14 commentaires

Le blues de Cunégonde ou le népotisme dans la chanson française...

La censure ? Bien sûr qu’elle existe dans le domaine de la chanson, de la musique et plus que jamais !

1) Elle est dictée et basée sur les forces de l’argent, le népotisme et ses cohortes de pistonnages multiples ( les relations /ou pas en lien et appartenance à ses origines sociales, fils ou filles à papa ou les enfants de la baballe, le bon goût / le mauvais goût, ce qui est bien / ce qui ne l’est pas, ce qui est tendance / ou pas, à la mode / ou ringard, etc ... ). Bref, le capitalisme dans sa version la plus putréfiante : l’ultralibéralisme, avec un plus socialo-bobo : les « aides » aux associations génétiquement compatibles ( c’est-à-dire qui ont toutes une incroyable et très similaire vision artistico-culturelle ) qui sous le prétexte d’un rééquilibrage en faveur de la jeunesse, de la création etc., enfoncent encore plus le clou à droite dans la gorge de ceux qui n’ont pas l’esthétique du moment ou de convenance. (un des "monuments" en matière d’hypocrisie sélective et du bon goût temporel, institutionnalisé, ex : le festival de Bourges )

Pour pouvoir être écouté quand tu fais de la musique il faut être entendu , si cela n’est pas le cas, tu crèves. La musique qui est distribuée / écoutée en France n’a rien à voir avec ce qui est crée réellement dans l’hexagone. Il faut faire un tour dans les centaines de studios de répétitions de notre pays pour s’en faire une idée. Je vous y encourage si, bien évidemment, le cœur vous en dit, et pas que dans la région parisienne.

2) Bon, pour les personnes qui croient que le talent émerge toujours quoi qu’il arrive, cela revient à penser que les délocalisations sont dues au manque de talent des ouvriers et employés français et que oui ! Madame ! Moi, je vous le dis, les ouvriers chinois ont vraiment un immense talent car eux aux moins ils vendent leurs produits partout dans le monde.

C’est bien du talent ça ? !

Et le talent en fait, c’est quoi cette chose étrange ? Qui en a ou n’en a pas ? Qui en décide ? Des experts ? Est-ce un jury ? Des juges ? Et qui juge les juges et experts, sur leurs compétences en matière de talent ?

Bla-bla-bla, la doctrine du fameux talent n’est qu’un faire-valoir pour exécuter artistiquement les gens du peuple et au contraire encenser les personnes de la classe dominante.

C’est simple, regardez les chanteurs/chanteuses, dans une large majorité de quel milieu nous arrivent-ils ?

3) Ah, oui ! Mais enfin, il y a des exceptions : regardez untel ou untel, leurs parents étaient des ouvriers et même qu’en plus, ils étaient émigrés ; alors vous voyez bien qu’ il y a égalité des chances dans la chanson.

Ah bon ? Alors ( le peuple, cet étrange inconnu ) les plus nombreux doivent se satisfaire des miettes nommées exceptions, bien vue pour l’égalité de la déveine et la soumission d’un peuple. Mais pour l’égalité de ce même peuple devant la vie, zéro pointé.

Et oui maman, tout pour les mêmes que dalle pour les autres, l’argent va à l’argent, l’air est connu les paroles aussi, c’est la rengaine du capitalisme.

4) Qui, en toute logique, peut penser que la musique, les chansons que nous écoutons arrivent à nos oreilles par magie, apportées par le vent ?

Et bien, non ! comme pour n’importe quel produit il y a tout un réseau pour arriver jusqu’au consommateur (hou la la ! On dit amateur de musique, amoureux de l’art et de la mélodie). Et dans cette entreprise « musicale » il y a les mêmes problèmes que dans le reste de la société industrielle sauf que chut...Silence .... Il faut faire rêver le bon peuple, tout doit rester caché, tabou, pour que les artistes reconnus nous éclairent de leur magnificence. Alors que dans leur immense majorité les artisans musiciens, les faiseurs de chansons issus du peuple ou plus exactement du prolétariat sont des précaires ; aux chômages, aux RSA ou font un autre travail pour vivre et survivre, comme un prolétaire « ordinaire ».

5) La question est quand les ouvriers de PSA ,Renault, Arcelormittal, Michelin et tant d’autres... Avec 1000 raisons, sont en grève, ils font venir qui dans un concert de soutien ? ( Cela serait relativement facile de donner des noms mais bon !). Des têtes d’affiches plus ou moins reconnues par le système capitaliste qu’ils combattent et les spolie.

