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Fidel : choses dites sur une radio libre avec le concours de Victor Hugo (autre visionnaire)

Tous les lundis, j’anime une émission d’une heure sur une radio locale sise à la Bourse du Travail de Toulouse. Le 28 novembre 2016, j’ai ouvert l’émission par un éditorial évoquant la mort de Fidel Castro, comparant plusieurs types de démocratie.

J’ai appelé à la rescousse Pierre Bourdieu, Oliver Stone, Aragon, Simone de Beauvoir, Jacques Duclos, René Dumont, Benoit Frachon, Pierre Gamarra, Anne Philippe, Pablo Picasso, Nathalie Sarraute, Jean-Paul Sartre et Victor Hugo.

L’éditorial :
« Excusez-moi de vous interrompre », le magazine de la culture et de vos loisirs, une émission de Michel Lafarge, feuilletée par votre serviteur Maxime Vivas.

Bonjour et merci d’être fidèle à Radio Mon Païs et à cette émission.

L’émission est rediffusée le lundi à 22 h, le mardi à 11h, le samedi à 16h30 et grâce à internet : radiomonpais.fr., n’importe quand et n’importe où dans le monde : dans les stations spatiales, dans les silos souterrains de stockage des missiles nucléaires, à la Maison blanche, dans le bagne de Guantanamo, et dans les salles de rédaction du monde entier.

Pour ceux qui nous écoutent à Toulouse et dans les environs, en direct sur 90.1, nous sommes le lundi 28 novembre, quelques jours après la disparition à La Havane de Fidel Castro.

Ah, Cuba ! Cuba de mi corazon ! Cuba de Fidel, du Che, de Raul ! Cuba d’un peuple héroïque qui a chassé les Espagnols, les Etats-uniens, le dictateur Batista, qui n’a jamais accepté la moindre oppression et qui fait bloc depuis 1959 avec ceux qui l’ont délivré, qui lui ont épargné les fléaux inhérents au tiers-mondisme.

Les journalistes, affirmait Pierre Bourdieu, « ne se contentent pas de simplifier en focalisant sur des oppositions largement artificielles, ils braquent aussi les projecteurs sur les détails extrêmes, sur le paroxysme des crises, laissant dans l’ombre la quasi-totalité de la réalité, coupable d’être trop banale, terne, sans intérêt ».

Dictature, dictateur, despote. Etendue exagérée des pouvoirs de Castro.
Bush, Blair, Sarkozy en ont eu plus qui décidaient la guerre quand les peuples disaient non.

Et Hollande aussi qui préside quand son peuple ne veut plus de lui.

Et Villepin qui gouverna la France sans jamais avoir été élu à rien.

Et Macron que François Hollande fit ministre de l’économie sans qu’il ait jamais été élu ni même membre du PS.

Ah ! ces journaux qui s’offusquent parce que le pouvoir cubain est passé de Fidel au N° 2 du gouvernement, Raul, Raul qui, les armes à la main pour libérer son pays d’un dictateur féroce, d’une marionnette des EU, avait mérité mille fois ses fonctions de N° 2 du gouvernement, puis de N° 1.

Ces mêmes journaux mettent un genou à terre devant les dizaines de rois ou de reines qui règnent dans le monde, dont 7 dans la démocratique Union européenne, 7 royaumes, 7 obstacles à la démocratie vraie et à l’émancipation de peuples qu’on décervelle afin qu’ils idolâtrent des guignols déguisés dans leurs carrosses dorés.

Le qualificatif de « dictateur », appliqué à Fidel Castro par nos journaleux, le plaçait dans la catégorie des Batista, Trujillo, Somoza, Pinochet, Videla, Franco, Duvalier, etc. Pour un esprit honnête, ce rapprochement est insoutenable. Sous les ordres de ces tyrans, l’armée et la police ont eu à massacrer leur peuple ; les opposants ont été massivement victimes de tortures, d’exécutions extrajudiciaires, choses qui ne se sont jamais produites à Cuba depuis 1959 (année de la victoire des barbudos). Les informations (pourtant outrageusement unilatérales) publiées en France sur des emprisonnements n’infirment pas cette réalité.

Jamais, dans aucun des pays du tiers-monde, on ne vit une dictature s’acharner à nourrir son peuple, à le loger, à l’éduquer et à le soigner, jusqu’à être en mesure de proposer des dizaines de milliers d’enseignants, d’entraîneurs sportifs et de médecins aux autres pays pauvres. (Ces spécialistes, payés dans l’île avec des clopinettes, sortent en masse de leur pays « dictatorial » et y retournent en masse).

Le système politique et électoral cubain diffère du nôtre, mais il est abusif de le caricaturer et d’ignorer le contexte : depuis plus d’un demi-siècle ce pays, 5 fois plus petit que la France, est menacé de mort par son voisin, la plus grande et la plus belliqueuse puissance militaire du monde.

Si un mot fait défaut entre « démocratie » à l’occidentale (celle des pays riches dans lesquels, à peine élus, les politiciens bafouent les volontés populaires) et « dictature » (qui abêtit, analphabétise, tue, enlève, torture, pour gaver impunément des oligarchies et livrer les ressources naturelles à des multinationales), il n’est pas interdit à des journalistes novateurs et scrupuleux de chercher à combler cette lacune. Après tout, le mot « antimondialisme » a cédé devant « altermondialisme », les deux désignant une attitude devant la mondialisation.

