Ce sont des symboles, des repères et des fragments de souvenirs personnels :

« Un homme a dit qu’il ne se souciait pas vraiment de Lénine, mais la statue était au centre du village et c’était là qu’il avait embrassé sa femme pour la première fois », a expliqué M. Gobert. « Quand la statue est tombée, c’est une partie de son histoire personnelle qui est partie avec ».

(Les gens avaient de meilleures relations sexuelles sous le socialisme. Ne serait-ce que pour cela, Lénine ne mérite-t-il pas des statues ?)

Robert Lee était un homme brutal qui se battait pour maintenir le racisme et l’esclavage. Mais il y a peu de figures historiques sans défauts. George Washington ne « possédait »-t-il d’esclaves ? Lyndon B. Johnson n’a-t-il pas menti à propos de l’incident du Golfe du Tonkin et n’a-t-il lancé une gigantesque guerre injuste contre des non-blancs sous de faux prétextes ? Il y a des gens qui y penseront en voyant leurs statues. Devraient-elles être aussi enlevées ?

La signification d’un monument change à mesure que le temps passe. Bien qu’il ait sans doute été érigé dans le cadre d’une idéologie ou d’un concept particulier, l’idée qu’on se fait de lui change au fil du temps :

[La statue de Charlottesville] a été inaugurée par l‘arrière-petite-fille de Lee en mai 1924. Comme c’était la coutume, la cérémonie a été accompagnée d’un défilé et de discours. Dans l’allocution, Lee a été célébré comme un héros qui incarnait « la grandeur morale de l’Ancien Sud » et comme un des artisans de la réconciliation entre les deux camps. La guerre elle-même a été décrite comme un conflit entre deux « interprétations de notre Constitution » et entre deux « visions idéales de la démocratie ».

Les racistes blancs qui venaient « protéger » la statue à Charlottesville ne l’ont certainement pas fait au nom de la réconciliation. Ni ceux qui sont venus s’opposer violemment à eux. Lee était raciste. Ceux qui sont venus « défendre » la statue étaient principalement des racistes de la « suprématie blanche ». Il faut bien sûr s’opposer à eux.

Mais le problème ici est plus large. Nous ne devons pas oublier que les statues ont plusieurs significations et messages. Lee a aussi écrit :

Que la guerre est cruelle ! Elle sépare et massacre familles et amis, elle détruit les plus purs joies et bonheurs que Dieu nous a accordés dans ce monde ; elle remplit nos cœurs de haine au lieu d’amour pour nos voisins et elle dévaste le beau visage de ce monde magnifique.

Ce n’est pas parce que Lee était raciste qu’il faut abattre sa statue. Le Lee Park, le parc de Charlottesville où se trouve la statue, a récemment été rebaptisé Emancipation Park. Il paraît logique d’y laisser la statue pour faire réfléchir sur le contraste entre elle et le nouveau nom du parc.

Les anciens monuments et statues ne doivent pas (seulement) être considérés comme une manière de célébrer les gloires de l’époque. Ils incarnent notre histoire. Avec un peu d’éducation, ils peuvent devenir de précieux enseignements.

George Orwell a écrit dans son livre 1984 : « Le moyen le plus efficace de détruire les gens est de nier ou d’effacer la compréhension qu’ils ont de leur histoire ». Les gens ne veulent pas être détruits. Ils se battront contre ceux qui voudront les détruire. Le fait de déboulonner des monuments ou des statues sans un large consensus divise une société. Une grande partie des États-Unis a voté pour Trump. On a l’impression que la vague actuelle de déboulonnage de statues est ressentie comme une « punition » bien mérité à l’encontre de ceux qui ont mal voté, c’est-à-dire qui n’ont pas voté pour Hillary Clinton. De nombreux électeurs de Trump n’aiment pas les statues de Robert Lee, mais ils vont détester encore plus la campagne pour les déboulonner.

Il y a peut-être des intentions cachées derrière la querelle actuelle. La radicalisation des camps adverses a peut-être un but. Le camp de Trump peut l’utiliser pour couvrir ses plans de priver toujours plus les citoyens de leurs droits. La fausse « résistance » des partisans de Clinton a besoin de ces conflits culturels pour couvrir son manque de résistance politique aux projets de Trump.

En tout cas, tous ceux qui sont tentés de jeter de l’huile sur le feu de ces divisions feraient bien d’y réfléchir à deux fois.

Moon of Alabama

 http://www.moonofalabama.org/2017/08/smashing-statues-seeding-strife.html

COMMENTAIRES  

19/08/2017 20:56 par Palamède Singouin

Article intéressant. Au niveau franco-français, il pose quelques questions.
Faut-il faire disparaître de l’espace public :
- Napoléon Bonaparte qui rétablit l’esclavage alors qu’il avait été supprimé par la Convention ?
- Jules Ferry et Jules Romains, chantres de "l’inégalité des races" ?
- Toutes les ganaches, plus ou moins célèbres, chefs d’armées coloniales honorés dans beaucoup de nos villes sur leur piédestal par des "pacificateur de l’Algérie" ou "libérateur de l’Indochine" alors qu’ils ne sont que des criminels de guerre selon les critères actuels ?

19/08/2017 21:13 par DPM

C’est ce genre d’article qui vaut à LGS le qualificatif de rouge-brun...
...
Misère...