Mais pas les fils ou les filles de leurs voisins ou de leurs collègues de boulot qui jouent dans un groupe de Punkhardcoretrashbluesrock / chansons pourtant sympa et cool ayant les même difficultés économiques qu’eux (le chanteur est au chômage, la batteuse au RSA, le guitariste est intérimaire, etc ...) qui composent des chansons qui reflètent leurs vies, leurs perceptions du monde, celles de leurs amis, de leurs parents (ouvriers, employés).

Étonnant, n’est ce pas ?

La solidarité de classe devrait émaner ou si cela est trop demander, au moins se manifester dans le « fameux » peuple de gauche et pourtant....Rien à foutre ?...Ou j’écoute ma téloche et regarde ma radio ?...

Mais bon comme le dit mon voisin, s’ils ne passent pas à la TV c’est qu’ils sont mauvais, comme lui aussi d’ailleurs, puisqu’il est au chômage depuis que les Chinois font de bien meilleures TV que lui...

Une question très basique, Les français aiment-ils la musique populaire autant que les Anglais ou les Cubains ?

Jeannot LE CENDENT

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COMMENTAIRES  

12/08/2018 09:47 par pauvre d'eux

C’est étrange car depuis une quinzaine de jours (le grand âge peut-être) j’ai en tête une chanson de François Béranger : "Tranche de vie", que j’avais découvert au 1er festival de Bourges. Il y a 100 ans !

12/08/2018 10:59 par Dominique

Entièrement d’accord. Je le vois bien quand je joue dans la rue, si chaque personne qui passe montrait sa solidarité et me donnait ne serait-ce que 5 ou 10 centimes dans le chapeau, je serais assez riche pour acheter n’importe quel immeuble de la ville et le transformer en centre culturel.

Une chanson extraordinaire est "Sois fainéant" de Coluche car elle réussit même à jeter un froid antarctique au milieu d’un parterre de marxistes et de gauchistes. Faut dire que gauche comme droite sont bien d’accord sur l’essentiel : pas touche au productivisme. Ils vont même jusqu’à appeler défense des travailleurs et de l’économie le fait de préserver les places de travail dans les usines qui fabriquent les armes de guerre qui tuent les enfants du Yemen. Dans de telles conditions, je ne m’étonne de rien.

"La politique est le secteur divertissement du complexe militaro-industriel." - Frank Zappa

12/08/2018 19:36 par AF30

"Une chanson extraordinaire est "Sois fainéant" de Coluche car elle réussit même à jeter un froid antarctique au milieu d’un parterre de marxistes et de gauchistes "Ah, bon ? non , parce que concernant le travail et son aliénation, il y a quand même mieux : le fameux " droit à la paresse " de Paul Lafargue, le gendre de K. Marx. C’est d’un autre niveau. Je le dis sans gène parce que citer pour tout et n’importe quoi Coluche c’est lassant. Il me fait rire mais de là à en faire un saint laïque et la référence de la fin du XXème c’est un peu bourratif. D’ailleurs Coluche c’est comme l’auberge espagnole : tout le monde y met ce qu’il veut. D’ un bord à l’autre de l’échiquier politique. Et même pour ceux de nulle part. C’et vrai il a modernisé, sauce XXème siècle, le concept de la charité. Tant et si bien que certains ou certaines vont y faire un petit tour pour afficher leur bonne conscience. Ainsi de Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission d’enquête Benalla, et qui a été responsable nationale du déploiement de l’activité « accès à la justice » des Restos du Cœur.
Maintenant il faut bien reconnaître qu’en situation de délabrement de l’état social, ce genre d’asso. permet de répondre aux urgences.

12/08/2018 20:57 par Dominique

De toute façon, il n’y a qu’à regarder la définition de la musique populaire selon wikipedia :
« La musique populaire désigne les genres de musique ayant un large public et aujourd’hui généralement distribué à de larges audiences via l’industrie musicale. » selon l’aperçu de DuckDuckGo et
« La musique populaire désigne les genres de musique tirant leur origine et trouvant leur public dans les milieux populaires. Elle se développe dans un milieu urbain et industrialisé et est souvent associée à l’histoire de la révolution industrielle et technologique ayant amené la technique phonographique, ainsi qu’à l’histoire de la mondialisation. » dans l’article.
L’article n’est pas très clair car il montre clairement que ce que wikipedia appelle musique populaire n’est que la première musique commerciale de la planète et il dit aussi sans trop insister que "Si la musique populaire est souvent associée à la musique commerciale ou de masse, elle s’en distingue néanmoins par des critères qualitatifs et par sa capacité à former des communautés de mélomanes en se nourrissant de formes musicales inscrites dans diverses traditions historiques."

