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L’Amérique n’a pas de maître

Gabriela Avila Gomez

Une fois de plus, revenus aux principes de la doctrine Monroe, les États-Unis prétendent faire de la région son « arrière-cour » « L’AMÉRIQUE aux Américains » est une expression qui résonne depuis le 19e siècle aux oreilles de ceux qui luttent pour l’intégration régionale et pour l’unité au-delà de la diversité

Cette expression, qui répond à la doctrine Monroe, attribuée au président James Monroe, semblait avoir été reléguée un certain temps dans un recoin des diverses administrations des États-Unis, bien qu’elle n’ait jamais été abandonnée.

Aujourd’hui, le gouvernement étasunien, dirigé par le président Donald Trump l’a remise au goût du jour, plus présente que jamais, depuis sa candidature à la Maison-Blanche sous le slogan de campagne « Make America great again » (Rendre l’Amérique grande à nouveau).

Telle a été sa politique depuis l’année dernière, lorsqu’il a pris les commandes du pays : il s’est attaqué aux migrants, il a défendu l’idée du « protectionnisme » économique et, concernant notre île de Cuba, il est revenu sur bon nombre des avancées réalisées au cours du précédent mandat de Barack Obama.

À présent, son objectif est de s’abattre avec cette force supplémentaire sur nos peuples d’Amérique latine. L’un des hauts fonctionnaires de l’administration Trump, le Secrétaire d’État Rex Tillerson, vient d’effectuer une tournée dans plusieurs pays de la région. Le motif ? Comme cela avait été annoncé précédemment, 2018 sera l’année des Amériques. Aussi cherche-t-il à promouvoir la division et la soumission parmi les gouvernements du continent.

Peu avant son départ pour une tournée très médiatisée, qui l’a conduit au Mexique, en Argentine, au Pérou, en Colombie et en Jamaïque, Tillerson n’a cessé d’insister sur cette idée, et il a affirmé : « Parfois, nous oublions l’importance de la doctrine Monroe et ce qu’elle signifie pour notre hémisphère, c’est pourquoi je pense qu’elle est tout aussi importante que lorsqu’elle a été écrite ».

Le gouvernement des États-Unis a pour aspiration que l’Amérique latine redevienne son arrière-cour, et tout cela se passe à un moment où l’on attend le Sommet des Amériques, qui aura lieu en avril prochain au Pérou.

Une rencontre qui exigera l’unité régionale, fissurée par des facteurs tels que le retour de la droite dans certains pays comme le Brésil, l’Argentine et, plus récemment, le Chili avec l’élection du président Sebastian Piñera, ainsi que la persécution de dirigeants politiques et de figures influentes (Dilma Rousseff, Luiz Inacio Lula da Silva et Cristina Fernandez).

Il devient donc nécessaire de promouvoir des mécanismes régionaux tels que l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique-Traité de commerce des peuples (ALBA-TCP) et la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (Celac).

VENEZUELA : UNE « PIERRE » DANS LA CHAUSSURE

L’un des objectifs de la tournée de Tillerson dans les pays d’Amérique latine était polarisée sur le Venezuela, une « pierre » dans sa chaussure et celle de son administration, qui défend la tristement célèbre expression « l’Amérique aux Américains ».

Le gouvernement du Président Nicolas Maduro et l’opposition dans ce pays étaient sur le point de signer l’Accord de coexistence démocratique.

Après des mois de conversations tenues en République dominicaine, les points en discussion avaient été résolus. Or, seul le gouvernement a apposé sa signature au bas du document, l’opposition ayant refusé de signer.

Selon Jorge Rodriguez, chef de la délégation gouvernementale, ce refus est dû aux pressions exercées par Tillerson.

Le Secrétaire d’État, qui se trouvait en Colombie à ce moment-là, a eu des entretiens avec le chef de l’opposition, Julio Borges, qui ont abouti au refus de signer l’Accord de la part de l’opposition vénézuélienne.

Le gouvernement a lancé plusieurs appels à l’opposition pour qu’elle achève sa mission et accepte de signer, et que la paix revienne au Venezuela.