Il manque aussi un mot pour désigner un système politique, comme celui des EU qui met en place des dictatures, qui les subventionne, les arme, les conseille.

Il manque un mot pour désigner le faiseur de dictateurs, ce criminel plus néfaste que chacun de ceux qu’il a adoubés par le fer et le feu.

Il manque un mot pour désigner le fabriquant de bourreaux qui, chez lui, dans sa maison, ne tolère pas qu’on brûle vif ou qu’on empale, qui déplorerait de voir, chez lui, des prisonniers jetés vivants à la mer du haut d’un avion. Janus camoufle son cuir de Père de toutes les Dictatures sous la toge immaculée du démocrate.

J’invite mes auditeurs à aller voir le site d’information alternative Le Grand Soir (legrandsoir.info) qui a publié des centaines et des centaines d’article sur Cuba depuis plus de 10 ans et qui, depuis la mort de Fidel Castro, a mis en ligne 10 articles originaux, étayés, documentés sur Cuba. Les lire, c’est apprendre aujourd’hui ce qui sera pour tous une évidence dans 5 ou 10 ans.

Je veux dire mon amitié et mon admiration aux Toulousains membres de l’association de défense de Cuba qui s’appelle France Cuba. Cette association a compté parmi les membres de son Comité directeur national : Aragon, Simone de Beauvoir, Jacques Duclos, René Dumont, Benoit Frachon, Pierre Gamarra, Anne Philippe, Pablo Picasso, Nathalie Sarraute, Jean-Paul Sartre.

Et je termine par cette information que m’envoie de La Havane mon ami Jacques-François Bonaldi. Depuis 40 ans, cet homme est traducteur en français des rapports, communiqués, déclarations du gouvernement cubain. Il n’y a pas un Français au monde qui connaisse mieux que lui, de l’Intérieur, le fonctionnement du gouvernement cubain. Il est ulcéré de ce qu’il entend dire chez nous sur Cuba. Et il m’écrit ceci : « S’il fallait donner une preuve de la dignité avec laquelle le peuple cubain rend hommage à son guide, il suffirait de dire à quel point cette Havane généralement bruyante (on sait que le Cubain est extraverti) est silencieuse ».

Comprenez bien, amis de Radio Mon Païs : le gouvernement de l’île n’a pas donné l’ordre de se taire, de ne plus s’interpeller, de ne pas parler fort. Mais le peuple a décrété qu’il était immédiatement en deuil et il le dit unanimement, à sa manière.

Ceux qui m’écoutent sur ces ondes depuis des années ne seront pas étonnés de ce que je dis. Les autres, les adeptes des radios nationales, des télés, de la presse écrite qui appartiennent à 90 % à 9 milliardaires, les autres ne sont peut-être pas mûrs pour admettre que la terre est ronde, qu’il n’y a pas de diable au centre de la terre, que des microbes invisibles rendent malades et non pas les humeurs, que Fidel Castro était un géant et que les Cubains ont eu la chance de l’avoir si longtemps.

Il y a quelques années, Oliver Stone, le réalisateur américain de JFK, avait filmé un documentaire-portrait de Fidel Castro, Looking for Fidel. Il avait marché dans les rues de La Havane avec Castro et avait été stupéfié de ce qu’il avait vu : la foule reconnaissant Fidel, s’attroupant, l’appelant par son prénom, le tutoyant. Et pas de compagnies de CRS dans les parages. Alors que Castro a échappé à plus de 600 tentatives d’attentats fomentées depuis les États-Unis.

Tout à l’heure, je citerai Victor Hugo, très connu à Cuba : il y a une maison Victor Hugo à La Havane, un square (avec son buste) porte son nom. Il a écrit des pages admirables en faveur des femmes cubaines et d’autres pages pour soutenir le combat des Cubains contre le colonisateur espagnol.

(Pause musicale, musique cubaine)

Je vous ai dit que je citerais Victor Hugo. Voici ce qu’il a écrit sur les proscrits. Il était alors en exil et il parlait ainsi de lui. On ne peut le relire sans penser à Fidel Castro et à ses détracteurs :

Conseil au proscrit  :

« Qu’il médite sur l’émeute éternelle des flots contre le rivage et des impostures contre la vérité. Les diatribes sont vainement convulsives. Qu’il regarde la vague cracher sur le rocher est il se demande ce que cette salive y gagne est ce que ce granit y perd.

Non, pas de révolte contre l’injure pas de dépense d’émotion par de représailles. Ayez une tranquillité sévère. La roche ruisselle, mais ne bouge pas. Parfois elle brille du ruissellement. La calomnie finit par être un lustre. A un ruban d’argent sur la rose on reconnaît que la chenille a passé. » (Victor Hugo).

L’émission terminée, je suis allé au centre ville, au pied du buste de Jean Jaurès, où était rendu un hommage à Fidel Castro. Ont pris la parole un militant des jeunesses communistes, une Cubaine au bord des larmes, la présidente de France Cuba Toulouse, succédant au secrétaire départemental du Parti communiste qui a affirmé à deux reprises sans sourciller que le PCF avait toujours soutenu Cuba.

Maxime VIVAS

En complément une chanson émouvante, née le 28 novembre (vidéo), "Cabalgando con Fidel" ("Chevauchant avec Fidel") : http://www.cubadebate.cu/noticias/2016/11/28/cabalgando-con-fidel-la-c...

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