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Faut-il dissoudre la FNSEA ?

Vous connaissez la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles ? La FNSEA, c’est le grand lobby des agriculteurs de droite. Un « syndicat » de gros exploitants agricoles, qui milite notamment en faveur de l’agro-industrie, qui revendique l’usage intensif de pesticides et d’une agriculture toujours plus productiviste et destructrice. Ce lobby est un ennemi juré des petits paysans et des mouvements écologistes.

Le journal Reporterre vient d’ailleurs de révéler que c’est la FNSEA qui a obtenu la dissolution des Soulèvements de la Terre, en faisant pression directement sur le gouvernement.

Officiellement, les Soulèvements de la Terre seraient dissous parce qu’ils auraient relayé des « dégradations » sur les réseaux sociaux, et ne se serait pas désolidarisé des actions « violentes ». Par exemple, l’arrachage de quelques plants de muguet bourrés de pesticides près de Nantes récemment. Mais alors, si ces actions justifient une dissolution, que dire de celles menées depuis des décennies par la FNSEA ? Petit état des lieux de leurs exploits :

23 août 1990 : à Thouars, dans les Deux-Sèvres, plus de 200 moutons sont brûlés vifs dans un camion anglais, lors d’une manifestation de la FNSEA. Ailleurs, des affrontements violents ont lieu entre les agriculteurs et les forces de l’ordre, surtout dans les départements de l’Ouest. Aucun scandale, aucune condamnation.

20 septembre 2013 : dans la Nièvre, une manifestation de la FNSEA est organisée à Saint-Brisson. Les agriculteurs dévastent le parc naturel régional. Une cinquantaine de tracteurs et des remorques remplies de déchets saccagent la maison du Parc et ses abords, jardin et étang compris. Les agriculteurs donnent des coups de bâton aux agents présents. Quelques lignes dans la presse locale.

Septembre 2014 : des membres de la FNSEA incendient le centre des impôts de Morlaix, sans que la police n’intervienne. Le responsable du syndicat dans le Finistère adresse alors « son coup de chapeau » aux auteurs de l’incendie dans la presse.

Octobre 2014 : à Nevers, une manifestation de la FNSEA dévaste le centre-ville, en particulier la préfecture, qui reçoit des tonnes de pneus et de lisier. Des affrontements violents ont lieu avec la police.

Novembre 2014 : à Valence, le centre-ville est dévasté par la FNSEA qui déverse des tonnes de lisier partout et détruit du mobilier urbain. La mairie évalue les dégâts à 70 000 €. À Châlons-en-Champagne, la FNSEA réclame la suspension des contrôles de l’inspection du travail et brûle une voiture des inspecteurs en pleine rue devant leurs locaux. Des fonctionnaires sont menacés : « contrôleurs, vous êtes prévenus ». Au même moment à Nantes, la FNSEA dégrade l’esplanade de la préfecture de Nantes, et torture des ragondins pendants des heures, avant d’en tuer plusieurs sous l’œil des forces de l’ordre et des journalistes.

Juillet 2015 : une mobilisation d’éleveurs de la FNSEA conduit à d’importantes violences à Rennes et Quimper. Des supermarchés sont saccagés, des voitures de police renversées. Les dégâts sont énormes.

Août 2015 : à Grenoble des dizaines d’agriculteurs, dont le président de la FNSEA locale, attaquent la Direction départementale des territoires : incendie, vitres brisées, lisier. Les CRS ne procèdent à aucune arrestation. La presse locale ne parle ni de « grogne » ni de « casseurs » mais de « raz-le-bol ».

Décembre 2015 : la FNSEA se mobilise devant le Conseil d’État à Paris. Du lisier est déversé, un feu allumé. Cette fois-ci, il y a des arrestations, mais les personnes arrêtées sont relâchées le jour même. « Cette réponse policière semble démesurée, injustifiée et très sévère en comparaison d’autres actions plus violentes et haineuses vis-à-vis de la République » s’emporte la FNSEA.

Février 2016 : à Paris, des membres de la FNSEA saccagent le stand du ministère de l’Agriculture lors du salon du même nom. Le mobilier est détruit, des vitres sont brisées. Le syndicat revendique : « notre action est légitime ».

Mars 2021 : opération nocturne dans les quatre sous-préfectures du Puy-de-Dôme. Dégradations, lisier déversé, envahissement des bâtiments. Les casseurs sont ensuite gentiment reçus par les autorités.

Février 2022 : à Castres, opération « coup de poing » de la FNSEA dans les supermarchés. Des ballots de paille sont enflammés devant un Leclerc avant que les manifestants ne remplissent des caddies de nourriture et partent sans payer. La direction laisse faire. Lorsque des manifestations sociales ont tenté le même type d’action ces dernières années pour redistribuer les denrées, la violence policière, les arrestations et de lourdes poursuites ont été systématiques.