19/08/2017 22:51 par Smaïl Hadj Ali

Au-delà du caractère éminemment ambigu de son article, Moon of Alabama fait dans l’amalgame, si ce n’est dans la falsification historique et l’enfumage-confusion idéologique. Quel rapport en effet entre un général raciste et esclavagiste qui prit les armes pour maintenir les Africains déportés dans la soumission et l’oppression, et Lénine qui défendit fermement, et sans concession, surtout à partir de 1913, dans ses "thèses sur la question nationale" contre certains de ses camarades, d’une part et contre le chauvinisme grand-russe d’autre part, le" droit au divorce" , "à la séparation" des nations, des peuples et des minorités opprimés sous domination de l’empire tsariste ? Aucun rapport ! Ni politique, ni idéologique, ni historique ! Messieurs de Moon of Alabama un peu de décence !

NB. La position de Lénine sera malheureusement "oubliée", par les "partis frères" de l’Europe occidentale, PCF, entre autres, à partir du début des années trente, la question nationale, celle de l’indépendance des peuples coloniaux sera abandonnée. .

19/08/2017 23:05 par legrandsoir

entre un général raciste et esclavagiste qui prit les armes pour maintenir les Africains déportés dans la soumission et l’oppression

Les raisons de la guerre de sécession étaient-elles bien celles-là ? Si vous lisez l’anglais : https://www.goodreads.com/book/show/296662.Lies_My_Teacher_Told_Me

20/08/2017 00:00 par Palamède Singouin

Yankee (le Nord) était tout aussi esclavagiste que Dixie (le Sud) : il était à la recherche d’un sous-prolétariat a exploiter pour sa société industrielle en plein essor et, déjà, de nouveaux territoires à mettre en coupe réglée (le prochain semblant être le Vénézuela). Dixie s’accrochait désespérément à une société traditionnelle, basée sur la propriété foncière, condamnée par la marche de l’Histoire, et fait penser d’abord aux Vendéens se dressant contre la République (bourgeoise).

20/08/2017 01:50 par Smaïl Hadj Ali

« Les raisons de la guerre de sécession étaient-elles bien celles-là ? Si vous lisez l’anglais. LGS

dixit »

Avant de répondre "lapidairement" à votre remarque, quelque peu donneuse de leçon, sans en avoir l’air, je constate que vous ne dites pas un mot sur les rapprochements indécents, entre Lee et Lénine, que fait l’article de Moon que vous avez publié,
Ceci étant, sauf à faire volontairement fausse route, vous l’aurez certainement remarqué mon commentaire ne concernait ni les origines, ni les fondements de la "guerre civile " américaine, dite "guerre de Sécession".
De mémoire, j’ai appris, il y a de cela quelques décennies, que cette "guerre civile", opposait d’une part un Nord en voie de développement capitaliste dont les objectifs étaient la généralisation du mode de production capitaliste et des rapports de production qui vont avec, processus historiquement progressiste, quoi qu’en en dise et pense, et d’autre part un Sud aux structures pré capitalistes, et dont l’esclavagisme était la forme dominante de production. À travers cette guerre les capitalistes du Nord voulaient tout simplement détruire ces rapports pré capitalistes qui étaient un obstacle, une entrave au développement du MPC. Détruire les structures précapitalistes -l’esclavage- dominantes dans l’agriculture du Sud, permettait aux capitalistes américains d’assurer le développement industriel sur tout le territoire, de dominer la formation sociale américaine, d’introduire de nouveaux rapports sociaux de production, qualitativement supérieurs à l’esclavage, et par la même occasion de porter un coup à la puissance impérialiste britannique.
Vous noterez tout de même que dans le Nord capitaliste et industriel, le travail était libre, alors que le Sud était esclavagiste. À cet effet l’idéologie qui accompagne ce système a encore aujourd’hui ses très nombreux partisans dans cette partie des États-Unis. Ceci étant chacun ses références, je vous en propose d’autres, elles n’ ont pas pris une ride, il s’agit des textes de Marx et d’Engels sur la guerre civile américaine.
Marx ne s’est pas trompé, en prenant fait et cause pour le Nord, allant jusqu’à donner des conseils stratégiques à ses amis nordistes anti esclavagistes qui ont combattu armes à la main, avec les Unionistes, l’armée de la féodalité sudiste

20/08/2017 02:26 par Geb.

La Guerre de Sécession n’a jamais été menée pour "libérer" les esclaves du Sud de l’exploitation capitaliste.

Elle a été menée pour remplacer un esclavage formel, (Ou le propriétaire achetait la force de travail de l’exploité à l’avance mais était tenu de le maintenir en forme pour conserver son investissement en état, comme un paysan qui ne tue pas son âne après le labour),.Pour le remplacer par un esclavage de fait ou la force de travail était "achetée" au plus bas prix par l’exploiteur, et payée "après", (Quand elle était payée), et ou l’exploiteur se foutait de l’état de celui qu’il exploitait car il n’en était pas propriétaire une fois la tâche accomplie.

Dans les deux cas ça n’était pas "l’esclavage" en tant que tel le principal problème mais l’exploitation capitaliste forcenée. L’esclavage étant un effet, mais pas la cause du mal.

