« Le journalisme objectif est l’une des principales raisons pour lesquelles la politique américaine a pu être aussi corrompue depuis si longtemps » - Hunter S. Thompson
L’organisme sans but lucratif de publication WikiLeaks a divulgué le 22 Juillet, 19252 courriels et 8034 pièces jointes envoyés ou reçus par le personnel du Comité National Démocrate (CND). Les courriels révèlent de nombreux cas de comportements non professionnels, contraires à l’éthique et peut-être illégaux, y compris des tentatives concertées de saper Bernie Sanders, ainsi qu’un favoritisme évident envers Hillary Clinton.
Plus précisément, les courriels révèlent - parmi des milliers d’autres choses – que le CND a conspiré pour faire publier de fausses informations sur Trump par l’agence de presse Reuters ; des partisans de Hillary ont infiltré l’équipe de campagne de Sanders ; un super PAC [structure typique des élections US créée par un candidat pour recevoir les dons destinés à financer sa campagne. Dans la pratique, structure permettant de contourner les limites de dépenses imposées aux candidats – NdT] a payé de jeunes électeurs pour riposter aux partisans de Sanders sur Internet ; une taupe a travaillé à l’intérieur de l’équipe de Sanders ; la mise en avant de la religion de Sanders pour effrayer les électeurs des états du sud ; la possibilité d’une affaire de blanchiment d’argent pour contourner les limites légales ; un auteur de Politico qui a envoyé ses articles au CND avant de les envoyer à son rédacteur en chef ; la remise à [la chaîne de télévision] CNN des questions qu’ils voulaient voir posées lors des interviews ; le CND demandant le retrait d’une émission de commentaires politiques sur la chaîne MSNBC.
Il n’est donc pas surprenant que l’élite des États-Unis exerce une énorme pression sur le gouvernement de l’Equateur pour forcer Julian Assange - le fondateur et rédacteur en chef de WikiLeaks – à sortir de l’ambassade équatorienne à Londres, un acte qui conduirait certainement à son arrestation par les autorités britanniques. À son crédit, l’Équateur a réaffirmé son engagement à fournir l’asile politique à Assange.
Dans le même temps, après quatre années de tergiversations, les procureurs suédois ont cette semaine exprimé leur intention d’interroger Assange dans l’enceinte de l’ambassade, quelque chose qu’ils auraient pu facilement faire n’importe quand. En effet, ceux qui croient que (la procureure suédoise) Marianne Ny avait vraiment à cœur les intérêts des deux femmes impliquées dans l’affaire doivent désormais se demander pourquoi elle a permis à certaines accusations de son enquête sur les allégations d’agression sexuelle d’être abandonnées - comme ce fut la cas l’année dernière - parce que la date limite pour la mise en accusation avait expiré. Étant donné que la Suède est maintenant prête à interroger Assange dans l’enceinte de l’ambassade, pourquoi ne l’ont-ils pas fait plus tôt, pour le bien des femmes concernées ? La seule conclusion possible est que nous avons affaire – et cela a déjà été affirmé par plusieurs analystes sérieux – à une enquête purement politique et qu’Assange a raison de craindre pour sa sécurité. Avec quelques autres journalistes, notamment John Pilger, nous avons dénoncé à plusieurs reprises le cas burlesque contre Julian Assange. En Juin 2014, à l’occasion du deuxième anniversaire de l’asile d Assange dans l’ambassade, voici ce que j’avais écrit :
Les lecteurs qui sont ouverts à la possibilité qu’ils ont été induits en erreur sur cette affaire doit d’abord suivre ces liens et les lire / regarder dans leur intégralité :
Une liste de Questions Fréquemment Posées publiée ici explique les circonstances générales de l’affaire.
Cette courte vidéo fournit également un résumé clair et informatif.
