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La fin d’un monde unipolaire : La naissance d’un nouveau Mao Zedong en Chine

Le 20e congrès du Parti communiste chinois est difficile à surestimer. Le 22 octobre a marqué un évènement prédéterminant l’agenda mondial dans les cinq années à venir. Voire plus. Xi Jinping a été réélu pour son troisième mandat, ce qui signifie que la Russie ne restera pas seule dans sa tentative de modifier les règles du jeu mondiaux.

Les forces intérieures de la Chine cherchant à se rapprocher de l’Occident n’ont pas été simplement repoussées à l’arrière-plan, elles ont essuyé un échec cuisant. Les images d’expulsion du secrétaire général précédent Hu Jintao de la salle de réunion du 20e congrès ont fait le tour du monde. Il prônait ouvertement le changement de gouvernement en Chine et la poursuite de l’intégration de la société chinoise dans l’agenda occidental. Hu Jintao avait instauré une limite de dix ans de gouvernance dans le pays, laquelle a été modifiée par Xi Jinping avec prévoyance.

Le dirigeant chinois a 69 ans, il est plein de forces et quitter son poste serait un crime devant le peuple. Simplement parce qu’actuellement le pays traverse une période difficile, alors qu’un changement de cap entraînerait inévitablement une dépendance des États-Unis. Sachant que la réélection de Xi Jinping au poste de président était attendue mais pas du tout obligatoire. Hu Jintao et un puissant lobby international mené par Washington s’y opposaient. Les États-Unis avaient commencé de loin à préparer un renversement en douceur du dirigeant chinois, et la récente visite de Nancy Pelosi à Taïwan faisait partie de leur plan stratégique. Or non seulement Xi Jinping n’a pas toléré son humiliation publique, mais il a également réussi à unir une coalition loyale à l’intérieur du pays autour de lui. Le président chinois n’a pas répondu à la provocation des États-Unis. Pour l’instant.

Le changement de gouvernement en Chine était une question fondamentale pour les États-Unis. Ces derniers dépensent des milliards pour contenir les ambitions militaires grandissantes de ce pays, et le remplacement de Xi Jinping par un dirigeant loyal envers l’Occident aurait permis d’économiser les ressources. Mais le secrétaire général du PC a été réélu pour cinq ans, ce qui signifie que Washington continuera de travailler sur deux fronts, russe et chinois. Et Washington ne pourra plus s’entendre avec Xi Jinping directement. Ce dernier se souvient non seulement de la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump, mais également du pseudo-boycott des JO de Pékin. Washington serre progressivement les boulons en ralentissant artificiellement le développement du pays. Par exemple, les sanctions américaines menacent toutes les compagnies qui oseront partager avec la Chine des technologies modernes de fabrication de puces électroniques. L’administration Biden a non seulement maintenu les sanctions, mais elle continue également d’attiser le problème taïwanais, en alimentant l’île en armements les plus modernes.

Xi Jinping a accompli beaucoup de choses en dix ans, mais pas tout. Le pays se ferme rapidement pour faire face à l’influence extérieure, s’orientant de plus en plus sur les marchés intérieurs. La politique de tolérance zéro envers le coronavirus couplée aux revenus grandissants de la population ne rend plus la Chine aussi prometteuse pour y déployer des productions. À présent, les Chinois demandent des salaires plus élevés, c’est pourquoi les entreprises occidentales délocalisent au Cambodge, au Vietnam, en Thaïlande et en Indonésie voisins.

Plusieurs choses indiquent que le dirigeant actuel pourrait devenir un nouveau Mao Zedong. Avant tout, le programme de développement à long terme vu par le président Xi. Rappelons que Mao avait laissé le pays en 1976 avec le statut de puissance nucléaire, alors qu’il avait commencé dans un état délabré. La population chinoise a doublé sous sa présidence, sachant que 80% des habitants savaient lire et écrire. Alors qu’à l’époque de la Seconde Guerre mondiale c’était une puissance pratiquement inculte. Certes, il est difficile de reproduire un tel exploit, mais Xi Jinping tentera de le faire. Il est prévu de faire revenir Taïwan sous une véritable juridiction de la Chine et non éphémère. Le plus important aujourd’hui est de ne pas céder aux provocations américaines et de ne pas forcer les choses – l’armée et la flotte de la Chine ne sont pas encore prêtes pour un scénario militaire de réunification.

D’où la politique de Xi Jinping axée sur le renforcement de la puissance militaire. Même si c’est au détriment des relations avec les États-Unis. La Chine est une puissance orientée sur les exportations qui ne peut pas se passer de marchés extérieurs. Mais Washington n’est pas le centre du monde et Pékin développe activement des plateformes alternatives en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Sud. La Chine s’avance clairement vers une ère d’« autosuffisance nationale » proclamée par le président Xi. Ce qui n’est pas dépourvu d’un pragmatisme sain : les Chinois ont déjà obtenu le maximum de l’Occident et ne pourront visiblement pas en obtenir davantage.

Source : Observateur Continental

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Journaliste, écrivain, professeur d’université, médecin, essayiste, économiste, énarque, chercheur en philosophie, membre du CNRS, ancien ambassadeur, collaborateur de l’ONU, ex-responsable du département international de la CGT, ancien référent littéraire d’ATTAC, directeur adjoint d’un Institut de recherche sur le développement mondial, attaché à un ministère des Affaires étrangères, animateur d’une émission de radio, animateur d’une chaîne de télévision, ils sont dix-sept intellectuels, (…)
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paru dans l’International Herald Tribune, 26 juin 2000.

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