Avant même la Guerre de Sécession il y avait déjà des "esclaves" au Nord. De ceux dont on ne parle jamais. Il s’agissait des immigrés européens, (Juifs de Centre Europe, Irlandais, Italiens, Monténégrins, Hispaniques), qui arrivaient par bateaux entiers, et ceux-ci volontairement, ou poussés par la misère, les guerres, et les persécutions raciales ou religieuses. Ou les Chinois et Indochinois arrachés à leurs terres et importés pour, entre autre, la construction du chemin de fer des Deux Océans.

La "libération" des esclaves noirs du Sud permit entre autre de mettre sur le marché industriel une force de travail encore plus docile et bon marché que celle des immigrants indociles qui avaient, eux, quelques notions de lutte de classe et le sens de leurs valeurs, concentrer les richesse des colons du Sud entre les mains des banques nordistes, et préparer le Sud agricole à l’exploitation minière du pétrole sous la houlette des banquiers de l’Energie.

Alors c’est sûr que Lee n’était pas un ange. Mais les autres salopards nordistes ne valaient pas mieux, sinon pire.

Exactement comme aujourd’hui quand on raye des pays souverains de la carte au nom des Droits de l’Homme ou de la Libération de la Femme pour les soumettre ou les voler.

Parce que quoi de pire que de commettre des crimes contre l’Humanité, au nom des sentiments les plus nobles et avec l’aval des futures victimes bêlantes ?

Alors c’est sûr que ceux qui "défendent" les statues les Confédérés, qu’on peut considérer comme des ignares haineux, peuvent donner envie de gerber... Mais ceux qui se prétendent "éclairés" et "conscients" et qui défendent ici ou là-bas, par ignorance ou suivisme, cette narrative criminelle soi-disant humaniste de défense d’une cause vérolée, ça donne envie de quoi à votre avis ???...

Aux USA ça fait des générations qu’on les décervelle et il n’y en a pas un pour taper sur l’autre. Mais pendant que tous ces tarés des deux bords se mettent sur la gueule les meneurs du jeu continuent à assassiner et à piller aux quatre coins de la Planète sans même que ça en bouge une à ceux de gauche ou de droite qui se soucient, ou font semblant de se soucier, de problèmes d’éthique, d’il y a cent ans en arrière.

Et en France c’est quand que vous allez déclarer "criminel de masse" Phillippe Le Bel génocidaire des Albigeois, Luis XI, le Roi Pieux qui pressurait son peuple et torturait ses ennemis, déboulonner les Statues de Napoléon Bonaparte qui a détruit la moitié de l’Europe après avoir trahie la République naissante, débaptiser les rues et lycées Adolphe Thiers, assassin des Communards, déboulonner les statues de Lyautey criminel de masse de la Guerre du Rif, rayer de l’Histoire Clémenceau, (Le Père La Victoire), qui envoya en masse les jeunes Français se faire tuer dans une guerre capitalo-capitaliste pour la domination des marchés et le bien-être des Maîtres de Forges ???...

Les peuples qui n’ont pas ou plus d’Histoire, bonne ou mauvaise, sont condamnée à la revivre.

Et plus souvent en mal qu’en bien !!!

20/08/2017 04:55 par Smaïl Hadj Ali

Alors c’est sûr que ceux qui "défendent" les statues les Confédérés, qu’on peut considérer comme des ignares haineux, peuvent donner envie de gerber...

Pauvres petits "ignares" ! Ils tuent, ils brûlent, ils font l’apologie du nazisme, et c’est tout ce que vous trouvez à dire à leur propos : des "ignares", haineux, il est vrai. Bientôt on nous dira, qu’ils sont de pauvres victimes du "système"
Ces ignares sont des adeptes du racisme. De grâce ne découplons pas, ne séparons pas le racisme du fascisme et du nazisme, alors qu’il est historiquement, idéologiquement et organiquement, un élément fondateur et nourricier de ces systèmes politiques.

On ne peut qu’être atterré de la manière dont vous traitez la complexe histoire de la guerre civile américaine.
Ah j’allais oublier, c’est une position plus que confortable de juger la période historique concernée avec les préjugés et les prénotions d’aujourd’hui.
Afin de mettre en lumière votre conception anachronique de histoire, je joins à ces quelques mots le courrier, attribué à Marx, de l’Association internationale des travailleurs adressé en décembre 1864 à A Abraham Lincoln. Vous allez probablement considérer que Marx était un allié des exploiteurs et des banquiers nordistes !!!
Monsieur,

Nous complimentons le peuple américain à l’occasion de votre réélection, à une forte majorité [1].

Si la résistance au pouvoir des esclavagistes a été le mot d’ordre modéré de votre première élection, le cri de guerre triomphal de votre réélection est : mort à l’esclavage !

Depuis le début de la lutte titanesque que mène l’Amérique, les ouvriers d’Europe sentent instinctivement que le sort de leur classe dépend de la bannière étoilée. La lutte pour les territoires qui inaugura la terrible épopée, ne devait-elle pas décider si la terre vierge de zones immenses devait être fécondée par le travail de l’émigrant, ou souillée par le fouet du gardien d’esclaves ?

