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Die Linke, une Gauche pour toute l’Allemagne, Bruno Odent.








Berlin. Die Linke, dont le congrès fondateur a lieu ce samedi, n’achève pas seulement le processus de rapprochement des progressistes de l’Est et de l’Ouest, mais bouscule déjà le paysage politique germanique.



L’ Humanité, Berlin, envoyé spécial, 15 juin 2007.


Sa naissance est prévue pour demain. Après vingt-cinq mois de gestation, Die Linke (La Gauche) verra le jour ce samedi 16 juin à Berlin. Le Linkspartei. PDS et la WASG (l’Alternative électorale pour l’emploi et la justice sociale) disparaîtront pour laisser la place, après un long processus de fusion, à un nouveau parti de gauche sur l’échiquier politique germanique.

Les délégués qui participeront au congrès fondateur affichent leur fierté et ont le sourire aux lèvres. « L’espoir de faire vivre une véritable alternative de gauche à l’échelle de tout le pays peut prendre désormais un aspect très concret », soulignent, à l’unisson, Heiner et Inge. Le premier est membre du Linkspartei. PDS, la seconde de la WASG. Leur immense satisfaction d’avoir réussi à surmonter tous les obstacles pour sceller leur alliance, puis l’arrivée au monde du nouvel acteur politique ne les conduisent pourtant pas à céder à l’euphorie. « L’étape est importante, décisive, précisent-ils, mais le processus n’est pas achevé. Il reste beaucoup de travail car il va falloir maintenant s’attaquer au défi de l’efficacité et des contenus dont Die Linke (La Gauche) doit être porteuse. » Devenu la marque d’une tentative de recomposition qui ébranle déjà le vieux spectre politique germanique, le nouveau parti est d’abord le fruit d’efforts partagés pour réussir une union Est-Ouest des forces progressistes.

Depuis sa création le Linkspartei. PDS, héritier rénové du parti État (SED) qui dirigeait l’ex-RDA socialiste sans partage, a élargi son influence à l’Est au point d’y concurrencer très sérieusement les deux poids lourds du système bipartisan, la CDU (chrétien-démocrate) et le SPD (social-démocrate). Mais il est resté un « Ostpartei » (un parti de l’Est), un parti régional. « En dépit des efforts souvent considérables qu’il a consentis pour s’implanter à l’Ouest, il n’est jamais parvenu à y dépasser des scores qui le laissaient aux limites de l’insignifiance politique », explique le politologue Jürgen Walter de l’université Humboldt de Berlin. « D’où, ajoute-t-il, l’intérêt qu’a constitué l’émergence à partir de 2004 d’un partenaire potentiel » lorsque s’est dessinée à l’Ouest avec la WASG une initiative de résistance politique aux réformes antisociales inscrites sur le fameux agenda 2010 de Gerhard Schröder, alors chancelier et président du SPD.

Pour la WASG, le problème s’est vite posé, selon une symétrie inverse. Créée majoritairement par des militants syndicaux, jusque-là membres du SPD, mais de plus en plus excédés par la dérive libérale de leur parti, elle a trouvé surtout un écho dans la partie occidentale du pays. Là où, de fait, les salariés restent mieux organisés au sein des entreprises (sachant que l’ex-RDA s’est transformée peu ou prou en une sorte de désert syndical et de super-laboratoire de la déréglementation sociale).

L’initiative a été accueillie avec beaucoup d’intérêt dans tous les milieux progressistes, suscitant des adhésions parmi les « déçus du SPD » et certains cercles altermondialistes. Mais la formation qui visait les législatives de 2006 pour son baptême du feu électoral a été prise de cours par le scrutin anticipé de septembre 2005.

L’entrée en piste d’Oskar Lafontaine fut alors décisive. L’ancien président du SPD jusqu’en 1998 (date à laquelle il fut évincé de son poste par un Schröder soucieux d’imposer sa ligne neolibérale) a décidé de rendre sa carte du parti social-démocrate et s’est déclaré prêt à adhérer à la WASG. Lafontaine, qui cultivait, de longue date déjà , une relation forte et affichée avec Gregor Gysi, y mettait toutefois une condition : un processus d’unification devait être lancé avec le Linkspartei. PDS, car, justifiait-il, il n’y a « pas d’avenir pour deux partis sur la gauche du SPD ».