Février 2023 : à Nîmes, la FNSEA bloque l’autoroute, déverse du lisiers sur les axes routiers et affronte la police. À Toulouse, les locaux de l’association France Nature Environnement sont pris pour cible, du fumier déversé, des projectiles sont lancés et des salariés menacés et agressés. Les forces de l’ordre laissent terroriser les associatifs.

Mars 2023 : à La Rochelle, la maison personnelle d’un militant écologiste est attaquée lors d’une manifestation de la FNSEA. Les murs sont saccagés et recouverts de tags homophobes, une habitante menacée.

Ce ne sont que quelques exemples parmi beaucoup d’autres que vous pouvez chercher dans les colonnes de la presse locale. Pourtant, jamais d’indignation nationale, pas de dissolution, pas de surveillance ni de mise sur écoute, pas de prison, pas d’enquêtes, pas de mutilations par les armes de la police.

Et non seulement la FNSEA n’est jamais dénoncée ni dans les médias ni par la classe politique, malgré l’usage systématique et concerté de la violence comme outil de revendication, mais elle est félicitée et récompensée. La FNSEA travaille avec le pouvoir en place, pour une agriculture industrielle et polluante.

Alors la prochaine fois que vous entendrez parler de la « violence » et de la « radicalité » des actions écologistes qui visent rien de moins qu’à sauver la vie sur terre, pensez-y. Ce qui est reproché aux Soulèvements, ce n’est en réalité ni la violence, ni la radicalité : c’est l’espoir que leurs actions font vivre chez des millions de personnes qui veulent retrouver leur capacité à prendre leurs vies en main.

 https://contre-attaque.net/2023/06/22/faut-il-dissoudre-la-fnsea/
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COMMENTAIRES  

23/06/2023 17:28 par françois gerard

Je ne suis pas un fan des écolos en tout genre, mais cet article est de salubrité publique. Bravo

23/06/2023 21:59 par robess73

A été omis dans cet article l envhissement et le saccage du bureau de la ministre r l environnement Dominique Voynet .zéro poursuite zéro condamnation.

24/06/2023 09:22 par gusdesdeuxsevres

il y avait eu à la bassine ou Rémi Fraisse est mort,
les gars de la fnsea était venu se battre et un coup de couteau a été donné,
l’auteur des faits est reparti sans avoir à répondre de son geste ,j’ai pas suivi l’affaire
mais comme pendant les gilets jaunes ou un routier a délibérément écrasé des gens
le juge a relaxé l’assassin , comme depuis vingt ans impunité pour la droite et ses agents ..
la tyrannie qui fait croire qu’elle n’existe pas quelle diablerie .....

24/06/2023 10:01 par J.J.

La FNSEA, c’est le grand lobby des agriculteurs de droite. un pléonasme ! Pardon pour la confédération Paysanne ...qui est également la cible des actions de ces malfaiteurs qui n’hésitent pas à détruire les récoltes ou les biens de quiconque ne partage pas leurs délires productivistes..
Privilégiés et malfaiteurs pour leurs concitoyens, malfaiteurs pour la nature, malfaiteurs pour l’économie.

Oui, il faut dissoudre la FNSEA, c’est une question de Salut Public.

24/06/2023 10:05 par J.J.

robess73 @ "A été omis dans cet article l envahissement et le saccage du bureau de la ministre r l environnement Dominique Voynet .zéro poursuite zéro condamnation."
Si on fait un inventaire exhaustif de ces exactions, il faudra au moins plusieurs pages, sinon un livre entier...

24/06/2023 11:58 par Carlos

On ne dissout pas ce qui vous rend service au prix de quelques dégradations payé par les contribuables !!
Allons donc...
La FNSEA, le lobby des chasseurs et quelques autres officines sont d’utilité publique, mais seulement pour certains qui désirent ou veulent rester au pouvoir.

24/06/2023 12:57 par babelouest

Vu son parcours, la FNSEA n’aurait jamais dû exister. Le MEDEF non plus d’ailleurs.

24/06/2023 15:40 par bostephbesac

GusDesDeuxSèvres, j’ avais toujours entendu que Rémi FRAISSE avait été tué par un tir direct d’ un gendarme - et dans le dos, à la lecture de certains textes . On nous a donc encore trompé ?

25/06/2023 08:23 par lju

J’espère que les gens n’auront pas l’idée d’attaquer à leur tour les locaux et représentants du FNsea...