Par ailleurs, durant son séjour à Bogota, le Secrétaire d’État a également appelé au « rétablissement de la démocratie au Venezuela », et déclaré qu’il ne reconnaîtrait pas les résultats des prochaines élections présidentielles dans ce pays, prévues en avril de cette année.

À propos de cette tournée, Maduro a déclaré : « Personne ne menace le Venezuela, s’il veut déclarer un embargo pétrolier des États-Unis contre le Venezuela, le Venezuela se remettra de toute menace ». Souvenons-nous que des siècles avant que tout cela ne se produise, le Libertador Simon Bolivar avait mis en garde contre les prétentions impérialistes de ce pays nord-américain : « Les États-Unis semblent destinés par la providence à couvrir de misères l’Amérique au nom de la liberté. »

Gabriela Avila Gomez

 http://fr.granma.cu/mundo/2018-02-15/lamerique-na-pas-de-maitre
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COMMENTAIRES  

17/02/2018 11:41 par Daniel BESSON

Accessoirement la " doctrine impérialisto-fachiste " de Monroe est consubstantielle des indépendances Latino-Américaines du XIX éme siècle .
Ceux qui critiquent cette doctrine font semblant d’ignorer que c’est le " corollaire Roosevelt " de 1904 qui justifie l’impérialisme Us et non pas la doctrine de Monroe .
De la même manière la " défense de l’hémisphère Occidental " ( Am du Nord et du Sud ) cherchait à protéger à l’origine ce continent non pas du communisme mais du nazisme .
Beaucoup de gauchistes qui agitent le " joujou Monroe " de l’antiaméricanisme primaire , secondaire et tertiaire s’accommodent par contre fort bien de l’exploitation du pétrole Vénézuélien par ROSNEFT et la mafia Poutinienne ou du travail esclave des ouvriers agricoles Brésiliens dans les plantations de soja du Mato-Grosso détenues par des sociétés Chinoises . Ah ! Wi ! C’est le BRICS et le " monde multipolaire "©™ .

17/02/2018 12:53 par legrandsoir

Vous devriez aller donner des cours sur les US aux Cubains, ils en ont bien besoin. (Mode ironie off)

17/02/2018 18:28 par Daniel BESSON

@LeGrandSoir
Que vous le vouliez ou non ce sont les Etats-Unis qui ont soutenu les déclarations d’indépendance des états Latino-Américains face aux puissances coloniales Européennes et qui ont contribué à l’échec de l’expédition de Badinguet au Mexique . Ce sont des FAITS historiques , pas une interprétation de l’histoire ...

17/02/2018 19:16 par Geb.

Avant d’aller prêcher à Cuba il devrait prendre des cours de course à pied, au cas où... (- :

17/02/2018 20:57 par Geb.

qui ont contribué à l’échec de l’expédition de Badinguet au Mexique .

Et qui immédiatement après ont annexés le Nouveau Mexique, la Californie, et le Texas ??? A Fort Alamo c’est les Yankees qui combattaient Napoléon III, ou Davy Crockett qui combattaient le Général mexicain Santa Anna qui défendait son pays ?

Sans compter qu’à Camerone c’étaient bien les révolutionnaires mexicains qui se sont fait tuer face aux 40 Légionnaires de D’Anjou. Les Yankees et leurs marchands d’armes, dont leur épicier en chef le Capitaine Walker de l’US Army , ils sont bien prudemment restés à l’abri.

Pareil aux Philippines d’où ils ont virés les Espagnols pour envahir le pays ensuite en génocidant 1/4 des populations indigènes..

Ou qui ont fait sauter le "Maine" en assassinant leurs propres marins à La Havane pour déclarer la guerre à l’Espagne et annexer Cuba.

