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16 commentaires

Le « home run » de la diplomatie cubaine.

Le « home run » est au base-ball ce que le but marqué d’une reprise de volée sur une passe parfaite est au foot. Le geste impeccable, réalisé dans le feu de l’action et que tous les supporters attendent et espèrent. Et qui n’est pas le fruit du hasard mais le résultat d’un long entraînement et d’un esprit d’équipe. Et d’autant plus méritoire lorsqu’on affronte pieds nus un adversaire en surnombre, connu pour ses tricheries et la violence de son jeu. Sans parler des arbitres munis d’oeillères. Face aux brutes vociférantes et gesticulantes d’en face, il faut du souffle, de la finesse et une vision du jeu sans faille. Ajoutez une certaine élégance, et le tableau serait presque complet.

« Ce sera une bataille de mois, peut-être d’années, mais ils reviendront »
Fidel Castro, Juillet 2001.

Je me souviens de mon premier échange il y a bien des années avec un ami cubain sur le sort des Cinq. J’affirmais que les Etats-Unis ne les relâcheront jamais. « Ils reviendront » me répondit-il, en posant délicatement la cafetière sur sa vieille cuisinière et en entamant la manœuvre délicate qui consiste à l’allumer sans faire exploser tout le quartier. J’ai cru qu’il n’avait pas écouté mon long exposé savant sur la nature véritable du pouvoir politique aux Etats-Unis. J’allais remettre une couche lorsqu’il réussit enfin à allumer le gaz, qui s’enflamma avec un « pouf ! » caractéristique, se retourna et répéta d’une voix calme : « ils reviendront ». Puis, après une pause, « tu prends du sucre ? ».

Voici un casse-tête pour les médias  : comment présenter une déculottée en rase-campagne des Etats-Unis comme un « geste symbolique et fort » de son président chouchou ? Facile : omettez le contexte, oubliez l’Histoire, opérez quelques « ruptures narratives », faites semblant d’informer aujourd’hui sur ce que vous avez soigneusement occulté hier, et voilà le travail : le grotesque « Prix Nobel de la Paix » aux mille meurtres par drones vient de marcher sur la lune. Même qu’au prochain Halloween, il ne manquera pas de gracier une dinde. Eh ouais, il est comme ça, le président super-cool des Etats-Unis d’Amérique. Et il faut bien ça pour laisser une empreinte dans l’Histoire qui ne soit pas celle d’une botte militaire.

En vérité, le premier constat est celui-ci : Cuba n’a cédé en rien et obtenu sa première et principale exigence, préalable à toute « discussion » de quelque niveau que ce soit : la libération des 3 Cubains encore en prison. Barack Obama laisse entendre – et rien d’autre – que plus rien ne sera comme avant (sans oublier de bénir l’ « Amérique » - entendez « les Etats-Unis » - au passage).

Concrètement, voici un résumé de l’accord Cuba/Etats-Unis.

Du côté des Etats-Unis

  • Ouverture diplomatique
    Les Etats-Unis prendront des mesures pour rétablir leurs relations avec Cuba, rompues en 1961. L’interdiction de voyager (imposée aux états-uniens par les EU) reste en place, ainsi que l’embargo, mais les effets de l’embargo seront atténués (de combien ?) et certaines formes de voyage facilitées (sans doute « des échanges culturels » )
  • Une ambassade à la Havane (apparemment pas l’inverse ? à confirmer)
    Ceci reste unobjectif et n’a pas été clairement affirmé.
  • Libération des « espions » cubains
    (les guillemets sont de moi)
  • Assouplissement des restrictions aux voyages
    Il sera plus facile pour un états-unien de voyager à Cuba ou d’obtenir un permis pour y faire des affaires. Selon CNN, les nouvelles mesures n’autorisent toujours pas le tourisme, mais faciliteront les voyages pour d’autres buts.
  • Assouplissement des interdits sur les banques
    Les états-uniens pourront utiliser des cartes de crédit à Cuba.
  • Relèvement du Plafond d’envois d’argent
    Les états-uniens pourront envoyer désormais 2000 dollars / trimestre à leurs familles à Cuba.
  • Importations de cigares et alcools
    Les (rares, donc) voyageurs US pourront ramener aux Etats-Unis des biens d’une valeur de 400$ dont 100$ d’alcool et tabac. (les dépenses autorisées pour un états-unien égaré sur l’île étaient limitées à 100$)
  • Révision de certaines sanctions (on ne parle pas de levée)
    Le Secrétaire d’Etat John Kerry a reçu l’instruction de réexaminer (revoir) le statut de Cuba (par les US) comme Etat « terroriste » (ô ironie). Après cet examen, il décidera si Cuba « mérite » encore de figurer sur la liste US des Etats « terroristes ».