Plus loin :
Peut-être l’aspect le plus troublant de la réaction du public, souvent hostile au sort de Julian Assange, est la présomption largement répandue que les intention des Etats-Unis, et leurs proches alliés la Grande-Bretagne et la Suède, seraient louables. En dépit de l’appareil de surveillance intrusive de masse exposée par Edward Snowden, grâce à qui des méthodes quirappellent la Stasi est-allemande ont été exposées au yeux du monde entier ; en dépit de la longue histoire documentée des opérations clandestines illégales menées par les organismes des États-Unis comme COINTELPRO, Opération Mockingbird, Opération CHAOS et bien d’autres ; malgré des dizaines d’interventions et de bombardements illégaux de nations souveraines ; malgré les multiples coups d’état parrainés par la CIA qui ont renversé des dirigeants démocratiquement élus par des dictateurs sanglants ; malgré les nombreux faux complots terroristes concoctés par le FBI pour justifier l’attribution de [vastes] ressources à la « guerre contre le terrorisme » ; malgré les deux poids deux mesures assez fous qu’on constante dans les milieux du renseignement... en dépit de toutes ces réalités documentées, c’est à se demander en effet pourquoi toute personne sérieuse présumerait l’existence d’une quelconque mauvaise intention. En réalité, et compte tenu de la liste ci-dessus, une personne intelligente présumerait certainement l’exact contraire.
Une importante stratégie de communication adoptée par la campagne de Clinton en réponse aux fuites du CND a été de répandre massivement la réponse « c’est la faute à la Russie ». Compte tenu des révélations dans les documents fuités des liens étroits entretenus avec le principaux médias, il n’y a rien de surprenant à voir les journalistes serviles et les experts la répéter comme des perroquets. Cette stratégie « choc et effroi » est efficace car elle se nourrit des forts sentiments anti-russes qui ont été exacerbés ces dernières années sur plusieurs fronts tout en faisant dévier l’attention du sujet principal (à savoir le contenu des courriels publiés) vers une cible déjà éprouvée et testé : Vladimir Poutine.
Un aspect notable de cette fureur est la mise en évidence de la réponse systématique des figures dominantes devant des actions qui exposent la corruption endémique du système dont ils dépendent pour exister. Les journalistes des grands médias ont tendance à insister lourdement sur leur « objectivité » - l’absence supposée de parti pris. Mais dans le même temps, ils se moquent d’autres médias comme Russia Today ou TeleSur, surtout lorsque ces derniers diffusent des informations qui vont à l’encontre des récits officiels occidentaux.
La tactique habituelle pour présenter cette « objectivité » est d’introduire une histoire de manière posée et professionnelle, avec l’assistance de graphiques de haute qualité accompagnées - le cas échéant - d’effets sonores inquiétants. Une analyse plus approfondie est alors fournie avec l’aide d’un ou plusieurs « experts », qui ont parfois des avis divergents. Dans le cas des fuites du CND, par exemple, un membre de la campagne de Clinton pourrait faire face à un porte-parole de Trump. Ainsi, l’objectivité annoncée et garantie ( « juste et équilibrée ») fait illusion tant que deux points de vue différents se confrontent.
Pour un spectateur occasionnel, cette approche paraît (à tort) comme impartiale et objective. Dans le cas des fuites du CND , alors que les deux experts peuvent être d’avis divergents - voire opposés - ils se limiteront néanmoins tous les deux dans la zone de confort du consensus néolibéral. Le camp Clinton accusera (sans preuves) la Russie ; le camp Trump dira (à raison) qu’une telle affirmation est une tentative de détourner l’attention du contenu des courriels. Aucun des deux ne pourra jamais parler de la profonde corruption des deux principaux partis, et même à tous les niveaux de gouvernement ; ni suggérer l’idée qu’il pourrait y avoir d’autres d’autres façons d’organiser des élections démocratiques - voire des sociétés - au-delà du bipartisme gangrené et un statut quo totalement discrédité.
Ce n’est que du pseudo-journalisme qui refuse de se confronter au pouvoir ou de lui demander des comptes. Il traite les sujets d’actualité uniquement dans un cadre néolibéral qui n’est jamais remis en question. Dans les rares occasions où des voix plus radicales se font entendre dans les grands médias, elles sont habituellement salies ou simplement écartées ou ignorées. Ceci se répercute aussi dans les médias sociaux, où la dissidence ou des propositions de politiques alternatives radicales, même lorsqu’elles sont formulées poliment, se heurtent aux railleries et parfois au mépris des journalistes traditionnels.
Et pendant ce temps, les revenus publicitaires doivent être maintenus grâce à des conflits artificiels et aux surenchères.
L’info+ est un produit bien léché qu’il faut vendre. Un outil incapable de générer un changement progressiste mais qui est au contraire au service de la promotion et de la consolidation du profit et du pouvoir.