Lorsque l’oligarchie des trois cent mille esclavagistes osa, pour la première fois dans les annales du monde, inscrire le mot esclavage sur le drapeau de la rébellion armée ; lorsque à l’endroit même où, un siècle plus tôt, l’idée d’une grande république démocratique naquit en même temps que la première déclaration des droits de l’homme [2] qui ensemble donnèrent la première impulsion à la révolution européenne du XVIII° siècle - lorsque à cet endroit la contre-révolution se glorifia, avec une violence systématique, de renverser « les idées dominantes de l’époque de formation de la vieille Constitution » et présenta « l’esclavage comme une institution bénéfique, voire comme la seule solution au grand problème des rapports, entre travail et capital », en proclamant cyniquement que le droit de propriété sur l’homme représentait la pierre angulaire de l’édifice nouveau [3] - alors les classes ouvrières d’Europe comprirent aussitôt, et avant même que l’adhésion fanatique des classes supérieures à la cause des confédérés ne les en eût prévenues, que la rébellion des esclavagistes sonnait le tocsin pour une croisade générale de la propriété contre le travail et que, pour les hommes du travail, le combat de géant livré outre-Atlantique ne mettait pas seulement en jeu leurs espérances en l’avenir, mais encore leurs conquêtes passées. C’est pourquoi, ils supportèrent toujours avec patience les souffrances que leur imposa la crise du coton [4] et s’opposèrent avec vigueur à l’intervention en faveur de l’esclavagisme que préparaient les classes supérieures et « cultivées », et un peu partout en Europe contribuèrent de leur sang à la bonne cause.

Tant que les travailleurs, le véritable pouvoir politique du Nord permirent à l’esclavage de souiller leur propre République ; tant qu’ils se glorifièrent de jouir - par rapport aux Noirs qui, avaient un maître et étaient vendus sans être consultés - du privilège d’être libres de se vendre eux-mêmes et de choisir leur patron, ils furent incapables de combattre pour la véritable émancipation du travail ou d’appuyer la lutte émancipatrice de leurs frères européens [5].

Les ouvriers d’Europe sont persuadés que si la guerre d’Indépendance américaine a inauguré l’époque nouvelle de l’essor des classes bourgeoises, la guerre anti-esclavagiste américaine a inauguré l’époque nouvelle de l’essor des classes ouvrières. Elles considèrent comme l’annonce de l’ère nouvelle que le sort ait désigné Abraham Lincoln, l’énergique et courageux fils de la classe travailleuse, pour conduire son pays dans la lutte sans égale pour l’affranchissement d’une race enchaînée et pour la reconstruction d’un monde social.

Signé au nom de l’Association internationale des travailleurs par le Conseil central [6].

20/08/2017 11:20 par Xiao Pignouf

@Smaïl Hadj Ali, c’est vous qui faites dans l’amalgame : MOA ne compare pas Lénine et Lee, mais juxtapose deux comportements ayant amené à renverser des statues de personnages éloignés historiquement, géographiquement, et idéologiquement par désir, justifié ou non (c’est une question de point de vue), de faire table rase. Au passage, vous omettez Hussein. Tout c’est n’est rien d’autre qu’une méthodologie classique au service d’une démonstration. Et si on le lit correctement, cet article n’est absolument pas "borderline", il apporte un éclairage que malheureusement la grande majorité des médias, trop péteux, ne se risqueront pas à prendre.

20/08/2017 14:40 par do

La guerre n’est pas une question de morale, mais d’intérêts économiques.

Dire que « Robert Lee était un homme brutal qui se battait pour maintenir le racisme et l’esclavage » est à peu près faux ! dire, ou plutôt répéter cela, c’est reproduire l’idéologie dominante et accepter sa victoire sans même s’en rendre compte.

En réalité, comme toutes les guerres, la guerre de sécession était économique, mais diverses idéologies ont été utilisées pour la justifier. La guerre n’est pas une question de morale, mais d’intérêts économiques. La lutte politique est un autre mode de la lutte économique, et la guerre est un mode de la lutte politique, disait à peu près Carl von Clausewitz.

La réalité, c’est que le Sud agricole se sentait fort et prêt à commercer dans le monde entier, alors que le nord industriel était faible et voulait fermer les frontières du pays par protectionnisme. Du coup, le Sud a voulu faire sécession. Chose que n’a pas voulu accepter le nord. Du coup ce fut la guerre. Bien sûr, comme ce ne sont pas les agriculteurs qui fabriquent les canons mais les industriels, le sud ne pouvait que perdre cette guerre. Voilà, c’est comme ça que l’on apprenait les choses à la fac d’histoire dans les années 1970. Mais avec l’effondrement idéologique de la "gauche", comme dit Bruno Guigue...

Bien à vous,
do
http://mai68.org/spip2

Esclavage - Destruction de la propagande pro-américaine concernant la guerre de sécession :

http://mai68.org/spip/spip.php?article78

20/08/2017 15:53 par Smaïl Hadj Ali

Un tout dernier mot. A propos d’amalgame. Le choix de Lénine est insidieux. En effet peut-on admettre une pédagogie à la ragougnasse qui met dans la même marmite un tyran, Saddam Hussein, un général esclavagiste, Lee, et un des acteurs d’une des plus grandes révolutions ouvrières émancipatrices, avec celle des Communeux. (Communard est l’appellation péjorative choisie par l’historiographie des vainqueurs Versaillais)

20/08/2017 17:22 par act

1-Avant l’article lui même, il y a le choix de LGS de le diffuser.
Parmi les faits marquant du moment, nos camarades s’/nous intéressent au sort de statues représentant des militaires états-uniens, dont de haut gradés. Statues qui pour certaines, malgré elles, à tort ou à raison, symbolisent aujourd’hui objectivement le racisme et l’esclavagisme. C’est indiscutablement l’opinion des suprémacistes blancs qui se mobilisent et défilent en armes pour les défendre. Autant que pour ceux qui aujourd’hui les critiquent ou les démontent, particulièrement pour les descendants des esclaves.
L’exercice aurait pu être des plus intéressant s’il ne s’agissait de cet article.

