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Hier, aujourd’hui, demain, Vive la Commune ! – 18 mars 2016 : 145ème anniversaire de la Commune de Paris

Il y a cent quarante-cinq ans, refusant de remettre au capitulard versaillais Thiers les canons de la Garde nationale, les travailleurs parisiens qui défendaient Paris contre l’assiégeant prussien, déclenchaient l’insurrection de la Commune de Paris

La Commune dans le droit fil de l’histoire nationale

La Commune de 1871 ne sortait pas du néant. Elle portait en elle l’ardent souvenir de la Commune révolutionnaire de 1793, qui avait été l’aile marchante de la Révolution française et l’ultime bastion robespierriste quand l’Incorruptible fut renversé par les conjurés corrompus de Thermidor. Et même si la Commune de 1871, œuvre du prolétariat émergent et annonciatrice des révolutions prolétariennes à venir, fut un évènement irréductiblement neuf, le lointain écho des insurrections populaires parisiennes passées continuait de résonner profondément en elle ; celui de février 1848 (élément déclencheur du Printemps des peuples d’Europe) et des barricades ouvrières noyées dans le sang de juin 1848 ; mais aussi des Trois Glorieuses de 1830 (célébrées par le tableau de Delacroix La Liberté guidant le peuple). Sans oublier, par-delà Gracchus Babeuf et sa Conspiration pour l’Egalité (1796), les journées révolutionnaires du 14 juillet 1789 et du 10 août 1792 (Prise des Tuileries par les Sans Culottes parisiens et par les Fédérés marseillais). Et comment ne pas évoquer la Fronde du peuple, qui ébranla la monarchie absolue au XVIIème siècle, et bien plus lointainement encore, la première révolution parisienne de 1357 (conduite par Etienne Marcel et par ses « chaperons » bleus et rouges, en alliance avec la Grande Jacquerie du Nord dirigée par Guillaume Carle), ou les Communes médiévales qui, de Laon à Beauvais, parfois en alliance avec le pouvoir royal (Bouvines) et parfois contre lui, défiaient du haut de leurs Beffrois respectifs les privilèges arrogants des nobles et des prélats.

De la Commune aux révolutions du 20ème siècle

Tant de choses ont été dites sur la Commune que nous nous contenterons de renvoyer ici à deux livres majeurs : La guerre civile en France, où Marx montre ce qu’est, pour un communiste, c’est-à-dire selon ses mots, pour un « matérialiste pratique », l’assimilation critique de l’héritage révolutionnaire, à égale distance du culte religieux et de l’ingratitude pseudo-« moderniste » : principal fondateur et dirigeant de la Première Internationale ouvrière (dont faisait partie l’ouvrier communard Eugène Varlin), exilé à Londres, Marx impulsa la solidarité internationale avec les Communards ; fort de cette légitimité concrète qui se prolongea par d’innombrables efforts après l’impitoyable répression versaillaise, Marx sut, dans le même texte, célébrer la hardiesse des Communards « montant à l’assaut du Ciel », fustiger le « nabot sanglant » Thiers et ses immondes massacreurs versaillais, et pointer impartialement les faiblesses politiques de la direction communarde. Non pour le plaisir de dénigrer des camarades de lutte qu’il révérait, mais pour tirer de leur défaite des enseignements susceptibles d’aider les révolutions futures à vaincre dans la durée.

Et c’est bien en rebondissant sur les leçons critiques tirées par Marx de la défaite subie que Lénine écrivit de son côté en 1917, en pleine Révolution d’Octobre, l’éblouissante brochure intitulée L’Etat et la révolution : le chef de file des bolcheviks y montre de manière concrète comment s’articulent, dans la théorie marxiste de la transition au communisme, la question du double pouvoir, des alliances de classes visant à isoler la réaction, de la conquête politique du pouvoir d’Etat par le prolétariat, de la mise en place connexe de la dictature du prolétariat et de la démocratie des Soviets d’ouvriers, de paysans et de soldats (« démocratie la plus large pour les masses populaires, dictature implacable sur les forces contre-révolutionnaires », écrit Lénine pour définir le contenu de classe de la « dictature du prolétariat) ; le tout dans la perspective finale de la socialisation des moyens de production débouchant à long terme sur le « dépérissement de l’Etat », lui-même rendu possible par l’extinction progressive des classes sociales et par la transition qu’elle permettra entre l’actuel « pouvoir sur les personnes » et la future « administration des choses », comme eût dit Saint-Simon. Toutes conceptions qui certes, étaient déjà au travail, d’une manière encore confuse et éparse (il ne pouvait en aller autrement alors que le jeune prolétariat, encore très mêlé à l’atelier artisanal et à l’échoppe, n’avait pas encore édifié de Parti d’avant-garde à lui) dans les luttes héroïques des prolétaires parisiens du 19ème siècle (et de leurs camarades lyonnais, marseillais, etc., car la Commune de Paris eut de forts prolongements « provinciaux »), ces éclaireurs de la future révolution mondiale

