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Des « talents » ? On en a des talents, on en est des talents !

Par Alexandra Sippel, maîtresse de conférences à l’université Jean-Jaurès, Toulouse

Ce témoignage d’une jeune universitaire est très significatif. Des milliers d’autres collègues pensent de même. Il faut espérer que ce type de prise de conscience marque le début d’un processus et ne soit pas le chant du cygne d’une génération sacrifiée.

La situation abominable et angoissante dans laquelle se trouvent nos collègues a pour responsables, en premier lieu, des universitaires eux-mêmes qui, depuis une vingtaine d’années, ont pris le pouvoir avec l’aide d’administratifs qui gèrent des personnels comme ils géreraient des tracteurs et qui finiront par les supplanter. Ces fossoyeurs de l’Alma Mater ne visent qu’une chose : gérer comme une entreprise une université elle-même devenue entreprise.

Qu’il soit doctorant ou professeur de classe exceptionnelle, un universitaire travaille aujourd’hui cinquante heures par semaines, dans des conditions que décrit fort bien Alexandra Sippel. La différence avec mon époque (j’ai pris ma retraite il y a une bonne dizaine d’années – le suave Alain Minc dirait que je coûte cher à la collectivité), c’est que, lorsqu’il m’arrivait plus souvent qu’à mon tour de travailler aussi longtemps, c’était un choix personnel, donc gratifiant.

Les universitaires d’aujourd’hui ne peuvent plus donner aucun sens à ce qu’ils font. D’où des dépressions – en secret – et de l’épuisement (on dit maintenant “ burn-out ” comme cela on ne sait plus trop ce que l’on dit.

Il est urgent que les universitaires se mobilisent et agissent en masse, résolument et de manière virulente contre les idiots utiles du banquier éborgneur au service de la finance.

Ils ont le nombre, ils sont le nombre. Ils gagneront. S’ils le veulent. (Bernard Gensane)

Je parle de moi, mais je parle de mes collègues : du talent dans l’Enseignement supérieur et la recherche français, on n’en manque pas.

"Publish or perish", "tenure track", "excellence", "talents", classements divers... les universités et les universitaires sont sous le feu roulant des critiques et ce billet n’est qu’un petit témoignage parmi tant d’autres motions, tribunes, prises de parole et de position qui paraissent dans la presse, sur les réseaux sociaux et sur les blogs, en particulier depuis que le président du CNRS a vanté les mérites de la prochaine Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche au motif qu’elle est "inégalitaire" et "darwinienne", avant d’expliciter son propos en ajoutant que tous les footballers ne jouent pas la Champions’ League, et que, de même, tous les universitaires ne peuvent prétendre à l’excellence. Au ministère, ce n’est guère mieux, où l’on argue que précariser l’entrée dans la carrière d’enseignant-chercheur titulaire au moyen de "CDI de chantier" ou de titularisations conditionnelles ("tenure track") serait un moyen de sélectionner les meilleurs, les "talents".

Comme je l’ai indiqué dans le chapeau, je vais parler de moi, mais en parlant de moi, je parle aussi de mes collègues qui prendront la plume s’ils le souhaitent, s’ils en ont besoin, pour exprimer leur propre ressenti. Je vais parler de mon cursus, qui est honnête : ni extraordinaire, ni méprisable. Je ne cherche pas à me vanter, mais simplement à dire, à revendiquer même, que je suis une bonne maîtresse de conférences, une bonne enseignante, une bonne chercheuse, un bonne membre de l’équipe dans l’accomplissement de tâches administratives utiles à la communauté.

J’ai besoin d’écrire parce que je ne supporte plus le mot "talent"/"talents". Je ne supporte plus le discours qui consiste à dire qu’il faut les attirer alors qu’ils sont là, présents dans l’université française. Ils sont là, présents, pas seulement dans les universités qui se sont auto-proclamées "de recherche intensive", mais, vu la pénurie de postes, dans toutes les universités. Et il est insultant, profondément insultant, de répandre dans l’opinion publique l’idée selon laquelle "nous" serions médiocres alors que nos homologues formés dans les pays anglophones, surtout dans des endroits très prestigieux où l’on ne lésine pas sur le marketing/branding, seraient tous infiniment meilleurs et qu’il faudrait les attirer, eux, à toute force en "nous" reléguant, nous, dans une seconde classe à laquelle nous n’appartenons pas.

