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Les menaces actuelles sont alarmantes et l’avenir ne présage rien de bon.

L’histoire est déjà contre nous, même sans Obama, Assad, etc... (The Independent)

Nous sommes dans le pétrin. Certes il y a eu des crises plus graves mais le monde n’a jamais été aussi instable et aussi dangereux. Aux plans diplomatique, militaire et éthique, l’Occident est à la dérive. Le président Obama est au coeur de la dégringolade imminente. Il n’y a pas que les armes chimiques qui soient des armes horribles. Le massacre d’innocents n’a pas commencé avec les récentes atrocités, et on ne voit pas bien en quoi des frappes de représailles amélioraient la situation.

Tout cela est peut-être la faute du prince Georges. L’apparition, dans les bras de sa mère, du bébé prince, endormi dans ses langes, a été vécue comme une Epiphanie : un triomphe de l’espoir, du renouveau et de la joie. Quelques semaines plus tard, nous avons assisté à l’exact opposé : l’horrible spectacle des bébés syriens, eux aussi endormis dans leurs langes, mais du sommeil de la mort. A l’espoir, le renouveau et la joie, ont succédé le chagrin, l’horreur et la barbarie.

Malgré tout, l’action militaire ne devrait pas dépendre de l’émotion ni des reportages télés. Elle devrait être le fruit de l’exercice rationnel de l’autorité du président. M. Obama a parlé de lignes rouges. Nous avons tous cru comprendre ce qu’il voulait dire. Mais il apparaît que nous n’avions rien compris du tout. Même s’il y avait finalement une sorte d’intervention, ce serait comme punir un chien d’avoir fait pipi sur le tapis. Cela n’handicaperait pas Assad, ni n’encouragerait ses ennemis -ni ne restaurerait le prestige des Etats-Unis. Cette dernière chose ne peut pas arriver tant que cet homme est président.

Barak Obama est la créature de l’appareil de Chicago, les descendants politiques d’Al Capone. Ne reculant devant rien pour gagner les élections, ils avaient besoin de se donner un air de respectabilité. M. Obama était parfait. Il n’avait jamais rien dit ou fait qui puisse laisser penser qu’il avait l’étoffe d’un président, mais son nom et la couleur de sa peau suffisaient. Le peu de capacité critique que possède la bien-pensance libérale-libertaire a été stoppé net. Les membres du comité du Prix Nobel se sont ridiculisés. Mais l’apogée de l’absurdité a été atteint lorsqu’on l’a qualifié de grand orateur. En réalité ses discours, prononcés d’un ton morne, sont sans aucun intérêt. George W Bush était un bien meilleur orateur.

Les partisans d’Obama ont enregistré un triomphe. Les Etats-Unis sont avant tout un pays volontariste, et le "Yes we can" est sans nul doute le meilleur slogan depuis "I Like Ike"*. Il n’y a qu’un seul problème : pouvoir quoi au juste ? "Yes, we can" est devenu "Nous n’avons pas pu". Même ceux d’entre nous qui n’attendaient pas grand chose d’Obama, espéraient qu’il s’améliorerait en allant ; il est loin d’être idiot. Mais il y avait d’autres problèmes. Politiquement, il se situait naturellement très à gauche de l’échiquier politique, en partie parce qu’il n’aime pas son pays (quoiqu’il le déteste moins que sa femme). Par conséquent il n’a jamais eu d’impératifs moraux ou politiques, sa seule boussole a été son désir ardent d’être réélu. Il l’a été. Depuis, l’hémorragie d’autorité a atteint des records et il lui reste encore trois ans à faire : ce n’est pas rassurant. Barack Obama fait ressembler Jimmy Carter à Theodore Roosevelt.

Cela fera plaisir aux gauchistes européens qui étaient prêts à vénérer le nouveau président. A l’exception de Hollande qui préférerait brocarder l’Angleterre, ils se sont tous remis à vilipender les Etats-Unis. C’est stupide. Pour paraphraser Marx, l’anti-américanisme est le socialisme des idiots. Une Amérique qui ne sait pas ce qu’elle veut est un assez grand problème. Si l’Amérique se retirait des affaires mondiales cela créerait un vide. La nature déteste le vide et un monde à la Thomas Hobbes**le remplirait rapidement.

Même les pro-étatsuniens doivent reconnaître que nos amis ont une faiblesse chronique : l’idéalisme. Ils avaient décidé que tous les chemins vers le progrès au Moyen-Orient passaient par Bagdad : admettons. Chasser Saddam a été facile mais l’étape la plus importante : la reconstruction du pays, n’avait pas été préparée. C’était comme si les néocons s’étaient imaginé que les souks seraient pleins de Thomas Jefferson en puissance, et qu’un système politique bénéfique émergerait spontanément. On a donc détruit l’état sunnite Baath. Les Sunnites ont tout perdu sauf leurs armes. De nouvelles structures ont émergé, aucune d’entre elles n’est bénéfique.