2-Cet article de MOA a le mérite de rappeler que si son analyse de l’actualité internationale, particulièrement militaire et géo-stratégique, est des plus intéressante et pertinente, ses analyses et opinions concernant le national ou le social indiquent régulièrement qu’il ne s’agit pas d’un camarade. Il faut une certaine dose de mauvaise foi pour amalgamer Lénine et Lee, c’est l’Histoire que MOA déboulonne ici. Si le geste des déboulonneurs est identique, ses motivations, sa portée et sa signification sont diamétralement opposées. Mettre à bas un symbole de la défaite, de l’"occupation soviétique", d’une idéologie socialiste qui prône l’égalité, pour les réactionnaires de l’Est déboulonnant Lénine vs. s’en prendre à des symboles devenues avant tout et malgré eux pour certains, ceux d’une idéologie militariste, inégalitaire car raciste, voire esclavagiste et fasciste pour nombre de ses partisans. Écrire ceci n’est pas ignorer que le guerre de sécession ne fut pas menée "pour libérer les esclaves", c’est prendre acte de ce que ces statues symbolisent pour ceux qui s’affrontent à leurs pieds aux USA ajd.
Allons-nous reprocher aux Cubains d’avoir déboulonné nombre de statues et symboles yankee au triomphe de la Révolution ? Non évidement, alors pourquoi d’hypocrites contorsions au sujet de militaires généralement racistes, dont de hauts gradés ?

3-Cette affaire de statues ne peut être ainsi extraite de son contexte, de la situation actuelle. L’esclavagisme n’est pas si vieux, bien plus tard l’apartheid aux USA d’officiel devint officieux. De nos jours ce sont les meurtres "légaux", filmés et en série de citoyens états-uniens, non pas pour délit d’opinion mais pour "délit" de pigmentation, qui sévissent chez nos champions de la "démocratie". Quels chapitres avez-vous manqué ? Celui ou une camarade fut récemment assassinée par un fasciste motorisé lors d’un affrontement sur ce thème ? Ce n’est pas parce que que le capital et ses médias tentent de détourner et pervertir le combat anti-raciste qu’il faut céder ce terrain, au contraire. La lettre de Marx d’époque et sur ce sujet précisément que Smaïl Hadj Ali propose en commentaire l’illustre parfaitement.

4-Dans la lutte des classes, quand j’entre sur le terrain de la condition féminine, je préfère me fier à l’avis d’une camarade. Quand j’entre sur le celui du racisme, je préfère me fier à l’avis d’une ou d’un camarade qui n’a pas la pigmentation rose (et non "blanche"), celle qui domine et s’imagine souvent "supérieure" à ce titre ridicule.
Or ici, j’espère sincèrement me tromper, mais il me semble que le seul avis critique envers l’article était émis par la seule personne dont la seule pigmentation est considérée comme un "problème" ou un "délit" pour beaucoup. "Étonnant, non ?" comme dirait Pierre.

Malcolm X expliquait que si vous pouvez éventuellement décider de cacher votre opinion ou votre religion, vous ne pouvez cacher votre couleur de peau et que c’est pour cela que le racisme est le pire crime qui puisse être commis. En rappelant que le premier des racisme est le sexisme,
BàV.

20/08/2017 19:00 par Xiao Pignouf

Non, encore une fois, il n’y a selon moi aucune ambigüité dans les parallèles faits par MOA : il parle clairement des "cinglés de la droite ukrainienne" abattant les statues de Lénine, des statues de Lee et d’autres confédérés mises à bas aux EU et du manque de respect éprouvé par beaucoup d’Iraqiens lorsque les Américains ont scénarisé la même chose à la prise de Bagdad. Cela ne met en aucun cas ces 3 personnages historiques sur le même plan.
En revanche, dans la bouche de certains journalistes, chroniqueurs, éditocrates, historiens ou philosophes auto-proclamés, il pourrait être tout à fait légitime de les soupçonner de rapprochement douteux lorsque ceux-ci évoquent, souvent avec une désinvolture feinte, communisme et fascisme dans les mêmes textes ou diarrhées verbales, d’où d’ailleurs est sorti le néologisme "rouge-brun" à la mode.
Quand on connaît les publications (essentielles) de MOA, on n’a pas besoin de monter au créneau s’il veut juste dire qu’abattre les représentations commémoratives, même lorsqu’il s’agit de personnages sulfureux, peut ne pas être forcément perçu comme libérateur par tous, y compris par ceux qui désapprouvent le rôle historique de ces statufiés. En outre, et c’est là où je le rejoins complètement, cette fonction commémorative a une haute importance, alors que l’oubli, on sait où ça mène.

20/08/2017 19:25 par Palamède Singouin

@ act

Or ici, j’espère sincèrement me tromper, mais il me semble que le seul avis critique envers l’article était émis par la seule personne dont la seule pigmentation est considérée comme un "problème" ou un "délit" pour beaucoup.

A titre personnel, je peux vous dire que vous vous trompez. Ne trouvez vous pas hasardeux de déterminer la "pigmentation" d’un intervenant uniquement du fait de son patronyme ou pseudo ? Xiao Pignouf, à votre avis, il est de quelle couleur ?