à aucun moment cet article ne montre que la musique populaire est non seulement inscrite dans diverses traditions historiques mais est de fait la plus grande forme musicale de par sa longévité qui accompagne l’humanité de son origine à nos jours, ni que dès l’apparition de la musique savante, elle a fait l’objet de persécutions diverses (déjà chez les romains). Cet article ne parle pas des sujets abordés par la vraie musique populaire qui sont des sujets de tous les jours, l’amour, la guerre, les despotes, etc., etc., sujets qui parlent au coeur des gens qui l’écoutent ou la chantent bien plus qu’à leur porte-monnaie.

Dans une version précédente, cet article parlait de tout ça, mais il a été supprimé sous prétexte d’être un essai personnel. Apparemment, les majors sont plus malins que les services secrets français dans leur manipulation de wikipedia : elles ne se sont pas faites pincées la main dans le sac. Ou alors les éditeurs actuels de wikipedia sont tellement coincés dans le trip consumériste qu’ils sont irrécupérables.

13/08/2018 00:50 par act

"La politique est le secteur divertissement du complexe militaro-industriel." - Frank Zappa

Sublime, j’aimais déjà Zappa, là je l’adore, merci Do.

13/08/2018 10:45 par Autrement

Oui, il y a un vrai problème de la chanson française, jadis variée et expressive, maintenant complètement insipide, tant les paroles que le rythme stéréotypé et la mélodie (si même mélodie il y a). Évidemment, la musique comme le sport est pourrie par le compétition et la concurrence à qui vendra le plus, n’importe quoi à n’importe qui. Les concours de chansons de type eurovisions ne laissent de place qu’au plus plat conformisme, ou à un anti-conformisme en toc.
Dans ce domaine comme dans celui de la culture en général, le peuple est dépossédé de son expression propre, et voué à se laisser gaver de banalités lénifiantes. La production de qualité est étouffée et noyée dans le flot ambiant de la médiocrité, et on s’aperçoit souvent que qui passe à la télé le doit à un arrivisme sans aucun rapport avec un quelconque talent musical.

Merci à Dominique (20h57) de dénoncer Wikipédia, dont l’orientation sur tous sujets est de plus en plus tributaire de l’idéologie dominante : on fait passer pour de la musique "populaire" le plus indigeste fast-food auditif ...Et la censure citée par Dominique (dernier paragraphe) est particulièrement odieuse ! S’y étalent non seulement le mépris du peuple, mais aussi la volonté de faire taire tous ceux qui voudraient contredire cette présentation des faits. La Censure est bien à l’ordre du jour.

On en est réduit à revenir aux générations précédentes et à leurs enregistrements pour les écouter chanter, et Boris Vian est en effet bienvenu ! Serait-ce de lui, et aussi des Jours heureux, que pourrait venir un sursaut ?

13/08/2018 20:55 par AF30

Une des définitions de populaire : Qui a la faveur de la population, du plus grand nombre. Par conséquent le mot ne se réduit pas aux limites que retiennent certains commentaires. Donc quoiqu’ en disent certains de ces commentaires même des merdes peuvent être populaires. Il faut ajouter qu’on accorde de manière excessive au peuple un discernement naturel et forcément bien venu. Macron président - pour prendre le dernier exemple en date - est la preuve de cet absence. Bien évidemment il ne s’agit d’un jugement de valeur.
Par ailleurs d’autres idéalisent nos années 50/60. Il y avait bien ceux dont on pense mais aussi bien d’autres choses.
Enfin la musique populaire ne se résume pas aux chansons évoquées. Ainsi le chant des exclaves de Verdi était populaire auprès du peuple italien car ce chant rejoignait leur lutte pour leur indépendance. De même également du temps de Mozart quand le peuple allait écouter ces opéras. Tout ça pour dire que les œuvres populaires sont l’expression d’une époque. Aujourd’hui nous vivons une époque dégueulasse alors la production qui tient le devant de la scène est forcément de même.