La liste est longue. Mais pour nous convaincre du contraire va falloir argumenter. )- :

21/02/2018 13:09 par Anne Wolff

Lutter contre les nazis, parlez-en à Mengele pour ne citer que lui parmi tous ces nazis en « villégiature » en Amérique Latine après la guerre, ceux qui ne faisaient pas partie de l’opération « paperclip » qui les amenaient droit aux USA, pas recyclés en Allemagne même etc…
Cela ne se discute même pas cela s’argumente à force de faits précis et redondants. Mais ce n’est pas le propos.
Je voudrais plutôt mettre l’accent sur une continuité de l’action impérialiste des USA en Amérique Latine et une bonne illustration peut -être fait grâce à la figure emblématique de Negroponte. Ce « diplomate » à la très longue carrière, il est de toutes les guerres, du Vietnam en Irak en passant par l’Amérique Centrale devient en 2005 Directeur du renseignement national. Par la suite il deviendra le conseiller « Amérique latine » d’H. Clinton.
Il avait été ambassadeur(‘proconsul) au Honduras, de 1981 à 1985, une période de sinistre mémoire pour les Honduriens, il y coordonnera l’intervention militaire des USA contre les sandinistes du Nicaragua, fermant les yeux « pour le dire gentiment » sur toutes les violations de droit humain qui ont lieu alors au Honduras…
Il reviendra au Honduras, en 2008, alors que le président du pays Manuel Zelaya se détourne des EU qui lui ont refusé de l’aide pour développer des programmes sociaux dont son pays a tant besoin et se tourne vers l’ALBA, l’organisation solidaire des pays progressistes et souverainistes d’Amérique Latine initiée par Hugo Chavez, entre autres crimes. Le fait d’avoir voulu transformer la base US de Palmerola en aéroport civil, une base cruciale dans le dispositif, le système de bases que développe le comando sur en Amérique Latine a également été un facteur important parmi ceux qui rendaient son renversement nécessaire.
Deux articles traduits en français montrent sa participation à la genèse de ce coup d’état militaire celui d’Eva Golinger ; Washington et le coup d’état au Honduras, voici la preuve
et celui deStella Cailloni Un message des faucons de Washington.
Stella Cailloni est aussi l’auteure de Dormir avec l’ennemi ou l’invasion silencieuse qui décrit ce déploiement de nouvelles bases étasuniennes en Amérique Latine dans les premières années du 21ème siècle
Lors de ce retour de Negroponte en 2008, les Honduriens manifestent, ils lui attribuent directement 200 des disparitions forcées qui ont eu lieu dans le pays alors qu’il y était ambassadeur. Donc : régime Bush, Negroponte débarque au Honduras pour y mener les préparatifs du coup d’état qui sera le premier pas dans un jeu de dominos destiné à reprendre en main l’Amérique Latine souverainiste. Coup d’état qui aura lieu le 29 juin 2009. Premier acte significatif de politique étrangère du régime Obama en Amérique Latine. La réalisation et la perpétuation d’un coup d’état militaire planifié sous Bush avec l’homme de tous les mauvais coups, Negroponte.
Par la suite tout au cours de ces deux mandats, le régime Obama s’attachera a affaiblir cette Amérique Latine Unie et Souveraine qui prend son essor au 21ème siècle, coups d’état parlementaires contre le président Lugo du Paraguay, contre Dilma Roussef au Brésil, tentative de coup d’état manqué contre le président Evo Morales en juin 2008 en Bolivie.
Pendant ce temps des ONG telle la NED, impulsent et coordonnent les déstabilisations des régimes qui déplaisent à Washington.
La maladie et la mort de Chavez aussi font question, d’autant que des documents déclassifiés nous révèlent que des recherche ont été menée aux USA sur l’utilisation d’armes radioactives tant contre des chefs d’état que des leaders d’opposition qu’envers des populations en particulier celles vivant sur des territoires aux ressources naturelles visée par « les « USA », des documents déclassifiés en 2007l bien que fortement expurgé,sils montre que de telles recherches ont été menées. Abandonnées depuis ? Ils le disent, pourtant l’utilisation de l’uranium appauvri dans les zones d’importance stratégique semble bien réaliser une partie du dessein initial.