Parmi les nombreux enseignements que l’on peut tirer de l’expérience communarde, on nous permettra d’insister sur quatre points qui importent particulièrement à notre actualité militante, alors que le grand mouvement de lutte des Goodyear et des défenseurs du Code du Travail rendent un hommage indirect à la Commune ce 17 mars en appelant le peuple travailleur et la jeunesse à occuper la rue sous le slogan d’esprit typiquement communard, que lancèrent les militants du PRCF lors des luttes sur les retraites de 2003 : « c’est pas au patronat de faire la loi, la vraie démocratie, elle est ici ! ».

Des enseignements pour aujourd’hui et demain

Tout d’abord, il est absurde d’opposer la véritable démocratie, la démocratie prolétarienne et populaire, à la dictature du prolétariat. C’est pourtant ce que font, non seulement les dirigeants euro-réformistes du PCF qui, depuis 1976, voici tout juste quarante ans, dénigrent ce concept stratégique du marxisme*** et lui opposent une fumeuse « démocratie » sans rivages qui masque mal leur ralliement à la démocratie bourgeoise en pleine décrépitude fascisante et maastrichtienne : à l’unisson des députés « socialistes », ces mêmes réformistes en rupture de marxisme n’ont d’ailleurs pas craint de voter unanimement pour l’état d’urgence dont ils pouvaient prévoir qu’il servirait moins à combattre le terrorisme fanatique qu’à intimider et à menacer le mouvement populaire. C’est au même type de reniement qu’ont d’ailleurs procédé les dirigeants du NPA qui, à l’abri de leurs mégaphones criards, ont eux aussi solennellement répudié la référence marxiste à ce concept marxiste fondateur***. L’expérience historique de la Commune montre au contraire que c’est du même pas que doivent s’exercer la démocratie prolétarienne la plus large (la plus directe possible, avec contrôle des députés du peuple, interdiction pour eux de gagner plus qu’un salaire ouvrier, possibilité de révocation en cours de mandat si celui-ci n’est pas respecté...), et la lutte intransigeante contre les menées contre-révolutionnaires. Marx fit reproche aux dirigeants communards, il est vrai fort divisés, de n’avoir pas pris des mesures plus sévères pour museler la contre-révolution, et notamment, pour exproprier la Banque de France dont les avoirs étaient en fait le produit détourné du travail prolétarien. Le choix n’est donc pas entre une gentille révolution ignorant les mesures de rigueur à prendre contre ses ennemis mortels et la « méchante » dictature du prolétariat. Si des mesures rigoureuses ne sont pas prises avec détermination par le pouvoir révolutionnaire issu du peuple, alors en à n’en pas douter, comme le dit le poète communard Jean-Baptiste Clément,

Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouge,
Valets de rois et d’Empereur

Car les chefs réactionnaires sauvent très chrétiennement leur peau... mais ils se vengent très « païennement » au cours de la Semaine sanglante :

On traque, on enchaîne, on fusille
Tout ce qu’on rencontre au hasard ;
La mère à côté de la fille,
L’enfant dans les bras du vieillard,

écrivait encore Clément. Et ce ne sont pas les militants chiliens de l’Unité populaire torturés par Pinochet et par son commanditaire yankee, le prix Nobel de la Paix Henry Kissinger qui pourront hélas, venir affirmer le contraire, ni le million de communistes indonésiens écrasés par Suharto en 1965 sous les applaudissements de la presse « démocratique » étasunienne et dans l’indifférence totale du Figaro et de l’ORTF d’alors...

A l’inverse, la dictature du prolétariat n’a pas sa fin en elle-même, elle ne doit jamais perdre de vue que sa fin est de construire une société où, par l’extinction des classes sociales, l’Etat de classe devient progressivement obsolète, et sa tâche de chaque instant est de promouvoir l’activité politique des masses, d’élargir sans cesse la démocratie populaire et l’intervention des citoyens-travailleurs, pour faire en sorte, comme disait encore Lénine, que « la cuisinière puisse gouverner l’Etat ».