14/08/2018 09:24 par Assimbonanga

Le monde des musiciens est un monde merveilleux qui te plonge dans des satisfactions incommensurables intellectuellement, émotionnellement et sensuellement. C’est tellement roboratif et satisfaisant que tu peux t’y immerger totalement sans avoir besoin d’autre chose tant c’est riche et, du coup, nombreux sont les "artistes" qui peuvent ne faire que jouer et chanter sans se préoccuper d’autre chose, en particulier de politique.
Mais il est ardu d’y faire son trou au point d’en vivre, aussi les places sont-elles chères et la rivalité féroce, quoique nimbée d’un aspect d’urbanité et de fraternité, de détachement à l’égard des contingences matérielles. Autrement dit, ça peut être sournois comme milieu...

14/08/2018 13:55 par Dominique

AF 30, si je parle de Coluche, c’est parce que nous parlons de musique. Combien de chansons a composé Lafargue ? Au sujet de droit à la paresse, il y a d’autres auteurs comme Bernard Charbonneau qui ont prolongé la reflection de Lafargue et montré à quel point le productivisme, quelque soit son excuse politique, ne sert qu’à construire le bureaucratisme vertical et la société industrielle verticale qui mettent l’homme en esclavage - quand ils ne le tuent pas - et qui tuent la Nature. Ils ont aussi montré (avec d’autres) que les travailleurs préfèrent être des esclaves afin de pouvoir jouir du confort moderne que s’émanciper - en matière de classe révolutionnaire, on a fait mieux. Notre époque le montre bien, alors que la sixième extinction de masse qui n’est en fait que la solution finale adaptée à la nature, soit un gigantesque assassinat de masse du vivant par notre mode de vie, a déjà exterminé la moitié du vivant, ils préfèrent continuer à entretenir la machinerie technologique qu’est devenu ce mode de vie appelé civilisation, ce mode de vie suicidaire pour nous, les humains civilisés, et mortifère pour les autres qu’ils soient humains ou non humains, plutôt que d’essayer de l’arrêter et de faire autre chose. Dans ce contexte, la pub est l’évangile des temps modernes, un évangile au message unique : "Consommons plus". Face à ce message simpliste et omniprésent, la chanson a elle aussi l’avantage de la simplicité. C’est ce qui lui permet de toucher les gens.

Une autre chanson anti-productiviste est la version originale de Bella Ciao. Il y est question de travail exténuant dans les rizières du Piémont, du chef avec son bâton, de jeunesse perdue et à la fin, qu’un jour nous travaillerons en liberté.

Après c’est sur que la chanson joue sur un autre niveau que du Karl Marx, du Lafargue ou du Ivan Illich. Mais c’est le cas de tous les arts. En plus l’art est nettement moins chiant à appréhender et beaucoup largement diffusé, le problème de l’art engagé étant d’arriver à se faire entendre dans des médias largement voués au show-business et réfractaires au reste. Enfin, il ne faut pas opposer art et culture générale, cela participe du même mouvement de prise de conscience et d’émancipation, simplement par des voies différentes. L’art a le potentiel de pouvoir toucher tout le monde, ce qui n’est de loin pas le cas des auteurs politiques, lesquels ne sont lus et étudiés que par une petite minorité.

à chanter dans une rue piétonne, sur l’air de mon beau sapin :

Ma belle voiture reine d’la chaussée
Que j’aime tes volutes
Quand tout partout tu me mènes
Accompagnée de ton fumet
Ma belle voiture reine d’la chaussée
Tu gardes ton remugle
etc.

Car la chanson populaire c’est aussi ça, prendre un air connu et le mettre à jour.
Je suis amoureux d’une androïde (sur un air de Gainsbourg)...
Toute la sainte journée elle me colle à la peau
Sans elle j’ai l’air d’une paumé cherchant son héroïne...

14/08/2018 14:57 par Xiao Pignouf

Le terme censure n’est pas, me semble-t-il, utilisé à bon escient ici. On ne peut pas dire que la seule musique un tant soit peu politique aujourd’hui, en l’occurence le rap, soit censurée, bien qu’elle le soit davantage qu’à l’époque d’Assassin ou des premiers NTM. La censure, c’est la limitation de la liberté d’expression, or il n’est guère difficile de parler de tout, du moment que ces messieurs les ronds-de-cuir s’en mettent plein les fouilles : que ce soit de cul, de politique ou même de sujet touchant à la sécurité intérieure, la controverse « Médine au Bataclan » en est un exemple frappant, puisque ce n’est pas le business qui s’oppose à la présence d’un rappeur ayant des rapports bordeline avec le milieu de l’Islamisme radical dans un lieu qui y a payé un très lourd tribut.