Attirer des "talents" vous dites ? Je n’ai eu aucun diplôme sans une mention inférieure à "bien" : bac littéraire, 1997, mention bien ; licence d’anglais LLCE, 2000, mention bien ; maîtrise en histoire médiévale anglaise, 2002 (avec une année en tant qu’enseignante assistante en Angleterre), mention très bien ; Agrégation et CAPES, du premier coup pour les deux, honorablement classée pour les deux, 2003 ; DEA en histoire britannique du XVIIIe siècle, en 2004, mention très bien ; Doctorat en histoire britannique du XVIIIe siècle, 2009, mention très honorable à l’unanimité. Sélectionnée en 2003 pour devenir tutrice à Paris IV-Sorbonne ; sélectionnée en 2004, pour un poste d’Allocataire-Monitrice, seule non-normalienne de mon Ecole Doctorale ; Sélectionnée en 2007 et les années suivantes pour des postes d’Attachée Temporaire d’Enseignement et de Recherche ; Recrutée Maîtresse de conférences à l’université Toulouse-Jean Jaurès dès ma première campagne.

Alors bien sûr, vous l’aurez remarqué, je revendique d’avoir du talent malgré quelques manques dans tout cela : pas normalienne. Non, j’ai fait une prépa parce que mes profs m’y ont poussée : "tu es bonne élève, fais une prépa". Mais je ne savais pas, à l’époque, ce qu’étaient vraiment les ENS. J’ai donc arrêté après l’hypokhâgne parce que j’avais 3h de transports en commun quotidiennes pour y aller et en revenir, et pour d’autres raisons fort bien expliquées par les sociologues. Je n’ai pas non plus fait une thèse extraordinaire, je le reconnais bien volontiers, mais elle m’a tout de même valu la deuxième meilleure mention donnée à l’époque où l’on décernait encore des mentions : "très honorable à l’unanimité", ça n’est pas déshonorant après tout. Je reconnais aussi volontiers qu’être recrutée maîtresse de conférences dès ma première campagne n’est pas entièrement dû à mon seul talent et qu’il y a une part de chance. Je pense que j’étais une bonne candidate, je n’ai pas démérité dans les autres entretiens passés cette année-là (3e à Paris IV ; 4e à Bordeaux III). J’étais une bonne candidate, et j’ai eu la chance de tomber sur ce poste-là, cette année-là, avec ce comité de sélection-là (dont je ne connaissais à l’époque aucun membre). Des amis très doués, plus que moi parfois, depuis plus longtemps puisque certains sont normaliens, dans d’autres disciplines ont eu moins de chance et cela ne retire rien à leur talent : la pénurie de postes qui fait retomber la honte et la déception sur celui/celle qui n’est pas retenu malgré toutes ses réussites n’est pas de leur fait.

Aujourd’hui, avec ma thèse en histoire intellectuelle du XVIIIe siècle britannique, j’enseigne un peu tout ce qui touche aux Iles Britanniques et parfois même un peu aux Etats-Unis : les institutions, la formation des nations, un peu d’histoire politique, beaucoup d’histoire économique, de la méthodologie très basique pour les étudiants de première année, un petit peu ma période de spécialité. Pour continuer à me former sur cette période que j’aime mais que je n’ai pas beaucoup l’occasion d’enseigner, je propose des séminaires à l’Université du Temps Libre et vous me croirez si vous voulez quand je dis que mes auditeurs sont très satisfaits. Je contribue à la vie administrative de mon institution en siégeant dans un conseil de département, en ayant passé 3 ans à faire les emplois du temps de mes 100 et quelques collègues - dont deux avec une amie que je remercie ; en co-encadrant les démarches des étudiants qui viennent ou partent étudier en Erasmus, avec une autre amie très chère que je remercie aussi. Et dans tout ça, je mène aussi mes recherches avec l’ambition de publier des monographies de recherche sur l’histoire économique britannique au tournant du XIXe siècle. L’ambition parce que la recherche est la partie du métier qui est la plus valorisée/évaluée, mais celle aussi qui nous sert à tous de variable d’ajustement tant les autres tâches sont chronophages et toujours urgentes : préparer les nouveaux cours, corriger les copies, donner les sujets d’examen, accomplir les tâches administratives diverses dans les délais impartis et toujours courts. Quand en plus, comme moi, on concilie travail à temps plein avec une vie de famille bien animée par deux jeunes enfants, on court après le temps pour la recherche. La recherche, ça n’est pas un vain mot : aujourd’hui comme hier, on a besoin d’historiens pour éclairer de leur mieux le monde d’hier et, peut-être, comprendre un peu mieux celui d’aujourd’hui. La recherche est une passion, mais elle n’est pas que cela : c’est un métier. Un vrai métier, avec ses contraintes et ses difficultés, et qui mérite une véritable reconnaissance. Un métier d’ailleurs pour lequel on est évalué à chaque étape : point de participation à un colloque sans examen de la proposition de communication par un comité d’experts scientifiques ; point de publication sans un travail d’expertise en double aveugle par des pairs spécialistes du sujet traité.