20/08/2017 21:00 par legrandsoir

Les échanges prennent une étrange tournure. Merci de recentrer.

20/08/2017 21:23 par act

@ Palamède,
J’espérais sincèrement me tromper, merci de l’avoir confirmé.
C’est déjà ça et ce n’est pas rien.
BàV
@LGS,
Question de point de vue, c’est d’abord la tournure de l’article qui est "étrange".
BàV

20/08/2017 22:21 par Geb.

le sort ait désigné Abraham Lincoln, l’énergique et courageux fils de la classe travailleuse,

Fils de la classe travailleuse ??? Ou fils d’immigrant/colon exploiteur agricole de main d’ouvre sous payée et spoliateur de terres indiennes sur la "frontière" ??? Et ils n’avaient pas d’"esclaves" chez les Lincoln ??? Noirs, Jaunes, ou Rouges ???

Wikipédia :
Son père, Thomas Lincoln, descend d’une longue lignée de Lincoln, dont le premier avait émigré d’Angleterre dans le Massachusetts en 1637. De là, les générations ont voyagé en Pennsylvanie, en Virginie puis dans le Kentucky. Le père de Thomas, nommé aussi Abraham, a été tué par des Indiens en 1761. Simple charpentier illettré au départ, Thomas est devenu un des fermiers les plus riches du comté2

Quand on veut s’inventer des "idoles" il faut au minimum connaître leur histoire personnelle. Cinquante lignes pour magnifier la légende dorée d’un colon enrichi par le fouet et le sang, transformé en icône de la Liberté, c’est bien ce que méritait un dirigeant de ’The land of Free, the Home of the Braves". Une nation qui a assassinée la moitié de la Planète, écrasés et assassinés ses militants et dirigeants réellement anti-esclavagistes, eux. Ecrasant dans la foulée, ses Communistes, ses Marxistes, et ses Révolutionnaires, depuis l’époque de ce "cher" Abraham Lincoln, sous les regards fascinés de l’autre moitié...

Il est aussi "célèbre" pour être le fondateur du système bancaire des USA durant la Guerre civile, (National Banking Act of 1863), l’ancêtre de la "Federal Reserve" ou cinq banques majeures créent de la monnaie à partir de rien en rackettant l’Etat fédéral. Ce qui a permis le pillage à grande échelle tout d’abord du Sud plus riche, puis ensuite du Monde entier. Et il fut initiateur de l’embryon de la "Federal Income Tax", (FIT), consistant à ponctionner les revenus des Travailleurs en échange de rien, sinon d’une police et d’une armée pour leur faire fermer leur gueule et assassiner les Peuples pas dociles.

http://dh.ke.orange.fr/r?url=https%3A%2F%2Fwww.occ.gov%2Fabout%2Fwhat-we-do%2Fhistory%2Flincoln-founding-national-banking-system.html&rurl=https%3A%2F%2Fwww.occ.gov%2Fabout%2Fwhat-we-do%2Fhistory%2Flincoln-founding-national-banking-system.html&id=1725200001503257934745407&ap=4&profil=orange2&bhv=web_fr&rdata=lincoln%20et%20la%20federal%20bank&numa=0&nump=0&lg=%3F%3F&v=01&salt=698899&part=web&key=b90a00745603c758d3377737a876d932

Ceux qui se sont réellement battus contre l’esclavage sont les Noirs eux-même et les Américains progressistes du "Mouvement d’Emancipation Civique". Si la "lutte" de Lincoln n’avait pas été un hoax comment expliquer que 150 ans plus tard le problème n’est toujours pas résolu, qu eles Noirs "émancipés" sont toujours des citoyens de quatrième zone et constituent la majorité des pauvres et de l’Univers carcéral ? Et que les noirs américains sont majoritaires dans les prisons privées enfermés à vie à bosser pour pas un cents dans un environnement moyenâgeux ???

C’est mieux que les champs de coton, le Pénitencier de Jacksonville ???

Malcom X, Rosa Parks, Fannie Lou Hamer, Angela Davis ça vous dit quelque chose ?

Et au fait :

C’est qui et quoi "ça" ??? : "Signé au nom de l’Association internationale des travailleurs par le Conseil central [6]".

Une annexe de l’USAID ?