Non, le business et par extension le pouvoir laisserait faire si ce n’était les protestations de personnes lambda, qu’ils fassent partie ou non d’une certaine frange droitarde. Le business laisse faire parce que ça rapporte, et très souvent la liberté d’expression sert d’excuse à une production de qualité médiocre. Autre exemple plus récent encore, la bagarre générale entre 2 rappeurs et leurs affidés dans un hall d’aéroport qui s’est soldée par leur incarcération : j’ai lu certains commentaires qui allaient jusqu’à plaindre ces deux imbéciles, sous le prétexte fallacieux de leur couleur de peau, prix à payer d’une justice à deux vitesses qui d’un autre côté laisse courir Benalla, conseiller élyséen à la mentalité de videur de boîte nuit... ce qui est vrai, c’est qu’ils méritent tous, Benalla y compris, un petit séjour à l’ombre. Vraisemblablement, ceux qui se désolent d’une telle injustice n’ont pas vu les vidéos où des mecs surtestostéronés se foutent sur la gueule au milieu de gens qui n’ont rien demandé, bousculent jusqu’à des enfants... la tôle est la seule destination pour de telles agissements, au moins le temps de réfléchir à leur connerie... Pourtant, le pire dans cette anecdote, c’est que c’est finalement le résultat attendu par les protagonistes et leurs fans et que la case prison leur sera bénéfique commercialement en les assaisonnant de ce que je préfère traduire par de la « crédibilité de rue », ce dont un certain style de rap (phagocytant d’ailleurs les charts en éclipsant tout autre sous-genre) est friand... encore une fois, c’est bon pour le business...

Le pendant de la production musicale populaire depuis... disons depuis les années 80, c’est sa profonde médiocrité, non seulement musicalement mais aussi de part son caractère aussi rentable qu’il est limité dans le temps, les deux étant intrinsèquement liés.

Il faut en préalable s’accorder sur le sens qu’on donne au mot populaire, qui a donné le fameux pop, et selon les pays, son sens varie entre ce qu’on appelle variété (ou variétoche pour ses pourfendeurs) et la pop, sous-genre du rock dont les représentants les plus emblématiques sont les descendants des Beatles, j’ai nommé les pop-rockeux d’Oasis. Or Michael Jackson et Serge Gainsbourg étaient eux aussi classés dans la pop. Donc, tout à la fois généraliste et spécialisant, ce vocable inclut tout ce qui a du succès, qui rapporte et qui est diffusé sur les ondes à une heure de grande écoute. Bref, les rappeurs, c’est aussi de la pop... et la pop, en tout cas une grosse partie de sa production, celle qu’on nommera de masse, est devenue jetable, comme les rasoirs et les mouchoirs, et c’est j’imagine, dans cette direction-là que Jean Cendent la pointe du doigt, et il n’est ici aucunement affaire de goût, il s’agit bien pour tout mélomane qui se respecte d’écouter de la merde... (ma gamine de 11 ans ne serait pas du tout d’accord avec moi et me taxerait d’élitisme...)

Je diverge cependant de Jean Cendent sur un point : si le système business-pouvoir est bien responsable de l’appauvrissement de la production musicale (et culturelle) de masse d’une part par un accès sans limite à des oeuvres débilitantes et d’autre part par une obstruction systématique aux oeuvres qui ont fondé la musique (j’entends les oeuvres historiques allant de l’époque médiéval au style contemporain en passant bien sûr par le classique puis le baroque) et qui sont réservé aux élites, mon bémol, le voici : de l’eau a coulé sous les ponts et elle est loin l’époque où il fallait lire les fanzines et user ses semelles dans les rangées des disquaires pour découvrir les perles qui ont toujours existé dans cette production musicale... aujourd’hui Internet, et c’est un de ses rares avantages, permet au plus grand nombre de creuser au-delà de ce que les gros pourvoyeurs de sons (qui sont les mêmes, bien qu’ils aient changé de noms, d’Universal vers Apple) veulent bien nous verser dans les portugaises. Cependant, qui le fait ? Qui va voir plus loin ? Peu de monde au final, et on se retrouve devant les mêmes symptômes que ceux qu’on déplore face à la trop grande influence télévisuelle où la paresse intellectuelle, dont on peut tous être victime à un moment ou à un autre, joue un rôle pas négligeable dans les hit-parades.