Parmi ceux d’entre nous qui ont soutenu la guerre, une partie continuera de penser que le problème n’a pas été la guerre mais la paix. Si elle avait été gérée comme il faut, tout aurait pu être différent. Quoiqu’il en soit, une entreprise idéaliste s’est soldée par l’affaiblissement de la volonté de pouvoir des anglo-américains. Cela s’est accentué avec l’Afghanistan et aux Etats-Unis avec le Vietnam. Cela n’aurait pas d’importance si les lions faisaient la queue pour venir se coucher près des agneaux. Dans le monde que nous connaissons, il faut être puissant pour protéger ses brebis. Des bergers faibles, indécis et craintifs n’ont aucune chance de tenir les loups en respect.

Les menaces immédiates sont alarmantes, et l’avenir ne présage rien de bon. Le déclin et la mort des empires est toujours chaotique ; voyez combien il a fallu de temps à l’Europe occidentale pour retrouver la stabilité et le niveau de vie dont elle jouissait sous les Antonins. Nous subissons actuellement les contrecoups de l’effondrement d’empires plus récents : l’Autriche-Hongrie, l’empire ottoman et l’empire britannique. Les risques les plus grands viennent de l’ancien empire britannique. Rappelez-vous la fable de la Princesse et du petit pois. Si le monde est détruit au cours des prochaines décennies, la Palestine et/ou le Pakistan en seront la cause : ces deux P qu’aucune quantité de matelas ne pourra jamais faire oublier.

En rendant inévitable la Seconde Guerre Mondiale, c’est peut-être cela que la Première Guerre Mondiale a fait pour l’humanité. Après 1945, l’Angleterre, épuisée, ne pouvait plus assumer ses responsabilités. D’une certaine manière, cependant, les prétentions impérialistes ont continué à causer du tort alors même que les marines de guerre se réduisaient.

Dans les années qui ont suivi la guerre, nous n’avons pas su réagir comme il faut au nationalisme arabe et iranien. Nous n’avions aucune raison de renoncer à nos liens avec les dirigeants arables qui étaient nos alliés naturels. Ce fut une erreur de nous mettre Nasser à dos ; ce fut peut-être aussi une erreur de renverser Mossadegh. Qui sait : les descendant des Pahlavis et de Farouk auraient pu former des monarchies constitutionnelles. Atatürk avait été bon pour la Turquie. Nasser aurait pu faire la même choses en Egypte. Après tout il a fait pendre Sayyid Qutb, le fondateur des frères Mulsumans.

Mais le nationalisme arabe et iranien n’a pas été écrasé. Et comme le torrent des revendications nationalistes n’avait pas d’autre issue, il s’est incarné dans le fondamentalisme islamique, bien plus difficile à gérer. Les nationalistes arabes avaient des objectifs rationnels. Il aurait dû être possible de trouver un modus vivendi. Avec les fondamentalistes, c’est beaucoup plus difficile.

A propos de modus vivendi, un état policier dirigé par l’armée n’est pas la pire forme de gouvernement. Mais il y a un problème, comme les adeptes d’Oliver Cromwell s’en sont rendus compte à sa mort : c’est la succession. Richard Cromwell, n’a pas fait l’affaire, en l’espace de six mois, il était devenu "Tumbledown Dick "*** et a dû retourner à l’obscurité qu’il n’aurait jamais dû quitter. Assad junior ressemble beaucoup à l’héritier de Cromwell. Sauf, hélas, en ce qui concerne son abdication bienvenue. A notre époque, seule la Corée du nord a créé une dictature héréditaire : un précédent stérile.

Nous dénonçons les massacres de civils d’Assad. Ceux des généraux égyptiens, eh bien, euh... Espérons que leurs opposants seront plus faciles à vaincre que les rebelles syriens ; cela nous évitera beaucoup d’embarras -et s’il vous plaît, pas de meurtres de bébés.

Nous croyons que nous nous efforçons d’agir suivant des critères éthiques ; la plus grande partie du reste du monde pense que nous sommes des hypocrites. Poutine est ravi de notre déconfiture, alors que nos alliés arabes sont consternés et que les Israéliens ne voient aucune raison de tenir compte de ce que disent les Etatsuniens. C’est une belle pagaille à laquelle on ne voit pas d’issue.

Bruce Anderson

Traduction : Dominique Muselet

Notes :

* Avec son slogan « I Like Ike », Eisenhower a remporté une victoire écrasante dans l’élection présidentielle de 1952 et a été réélu quatre ans plus tard.

** Thomas Hobbes est reconnu comme étant le penseur d’une bourgeoisie éclairée de pouvoir, puisque amené à résumer parfois les contraintes politiques ainsi : faire le bien de la société civile parfois malgré elle. Si l’homme emboîté dans les contraintes des destinées communes vient à protester contre ceux qui les commandent, il faudra juger de la recevabilité de ses griefs au regard des impératifs devant mener au développement de la société chaque jour renouvelée. (Wikipedia).

*** Richard Cromwell (né le 4 octobre 1626 - décédé le 12 juillet 1712) est le troisième fils d’Oliver Cromwell, Lord Protecteur d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande. Il occupe ce même poste, pendant quelques mois après la mort de son père, jusqu’au 25 mai 1659, date de son abdication. Ses ennemis le surnomment « Tumbledown Dick » (Dick qui ne tient pas debout) raillant par là son indécision.

»» http://www.independent.co.uk/voices/comment/history-is-already-against...
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