RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Harlan County, U.S.A., une histoire ouvrière de l’Amérique

En 1973, les mineurs de Brookside, dans le comté de Harlan au Kentucky, décident d’adhérer aux syndicats des Mineurs unis d’Amérique, l’UMWA. La compagnie qui les embauche refuse de signer la convention collective. C’est le début d’une longue et terrible grève, qui est racontée dans ce documentaire par Barbara Kopple, qui vécut avec son équipe au sein des communautés minières durant toute la durée du conflit.

Tout au long des mois qui s’écoulent à l’écran, le spectateur est confronté à la précarité de l’existence des mineurs : maladies professionnelles non-reconnues, accidents mortels, absence de couverture médicale, logement insalubre...

À cette violence sociale s’ajoute la violence physique que doivent affronter les mineurs et leurs familles en butte à la police, aux jaunes et aux voyous payés par la compagnie pour briser la grève. Des séquences extraordinaires d’une fusillade en pleine nuit, de revolvers exhibés de part et d’autre sur le piquet de grève, défilent sous nos yeux.

Mais le combat se mène aussi au sein-même de l’UMWA, contre une direction corrompue et qui n’hésite pas à recourir à l’intimidation et au meurtre pour faire taire les voix dissonantes...

Autant de scènes nous rappelant que l’histoire sociale des États-Unis s’est écrite en lettres de sang.

Le rôle des femmes, épouses, compagnes, filles de mineurs est l’un des points essentiels du film. Malgré les difficultés, les souffrances et les tensions, jamais dissimulées dans le film, elles jouent un rôle central d’organisation et d’entraînement.

« Ils peuvent me tuer, mais ils ne tueront jamais l’organisation qui est en moi » déclare une femme de mineur.

Car c’est aussi une histoire de fierté, de traditions prolétaires, de culture ouvrière qui s’exprime ici. La mémoire des luttes et des souffrances du passé irriguent la réflexion des mineurs et de leurs familles. Les chants – omniprésents dans le film – les mots d’ordre, rappellent à chacun qu’il fait partie d’une histoire, d’un tout, d’une communauté de travail et de vie, et que son sort est lié à la lutte qu’il mène avec les autres.

« Don’t mourra, organize », « ne vous lamentez pas, organisez-vous », ces mots de Joe Hill, leader syndicaliste étasunien assassiné en 1915, trouvent écho et résonnent comme un mantra, non seulement pour ces mineurs du Kentucky, mais aussi pour nous qui suivons fiévreusement leur lutte 45 ans après et qui évoquent également les nôtres.

Car les leçons de ce film traversent les époques et les frontières. N’en déplaisent à ceux qui voudraient nous faire taire, nous « normaliser », qui moquent ou répriment nos combats, la classe ouvrière devra toujours s’organiser, et lutter main dans la main, épaules contre épaules, sans jamais faiblir, toujours plus unie, toujours plus forte.

Un film fort, intense, émouvant, couronné par un Oscar. Une œuvre qui nous rappelle que lorsque le combat a commencé, personne ne peut rester neutre.

Harlan County U.S.A.

1976

durée : 120 minutes

réalisatrice : Barbara Kopple

Oscar du meilleur documentaire 1977

»» http://jrcf.over-blog.org/2018/08/harlan-county-usa-une-histoire-ouvri...
URL de cet article 33756
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Même Thème
Le choix de la défaite - Les élites françaises dans les années 1930
Annie LACROIX-RIZ
Comment, pour préserver leur domination sociale, les élites économiques et politiques françaises firent le choix de la défaite. Un grand livre d’histoire se définit premièrement par la découverte et l’exploitation méthodique de documents assez nombreux pour permettre des recoupements, deuxièmement, par un point de vue qui structure l’enquête sur le passé (Annie Lacroix-Riz répond à Marc Bloch qui, avant d’être fusillé en 1944, s’interrogeait sur les intrigues menées entre 1933 et 1939 qui conduisirent à (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"La science permet de savoir comment faire fonctionner un train, l’histoire de savoir qu’il peut parfois aller à Auschwitz."

Jean-Christophe Defraigne, professeur, Université de Louvain

Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.