Les processus de déstabilisation du Venezuela sous le régime Obama ont été particulièrement bien documentés. En particulier contre la tentative de coup d’état qui a lieu en 2013, lors de l’élection de Maduro. Des jeunes ont été entraînés notamment en Serbie comme le montre, entre beaucoup d’autres, l’article deRuben Ramos : Venezuela, théorie des coups d’états doux, une pratique de violence et de terreur.
Parallèlement on peut montrer l’intensification des entraînements militaires conjoints des armées US et locales, en particulier Colombie et Argentine, mais aussi opérations d’entraînement de force spéciales US sur le sol bolivien depuis le Paraguay, et comme toujours, beaucoup d’etc., le développement d’une ethnologie de guerre, quand chercheurs et agents de renseignement sont les mêmes personnes… Voir à ce sujet, par exemple : le Commandement Sud et la militarisation des universités
J’en passe, beaucoup, et des pires… s’il en fallait plus pour démontrer la continuité des pratiques impérialistes US à travers les différents régimes présidentiels :
Pour couronner le tout, la déclaration faite en 2013, par Kerry alors secrétaire d’état du même régime Obama
“L’hémisphère occidental est notre cour-arrière, il est d’une importance vitale pour nous. Avec une grande fréquence, beaucoup de pays de la région sentent que les USA ne leur portent pas assez d’attention et dans certaines occasions c’est très certainement la vérité. Nous devons nous rapprocher vigoureusement, nous avons planifié de le faire. Le Président se rendra bientôt au Mexique et ensuite au Sud je ne me rappelle pas dans quels pays, mais il va dans la région ».
Les termes hémisphère occidental et arrière-cour sont des termes fondateurs de l’impérialisme US sur le continent Sud. Et là, c’est un « démocrate » qui s’exprime.Et le message est clair :" une importance vitale pour nous", pas question ici du bien-être des populations locales.
Obama a été un leurre auquel beaucoup se sont laissé prendre permettant les avancées d’un travail de sape des bases de l’Amérique Latine souveraine (ainsi que d’autres guerres "secrètes" ou de guerres proxy (par procuration) un peu partout dans le monde.
Ce qui change avec Trump, c’est que le visage brutal de la réalité impérialiste est à nouveau à découvert. Il veut que les guerres menées par les USA se concentrent sur le vol du pétrole, les populations locales n’ont aucun droit d’existence à ses yeux et il ne s’en cache pas. Extrait d’une de ces interviews parut dans l’article d’Investig’action ; Trump n’est pas antiguerre, il veut juste que l’armée américaine se concentre sur le vol du pétrole.. Trump :
"Dans le bon vieux temps, lorsque vous aviez des guerres, vous gagniez, d’accord ? Vous gagniez. Le butin appartient au vainqueur. […]Et je préfère l’ancien système : vous gagnez une guerre, vous restez, et vous gardez le pétrole."
En ce qui concerne le Venezuela aujourd’hui, c’est bien le programme d’une opération pillage annoncée. D’autant que son secrétaire d’état Tillerson venu tout droit d’Exon/mobil a été un des plus enragé lors des nationalisations pétrolières opérées par le gouvernement de Chavez. Plus que de revanche à prendre, il s’agit d’une vengeance à perpétuer contre ce pays, contre son gouvernement mais tout autant contre son peuple rebelle à l’impérialisme. Une invasion du Venezuela par les USA, c’est le risque du massacre ciblé des forces révolutionnaires du pays et d’innombrables victimes collatérales de tous bords, y compris les imbéciles qui appellent aujourd’hui à cette intervention. Une de ses tables rases qui font que face aux guerres humanitaires des USA, Atilla peut retourner dans la cour des maternelles.
Comment soutenir le Venezuela aujourd’hui, d’autant que sur place la partie que j’appellerai « révolutionnaire » de la population est amplement divisée : deux courant principaux étant les « Maduristes » pur et dur et un courant Chaviste mais en plus ou moins totale opposition avec Maduro dont je suis personnellement plus proche.
Comment soutenir le Venezuela contre cette menace d’invasion sachant qu’une évidence s’impose tout d’abord à une majorité de Vénézuéliens : une invasion US est le pire que pourrait avoir à affronter le Venezuela demain ?

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