La Grèce est l’agneau sacrificiel de la zone euro

En dépit de mesures d’austérité sans précédents, la dette de la Grèce s’accroît sans cesse et l’on commence à se demander si le gouvernement grec a bien fait de suivre les conseils de l’étranger et de submerger son pays de dettes qu’il ne pourra jamais rembourser.

Les récents développements indiquent que les épouvantables mesures d’austérité imposées au peuple grec ont échoué et n’ont servi qu’à provoquer une récession économique incontrôlable. C’est particulièrement inquiétant étant donné que les inspecteurs européens de la dette sont actuellement en Grèce pour décider s’ils vont injecter ou non plus de fonds dans le pays.

Le gouvernement grec a dit que si on ne lui donne pas d’argent, il ne pourra pas payer les factures de ce mois-ci, mettant ainsi le pays en difficulté au bord de la faillite.

Pour être précis, c’est la question à 450 milliards —le total de ce que la Grèce doit aujourd’hui.

"On ne pourra jamais payer ça —soyons sérieux," s’exclame l’économiste Kiriakos Tobras.

"Vous pensez que la Grèce pourrait rembourser 450 milliards ? Il faut être idiot pour le croire" conclut-il.

Le gouvernement grec ne sait plus quoi faire. Ils peuvent continuer à essayer d’imposer leurs strictes mesures d’austérité, mais cela continuera à provoquer les violents heurts entre la police et les manifestants qui ont lieu depuis quelques mois. Ou alors ils choisissent de faire défaut.

Les leaders de la zone euro répètent avec insistance que la faillite n’est pas une option. Ils craignent que la faillite de la Grèce ne cause un effondrement financier de toute la zone euro.

Mais il semble que derrière les portes closes on envisage d’autres options.
"Il y a de grandes chances que la Grèce fasse faillite, on le sait depuis une an et demi, parce que lorsqu’un pays a une dette de l’ampleur de celle de la Grèce, il est impossibles d’imaginer que l’austérité puisse parvenir à la réduire —de sorte que la faillite a toujours été la seule issue," révèle Yiannis Varoufakis, professeur à l’université d’Athènes.

A mesure que les spéculations sur la faillite se prolongent, il devient clair qu’il y a des problèmes structurels dans le fonctionnement de la zone euro.

"Je pense que les citoyens ont le droit de connaître la vérité "insiste le Professeur Varoufakis. "Pour le moment on cache aux gens les vrais causes et on leur désigne la petite Grèce comme le coupable. La petite Grèce, aussi inconséquente se soit-elle montrée dans le passé, n’est pas, et n’a jamais été capable de déclencher une crise financière mondiale."

Alors qui est responsable en réalité ?

L’économiste Kiriakos Tobras pense que "ce que nous vivons en Grèce aujourd’hui est une occupation financière —c’est une nouvelle forme de guerre. C’est une occupation internationale par le crime organisé de la finance internationale."

Cela fait 18 mois que le gouvernement ampute impitoyablement les salaires, augmente les impôts et réduit les pensions. En échange il a reçu des milliards de dollars de prêts. Maintenant on attend la nouvelle injection de 8 milliards d’euros et beaucoup de gens se demandent si tout cela en valait la peine.

"Laissez-moi vous donner un autre chiffre. La dette s’élevait à 119% du PIB quand tout ceci a commencé, elle se monte maintenant à 150% et le rapport du FMI prévoit que l’année prochaine elle se montera à 189%. Donc en tout juste deux ans, la Grèce a sacrifié son propre peuple et obtenu comme seul résultat la stagnation économique" a dit le professeur de droit constitutionnel, George Katrounglas, à Russia Today.

"Non seulement ils ne réduisent pas la dette —mais la dette augmente à une vitesse alarmante."

Les manifestations et les grèves sont désormais quotidiennes et le gouvernement grec doit faire face à une grave crise de confiance dans son électorat. Financièrement dans le rouge et politiquement dans le noir, le peuple grec perd patience.

Si la Grèce fait défaut, l’avenir de la zone euro sera incertain.

Mais beaucoup de gens pensent que si la Grèce ne le fait pas, elle s’enfoncera toujours plus dans la débâcle économique et financière.

Pour consulter l’original : http://rt.com/news/greece-default-austerity-mutiny-891/

Traduction : Dominique Muselet pour LGS

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COMMENTAIRES  

04/10/2011 12:00 par dominique

Etienne Chouard en parle beaucoup de la Grèce, le seul endroit au monde qui ait connu la démocratie (pendant 200 ans dans l’antiquité) selon lui.

Il est interviewé sur http://www.agoravox.tv/actualites/politique/article/etienne-chouard-nous-ne-sommes-pas-31756 et il explique pourquoi nous ne sommes pas en démocracie car dans une démocratie les hommes politiques devraient être tirés au sort comme à Athènes pour éviter qu’ils ne soient achetés par les plus riches comme c’est forcément le cas dans un système représentatif comme nous le connaissons (puisque les plus riches paient les campagnes électorales des politiciens qui deviennent leur obligés). C’est à ses yeux la même chose que la dette qui asservit les peuples.

Il dit aussi que l’éducation populaire (suivie d’un bref soulèvement) est les seul moyen de combattre l’oligarchie et d’instaurer des assemblées constituantes indépendantes car non élues mais tirées au sort pour un seul mandat et surveilleés par des organismes eux aussi tirés au sort.

Comme il dénonce les aberrations du système représentatif actuel et s’attaque aux banques et à la mondialisation, il se fait traiter de fachiste et d’antisémite (sur indyamétrie par exemple).