Cette foi inébranlable des médias dans leur propre objectivité et le mépris qu’ils affichent pour Russia Today et d’autres médias contestataires de la narrative occidentale est risible car plusieurs études sérieuses démontrent leur partialité systématique et profonde. Pas plus tard que cette semaine, un rapport de BBC Trust a constaté que « la BBC a une « forte dépendance » envers le parti au pouvoir pour les statistiques, avec les conservateurs qui sont à l’origine de près des trois quarts de toutes les statistiques citées par les politiciens, selon un rapport du Conseil d’administration de la société. [Le rapport] a également déclaré que les journalistes de la société devaient faire plus d’efforts pour « aller au-delà des gros titres » et être plus méfiants de chiffres « tirés directement d’un communiqué de presse ». D’autres études « montrent en permanence un fort penchant pro-israélienne » des médias occidentaux dans leurs rapports sur le conflit au Moyen-Orient. D’autres études encore ont trouvé à la BBC et dans d’autres médias un parti-pris « systématique » contre Jeremy Corbyn. Et peu de partisans de l’indépendance écossaise garderont un bon souvenir de la couverture des médias de la période qui a précédé le référendum.
Il est donc ironique de constater que le traitement médiatique de Julian Assange et de WikiLeaks est un bel exemple de cette fausse objectivité. Bien que tous réagissent aux accusations de partialité ou d’(auto) censure avec indignation ou même colère, en professant une forte indépendance vis-à-vis de leurs employeurs, et affirmant qu’ils ont la liberté d’écrire ce qu’ils veulent, les journalistes des grands médias presque sans exception se bousculent aux portillons pour rabaisser, ridiculiser et insulter Assange et son sort, rendant ainsi une fière chandelle aux auteurs des crimes révélés par WikiLeaks en détournant l’attention vers une cible facile. Alors que certains journalistes peuvent admettre la nécessité de protéger les dénonciateurs, ils vont néanmoins servir fidèlement les intérêts impériaux en déviant le débat vers des questions triviales de rancœurs personnelles : une simple recherche rapide sur Internet donnera des centaines d’articles méchants centrés sur des préoccupations personnelles mesquines tout en esquivant le sujet principal – les crimes exposés.
Une simple expérience : un fichier mystérieux contenant les courriels du CND est subrepticement glissé sur le bureau d’un journaliste (appelons-le Jack Smith) d’un grand média comme le New York Times. Comment Jack réagira-t-il en découvrant son contenu ?
Une fois l’authenticité du contenu vérifiée, les premiers mots qui viendront à l’esprit de notre héros seront probablement : « gigantesque merdier à l’échelle galactique ». Jack se rendrait immédiatement compte des implications d’une telle bombe larguée au beau milieu de la campagne de Hillary Clinton, à un moment aussi crucial ; les dégâts énormes qui pourraient être provoqués à l’une des personnes les plus puissantes et connectées au monde. Quelqu’un croit-il sérieusement que Jack irait de l’avant et écrirait un article - le scoop de l’année - tout en rêvant de Prix Pulitzers ?
Tout d’abord, il sait qu’il doit passer par ses patrons tout en sachant parfaitement que les rédacteurs en chef au New York Times ne le deviennent pas en étant des imbéciles politiques. Décide-t-il de faire cavalier seul et d’écrire de façon indépendante, de trouver une publication alternative ? Il connaît le contenu - les courriels contiennent clairement des preuves de corruption systématique et de favoritisme au sein du CND. Il ne fait aucun doute que c’est une question d’intérêt public, en particulier à la lumière du fait que Clinton est le favori des parieurs pour remporter la présidence. Le peuple étasunien a sûrement besoin de savoir ce que leur président potentiel et l’appareil de son parti ont fait pour saboter délibérément la seule opposition sérieuse, Bernie Sanders, qui a enthousiasmé et inspiré des millions de personnes, en particulier les jeunes déçus par l’ordre néolibéral.
Jack se souvient pourquoi il est entré dans le journalisme. Le droit des gens de savoir. Imposer la Vérité au pouvoir et lui demander des comptes. Toutefois, la patate est certainement trop chaude. Il a une hypothèque sur sa maison, les enfants dans des écoles privées, les factures médicales, un excellent travail dans le plus célèbre quotidien au monde ... et il ne sait que trop bien ce qui peut arriver à des journalistes qui dérangent les mauvaises personnes. L’éventualité d’un départ à la retraite très prématurée pour passer plus de temps avec la famille et probablement un ostracisme de la part des médias est une possibilité bien réelle ... peut-être même pire.