Dire qu’il faut attirer les "talents" comme si nous, qui sommes en place, n’étions là que par hasard, comme si notre situation de fonctionnaires avait émoussé notre acuité intellectuelle, est insultant et je le vis comme une insulte. Et c’est une insulte d’autant plus blessante et douloureuse que, comme mes collègues, j’ai joué le jeu de mon mieux à chaque étape. J’ai été à l’école, au collège et au lycée publics. J’ai travaillé dur pour obtenir tous mes examens. J’ai sans doute des facilités, mais je suis une laborieuse qui ne se contente pas de la moyenne, qui ne se contente pas de la médiocrité. Je n’atteins pas les niveaux d’excellence de certains de mes pairs, mais j’ai joué le jeu de la méritocratie républicaine de mon mieux en essayant toujours de me dépasser. Je le fais encore aujourd’hui pour donner à mes étudiants le meilleur de ce dont je suis capable pour tenter de les aider à donner, eux aussi, le meilleur d’eux-mêmes. Ca marche avec certains, pas avec tous, mais quand on voit l’intelligence d’un jeune s’éveiller grâce à ce qu’il découvre dans nos cours et hors de nos cours, c’est une grande réussite.

Dire qu’il faut attirer des "talents", c’est encore insulter nos maîtres. J’ai été formée à l’université de Paris VI-Sorbonne, maintenant Sorbonne Université. Mes enseignants, depuis la deuxième année où j’ai suivi leurs cours, étaient tous formidablement intelligents et avaient le don de communiquer leur amour du savoir aux jeunes que nous étions - à moi en tout cas. Mme Michlin, en études américaines, un génie de la littérature avec une connaissance fine de l’histoire, et douée d’une empathie sans égale. M. Dubois et M. Bury, profs de traduction : j’ai eu l’occasion de leur dire qu’on aurait dit des patineurs médaillés d’or alors que je me sentais Bambi se dressant sur ses pattes pour la première fois sur la glace face à des textes fort ardus ; M. Lilly, prof de phonétique à la pédagogie magique qui nous faisait étudier les lois de la phonologie dans des langues totalement inconnues et qui nous permettait de croire que nous les lui avions fait découvrir. Mme Sancery, Mme Bidard, M. Carruthers et leur passion du Moyen-Age ; Mme Pécastaing et son ère victorienne et tant d’autres que je ne cite pas mais à qui je dois tant ; et tous ceux rencontrés en colloques et dont j’ai appris aussi. M. Carré, mon directeur de thèse aux connaissances immenses et aux conseils si précieux, respecté des historiens dit-on, et ça n’est pas rien pour un civilisationniste ! L’université française est une longue généalogie. Il suffit de lire les nécrologies qui circulent parfois sur nos listes de diffusion quand l’un des nôtres nous quitte et que ceux qui l’ont connu lui rendent hommage : le talent n’est pas qu’un héritage, mais un partage. La générosité et la bienveillance dans la transmission des connaissances sont des qualités précieuses, qui permettent aux talents d’aujourd’hui de porter les talents émergents. Et je compte bien, en continuant à travailler dur, à lire, à écrire, à comprendre, prendre place moi aussi dans cette généalogie ; plus modestement sans doute que mes grands anciens, mais à ma mesure.