25/06/2023 11:44 par Josy

L a FNSEA est à l’agriculture ce que les pesticides , insecticides fongicides sont pour les tous les être vivants qui nous sont indispensables pour l’équilibre biologique et l’agriculture en premier lieu. Contre la volonté d’ ÉRADIQUER tout ce qui nous dérange , ; La nature doit se défendre avec beaucoup de difficulté . .
Adieu les animaux sauvages qui régulent les nuisibles en agriculture surtout s’ils sont petits et utiles . le loup et l’ours, qui ne dérangent que les éleveurs en petites exploitations , peuvent bien se développer et prospérer en l’absence de leur gibier naturel : les faire disparaitre élimine des concurrents pour les élevages industriels .
Adeptes d’ un progrès d’apprenti sorciers qui sortent l’eau des nappes phréatiques où elle est à l’abri des produits chimiques et des poussières, pour la faire croupir en surface où elle va chauffer et servir de bouillon de culture " Nous arrosons avec l’eau que les autres ne boiront pas ! nous la confisquons pour notre maïs !
Comme les chasseurs , les gros derrières se servent et s’engraissent au détriment des biens publics .
La FNSEA : l’agriculture en guerre contre la nature au lieu d’en utiliser les lois et les symbioses.

26/06/2023 07:47 par CN46400

@ josy
"Nous arrosons avec l’eau que les autres ne boiront pas "
Qui c’est "les autres" ?, les poissons de la mer bien sûr, pourquoi n’en rien dire ?....

26/06/2023 13:15 par Josy

Si vous gaspillez pour un maïs tropical ,semé sur des terres devenues arides et mortes par stérilisation de toute symbiose naturelle au vivant et à la retenue d’eau sur le sol , et que l’on doit couvrir de chimie pour le "fertiliser comme une plante de laboratoire , cela ne permet que d’enrichir les gros Bayer-Monsanto et les céréaliers sur des terres rendues stériles.
L’eau que vous buvez ,qui vient en partie des nappes phréatiques ; est protégée par sa situation souterraine sauf si vous la sortez à l’air , et si le vide provoqué ,entraine l’infiltration d’eaux qui peuvent être polluées si elles ne sont pas filtrées suffisamment avant de descendre hors surface.
Quant aux océans !les malheureux se heurtent à des poly nuisances et on y va d’ailleurs avec tous les progrès techniques les moins intelligents ,mais les plus efficaces pour provoquer ,ce qu’il y a de pire ! on y rejette toutes nos déjections et tous nos déchets chimiques.
Certains se prennent même pour Jupiter pour se faire forts de détourner les rayons qui nous réchauffent et produisent notre vie naturelle§

26/06/2023 18:00 par GARDES

Bravo pour ce bel article !
Mais qui est donc le nouveau dirigeant de la F.N.S.E.A. ?
Pour y répondre, je livre ici des extraits d’un article paru dans le journal régional "Le Dauphiné Libéré" du 29 mars 2023 :
"Arnaud Rousseau, céréalier de 49 ans, gère une exploitation de 700 hectares dans une commune de Seine-et-Marne dont il es maire. Un pilier de l’agro-industrie en France. En 2017, il a repris la présidence du groupe Avril-Sofiprotéol après la mort brutale de Xavier Beulin, qui était aussi le président de la FNSEA". Je continue : "Ce géant de la filière des oléagineux (colza, tournesol, soja...) est le quatrième groupe agroalimentaire français, avec un chiffre d’affaires annuel de 6,9 milliards d’euros. Il est peu connu du grand public (sic), malgré sa position de leader sur le marché des huiles végétales avec des marques comme Lesieur et Puget. Le groupe était aussi le numéro un français des œufs avant de céder la marque Matines en 2022." Et encore : "Avril-Sofiprotéol est aussi un poids lourd de l’alimentation animale, des protéines végétales, des agrocarburants et de la chimie du végétal". Et le journal d’y aller de son commentaire : "Le retour d’un cultivateur et représentant de l’agro-industrie à la tête de la FNSEA marque un virage, après les six années de présidence de Christiane Lambert* dont le profil d’éleveuse de porcs dans le Maine-et-Loire était un peu plus compatible avec le modèle paysan (sic), même si elle avait mis ses pas dans ceux de son prédécesseur (Xavier Belin)".

26/06/2023 18:43 par Assimbonanga

Il n’y a pas que le maïs. Par chez moi, c’est les fruits rouges, énormes, juteux, gonflés, parfaits. Vous les retrouvez sur les étals de producteurs locaux ou dans les belles tartes, à la pâtisserie. Le problème c’est que les producteurs de fruits rouges de montagne se trouvent sur des zones de source, c’est plus favorable pour l’arrosage sans complexes. Tous les traitements chimiques aboutiront fatalement dans l’eau (un peu comme la chlordécone en Martinique et en Guyane : leurs plus belles et ancestrales sources sont toxiques et les gens continuent de venir en chercher pour se relier à la nature sans savoir le niveau de danger).

27/06/2023 09:25 par GARDES

Il manque la fin à mon commentaire, la voici :
*Christiane Lambert qui, lorsqu’elle présidait la FNSEA émargeait à, tout de même..., quelque 13 000 euros par mois.
A tous les agriculteurs qui ont voté pour son successeur, j’ai envie de dire : "mais qu’allaient-ils faire dans cette galère ?...".

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