De même, est-il aberrant d’opposer l’internationalisme prolétarien (« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous » !) au patriotisme populaire. Les Communards étaient à la fois d’ardents patriotes français qui refusaient de capituler devant Bismarck, et de magnifiques internationalistes qui portèrent aux responsabilités ces immigrés progressistes fameux qu’étaient Léo Frankel (hongrois), Dombrowski (héros de l’indépendance polonaise, qui défendit admirablement Paris), sans parler du révolutionnaire italien Garibaldi, qui fut alors élu député français, ou d’Elisabeth Dmitrieva qui, aux côtés de la Parisienne Louise Michel ou de la Bretonne Nathalie Le Mel****, joua un rôle majeur dans l’engagement révolutionnaire des indomptables femmes parisiennes. Comme nous ne cessons de le rappeler, la véritable scission de classe ne sépare pas les patriotes des internationalistes, comme voudraient ensemble le faire accroire les partisans nationalistes des Le Pen ou les adeptes néolibéraux de l’UE supranationale et de l’OTAN ; quand la lutte de classes se durcit, elle oppose invariablement, d’un côté de la barricade sociale, les partisans du cosmopolitisme capitaliste alliés aux nationalistes bourgeois (ce que, dans les conditions présentes, le PRCF appelle l’U.M.-Pen-S, en montrant les convergences des deux processus réactionnaires que sont, en France la fascisation xénophobe ET l’euro-désintégration des nations souveraines), et de l’autre côté de cette même barricade, les partisans du patriotisme républicain ET les défenseurs de la solidarité de classe internationale. Et c’est encore plus vrai de nos jours qu’en 1871 puisque le capitalisme a pris la forme de l’impérialisme, de l’écrasement des nations libres par le capital financier, voire de la vassalisation des nations dominantes en déclin par d’autres, comme on le voit avec la hideuse UE dominée par l’impérialisme allemand et ses néo-Kollabos « français » du grand patronat et du Parti Maastrichtien Unique (PS et ex-UMP). C’est pourquoi d’ailleurs, le mot d’ordre de la Troisième Internationale n’était plus seulement « Prolétaires de tous les pays unissez-vous », mais « Prolétaires de tous les pays, peuples opprimés du monde entier, unissez-vous » avec à l’horizon le mot d’ordre largement unificateur et défendu par Lénine du « droit de toutes les nations à disposer d’elles-mêmes ». Concrètement, cela se traduit par la nécessité, pour les vrais héritiers des Communards, d’appeler le peuple français, non pas à attendre sottement l’introuvable « Europe sociale » chère à Pierre Laurent, mais à exiger que la France sorte par la gauche, dans une dynamique révolutionnaire de rupture avec le capitalisme tueur de nation, de la mortifère UE atlantique et de son destructif euro.

Vérification historique de cette dialectique matérialiste du patriotisme populaire et de l’internationalisme prolétarien, c’est toujours la classe dominante qui, du Moyen Âge (l’Evêque Cauchon livrant Jeanne Darc au bûcher anglais) à nos jours, s’est alliée à la domination étrangère pour se garder du peuple et préserver ses privilèges, alors qu’à l’inverse, le peuple travailleur défendait le sol national, comme on le vit pendant la Grande Révolution, quand les Soldats de l’An II issu du Faubourg Antoine sauvaient la France républicaine tandis que les Emigrés nobles de Koblenz trahissaient leur pays en combattant dans les rangs anglais ou autrichiens. Et en 1871, tandis que Thiers suppliait le victorieux Bismarck de libérer les soldats français faits prisonniers à Sedan, pendant qu’il jurait par écrit au maître du Second Reich allemand que lesdits soldats ne seraient « utilisés que contre Paris », les internationalistes présents à Paris défendaient la France occupée, comme les Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’œuvre Immigrée, les Manouchian, Epstein et autre Roger Landini, restaient fidèles à la France des droits de l’homme pendant que Louis Renault produisait des tanks pour l’occupant nazi. Qui ne se souvient du mot de l’écrivain gaulliste Mauriac déclarant, à propos des mineurs rouges du Nord qui tinrent deux mois de grève sous la botte allemande en 1941, que « seule dans sa masse la classe ouvrière est demeurée fidèle à la France profanée » ?