Non, Jack décide de passer le bébé à ses patrons et de les laisser faire ... et retourne ensuite à ses analyses détaillées des dernières déclarations extravagantes de Donald Trump. Après tout, se dit Jack, le public a également besoin de connaître les dangers d’une présidence Trump.
Heureusement, nous n’avons pas besoin d’imaginer une expérience pour savoir ce que les rédacteurs du New York Times font avec des informations politiquement embarrassantes, surtout si elles peuvent faire trébucher une candidate de l’élite, même si l’information est essentielle pour notre compréhension avant l’élection :
Un éditorial du New York Times de Byron Calame, le 13 Août [2006] révèle que le journal a retardé la publication d’une histoire sur le programme d’espionnage intérieur illégal de l’administration Bush pour après l’élection de 2004, puis a menti à ce sujet.
Le 16 Décembre 2005, le Times a rapporté que le président Bush avait autorisé la National Security Agency (NSA) à surveiller des milliers de conversations téléphoniques et de courriels aux Etats-Unis sans l’approbation d’un tribunal. À l’époque, le Times a reconnu qu’il avait, à la demande de l’administration Bush, retardé la publication de l’information, en disant qu’il avait été retardé « pendant un an ». Ce laps de temps laisse penser que le journal a pris la décision de retarder la publication de l’histoire jusqu’à l’après élection présidentielle de 2004.
Un tel retard est, en soi, impardonnable, et a provoqué des critiques. A présent, nous apprenons, dans une interview avec le rédacteur en chef Bill Keller par Calame, que les discussions internes au Times au sujet des projets d’’article avaient « traîné pendant des semaines » avant l’élection du 2 Novembre 2, 2004, qui a vu la victoire de Bush.
« Le processus, » souligne l’auteur, « a inclus des entretiens avec l’administration Bush. » Une nouvelle mouture de l’article a fait l’objet de discussions au sein du journal « moins d’une semaine » avant l’élection.
Il ne s’agissait pas d’un scandale sexuel trivial ou d’une peccadille commise par l’un ou l’autre des principaux candidats. Il s’agissait d’une importante question politique qui touche aux libertés civiles garanties par la Constitution et les droits démocratiques fondamentaux.
L’électorat avait le droit de savoir que le président sortant avait systématiquement enfreint la loi afin de faire mettre sur écoute, secrètement et sans mandat judiciaire, les communications des citoyens américains. Comme le Times en était bien conscient, des illégalités similaires – mais à plus petite échelle – figuraient parmi les accusations portées contre Richard Nixon dans l’article 2 de sa mise en accusation, intitulée « abus de pouvoir » et approuvé par la Commission judiciaire de la Chambre des représentants en Juillet 1974, conduisant à la démission de Nixon le mois suivant.
Imaginons à présent ce que ferait un journaliste indépendant (John Smith). Dans une large mesure, cela dépendrait de son courage, car John sait qu’en publiant cette histoire, il s’attirera une avalanche de critiques et de calomnies. Il aurait presque certainement à faire face à des appels pour une enquête criminelle sur l’origine de la fuite, sans parler des accusations inévitables de « travailler pour les Russes ». Des accusations d’« ingérence dans le processus démocratique » seraient lancées. Ses collègues journalistes le fuiraient comme la peste, soit en refusant de commenter soit carrément en le dénonçant et en s’interrogeant sur sa motivation, l’argent étant sûrement la première. Le tout sans preuves, bien entendu. Un journaliste courageux irait de l’avant malgré tout, ou choisirait peut-être un itinéraire plus prudent et enverrait les fichiers anonymement à une organisation comme WikiLeaks.
Cette expérience démontre pourquoi WikiLeaks est si essentielle pour une véritable transparence et une responsabilisation... et pourquoi les journalistes des grands médias en sont là où ils sont, à se construire une carrière brillante jalonnée de prix et accompagnée d’un laisser-passer pour fréquenter les riches, célèbres et puissants.
Le scénario John Smith peut paraître familier. Julian Assange a lui-même connu presque toutes ces attaques et calomnies depuis la divulgation de ces informations, comme en témoignent les réponses aux tweets sur le compte twitter de WikiLeaks.
