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Afghanistan

"Je ne tenais plus que la main de mon petit-fils, le reste avait disparu"

[ The Guardian ] Il était 7h30 ce matin de juillet lorsque l’avion a piqué sur un ravin isolé. En dessous, un groupe d’invités à un mariage se dirigeait vers le village dans une zone appelée Kamala, dans la province occidentale de Nangarhar. Ils devaient préparer les célébrations prévues plus tard dans la journée.

La première bombe frappa un large groupe d’enfants qui marchaient devant. La plupart furent tués sur le coup.

L’avion est ensuite revenu et a largué une deuxième bombe, en plein milieu du groupe. Cette fois-ci, les victimes étaient pratiquement toutes des femmes. Par miracle, la mariée et deux filles survécurent et ont commencé à descendre le flanc de colline pour tenter d’échapper à l’avion. Et c’est là que la troisième bombe les rattrapa. Hajj Khan était un des quatre anciens qui escortaient la procession ce jour-là .

« Nous marchions, je tenais la main de mon petit-fils, puis il y a eu un grand bruit et tout devint blanc. Lorsque j’ai rouvert les yeux, tout le monde hurlait. Je me suis réveillé à plusieurs mètres de l’endroit où je me trouvais avant. Je ne tenais plus que la main de mon petit-fils, le reste avait disparu. Partout autour de moi il y avait des morceaux. Je n’arrivais pas à les reconnaitre ».

Les proches ont dit qu’il était impossible d’identifier les restes. Ils ont enterré les 47 victimes dans 28 tombes.

De telles histoires sont relativement courantes en Afghanistan aujourd’hui. Plus de 600 civils sont morts cette année sous les frappes aériennes de l’OTAN et des Etats-Unis. Le nombre d’innocents tués dans ces circonstances a doublé depuis l’année dernière, et triplé depuis l’année d’avant. Ces attaques sont en train de saper le soutien au gouvernement afghan et poussent de plus en plus de gens dans l’opposition à l’occupation étrangère de leur pays.

« Si les choses allaient bien, peut-être que nous pourrions accepter une bavure de temps en temps. Mais avec la situation économique telle qu’elle est, les conditions de sécurité qui se dégradent, l’absence de croissance - et que par-dessus le tout ils tuent des civils, là ça devient trop, » dit Jahid Mohseni qui dirige, avec ses deux frères, Tolo TV, la chaine de télévision la plus populaire d’Afghanistan.

Les militaires US ont d’abord nié la mort de civils lors du bombardement à Kamala mais ont ensuite dit qu’une enquête était en cours. Lorsqu’on leur a demandé des explications sur ces événements ils ont répondu qu’ils n’étaient pas au courant des détails mais qu’ils allaient se renseigner.

Les derniers chiffres, fournis le mois dernier par la Commission des Droits de l’Homme Indépendante Afghane, laissent entendre qu’environ 750 civils ont été tués par les forces étrangères cette année. La plupart ont été tués lors de raids aériens. Les autres par des soldats nerveux qui souvent ouvrent le feu dans des lieux publics après une attaque contre un de leurs convois.

Les organisations d’aide humanitaire déclarent officieusement que le chiffre est probablement bien plus élevé car de nombreuses victimes civiles sont présentées comme des « insurgés » .

Alors que la situation se détériore dans tout le pays, l’assassinat des civils est considéré comme l’ultime affront après une longue série d’erreurs commises par les forces étrangères en Afghanistan. Les Afghans de la rue perdent patience et la colère gronde à chaque nouvelle attaque.

Au mois de juillet (2008) des centaines d’Afghans ont manifesté dans les rues de la province de Nangarhar après la frappe aérienne contre une fête de mariage. Les manifestations ont tourné à l’émeute contre les occupants étrangers et le gouvernement. L’armée a du finalement intervenir pour mater la foule.

Ce n’est pas la première fois que l’on a compté des victimes civiles dans la province de Nangarhar - l’année dernière, après un attentat à la bombe contre un convoi de Marines US, les soldats ont riposté en tirant dans la foule et en tuant 16 personnes. Les soldats impliqués ont été renvoyés chez eux et leurs officiers ont été inculpés. Un tribunal les a ensuite innocentés de toute responsabilité.

Les porte-parole de l’OTAN et de l’armée US disent que leurs soldats font le maximum pour éviter de toucher les civils. Mais trop souvent après une frappe aérienne ils nient la présence de civils et annoncent un nombre de tués bien inférieur.