04/10/2011 12:04 par dominique

Et un autre article interessant sur la Grèce qui démonte le discours raciste dominant selon lequel les Grecs seraient les coupables :

On va droit au "génocide financier" : http://www.presseurop.eu/fr/content/article/977471-va-droit-au-genocide-financier 22 septembre 2011 - Die Presse - Vienne

Ainsi les Grecs "refusent d’économiser" ? Un juriste de Vienne, qui a un pied-à -terre à Athènes, les a observés au quotidien. Sa conclusion : ils économisent à en crever. Günter Tews

04/10/2011 18:59 par Dominique

Il ne faut pas oublier cet article du Grand soir : L’endettement de la Grèce au profit des industries militaires. http://www.legrandsoir.info/l-endettement-de-la-grece-au-profit-des-industries-militaires.html#forum72633

Il y a aussi La Grèce est endettée mais surarmée. Cherchez l’erreur ! http://www.marianne2.fr/La-Grece-est-endettee-mais-surarmee-Cherchez-l-erreur_a207086.html
Ce dernier article contient de nombreux détails tous plus scandaleux les uns que les autres. A lire et à faire circuler absolument. Entre autre, on y retrouve des banques, en pleine crises de subprimes, financées par les états, qui prêtent des milliards à la Grèce pour acheter des armes.

05/10/2011 00:13 par gérard

L’Europe est à l’heure actuelle dans une totale impasse.
Une ou des solutions existent mais personne ne veut, n’a le courage d’en parler, de les proposer : ce n’est pas la Grèce qui doit sortir de l’Euro, mais L’Allemagne, l’Autriche, les Pays Bas, et je ne sais plus quel autre pays encore, ceux dont l’économie peut supporter une monnaie aussi forte que l’Euro.Il faudrait créer pour ainsi dire deux zones Euro, les blocs "monnaie forte",...et les autres, Italie, Espagne, Portugal, Grèce etc....et la France !
L’Euro a été créé sur des bases de disparités économiques entre tous les États la constituant tellement énormes, que seule une volonté économique et politique de grande envergure,aurait pu faire réussir ce projet...Rien n’ayant été fait dans ce sens, maintenant il est trop tard !
"Un homme Politique se soucie de son Pays, un politicien de sa réélection"
Et l’Europe est gouvernée par pire même, par des "politicards". Après avoir tant vanté "l’Europe, l’Europe, l’Europe !!! Comment imaginer une seule seconde qu’ils vont maintenant avouer :" Excusez nous, on s’est trompé, l’Euro, et par conséquent l’Europe, ça ne fonctionne pas...il faut tout revoir, il y a des "problèmes" !..."
Ils ne sont pas suicidaires quand même !
Il faudrait impérativement un genre de "new deal", redéfinir (entre autre)intégralement le système bancaire et la création monétaire...mais ça !
"Tous ruinés dans 10 ans", prévoyait J.Attali, ce n’est pas mon "diagnostiqueur" préféré loin de là , mais il a dit ça il y a combien de temps déjà ?2...3 ans ?...il était optimiste !
Et comme "d’habitude" ce ne sont pas les riches qui vont payer les pots cassés, mais les classes populaires et moyennes !

05/10/2011 22:19 par babelouest

Il y a longtemps que la seule solution mondiale (j’insiste sur ce dernier terme) réside dans un moratoire général et définitif de toutes les dettes de tous les pays envers les banques (privées) . Celles-ci ne se sont pas privées (c’est le cas de le dire) d’approvisionner grassement leurs actionnaires en dividendes éhontés. Les grandes sociétés industrielles également. Il est non seulement juste, mais logique que ces actionnaires, spéculateurs, fonds d’investissement, paient à leur tour ce qu’ils ont arraché aux nations et à leurs ressortissants modestes et pauvres.

Ceci dit, en Grèce le problème se complique de dispositions aberrantes contenues dans leur Constitution même : exonérer de tous impôts prêtres et armateurs constitue une anomalie sévère. Et comme le cadastre n’existe toujours pas, comment imposer les propriétaires des somptueuses villas ? Ne faire payer que les plus démunis ne mène pas loin.

06/10/2011 18:53 par Anonyme

Impressionnantes images de la répression en Grèce

C’est aujourd’hui le deuxième jour de grève générale en Grèce. Ces images, quio ne sont pas parvenues aux médias, reflètent comment la police du pays a traité les manifestants sur l’emblèmatique place Syntagma [Constitution] à Athènes, hier 5 Octobre. Personne ne parle d’intervention de l’OTAN.

Un commentaire :

Et pourquoi nous ne demandons pas l’intervention de l’ONU ?

Formellement, avec toute l’éthique et la rhétorique dont nous sommes capables.

Il serait interessant de voir la réponse de l’ONU-OTAN.

http://www.cubadebate.cu/fotorreportajes/2011/10/06/impresionantes-imagenes-de-la-represion-en-grecia-fotos/

06/10/2011 23:31 par dominique

Il est capital que les soulèvements grecs soient réprimés car c’est le test pour l’oligarchie européenne. Si la police militarisée grecque ne parvenait pas à réprimer les manifestants, cela indiquerait aux autres pays qu’il faut renforcer leur dispositif répressif.

Il est hors de question que la finance et les multinationales qui contrôlent l’occident paient pour leur crise et les politiciens à leur botte enverront leurs armées tuer les peuples pour que les riches puissent continuer a se gorger des profits et à faire payer les pertes aux contribuables.

Il est même probable que les dirigeants européens s’associeront pour envoyer leurs armées réprimer les mouvements populaires dans tel ou tel pays. Je ne crois pas qu’aujourd’hui la foule l’emporterait comme en 1789 .. Il faut trouver autre chose !

Peut-être que, comme je l’ai lu quelque part, c’est seulement lorsque la pénurie se généralisera et que les I% qui confisquent l’essentiel des richesses et leurs clients commenceront à se bouffer entre eux que nous en seront libérés...

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