il est suicidaire d’opposer la démocratie prolétarienne de masse au parti de classe et d’avant-garde. Ce parti communiste qui fit tant défaut aux Communards, parmi lesquels dominaient encore les conceptions petites-bourgeoises et anarchisantes hostiles à l’organisation, les bolcheviks l’avaient construit et trempé au feu des luttes de la Révolution russe de 1905, non pas en l’opposant à, mais en l’appuyant sur cette création spontanée des masses ouvrières russes en mouvement qu’étaient les Soviets (Conseils) ouvriers et paysans. Sans le parti bolchevik, sans sa discipline d’action fondée sur le centralisme démocratique (démocratie la plus large avant la prise de décision, application par tous, minorité incluse, de la décision majoritaire), il n’y eût pas eu de Révolution prolétarienne victorieuse en Octobre 17 : car comment unir et discipliner les efforts d’un peuple-continent face à une réaction féodal-bourgeoise unie et armée jusqu’aux dents, si l’on ne dispose pas de cet élément indispensable à toute armée qui veut gagner et pas seulement « témoigner » : un état-major politique ? Et inversement, que serait un parti d’avant-garde autoproclamé, un groupuscule se déclarant « le » parti sans manifester le moindre souci de fédérer les révolutionnaires et de devenir l’avant-garde effective du mouvement populaire ici et maintenant ?

C’est d’ailleurs en conjuguant la construction du parti communiste (dont Lénine choisit la dénomination d’origine française en triple référence à la Commune, à l’objectif final communiste, et non socialiste du parti, et aussi à ce qu’il appelait « l’Etat-Commune », l’état visant à son propre dépérissement, si lointain fût-il) et la dynamique propre des Soviets ouvriers, paysans et soldats, que triompha la Révolution d’Octobre, comme l’atteste de manière grandiose le livre-reportage de John Reed sur Les dix jours qui ébranlèrent le monde : car Octobre ne fut pas seulement une insurrection militaire victorieuse du prolétariat et de la garnison rouge de Petrograd, cette insurrection elle-même, qui remit aussitôt tout le pouvoir au soviets (où les bolcheviks avaient gagné démocratiquement la majorité), fut surtout nécessaire pour que s’engage un immense débat, gagné par les bolchéviks, dans chaque usine, chaque caserne, chaque village où il fallut se prononcer sur les trois premiers décrets du nouveau pouvoir soviétique, le Décret sur la paix aux peuples, le Décret sur la terre aux paysans et le Décret sur le contrôle ouvrier des usines.

C’est pourquoi il est aberrant que certains communistes actuels, qui croient pourtant s’opposer à la direction du PCF-PGE, traitent de haut la « matrice léniniste du communisme » à la manière du premier euro-mutant venu, rêvent aujourd’hui de revenir à la Première Internationale en sautant par dessus l’expérience de l’Internationale communiste et du premier camp socialiste de l’histoire qui, durant plusieurs décennies, a tenu tête à l’impérialisme en construisant une société, certes bien imparfaite, mais dénuée de chômage, d’exploitation capitaliste et de marchands de canons. Si l’on veut analyser en marxistes, et non pas en défaitistes et en petits bourgeois geignards, les causes de la défaite provisoire du socialisme, – et cette tâche n’est pas l’objet de ce bref article – il y a mieux à faire que jouer les repentis bien-pensants, que de renier le passé communiste, que de s’auto-flageller pour complaire à l’adversaire, que de rêver d’un retour à des formes anciennes, pré-bolchéviques du pouvoir prolétarien, alors même que le capitalisme est mille fois plus agressif, destructeur, fascisant, exterministe dirions-nous, que ne pouvait encore l’être le capitalisme du 19ème siècle. Comme le disait le poète communeux Arthur Rimbaud, « il faut être résolument moderne : tenir le pas gagné ! », et non pas pratiquer ce que fustigeait déjà Lénine, cette danse du ventre propre aux éléments menchéviks et qui se traduit par le tristement fameux « un pas en avant, deux pas en arrière ! ». Sauf à vouloir éternellement perdre les combats face à un ennemi de classe plus déterminé que jamais, et dans une situation où, même au cœur de nos pays impérialistes en crise, le déclassement et la misère de masse menacent très directement les travailleurs et la partie inférieure des ainsi-dites « couches moyennes » !