20/08/2017 22:29 par Xiao Pignouf

Oula, act, vous ne croyez pas ce que vous dites j’espère. Parmi nous, certains communiquent sous leur vrai nom, d’autres sous pseudo, comme vous et moi. Donc, au risque de faire preuve d’un peu de lâcheté, nous nous cachons. Ce qui signifie que nous ne laissons que peu transparaître qui nous sommes, à part certaines infos de ci de là. Effectivement, impossible alors pour vous de connaître ma couleur, ni moi la vôtre. Mais par-dessus tout, je ne vois pas ce que ça vient faire ici, de plus vous sous-entendez que ceux qui ne critiquent pas l’article désapprouvent les déboulonneurs anti-fascistes américains (ô le beau raccourci !), et donc ceux qui expriment un chouïa de désaccord avec le seul d’entre nous qui déboulonne l’article sont des suprémacistes en devenir (là, c’est moi qui fait le raccourci).
Tout d’abord, je ne suis pas entièrement en désaccord avec lui, je ne partage juste pas l’interprétation qu’il en fait, que je trouve un peu sévère avec MOA, auteur dont j’apprécie grandement les textes, et je voudrais qu’on me guide vers des articles où il manifeste un quelconque anti-communisme. Je n’ai jamais lu ça chez lui, mais je n’ai peut-être pas l’oeil aguerri.
En ce qui concerne les évènements aux EU, comme tout ce qui s’y passe depuis l’élection de Trump, j’ai beaucoup de mal à séparer le bon grain de l’ivraie. Même ces jeunes militants anti-fascistes, pour juste que soit leur combat ce jour-là, qu’est-ce qui nous dit qu’ils n’ont pas glissé dans l’urne un bulletin Clinton le jour des élections ? Et si Clinton avait été élue, c’est vrai que les suprémacistes seraient peut-être restés chez eux, mais beaucoup parmi leurs opposants auraient mis une égérie de la guerre au commande de ce pays (tout en vénérant Obama, recordman du tapissage de bombes dans le Guinness Book) et le massacre en Syrie serait peut-être en train de tourner en eau de boudin à la vodka russe. Je sais, ça fait beaucoup de "peut-être". Toujours est-il qu’en ce qui concerne les Américains, d’un bord comme de l’autre, je ne m’avance pas.

21/08/2017 01:36 par act

C’est qui et quoi "ça" ??? : "Signé au nom de l’Association internationale des travailleurs par le Conseil central [6]"
Une annexe de l’USAID ?

Peut-être que je manque un gag ou sarcasme mais pour info c’est la signature d’une missive d’époque (guerre de sécession) envoyée par un certain Karl Marx dont vous avez peut-être déjà entendu parler ?

21/08/2017 03:32 par babelouest

"Voilà, c’est comme ça que l’on apprenait les choses à la fac d’histoire dans les années 1970. Mais avec l’effondrement idéologique de la "gauche", comme dit Bruno Guigue..."

Je confirme, do. Je me souviens trop des belles envolées du prof d’histoire des révolutions, en 1970, qui intervenait aussi aux Dossiers de l’Ecran avec pertinence.

Je pense qu’il serait judicieux de garder les statues d’Adolf Thiers, ainsi que les noms de rues, en mentionnant juste en dessous "a noyé dans le sang la Commune de Paris".

21/08/2017 16:35 par Geb.

A ceux qui lisent Marx comme une Bible, (Et le servent comme paravent) :

Que KM encense Lincoln, qu’il "pense" qu’il était un "fils de la Classe travailleuse" c’était probablement "normal" à l’époque. Une époque ou l’info ne circulait pas comme aujourd’hui et ou les critères et la vision du Monde n’était pas la même. Il avait au moins autant de bonnes raisons de le penser que ceux qui hier chez nous ont cru qu’on renvoyait l’Iraq à l’Age de Pierre en raison de ses Armes de Destruction Massive ou que Milosevitch assassinait "son propre peuple". (Entre parenthèse l’expression m’a toujours fait rigoler ; comme si le "crime" suprême était d’assassiner les siens et qu’assassiner les autres n’aurait pas d’importance)..

Au XXème siècle, vue d’Angleterre la "révolution américaine" pouvait être considérée comme "progressiste". De même que la Révolution française l’a été un jour. Pourtant elle n’émancipa rien du tout, sinon les bourgeois "pères fondateurs" de payer les taxes au Roi d’Angleterre et de permettre d’annexer plus de terres sur le compte des autochtones..

Quelques décennies plus tard, le Sud agraire et riche en foncier, considéré par la Banque, l’Industrie, et le Capital comme un frein à son expansion fiduciaire et industrielle, devenait gênant. Le prétexte a été tout trouvé, comme de nos jours quand on veut "intervenir" humanitairement chez ceux qui gênent les progrès impériaux.

Pour le reste quand j’entend qu’on a "libérés les noirs esclaves", exprimé par des gens qui se disent sensés je me dis que réellement on est dans une maison de fous. On a "libéré", (relativement), les esclaves, c’est à dire qu’on a cessé de les "possèder" comme des chose et qu’on leur a permis d’aller se faire exploiter autant férocement par les mêmes avec encore moins de garanties de survie que ce qu’ils avaient avant. La Guerre civile a servi à "convaincre" par les armes les propriétaires d’esclaves récalcitrants de laisser les gens qu’ils possédaient en propre, et qu’ils étaient contraints d’entretenir, (Donc de perdre une partie de leur capital investi), aller se faire tondre par d’autres sans aucune garantie de renouvellement de leur force de travail. Et Lincoln et ses sponsors ont fait s’entre-tuer pour ça 650 000 citoyens américains.

Quant aux esclaves, non seulement ça n’a pas été "mieux", (La majorité des prolétaires immigrés de l’époque ne vivaient pas mieux qu’eux), mais ils se sont retrouvés en butte à la vindicte de ces mêmes prolétaires qui ont vu en eux des concurrents sur un marché du travail déjà pas bien rose. Ce qui a encore plus popularisé le racisme ant-noir dans des états du Nord ou il n’était pas prépondérant.

Et depuis ça n’a jamais cessé.