Du côté Cubain

  • Libération d’Alan Gross (arrêté sur l’île en service commandé pour l’agence de subversion USAID)
  • Libération de prisonniers politiques
    Cuba a libéré une liste de 53 « prisonniers politiques » (les guillemets sont de moi) fournie par les Etats-Unis. CNN signale par ailleurs qu’un prisonnier emprisonné depuis 20 ans pour espionnage a été libéré, sans que l’on sache toutefois s’il fait partie des 53.
  • Meilleur accès à Internet
    Cuba autorisera l’accès à Internet... (je suppose dès que les câbles et réseaux qui contournent soigneusement l’île seront construits) – Rappel, jusqu’à nouvel ordre, toute l’île de Cuba bénéficie d’une bande passante inférieure à celle d’une seule université française, la connexion actuelle s’effectue principalement via satellite à un coût prohibitif. Le câble sous-marin entre Cuba et le Venezuela semble opérationnel depuis le milieu de l’année 2013 mais ne suffit pas pour compenser le manque d’infrastructures sur l’île.
  • Cuba autorisera le retour des officiels de l’ONU et de la Croix Rouge.
    Ces deux derniers points, annoncés tels quels par les médias, mériteraient les précisions et remises en contexte habituelles. Il s’agit probablement de décisions prises dans le passé par les autorités cubaines en réaction à des tentatives d’ingérence directe ou de politiques de deux poids deux mesures que les Etats-Unis prétendaient imposer à Cuba.

En résumé : Cuba a obtenu ce qu’elle demandait depuis 15 ans, le président des Etats-Unis a concédé du bout des lèvres ce que son pays refusait depuis 50 ans tout en admettant qu’il s’agit d’un constat d’ « échec » (pas d’une changement d’attitude). Dans son allocution (publiée en intégralité dans la presse cubaine), voici une phrase clé : « Nous allons mettre fin à une approche qui depuis des décennies n’a pas réussi à répondre à nos intérêts, et nous allons commencer à normaliser nos relations (avec Cuba) ». Traduction : nos "intérêts" n’ont pas changé. Notre stratégie a été un échec. Changeons de stratégie. Pour servir les mêmes intérêts.

Les Cubains ne sont pas dupes (selon mes derniers échanges) et un changement de stratégie signifie simplement un ajustement de la contre-stratégie de résistance.

Il serait injuste d’oublier au passage les pays d’Amérique latine qui ont fait front (quasi unanimement et toutes tendances politiques confondues) autour et derrière Cuba. Merci à eux.

Un peu de méta-analyse

Il faudra aussi s’attendre à des tentatives spectaculaires de la part des extrémistes de Miami pour saboter ce qu’ils considèrent comme des « concessions à la dictature castriste ». Car au-delà de leur rhétorique totalement prévisible (donc sans intérêt), leur véritable angoisse réside sans doute dans la crainte de perdre leur emprise sur la politique des Etats-Unis envers Cuba. Donc leur propre « utilité », donc leur pouvoir. Et c’est ici que les choses deviennent intéressantes.

Rappelons que la loi Helms-Burton de 1996 fait obligation au président des Etats-Unis en exercice de « renverser le régime cubain » et qu’il doit présenter tous les 6 mois au Congrès l’avancement du « projet ».

Or, pour la première fois depuis 50 ans, des mesures – qui ne sont « spectaculaires » que dans le contexte d’animosité extrême dont les Etats-Unis ont fait preuve jusqu’à présent - semblent avoir été décidées sans l’assentiment et même à la surprise d’un lobby qui jusqu’à présent contrôlait la politique extérieure des Etats-Unis dans ce domaine. Des centres de pouvoir auraient donc décidé de prendre les choses en main, au grand dam d’un lobby souvent qualifié du deuxième le plus puissant des Etats-Unis.