16/08/2018 18:54 par Jean Cendent

Y a-t-il une différence entre :
le R’N’B dit Soul ex : Aretha Franklin, ( décédée aujourd’hui 16 Août 2018 ) titre : Think
https://www.youtube.com/watch?v=HqYnevHibaI
et le R’N’B dit Moderne ex : Rihanna, titre : Pon de replay
https://www.youtube.com/watch?time_continue=2&v=oEauWw9ZGrA

17/08/2018 23:11 par Dominique

Avec Think, même si elle est déjà minimaliste, il y a quand même une intro musicale, pas avec Pon de replay. Avec Think, on est très proche de conditions live au niveau du mixage et de la production, tandis que Pon, malgré les apparences, a un mixage et une production beaucoup plus sophistiqués. Les deux sont typiques du travail en studio de leurs époques respectives.

Cette dernière différence surtout montre que la pop d’aujourd’hui est plus stéréotypée que jamais. Cela vient en partie qu’avec le digital, le prix des moyens de production s’est démocratisé et que tout studio peut disposer de tout une panoplie d’équipements et d’effets dont beaucoup sont des logiciels. Cela vient aussi du fait que les jeunes ne parlent plus de musique mais de son, et qu’avec les moyens techniques actuels il est plus facile que jamais de copier un son qui marche.

20/08/2018 22:05 par Jean Cendent

Bonjour, Dominique
( si, je me permet de vous tutoyez c’est pour faire plus simple et pas par manque respect )

Avec Think, on est très proche de conditions live au niveau du mixage et de la production, tandis que Pon de replay, malgré les apparences, a un mixage et une production beaucoup plus sophistiqués. Les deux sont typiques du travail en studio de leurs époques respectives.

Je suis impressionné par tes connaissances sur la « production » musicale.
Effectivement avec Think on est plus proche du live en studio puis mixage / production que tout ce qui se fait depuis une trentaine d’années et plus, de manière générale pour avoir le « gros son ». Mais c’est toujours possible (d’ailleurs, la première prise de son d’un groupe...) d’enregistrer live en studio soit par manque de moyen financier ou par choix pour « certains originaux ».
Déjà en 1968 il était possible de faire du Re-recording et pas mal d’astuces, c’est même au cours de ces années là que divers trafics sonores de toutes sortes ont été expérimenté et enregistré pour la première fois notamment en Angleterre avec les ingénieurs du son des Beatles, Hendrix et autres Pink Floyd. (Trafics sonores toujours utilisés actuellement, démultiplies, miniaturisés, et sous forme de logicielles)

Mais dans les deux cas, artistiquement cela est voulu : Pour Think c’est une production disons plus « naturelle » avec de vrais instruments et l’autre c’est le contraire plus « synthétique » à base de boucles issues de sons de logiciels et instruments virtuels.
De nos jours, il est possible de faire une production comme Think disons de même vision artistique pas identique bien sûr ou enregistrer de la même façon, avec le même son 100 % d’époque (quoique, pour certains passionnés du son vintage ?) et c’est le cas pour un bon paquet de chansons dans des styles différents.
Après bien évidement si on classe en part de marché, vu qu’à priori c’est le Rap / Hip-hop / R’N’B « moderne » qui domine il y a de forte probabilité pour que ce genre de mixage / production l’emporte « haut les mains ».
https://hiphopinfosfrance.com/rap-premiere-musique-2017/
https://start.lesechos.fr/actu-entreprises/technologie-digital/le-hip-hop-est-desormais-la-musique-dominante-aux-etats-unis-8940.php

Cette dernière différence surtout montre que la pop d’aujourd’hui est plus stéréotypée que jamais.

La Pop c’est quoi ?
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pop_(musique) (le lien ne fonctionne pas ?)
Le terme « musique pop » en français, ne correspond pas à l’anglais « pop music », ce dernier recouvrant tout ce qui est commercial et populaire
https://fr.vikidia.org/wiki/Pop
La musique Pop est une transformation adoucie du Rock’n’roll.
(Par goût personnel la définition du Wikipédia des 8-13 ans me convient.)
La définition anglaise de la pop me semble être la bonne ( et puis c’est eux qui ont inventé le mot...)
Donc vu sous cet angle, il est bien exact de dire que la pop d’aujourd’hui est plus stéréotypée que jamais sous le règne de l’ultralibéralisme.
Après les goûts et les couleurs...« pas simple ? ».

