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la noyade.....

La mer Egée est calme ce soir, la nuit qui enveloppe la gigantesque barcasse qui troue la flotte ne laisse rien voir de la destinée du rafiot.

C’est par ces nuits sans étoiles, ces obscurités sans lunes que les passeurs choisissent d’effectuer les traversées …. Fuir les ténèbres de la Syrie pour débarquer dans la nuit de la Grèce ou de l’Italie…. Cet obscur voyage ne supporte aucune lumière…..

Le bourdonnement du moteur diesel, rythme les pensées des migrants, ronflement ombreux dont le rythme improbable, imprécis et pourtant régulier fait surgir à l’arrière de la coque des bulles éphémères qui disparaissent sans même avoir laisser un scintillement, un éclat…..

Ce soir la nuit est parfaitement noire.

Bouzid est assis, tout près du moteur, le vieux a froid, enveloppé dans une belle couverture de laine blanche , il vient d’ôter son keffieh blanc et rouge de la tête pour le nouer sur ses épaules….. Bouzid, cela veut dire prospère en arabe, lui il est Druze, et pour la première fois de sa vie, a 67 ans, il quitte ce soir ses chères montagnes du Tell-Qeni, c’est lui qui a vendu ses moutons, c’est lui qui a bradé sa maison et le mobilier qui va avec, c’est encore lui qui a monnayer son quatre-quatre Lada à un barbu qu’il ne connaissait pas…. En bazardant ainsi tout ce qu’il avait, il se sent ce soir fier de son nom !

Il n’y avait plus aucun sens à subir la mitraille, les obus, les défilés des pick-up qui font voler la poussière dans les rues de son village…. Il était étranger à toute cette cohue, il ne comprenait pas pourquoi, ici à 1800 mètres d’altitude, des hommes hirsutes venaient tuer d’autres hommes, il ne pouvait supporter ces malades venus de nulle part qui avaient obligé, Bachira, son arrière-petite-fille de 5 ans à mettre ce truc sur la tête… à cacher ses belles boucles……

Bouzid n’a pas de regrets, avec ses 12 000 dollars, il a payé la traversée pour toute sa famille, il lui reste 2000 dollars, il les emmènera jusqu’à Paris.

De Paris, il connait une photo, celle qu’il a découpée et conservée, c’était la photo du Président Hafez El Hassad posant aux côtés de François Mitterrand, devant un bâtiment parisien dont la façade sud est composée de 240 Moucharabiehs, il les a compté ! Il y en 240 !

C’est là qu’il veut aller, il sait, lui qui ne s’est jamais trompé dans la conduite de sa famille, dans les conseils qu’il a donné à sa tribu, que là , devant ce bâtiment qu’il trouve sublime , il croisera la main d’un frère ou d’un ami….et il reconstruira….

C’est un coup de tonnerre qui déchire ses pensées, un énorme boucan qui enfouit les clapotis, soudain le bateau se fend en deux, des paquets d’eau salées envahissent les carrés, les cris foudroient la nuit…..

Bouzid s’accroche, il ne sait pas nager, il ne sait même pas que l’on peut savoir nager, il attrape ce ballot de linge qui flotte, par les cheveux, il agrippe Bachira qui hurle… à côtés d’eux une vielle panique, ses gestes désordonnés sont vains, il ne veut pas lâcher Bachira, il ne peut pas lâcher ce sac qui flotte, la vieille disparait sous l’eau… puis elle réapparait… comme ce bouchon de cane à pêche qui lui avait offert un militaire de passage dans son village il y a déjà si longtemps….Elle "s’enfonce puis elle remonte encore la vieille, elle est épuisée, ses gestes de moulinet la maintiennent à la surface, mais elle a déjà bu plusieurs fois de cette eau infecte….. elle crie, elle tousse, elle crache. Cette fois elle disparait de nouveau, lentement, plus comme le bouchon de la cane, mais comme un caillou que l’on jette dans un lac…… ploc… ploc… ploc… font les bulles qui explosent à la surface…..

Bouzid s’agrippe, se cramponne, il étrangle presque ca petite fille tant il sait que cette fois ci, encore une fois, c’est sur lui que compte le destin….

Combien de temps a-t-il été balloté ainsi par les flots ? Combien de corps en croix a-t-il croisé à la surface de l’eau ? Ou sont passés Achir, Barizza, et chakib ? Ont-ils trouvé un morceau de bois ou quelque chose pour se maintenir en vie ? Ont-ils sombrés comme le bouchon que la carpe attrape, sont-ils morts foudroyés comme ce jeune homme qu’il a vu mourir instantanément dès lors qu’il fut en contact avec la mer….

Il ne sait pas, hébété, sur une plage, enveloppé dans une couverture en fer doré ….avec une croix rouge dessus, il écoute les cris de policiers… affairés autour de cadavres… ils parlent fort, il ne comprend rien… et celui-là qui lui répète pour la vingtième fois : « come ti chiami ? »

2562576508_c1e4e72a6b.jpgIl sourit Bouzid, Bachira est là belle et vivante, dans ses bras encore tous serrés, demain, dans une semaine, dans un mois…. Il sera à Paris…

A cet endroit pile où le Président Hassad est photographié en ami !

« Come ti chiami ? » qu’il hurle l’autre avec sa casquette galonnée…

Bouzid, ça veut dire Fortuné et Bachira cela signifie porteuse de bonnes nouvelles !

Je vais à l’institut du monde arabe à Paris !

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