Mes étudiants d’aujourd’hui, mes jeunes collègues doctorants et jeunes docteurs ont eux aussi leur place dans cette lignée. Ils ne déméritent pas ; leurs recherches ne sont pas moins légitimes que les miennes, ou que d’autres. Ils et elles ont le droit d’avoir une carrière sereine. Ils sont évalués à chaque étape de leur parcours, pour tous les postes qu’ils et elles décrochent, toutes les recherches qu’ils et elles présentent. Ils et elles ont le droit de faire honnêtement le métier pour lequel ils et elles se forment par la recherche et de le concilier avec une vie personnelle épanouie, le droit de fonder une famille s’ils et elles le souhaitent plutôt que d’être soumis à des pressions telles que le choix de la famille ne se ferait qu’au prix d’un renoncement à une carrière dans la recherche et l’enseignement. Leurs recherches ne sont pas inutiles ; elles méritent d’être menées. Leur doctorat n’est pas un hobby pour jeune personne désœuvrée, mais un projet professionnel : celui de devenir passeurs à leur tour. Si nos recherches n’ont pas d’impact mesurable sur le produit intérieur brut du pays, elles n’en sont pas moins essentielles en tant que sciences humaines, véritablement humaines qui permettent de comprendre l’humain.

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COMMENTAIRES  

02/02/2020 13:29 par Mazig

Merci pour la publication de ce papier qui est une initiative "très honorable" , susceptible de mettre en évidence et de porter à la connaissance de tous la situation déplorable de nos chercheurs , de leurs rémunérations réductrices et de leurs conditions de travail anxiogènes de par cette atmosphère ou le copinage (avec des politiques notamment pour certains et pas des meilleurs) fausse complètement la qualité du travail de ceux qui mériteraient la considération et la reconnaissance , eu égard à leurs travaux et leurs publications.

02/02/2020 22:25 par Roger

J’ai eu un itinéraire très différent, par la toute petite porte d’une fonction administrative qui m’a amené à co-créer et développer un service universitaire inédit et innovant - une vraie réussite d’ailleurs qui en dit long sur les qualités des enseignant-chercheurs qui s’y sont impliqués. J’étais contractuel (cdd annuel, très précaire), puis un jour il y a eu un poste d’assistant qu’on m’a fermement invité à "prendre" pour économiser mon salaire de contractuel. Puis il a fallu que je fasse une thèse tout en assurant mon job administratif, puis il y a eu le concours de Maître assistant (devenu par la suite Maître de Conférence. Je l’ai emporté "face" à 20 candidats, avec beaucoup de chance et le soutien de 2 membres de mon jury de thèse qui étaient dans la commission Nationale).
Le plus étonnant pour moi ce fut de n’avoir aucun moyen pour la recherche et de devoir faire un travail de consultant pour accéder à des terrains de recherche et utiliser mes honoraires pour financer ma documentation, mes outils, mes déplacements, mes accès aux congrès de ma discipline,...Le pire ce fût aussi de constater que mes travaux comme presque tous ceux de mes collègues restaient totalement ignorés des institutions qui les avaient suscités...Toutefois c’était encore l’époque d’une "grande" liberté intellectuelle avec des conditions de travail ouvertes à la créativité et aux initiatives...ce que j’ai vu progressivement disparaître avant de partir à la retraite (pendant laquelle je continue de chercher et d’intervenir dans les partages de savoir).

03/02/2020 09:01 par Anwen

L’article nous dit : « La situation abominable et angoissante dans laquelle se trouvent nos collègues a pour responsables, en premier lieu, des universitaires eux-mêmes qui, depuis une vingtaine d’années, ont pris le pouvoir avec l’aide d’administratifs qui gèrent des personnels comme ils géreraient des tracteurs et qui finiront par les supplanter. ».
Il y a assurément bien plus de vingt années que le pouvoir, quel qu’il soit, est entre les mains d’un certain nombre de personnes habiles qui imposent et exploitent l’ignorance des masses pour la satisfaction de leurs instincts de violence et de cupidité.
C’est ainsi qu’il est encore aujourd’hui nombre de gens naïfs qui croient que l’histoire est le récit exact des faits du passé. Ils semblent ignorer que le monde est, depuis longtemps, régi par le mensonge et que le désordre de la société actuelle en est la conséquence.
C’est ce que Joseph de Maistre signifiait lorsqu’il disait que l’histoire est une conspiration permanente contre la vérité.

03/02/2020 17:10 par Autrement

Texte de nos affiches du moment :
NON À LA LPPR ! (Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche)
Nos cours sont ouverts à tous mais... il n’y a pas toujours assez de places :
L’Université est une chance ? Donnez-lui des moyens !