Mais, il y a les musiciens et musiciennes qui sont marginalisés, détruits, ignorés par les conséquences dévastatrices du maudit marché et qui n’ont pas forcément envie de faire un tour dans ce mauvais manège et dont nous (toi, moi, enfin « tout le monde ») ne soupçonnons même pas leurs existences ou un peu, pour les plus « débrouillards » / les plus aptes à se faire entendre. Alors à savoir s’ils sont stéréotypée et comment ils sonnent sans jamais les avoir entendu c’est de l’ordre de l’impossible (mais au niveau strictement sonore : Si, ils ou elles n’ont qu’une ou deux journées pour enregistrer et mixer, etc. à l’arrache comme on dit, vu tes connaissances, je me doute que tu comprendras ce que je veux dire par là et du résultat...)

Pour ceux que cela intéresse :
Lorsque l’on écoute des musiciens dans la rue, dans un bar, un café-concert, dans une salle, en concert, sur une scène, en « live » on écoute de la musique dite vivante (de façon « direct ») et les écouter sur un support, vinyles, cassettes, CDs, clés USB, Net, etc. C’est de la musique dite enregistrée passant par des procédés techniques qui permettent de restituer leurs musiques et donc leurs sons (de façon « indirect ») pour les écouter tranquillement chez-soi ou à fond les gamelles « en boite » par exemple. La scène et l’enregistrent (en studio) sont deux processus différents et deux espaces distincts, les musiciens ou les musiciennes doivent « s’adapter » aux « contraintes » techniques inhérentes à ces deux différents « concepts » de diffusion sonore de la musique.

Pour imager la « chose », c’est comme le théâtre et le cinéma, on visualise peut être plus facilement leurs différences de fonctionnement et modes de travail respectif ? Le théâtre / musique vivante et le cinéma / musique enregistrée. Le cinéma : Une multitude de prises et de techniques de prises de vues, de cadrages, etc. Et bien pour enregistrer la musique et les sons produits par les instruments ou les voix des musiciens et des musiciennes c’est un peu similaire . (c’est d’ailleurs pour pour cela qu’ils y a des techniciens ou ingénieurs du son, regardez svp sur vos CDs, il y a leur noms)

Cela vient en partie qu’avec le digital, le prix des moyens de production s’est démocratisé et que tout studio peut disposer de tout une panoplie d’équipements et d’effets dont beaucoup sont des logiciels.

Par digital tu désignes l’enregistrement numérique disons pour faire simple avec « l’ordinateur » par rapport à l’enregistrement analogique : Le magnétophone et la bande magnétique, cassette, le disque microsillon (le fameux 33 tours vinyle, LP)
Effectivement l’enregistrement numérique et l’ordinateur ont démocratisé l’enregistrement, le mixage, « la production » pour le ou les musiciens, musiciennes qui veulent faire ce travail chez eux, le home studio est vraiment une « révolution » qui je l’espère pourra libérer la création musicale des contraintes budgétaires liées aux impératifs : Temps de travail et tarifs des studios d’enregistrements (et du reste).
Malgré tout, pour des musiciens « pauvres » et précaires ce qui est souvent le cas en France un bon ordinateur et les logiciels pour faire un enregistrement / son / mixage de bonne qualité restent relativement chers (mais tout est cher quand est précaire) de plus, être un « bon » musicien ne signifie pas être un « bon » technicien du son qui malheureusement sont deux métiers « cousins » mais bien différents .
À moins que cela n’ait vraiment changé depuis 10 ans ( la dernière fois ou j’ai mis les pieds dans un studio d’enregistrement ) je peux dire que depuis 1990 en analogique et ensuite, disons après 2000 un mélange analogique / numérique les tarifs pour les studios d’enregistrements d’un niveau « moyen / moyen bas » avec bien sûr,« ingénieur » du son n’ont pas baissé, en gros ils sont restés constants. (autour de 200€ à 300€ par jour « 8 heures »)
Pour les studios plus « pro » là où vont les « artistes connus » cela doit varier d’un demi SMIC à un SMIC / mensuel par journée comme tarif, alors…Impossible pour les prolétaires et précaires...Après il faut attaquer avec la lutte des classes (qui est le fond du sujet de cette « article », étrangement peu de personne l’on vraiment remarqué).
Et puis la qualité d’un studio d’enregistrement dépend, à mon avis beaucoup des compétences de l’ingénieur du son et du style qu’il affectionne le plus d’une part mais c’est vraiment fondamental et des musiciens bien évidement puis aussi du rapport humain entre eux et l’ingé son .