Sur un certain terrain de la politique internationale, l’autoproclamé gendarme du monde prend raclée sur raclée depuis des années contre une équipe en nette infériorité numérique, mais faisant preuve d’une technique redoutable. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’un changement de joueurs s’opère... Mais n’oublions pas que, jusqu’à preuve du contraire, le jeu, lui, reste le même et il est toujours aussi dangereux.

Ce qui ne nous empêchera pas de souffler dans nos trompettes en hurlant "Allez Cuba !".

Viktor Dedaj
Commentateur sportif à ses heures.

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COMMENTAIRES  

20/12/2014 03:45 par Barbudo's fan club de Paris

On est aussi grand que l’adversaire contre lequel on se bat.
Ces petits cubains, ils ont beau être pieds-nus, ils sont bien grands.

Ce n’est qu’une bataille de plus -tout de même joliment remportée-, mais quel orgueil de sentir que l’on soutient la bonne équipe.
Viva Cuba.

Ps. Merci au Grand Soir pour toute ces années aux côtés des 5.

20/12/2014 07:31 par Sierra

"Je me souviens de ma première échange"

1ere phrase à corriger

20/12/2014 12:54 par Maxime Vivas

"Ma première échange" (c’est corrigé).
Je me répète : Viktor est un polyglotte dont la langue maternelle est l’anglais. Dans quelques décennies, il vous racontera sa vie et celle de sa famille et le livre se vendra comme des petits pains parce que vous allez être surpris et je me dépêche de valider mon commentaire avant qu’il le poubellise.
Notons aussi qu’il traduit avec maestria et la nuit, pendant que nous dormons au lieu de veiller avec lui, car l’ennemi de classe ne dort jamais, c’est connu et si Viktor est seul, ça va pas le faire, on aura Marine Le Pen présidente, Zemmour ministres des déportations, on aura des bases américaines à Châterauroux, le Charles de Gaulle croisant au large de Cuba et nos Rafales bombardant Caracas, sauf si Obama dit à Hollande : "Non, merde, arrête maintenant avec ta protection des populations civiles".

20/12/2014 07:40 par Sierra

A corriger également

"Voici une casse-tête "

Par an ou par mois ?
"Les états-uniens pourront envoyer désormais 2000 dollars / an"

20/12/2014 11:41 par Maxime Vivas

Casse-tête : Viktor est un polyglotte dont la langue maternelle est l’anglais. Dans quelques décennies, il vous racontera sa vie et celle de sa famille et le livre se vendra comme des petits pains parce que vous allez être surpris et je me dépêche de valider mon commentaire avant qu’il le poubellise.
Notons aussi qu’il traduit rapidement et la nuit, pendant que nous dormons au lieu de veiller avec lui car l’ennemi de classe ne dort jamais, c’est connu..

20/12/2014 08:07 par alfare

juste une précision : le sommet des amériques pourra se tenir à Panama en avril prochain. Cuba invité pour la première fois avait confirmé sa participation depuis plusieurs semaines, le pdt us a attendu le 17 au soir pour confirmer la sienne puisqu’il s’opposait jusque là à la venue de Cuba.
Reprends ton souffle Viktor, la partie continue.

20/12/2014 08:30 par Sierra

A propos de l’internet à Cuba. Le câble reliant le Venezuela à Cuba ALBA1 serait toujours en phase de test, du a une mauvaise configuration de l’opérateur Telefonica. Comme par hasard.

Sinon, la loi Helms-Burton traduite en français par Viktor est de nouveau en ligne.

20/12/2014 10:57 par ltrobat

Je ne suis pas sûr que l’insertion de Cuba dans l’économie mondialisée marque un progrès pour l’édification du socialisme dans ce pays.
On parle déjà d’un essor du tourisme. Et par conséquent d’une ruée sur l’achat d’appartements à la Havane en vue de les louer aux touristes, ce qui générerait à terme une flambée du prix de l’immobilier.