La suite est connue. Les deux partis ont mené campagne ensemble, le Linkspartei. PDS accueillant les candidats de la WASG sur ses listes, et la fusion programmée des deux formations, pas réalisable naturellement dans un aussi court laps de temps, a été reportée à l’après-scrutin. Les très bons résultats, 8,7 % au plan national et une cinquantaine de députés au Bundestag, encore confirmés lors de l’élection du Land de Brême le mois dernier (avec l’entrée pour la première fois de l’alliance de gauche dans un Parlement régional de l’Ouest), ont encouragé les militants à poursuivre le processus jusqu’à son couronnement de demain.

Cette unification Est-Ouest de la gauche à peine aboutie bouscule déjà les cartes politiques. A la Willy Brandt Haus, le siège national du SPD à Berlin, certains ne cachent pas leur inquiétude. « Le parti paraît enlisé dans la grande coalition avec Angela Merkel. Il est de moins en moins crédible aux yeux de son électorat traditionnel. Les sondages sont de plus en plus mauvais », déplore un cadre qui a accepté de parler sous le sceau de l’anonymat. Des jeunes militants avouent même ouvertement leur sympathie pour le geste de ces cinq permanents des Jusos, l’organisation de jeunesse du parti, en Basse-Saxe, qui ont défrayé la chronique en annonçant lundi, avant même la naissance effective de Die Linke, qu’ils allaient la rejoindre, dénonçant « les positions néolibérales » de leur ancienne formation qui, écrivent-ils, « agit au détriment des plus faibles dans notre société ».

Klaus Ernst, le président de la WASG jusqu’à ce soir, ne cache pas son espoir de voir le mouvement s’accélérer, notamment dans un milieu qu’il connaît bien, lui qui est toujours responsable d’IG Metall, celui des syndicats. « L’avènement durable d’un parti sur la gauche du SPD, confie-t-il, constitue un formidable pôle d’attraction pour des gens de gauche frustrés de vraies perspectives depuis des années. » Et les ultimes sondages qui donnent jusqu’à 12 % des suffrages au nouveau venu politique confirment, ô combien, l’existence de ce potentiel.

Pour s’imposer sur l’échiquier politique Die Linke doit-elle mettre l’accent sur la transformation sociale et le dépassement du capitalisme ou aurait-elle vocation au contraire à devenir une sorte de « meilleur parti social-démocrate » ? Oskar Lafontaine a jeté le trouble en déclarant récemment à un grand quotidien berlinois [in Der Tagesspiegel du 19 mars 2007] que le nouveau parti serait sur la même ligne que le SPD d’avant 1998 (c’est-à -dire d’avant Gerhard Schröder). On avance dans l’entourage de la future direction du nouveau parti qui sera bicéphale (Lafontaine devrait en coprésider les destinées avec l’ex-président du Linkspartei.PDS, Lothar Bisky) une volonté de pointer que le SPD avait aussi fait siennes des valeurs de gauche, même s’il les piétine aujourd’hui.

Ce discours ne convainc pas totalement certains militants. « Je trouve formidable l’émergence de Die Linke et je suis pleinement pour un parti de gauche très rassembleur, mais notre démarche serait vouée, à terme, à l’échec si nous oublions au passage notre visée de transformation radicale de cette société », estime Wolfgang Peter, l’un des délégués berlinois du Linkspartei.PDS au congrès de samedi. Cornelia Hirsch, jeune députée du Bundestag de vingt-sept ans, membre d’un réseau de la gauche anticapitaliste qui traverse les deux partis et intègre notamment la « plate-forme communiste » du Linkspartei. PDS, est plus mesurée : « Nous avons pu obtenir des engagements clairs, explique-t-elle, souvent plus marqués à gauche que par le passé, dans les compromis qui serviront initialement de références du parti. » Et d’ajouter que le débat, voire la confrontation vont se poursuivre dans une formation qui continuera d’intégrer, à la façon du Linkspartei. PDS, des sensibilités plurielles.

Kolja Möller, issu, lui, du mouvement étudiant dans l’ouest du pays, se félicite du « processus réussi de refondation de la gauche en Allemagne occidentale ». L’aspect « toujours en devenir » de l’identité du parti le préoccupe néanmoins aussi. Et il prévient : « Il va nous falloir progresser rapidement sur le sujet. Car dire non, dénoncer le néolibéralisme n’est pas suffisant, les gens attendent autre chose. Il faut maintenant que nous fassions aussi émerger un autre projet de société. »

Bruno Odent


- Source : L’ Humanité www.humanite.fr




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