En dépit des affirmations des « experts » étasuniens, il n’y a aucune preuve que la Russie soit à l’origine de la fuite, et en effet aucune preuve n’a été présentée par les États-Unis, en dépit du fait que, selon un commentaire récent d’Edward Snowden, de telles preuves seraient faciles à fournir. D’autres accusent Assange de mener une vendetta personnelle contre Clinton, et qu’il utiliserait la fuite pour endommager la campagne de cette dernière, mettant ainsi en danger l’ « objectivité » de WikiLeaks.
Assange n’a pas caché qu’il ne tenait pas Clinton à cœur et a ouvertement admis que la fuite a été programmée pour provquer un impact maximum. Cependant, c’est la deuxième accusation qui démontre clairement à quel point la pathologie néolibérale a infecté la conscience publique. Ceux qui formulent une telle accusation ont perdu l’esprit. Ils tentent instinctivement de brandir la fausse objectivité fabriquée et utilisée par les grand médias depuis des décennies. Nous avons affaire ici à des informations qui mettent sérieusement en question la pertinence d’un candidat majeur à la plus haute fonction, à partir de laquelle elle exercera un vaste pouvoir exécutif sur plus de 300 millions d’étasuniens, ainsi qu’une influence notable sur la vie de milliards de personnes à travers le monde. Mais pour ces accusateurs, ces informations nécessitent un traitement « équilibré ». Les appels à pirater la déclaration d’impôt de Donald Trump et l’incompréhension de ceux qui ne comprennent pas pourquoi Assange se pose en « obstacle sur le chemin de la seule personne capable d’arrêter Trump » se répandent aussi bien dans les forums libéraux que chez de nombreux citoyens ordinaires.
Pour toute personne sensée, il va de soi que cette information doit être rendue publique avant l’élection, et qu’elle doit toucher autant de monde que possible. La meilleure façon de le faire est de la publier à un moment où les yeux et les oreilles du monde sont fixés sur le sujet. L’objectivité n’a rien à voir là-dedans. Ce sont des documents que tout un chacun peut consulter et qui contiennent des informations essentielles qui sont à l’évidence d’un intérêt public. Les accusateurs d’Assange suggèrent-ils qu’il aurait du garder ces informations explosives sous le coude en attendant que Hillary soit confortablement installée en toute sécurité à la Maison Blanche ?
Ceux qui le pensent devraient sérieusement envisager une carrière dans le journalisme commercial :
’Les chiens de cirque sautent lorsque le dresseur fait claquer son fouet. Mais le chien vraiment bien dressé est celui qui fait un saut périlleux sans le fouet ». - George Orwell 1944
Ces mots d’Orwell peuvent, paraît-il, être appliquées non seulement aux journalistes, mais aussi maintenant à des millions de « consommateurs » des grands médias.
A l’attention de tous ceux qui croient qu’Assange est un « violeur » qui s’est « soustrait à la justice » et s’est « terré à l’ambassade » parce qu’il est un « lâche » ; à tous ceux qui se focalisent sur les actions et la personnalité d’Assange plutôt que sur le contenu des fuites publiées par son organisation ... voici mon message :
Vous ne le savez pas (encore) mais vous avez été coopté avec succès dans la campagne de propagande visant à détourner l’attention des nombreux crimes horribles et documentés des intérêts impériaux et de la corruption profonde des grandes institutions et leurs hauts fonctionnaires. Les personnes responsables de la diffusion de cette propagande riront en constatant comment ils ont réussi à vous transformer en une meute excitée par l’odeur du sang d’un homme dont le « crime » a été de celui de révéler la corruption qu’ils sont grassement payés pour cacher. Ils glousseront de joie devant votre absence presque totale d’intérêt sur des dizaines et des dizaines d’années d’assassinats en masse, de tortures, de viols, d’oppression et de coups d’état menés en votre nom, avec l’argent de vos impôts et l’appui de fonctionnaires que vous avez élus, tout en redirigeant votre colère sur un des coups montés les plus évidents (celui contre Assange) qu’on ait jamais vus... ainsi que toutes les autres distractions testées et approuvées. La seule véritable surprise pour eux est la facilité avec laquelle il ont réussi à le faire.
A l’ère d’Internet, l’ignorance est vraiment un choix - le choix entre être un cancre manipulé et un libre penseur. Des millions de vies en dépendent, littéralement. Que choisissez-vous ?
Simon Wood
Traduction "en anglais aussi on dit Burkini" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.