Enfin, il est malhonnête d’opposer la construction multiséculaire de la nation, puis la mise en place révolutionnaire de la République une, laïque, souveraine, sociale léguée par Robespierre, à la décentralisation démocratique populaire, ou partiellement populaire, que portaient historiquement, non seulement la Commune de 1871, mais les insurgés médiévaux des « jurées-communes » du Moyen Âge. Ce sont historiquement le Premier et le Second Empire, et non les Sans Culottes, ni a fortiori les Communeux, qui ont suspendu les libertés communales en nommant les maires et en imposant un superpréfet à Paris. A l’inverse, la nation française et les communes se sont, malgré bien des accrocs, construites du même pas. Ce fut le processus, historiquement progressiste en un premier temps, de construction d’un Royaume de France centralisé qui vit les Capétiens – désireux de conjurer les frondes féodales – s’allier aux milices communales : à Bouvines (1214) la bataille contre la coalition du roi anglais, de l’Empereur allemand, du comte flamand et de plusieurs grands feudataires rebelles, fut gagnée, par Philippe-Auguste et par ses alliés communalistes aux cris de « Commune, Commune ! » et cette victoire permit à Paris de consolider son rôle de capitale politique du Royaume. CE fut aussi un choix politique royal relevant de l’alliance de classe qui inspira François 1er quand il choisit d’ériger le français – c’est-à-dire la langue parlée par la bourgeoisie et par le peuple (au moins en Ile-de-France) comme langue administrative et juridique – en écartant le latin cher aux ecclésiastiques (sans pour autant interdire les langues périphériques). Quant à la République une et indivisible créée par les affreux « centralisateurs » Jacobins, les Marat, Robespierre, Saint-Just, Couthon, elle liquida les vieilles provinces ethniques héritées de la féodalité au profit des nouveaux départements – mais elle n’en confirma pas moins l’élection des maires et des conseils communaux sans mégoter sur leurs prérogatives... que réduit à rien l’actuelle contre-réforme territoriale d’inspiration maastrichtienne. Bref, avant de dire sottement qu’ « en général, le centralisme s’oppose à l’intervention politique locale », il faut s’interroger sur le contenu de classe du centralisme et de la « décentralisation » proclamée ; car le centralisme national ne s’oppose pas à la démocratie locale quand, sur tout le territoire français, la classe progressiste, hier la bourgeoisie jacobine, aujourd’hui le prolétariat virtuellement communard, portent l’initiative historique. Encore une fois, quelle éclatante différence avec notre sinistre époque contre-révolutionnaire où, tout à la fois, sous l’égide de la grande bourgeoisie devenue oligarchique, le regroupement autoritaire des territoires conforte les « métropoles » au détriment des communes, les super-régions aux dépens des départements, l’Empire européen berlino-formaté et l’Union transatlantique américano-centré, tous deux appyés sur la puissance planétairement dévastatrice de l’OTAN, mille fois plus dangereuse pour l’avenir de l’humanité que ne pouvaient l’être les reitres de Bismarck ou les hussards du duc de Brunswick !

Il y aurait mille autres leçons à tirer de l’expérience culturelle et humaine sans précédent que fut la Commune sous la conduite des héroïques Varlin, Flourens, Ferré et autre Courbet, notamment sur la manière dont elle sépara clairement, pour la première fois en France, l’Etat républicain des Eglises, mais d’autres historiens de la laïcité et des Lumières l’ont dit cent fois mieux que nous ne saurions faire.

Pour l’heure, alors que Hollande rampe devant les néo-versaillais du MEDEF et que ledit MEDEF accepte joyeusement de dissoudre la République souveraine, la langue française, l’héritage des Lumières, de 1936 et du CNR dans les eaux glacées de l’UE maastrichtienne et du tout-anglais « transatlantique », les vrais successeurs des Communards assument fièrement l’héritage des héroïques prolétaires et artisans parisiens qui ouvrirent pour le monde entier l’époque, provisoirement interrompue, des révolutions socialistes. Sans opposer Octobre 1917 au bref printemps rouge de 1871, l’heure est plus que jamais à la résistance populaire, à la contre-offensive tous ensemble et en même temps avec les Goodyear, les autres salariés du public et du privé, les retraités, les étudiants, les enseignants, les paysans et les artisans en lutte, pour que notre pays redevienne ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, le pays des Lumières communes.

Pour www.initiative-communiste.fr et la revue Etincelles

*G. Gastaud, philosophe, auteur de Marxisme et universalisme (Delga, 2015) et de Lumières communes, trajectoire dans la philosophie à la lumière du matérialisme dialectique (prochainement chez Delga), secrétaire national du Pôle de Renaissance Communiste en France

**Jean-Pierre Hemmen, directeur politique de la revue théorique Etincelles, descendant de Pierre Hemmen, officier de la Commune, militant de la Première Internationale, et de Jean Hemmen, militant du Komintern, organisateur des Brigades internationales d’Espagne, Résistant français fusillé au Mont-Valérien.

*** Rappelons que le mot « communard » était originellement une insulte versaillaise : aux dires de Jaurès, les partisans de la Commune s’appelaient eux-mêmes les Communeux.

»» http://www.initiative-communiste.fr...
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