Un rapport récent de Human Rights Watch affirme que les enquêtes menées par les autorités US - lorsqu’il y en a une - étaient « orientées, maladroites, obscures, et avaient pour effet de dégrader des relations avec les populations locales et le gouvernement afghan. »

Les dénégations répétées et une désinvolture affichée contribuent à créer chez les afghans l’impression que leurs vies ne valent pas grand-chose aux yeux des étrangers.

« Nous savons qu’ils ne font pas exprès de tuer des civils mais nous ne pensons pas que cela les préoccupe plus que ça, » dit Ahmad Zia, bijoutier dans le bazar de Kaboul. « Si cela continue, beaucoup plus de gens iront rejoindre le combat contre les étrangers. C’est inévitable. »

Les bombardements accidentels de mariages en Afghanistan n’ont fait que renforcer la colère. Le mois dernier 27 personnes furent tuées lors du bombardement d’une fête de mariage près de Kandahar. C’était le troisième mariage à être bombardé cette année.

Il dit que ces incidents se produisent souvent lorsque les avions sont appelés en soutien à des troupes au sol prises sous le feu. « Leurs soldats sont en difficulté alors ils demandent un appui aérien sans tenir compte des civils autour ».

Sharif Hassanyar, ancien interprète auprès des Forces Spéciales US et qui travaille actuellement comme journaliste, décrit comment les décisions de bombarder une zone sont prises à la légère.

« Je me souviens lorsque je travaillais avec un groupe de Rangers et un espion leur a dit que des Talibans s’entrainaient dans le jardin d’une maison, alors ils ont bombardé la maison, sans vérifier l’information. Ils ont ensuite découvert qu’il n’y avait jamais eu de Talibans et que seuls des civils furent tués, » a-t-il dit.

Les informateurs des forces étrangères donnent souvent des informations erronées, soit involontairement soit parce qu’ils ont un compte, d’ordre tribal ou personnel, à régler avec un voisin, ajouta-t-il.

« Les Talibans sortent renforcés après chaque attaque », dit Hassanyar.

Le mollah Zubiallah Akhond, un commandant Taliban dans la province d’Oruzgan, dit que ces attaques lui apportent chaque jour de nouvelles recrues. « Ceux qui se battent avec les Talibans sont les frères, les oncles, la famille de ceux tués par les Américains. Ils ont rejoint les Talibans et combattent les Américains parce qu’ils veulent venger leurs morts, » dit il.

« Les Talibans sont désormais présents dans chaque village. Beaucoup ont rejoint le mouvement après les attaques sauvages des Américains. »

Il pense que les attaques ont contribué à transformer leur combat contre les étrangers en une lutte populaire nationale.

« Lorsque chaque jour un véhicule américain explose sur la route principale à Wardak, l’ordre ne vient pas des Talibans. C’est le peuple lui-même qui s’est retourné contre les étrangers. Ils se sont organisés dans leurs villages et interdisent aux étrangers de traverser leurs terres ».

Il n’y a pas que les frappes aériennes qui sèment la haine parmi les Afghans. Dans la capitale, Kaboul, chaque jour des conducteurs terrifiés se précipitent hors du chemin de soldats étrangers qui s’ouvrent un passage à coups de convois blindés tout en pointant leurs fusils sur les chauffeurs, les piétons et en hurlant des obscénités.

Les Afghans ont appris à dégager la voie. L’année dernière, un convoi US a fendu à travers plusieurs véhicules, tuant plusieurs personnes dont une famille. L’incident déclencha une émeute composée de plusieurs milliers de résidents en colère. Elle ne fut matée que lorsque les forces de sécurité ont commencé à tirer sur les manifestants. Au moins 15 personnes furent tuées.

« Les sentiments antiaméricains en Afghanistan ne sont pas uniquement le fait des secteurs conservateurs ou religieux » dit Shukria Barakzai, une députée.

« Ces sentiments prennent racine dans les opérations et actions militaires des forces étrangères. Le sentiment antioccidental vient directement des actions militaires, des victimes civiles, et de l’absence de respect de la part des troupes étrangères pour la culture afghane. »

© Guardian News and Media Limited 2008

Traduction VD pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

Via : http://www.informationclearinghouse.info/article21484.htm

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