20/12/2014 12:27 par Sierra

@Maxime

Mes deux com. concernant la correction n’étaient pas destiné à être publié, mais merci quand même :-)

20/12/2014 13:02 par Maxime Vivas

Certes, mais nos lecteurs sont aussi des auteurs-correcteurs-commentateurs-complèteurs. Ils sont de la maison (j’évite le mot "actionnaire") et c’est ce qui fait que LGS est ce qu’il est.
Nous, les administrateurs, on écrit parfois, on clique souvent et on lit toujours. Pardon à ceux qui s’impatientent d’être publiés ou à ceux qui ne le sont pas. Il y a surabondance.
MV

20/12/2014 14:19 par Mamy Michelle

Profitons de l’Internet tant qu’il est là (je suis d’ailleurs surprise que personne ne s’inquiète de l’extrême fragilité de ce moyen de communication,ne devrions-nous pas nous mobiliser pour le maintien de la Poste en tant que service public ?)
Le régime de Cuba a subsisté sans lui,et n’a pourtant jamais été completement isolé.Ne nous réjouissons pas trop vite de son introduction,qui ressemble trop au cheval de Troie.
En novembre 69,dans une galerie d’art"sauvage"déguisée en magasin de colifichets,en plein centre de Bxl,j’ai fait la connaissance de Cuba et de quelques Cubains. L’artiste que nous exposions était un sérigraphiste,Frémez,épaulé par Siné et ses dessins au vitriol. J’ai alors appris ce qu’était la vie à Cuba,et quelle y était "la place de l’artiste dans la société".Comme ceci avait été le thème de l’occupation du Palais des Beaux-Arts en mai 68,nous étions immensément curieux,nous,ceux de l’underground qui auraient bien mieux fait de le rester(cachés,préservés,actifs et subversifs).
Cuba était devenu,et reste pour beaucoup,un idéal,un exemple de résistance,un modèle,imparfait certes,d’une société humaine plus solidaire,plus raisonnable,plus sensée. Mais n’est-ce justement pas son relatif isolement et sa petite taille qui l’ont épargné,contrairement à sa cousine soviétique ?
Notre combat de cette époque-là était surtout dirigé contre les armes de manipulation,les images et les mots maudits et jolis de la publicité,les mensonges lénifiants,la force de conviction létale des managers en tout genre. On nous a traités de paranoïaques,nous avons douté et nous avons baissé la garde,découragés,ou récupérés,ou anéantis,morts.
Contente de constater que l’opinion publique s’est un peu réveillée,ressourcée,après une génération "no futur" bien désespérante. Merci internet ?...hum...en tout cas,continuons à tenter de déceler,à cerner l’information juste,à la faire circuler par tous les moyens. Viva Cuba !

20/12/2014 17:39 par LAURENT Guy

La libération des 3 Cubains est une victoire incontestable, c’est vrais, mais j’ai pour ma part très peur que ce soit une victoire dangereuse si elle est suivie par l’installation d’un nid d’espions dans une ambassade.

Si cette ambassade voit le jour je crois que les camarades Castro ont intéret d’acheter un pied à terre en Bollivie.

J’ai encore bien rigolé hier soir en écoutant la fin de28’ sur arte. Le grand spcialiste de Cuba annonçant que cet accord allet sonner la fin de Poutine parce qu’il ne pourrait pas construire ça base de surveillance à Cubas.

20/12/2014 17:54 par legrandsoir

Le nid d’espions existe déjà, et depuis toujours. Il s’agit de la Section des Intérêts Nord-Américains (SINA), un gros bâtiment à la Havane qui a toujours joué le rôle plus ou moins d’ambassade US, même s’il n’en avait pas le titre et statut exact.

20/12/2014 21:45 par xav

"reste en place, ainsi que l’embargo, mais les effets de l’embargo seront atténués (de combien ?) et certaines formes de voyage facilitées (sans doute « des échanges culturels » )"

embargo, embargo...

BLOCUS oui !

C’est pourtant vraiment pas la même chose. cft Larousse ou Robert

merci pour cette excellente analyse à part ça.

23/12/2014 13:25 par fabienne

La libération des cubains est une bonne chose mais effectivement les oligarques des EU ne sont pas devenus gentils, pendant qu’ils libèrent ces personnes (qui d’ailleurs ne devraient pas en rester là juridiquement parlant, ils ont quand même eu un procès inique et perdu 16 ans de leur vie !), ils prennent des sanctions à l’encontre du Venezuela et de la Russie ! N’oublions pas non plus que le Président d’une chambre de commerce états-unienne a rendu visite à Cuba il y a quelques mois et que les entreprises qu’il représente sont très intéressées par ce marché si proche de presque 12 millions d’habitants. D’autant plus avec les modifications de leur modèle économique qui restera, faut-il leur préciser, socialiste ! A Cuba l’économie sera au service du peuple et non le contraire.
En tout cas merci à toute l’équipe du Grand Soir pour le travail qu’ils réalisent et un beso à Viktor de Corsega.