NON À LA LPPR !
À la fac nos profs sont géniaux.
Dommage qu’on les vire au bout de trois ans.
Titularisation des enseignants-chercheurs !

NON À LA LPPR !
À la fac, on est formé par des chercheurs.
Quand ils ne sont pas occupés à chercher des financements.
Financement pérenne de la recherche !

Non à la LPPR ! Non à la réforme des retraites ! Non à la casse du service public d’enseignement !

Le tout en grosses lettre et en couleurs sur fond de photos d’amphis surchargés et de labos qui ont du mal à s’équiper.

En fait le chapeau de Bernard Gensane dit l’essentiel :
L’introduction à l’Université des méthodes néo-libérales de management est un désastre.
La dite restructuration et les fusions d’établissements (parfois avec des organismes privés qui parlent fort dans les assemblées et conseils) se fait dans le chaos et la foire d’empogne.
Les universitaires sont écrasés de tâches bureaucratiques, de rapports à fournir, de plannings à programmer et de maquettes sans cesse à refaire au gré des fantaisies ministérielles.
Des ParcourSup ingrats à concevoir pour les enseignants (d’autant qu’il faut "professionnaliser" avant de penser à transmettre de libres connaissances), et discriminants pour les étudiants.
Le système d’évaluation des enseignants-chercheurs et de course à l’excellence, avec de nouvelles instances privilégiées en -ex (Idex, labex...) et des critères aléatoires ou arbitraires, paralyse les recherches qui ont besoin de temps long et ruine tant le travail d’équipe que celui de chercheurs indépendants et novateurs.
La précarité s’étend à tous les niveaux, personnel enseignant temporaire, "chargés de cours" qui suppléent au manque de postes , idem pour les personnels administratifs, techniques et de service.
Pour un seule poste à pourvoir, vingt candidats qualifiés (et talentueux !) se présentent en entretien devant les commissions de spécialistes.
Il est question de recruter sur projet et sur contrat (3 ans...), après quoi, dehors l’enseignant-chercheur !
À moins qu’il ne soit peut-être très-très docile à ce qu’un Partenaire Privé lui demande de trouver pour une future commercialisation.
La concurrence aussi s’étend à tous les niveaux, faisant des morts et des blessés (surtout en sciences humaine et sociales).
La mise en place d’universités concurrentielles (comme des autres établissements d’enseignement), victorieusement repoussée en mai 68, cherche de nouveau à s’imposer.
Et alors, quid des diplômes nationaux ?
Les présidents d’Université se voient attribuer des pouvoirs exorbitants. Le patronat local peut aussi avoir des représentants et sait se faire entendre officiellement ou officieusement. Finie la collégialité, la réflexion ouverte et solidaire, la décision éclairée d’un commun accord entre les universitaires concernés.
Le financement de l’État est toujours plus radin (malgré les effets d’annonce) et de plus en plus arbitrairement réparti. Il ne reste souvent aux conseils d’administration des Universités qu’à gérer leur propre pénurie en avalisant les sacrifices. Les bibliothèques de labo crient famine.

Il n’est pourtant pas si loin le temps où tous ensemble dans les manifs nous criions avec les étudiants :
Le - sa - voir / n’est pas - une mar- chandise !
L’u-niver-sité n’est pas - une en-treprise !
Grâce aux Gilets jaunes, grâce aux étudiants et lycéens mobilisés, grâce à de nombreux collègues lucides et combatifs, peut-être que cet élan va reprendre corps.

13/02/2020 07:15 par alain harrison

Bonjour.

Paradoxalement, on peut saluer le génie prédateur, le surnommé Jupiter Macron. Il a ouvert la boîte de Pandore : la retraite.
Mais attention, l’union des classes contre ce projet de loi macron, est versatile. Quelles en sont les limites ?

5 février 2020
« Les guerres impérialistes profitent aux grands capitalistes des États les plus riches »
Immanuel Ness

N’y a-t-il pas une nécessité stratégique d’avoir un front ouvrier mondial contre le capitalisme et l’impérialisme ?