Que ces deux Révolutions aient amené un Capitalisme triomphant bâti sur l’exploitation bourgeoise ne saurait empêcher de prendre en compte que si c’est bien le Peuple qui a donné de son sang, mais ce sont les Bourgeois qui ont encaissés les dividendes sur son dos.
Et il ne pouvait en être autrement, la future classe ouvrière manquant d’expérience pour l’empêcher. Les Robespiere n’ont pas fait long feu rapidement remplacés par les Danton,

Mais aujourd’hui, ça fait maintenant deux siècles et demi qu’on a les données objectives de la méthode de comment les Banquiers assassinent, "inventent" les Guerres fratricides, avec l’aide des gens de bonne volonté au nom des idéaux fraternels et humanistes. Les ONG ont remplacé les Missionnaires, les bons sentiments et le "politiquement correct" la Religion, mais finalement les méthodes, les résultats et les buts, sont les mêmes : Ecraser toute résistance populaire ou concurrente et continuer à pressurer au maximum.

Et il n’y a pas besoin d’être Karl Marx pour s’en rendre compte.

N.B. Je trouve l’idée de CN de garder les statues et plaques commémoratives en indiquant les méfaits et les crimes de leurs effigies dans un but pédagogique extrêmement séduisante.

22/08/2017 00:17 par Mise au point

Petit rappel : Au moment où la Guerre de sécession éclate (càd l’invasion des états du sud par les états du nord), Thomas Jefferson et George Washington possédaient encore des esclaves alors que Lee avait rendu leur liberté aux siens trois ans avant. Lincoln était un raciste notoire, tellement qu’il voulait déporter les esclaves vers l’Afrique. La version de gentils nordistes (tellement gentils qu’ils n’allaient pas tarder à massacrer ce qui restait des indiens) contre les méchants sudistes était quand même trop beau pour être vrai.

22/08/2017 09:42 par DPM

Juste un lien vers un article intéressant sur la symétrisation que je trouve plus à propos que la digression sur la guerre de sécession :

« 5 mn pour les victimes, 5 mn pour les bourreaux ». Le démon de la symétrie.

https://penseedudiscours.hypotheses.org/14153

22/08/2017 10:09 par Toff de Aix

Mais quel tissu d’imbecilités que cet article...
Tant qu’on y est, pourquoi on a déboulonné les statues d’adolf à Berlin alors ? (point Godwin revendiqué et assumé pleinement).

Une statue ne fait pas l’Histoire, c’est l’éducation, la culture, la soif personnelle d’apprendre qui fait que les gens vont s’intéresser à leur histoire et, sans aucun doute, en avoir une version toute subjective. Car comme d’habitude, l’histoire est faite par les vainqueurs.

Il fait supprimer TOUTES les statues, pas la peine d’honorer une image, ça n’est-ce qu’un veau d’or de plus, nous en avons déjà bien assez. Et pour ceux qui ont de beaux souvenirs sous une statue, ils s’en feront d’autres ailleurs, sous un arbre, dans une grange ou une botte de paille.. Socialisme ou pas !

Le jour où les gens comprendront que le vrai pouvoir, c’est leur capacité à agir dans le présent, et pas à croire en un sauveur, en un homme providentiel ou du passé,... Donc à adorer des statues, ce jour là, nous aurons fait un pas de géant dans l’émancipation des peuples.

22/08/2017 15:22 par Xiao Pignouf

@Toff de Aix, apparemment déboulonnage d’Adolf il n’y eut point, faute de statue. D’ailleurs, c’est vrai que je n’ai pas souvenir avoir déjà vu une statue du führer, dans des films d’archive j’entends, une statuette à la limite... il détestait sa propre gueule semble-t-il.
https://www.quora.com/Was-there-any-public-statue-of-Adolf-Hitler-in-Germany

23/08/2017 10:40 par Autrement

Il ne s’agit pas du tout dans cet article de mettre dans le même sac tous les personnages dont les statues ont été déboulonnées, ni de comparer leurs mérites ou turpitudes respectifs. Il est clair que le déboulonnage des statues de Lénine n’a pas du tout le même sens que celui de Lee.
Il s’agit d’étudier les répercussions politiques et sociales du phénomène de déboulonnage d’une statue, et d’étudier dans chaque cas particulier (l’histoire est la science du particulier), quel est le personnage, qui le déboulonne, dans quel contexte, pourquoi, avec quel impact sur l’opinion publique nationale ou internationale.
La "guerre de Sécession" n’est plus à l’ordre du jour sous cette forme, comme l’ont expliqué plusieurs contributions : le Nord n’avait pas plus de motivations "démocratiques" que le Sud.
Mais la rivalité entre le clan Clinton et le clan Trump, les failles, les divisions au sein de la société américaine, elles, sont en pleine actualité. Les diverses formes folkloriques ou politiques que peut prendre la manifestation de l’hostilité populaire, aussi. Etc.
Au fur et à mesure de l’Histoire, les actes de ceux qui déboulonnent une statue changent de signification et de répercussions dans la société, en fonction des différents éléments de celle-ci. C’est ce que veut montrer l’article.
Chez les Romains,le "damnatio memoriae" consistait à marteler le nom du personnage sur le socle de la statue. Le bonhomme restait, gros ou maigre, chauve ou chevelu, les yeux tournés de face ou de côté, mais le souvenir de l’individu dans l’histoire, c’est-à-dire son nom, était "damné".
Comment le déboulonnage d’une statue peut servir à se remémorer l’histoire ou à l’oublier, à l’interpréter, à la falsifier ou à en rétablir la vérité, telle est la question posée.

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