26/12/2014 18:21 par Dominique

Parler de Cuba et d’Internet revient souvent à laisser la place aux fantasmes des adversaires de Cuba. Ainsi les échanges de clefs USB réalisés quotidiennement par les cubains deviennent l’échange de "disques durs" (sic ! pas très pratique dans la poche et plus chers que des clefs USB...), et ce serait une activité subversive. Le problème principal de l’internet à Cuba est que l’infrastructure (le hardware, principalement des câbles) est très rudimentaire en comparaison de chez nous. Cuba vit aujourd’hui ce que nous avons vécus chez nous au début d’internet, tout au moins pour les rares d’entre nous qui était déjà connecté à l’époque.

Et c’était une autre époque, une époque où tout comme à Cuba aujourd’hui, internet était rare et cher, et où dés qu’il était question de plus que quelques images en basse résolution, il était beaucoup plus avantageux de continuer à s’échanger des disquettes entre collègues comme cela se faisait avant internet que de télécharger sur internet. Aujourd’hui, les cubains sont dans une situation semblables et en s’échangeant des clefs USB, il ne font qu’utiliser au mieux la technologie disponible tout en dépensant le moins d’agent possible.

Quand au câble, il semble qu’il soit en fonction. Les cubains (par la voix d’Etecsa ?) avait annoncé sa mise en service il y a environ une année. Malheureusement, je n’ai pas conservé le lien. Cependant, un petit tour sur le site d’Etecsa nous montre qu’ils sont capable d’offrir des vitesses de connexion allant jusqu’à 34816 Kbps ainsi que les tarifs.

De tels tarifs sont juste inabordables pour la plupart des cubains, tout comme internet étaient inabordables pour la plupart d’entre nous à ses débuts. En France vous aviez le minitel, lequel était plus abordable, mais ici en Suisse, la plupart des utilisateurs potentiels avaient liquidé leur abonnement après la première facture. Je m’en souviens très bien car je faisais partie de ceux qui s’étaient alors fait arnaquer de la sorte. En comparaison, les tarifs pratiqués aujourd’hui à Cuba sont plus honnêtes que ceux qui étaient pratiqués alors en Suisse, mais quel média va nous le dire alors qu’il n’avait pas relevé cette arnaque à l’époque ? Aucun !

Pour revenir à Cuba, une vitesse de 34816 Kbps, cela commence à faire beaucoup et si un satellite peut offrir une telle vitesse, cela montre cependant 1) qu’un réseau large bande est en cours d’installation et qu’il fonctionne déjà au moins à certains endroits (J’ai même discuté avec des ouvriers qui installaient de la fibre optique dans les rues, je cite : "le chantier avance bien mais va prendre un certain temps". Normal, même si c’était le gros modèle, ils n’avaient qu’une seule scie de sol pour faire la tranchée.), et 2) que le câble est vraisemblablement en service. En effet, ce serait de bonne guerre pour les cubains de financer le développement de l’infrastructure d’internet dans l’Île avec les dollars de ceux qui peuvent se payer les tarifs demandés.

Il reste maintenant à voir comment cela va évoluer avec le temps. Etecsa propose déjà une panoplie assez complète de services internet, les tarifs sont déjà plus avantageux pour l’internet local que pour l’international. C’est la même chose avec le téléphone, en local c’est un des (le ?) meilleurs marché du monde, alors qu’en international, c’est le plus cher.

Raùl est présenté comme celui qui est contre le développement d’internet. Encore une pseudo analyse à l’emporte pièce. Il existe une forte volonté politique de développer internet à Cuba, ceci pour les jeunes générations. Mais il existe aussi une toute aussi forte volonté politique pour former les gens à l’usage d’internet et pour leur rappeler ce qui devrait être une évidence : tout comme la révolution ne sera pas télévisée, elle ne sera pas non plus sur internet et en aucun cas sur FaceBouc.

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