Bien sûr, il est toujours utile d’avoir une solidarité entre les travailleurs à l’échelle mondiale, mais compte tenu des grandes différences de conditions économiques qui résultent des transferts de valeurs des pays du Sud vers le Nord, il est peu probable que les travailleurs des pays riches aillent à l’encontre de leurs intérêts économiques et défient le capitalisme et l’impérialisme. Prenez par exemple les récentes élections en Europe, en Amérique du Nord, en Océanie et dans les pays de l’OCDE, où l’on assiste à une montée des mouvements de droite de la classe ouvrière qui s’opposent aux immigrants, ne remettent pas en cause les politiques impérialistes, et sont plus enclins à augmenter les salaires et les conditions de protection sociale qu’à s’engager dans la solidarité avec les travailleurs en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Vous avez raison de dire qu’il est nécessaire d’avoir un front mondial des travailleurs, mais à mon avis, ce front viendra des travailleurs opprimés des pays du Sud, plutôt que des travailleurs relativement aisés du Nord.

Quelles en sont les limites ?

Podemos, le parti qui bouscule l’Espagne
par Renaud Lambert, janvier 2015

« « Fondé, au moins en partie, par des militants d’extrême gauche, pour certains issus de la formation Izquierda Anticapitalista (IA, Gauche anticapitaliste), Podemos se félicite de ce que 10% de ses électeurs aux européennes de mai 2014 votaient auparavent pour la droite. Le recrutement social du parti s’est également élargie à travers la création de plus de mille « cercles » dans tout le pays. Les jeunes surdiplômés et urbains du début ont été rejoint par des ouvriers, des employés, des résidents des campagnes....
L’histoire montre toutefois qu’une telle alliance de classes tend à se briser dès lors que les aspirations des mieux lottis ont été satisfaites......(...) » »
Fin des extraits.
http://www.monde-diplomatique.fr/2015/01/LAMBERT/51929
Cette drenière phrase est à méditer, elle implique la nature de nos structures sociales, culturelles et politiques dans les chassés-croisés pour le pouvoir, l’enrichissement et les privilèges.
La lutte entre besoins et consumérismes qui est devenue "mortelle" pour la survie sur Terre !?!?
Donc, il faut favoriser chez chacun les prises de conscience salutaire.

13/02/2020 23:11 par carlina

alain harrison

Vous illustrez assez bien le fait que l’animal Homo sapiens est par nature … un immense prédateur.
Par chance, au-delà de ses foisonnantes inventions pratiques (techniques), cette sacrée bestiole peut aussi améliorer (lentement) sa spécificité culturelle :
Notamment par une progression vers une pensée "unifiée" de plus en plus opérationnelle (la "raison"), donc politiquement efficace, surtout depuis les "centralisateurs" de croyance … Amenhotep III puis IV (Akhenaton) ; … étincelles initiales au fondement de … l’"Occident".
L’argent, le capital, la démocratie (dernière religion, … à un stade néanmoins balbutiant), mais aussi … le communisme, etc. … sont des inventions géniales issues des meilleurs d’entre nous, … donc à respecter … notamment en nous montrant capables d’en améliorer encore et toujours la nature et les modalités d’application … en vue du respect de tous les parcours humains … (les sales bêtes ! …)
… (en 2020, le soleil peut, … et donc devrait … briller pour tout le monde !)
A nous d’imaginer et mettre en place tout ce qui va dans ce sens.
Des droits d’auteurs spécifiques au domaine politique pourraient peut-être sortir les "intellectuels" de leur vide mental actuel ! (rien de vraiment nouveau et utile depuis plus d’un siècle !)

Alors, au lieu d’envisager la vie comme un combat utilisant les concepts existants (profil moyenâgeux), …
… essayez de mobiliser vos cogitations pour inventer un futur plus digne, sophistiqué et pertinent que l’existant !
Sur leurs petits ronds-points de province, certains vieux Gilets-Jaunes ont commencé à y réfléchir, soit comme "spécialistes", soit comme "généralistes" dilettantes (bizarrement, … assez "productifs" !), même si rien ne transparaît dans les médias.

Merci.

19/02/2020 02:43 par alain harrison

Malheureusement, ce sont les Trump (finance-profit-surenchère) et non la raison qui a envahis le monde économique. Juste à regarder les augmentations des loyers, des maisons, les villes qui veulent devenir plus grosses, seulement cela rend compte de la prédation d’un bon nombre des communs des mortels, système économique actuel oblige. Il n’y aura pas d’alternative dans ce système.

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