Cela vient aussi du fait que les jeunes ne parlent plus de musique mais de son, et qu’avec les moyens techniques actuels il est plus facile que jamais de copier un son qui marche.

C’est exact, mais pas que les jeunes car il y a entre 15 et 20 ans lorsque je démarchais pour trouver des concerts à un moment donné, les personnes que j’avais au bout du fil se sont misent à dire : … envoie moi du son pour que j’écoute... Et plus, envoie moi un CD ou il faudrait que j’écoute ta musique, des chansons.

Alors, je me pose la question, est-ce que les jeunes ne suivent pas tout bonnement le chemin bien balisé des « maîtres décideurs » comme en autre, les programmateurs de salles de concerts qui se sont mis à dire pour faire brancher (en reprenant le vocabulaire de la Techno ?) : Son, au lieu de Musique ou Chanson ?

Pour les moyens techniques actuels et le copier / coller… Pas mieux.

Merci à toi .

28/08/2018 00:52 par Jean Cendent

Merci à toutes les personnes pour leurs commentaires et au Grand Soir pour avoir mis mon texte en ligne.
Chacun est libre de l’interpréter à sa manière, suivant sa propre conscience, son vécu, sa vie ou même son imagination.
Je ne peux pas répondre à toutes et tous.

Il y a bien censure, certes oui ! Les musiciens, les auteurs / compositeurs de chansons ne sont pas enfermés en prisons « quoique ? » ou en camps de concentration mais il existe d’innombrables méthodes pour censurer le prolétariat, les pauvres, les précaires en France et les faire taire ou leur interdire la parole.

La censure dont il est question est celle des trois petits singes qui posent leurs mains sur leurs oreilles, leurs yeux, leurs bouches allant de paire avec l’indifférence et « la force de frappe » des institutions étatiques et des hiérarchies en régime capitaliste.

Internet peu paraître un bon moyen pour la découverte ( et effectivement d’une certaine manière c’est le cas) mais chercher le nom d’un musicien, d’une chanson dont vous ignorer jusqu’à l’existence, c’est comme chercher dans l’annuaire téléphonique, une personne sans connaître son nom, son adresse, son numéro de téléphone.

En musique, il y a des styles que j’affectionne plus que d’autres du fait de leurs musicalités, leurs histoires, leurs messages, leurs esthétiques, leurs conceptions, etc. Mais bon à expliquer...Cela prendrait « des plombes ».
Mais les classer en pensant avec cette vision « clichée » que la musique dite classique est supérieure aux autres ? A-t-on trouvé une équation mathématique, une science exacte qui prouve que la musique de Wolfgang Amadeus Mozart est supérieure à celle Pierre Boulez elle même supérieure à celle de Django Reinhardt elle même supérieure à celle de Jimi Hendrix, etc ?
Il me semble pas ? Par contre il y a un réel problème démocratique quant à sa diffusion par rapport à ce qu’en fait le commerce industriel capitaliste.

Une musique est dite à la « mode » par le commerce industriel capitaliste (effectivement très souvent dans la musique dite « populaire ») et les autres musiques qui ne le sont pas et donc ceux qui se trouvent en première ligne, les hommes et les femmes : musiciens / auteurs / compositeurs / interprètes n’ont plus qu’à « crever », cela oui c’est un problème pour ceux qui en souffrent et parfois en meurt par suicide ou maladies du au stress, aux contextes et problèmes sociaux : anxiété / dépression / colère.
Hélas, oui ! Comme à France Télécom, sauf que dans le cas du musicien inconnu...Il n’y a pas de statistiques, et pour cause...
Bref, c’est le sens « globalement » de mon texte.

Les français aiment-ils la musique populaire autant que les Anglais ou les Cubains ?
Non, car pour cela ils faudraient qu’ils considèrent le fait d’être musicien ou musicienne comme un métier au même titre que mécanicien, boulanger ou infirmière, pas plus... Mais pas moins.

Claude Nougaro « entendu lors d’une interview » : La musique que j’aime : La musique qui me donne la chair de poule...Des frissons...

Bernard Lavillier :
De n´importe quel pays, de n´importe quelle couleur.
La musique est un cri qui vient de l´intérieur.
( chanson / Noir et Blanc )

Claude Debussy :
la musique commence là où la parole est impuissante à exprimer
fr.wikipedia.org/wiki/Musique

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