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Le Monde Diplomatique, janvier 2022

Un dossier remarquable sur « la gauche qui perd «  : « Pour la gauche européenne, c’est l’hiver. Loin des espoirs suscités par leurs débuts, les nouvelles formations critiques envers la social-démocratie, Podemos en Espagne et Die Linke en Allemagne, sont elles aussi affaiblies, tandis qu’en Italie la disparition du Parti communiste, en avril 1991, a laissé le camp progressiste sans boussole . Incapable d’écouter les aspirations populaires et de tirer profit du mécontentement général, la gauche s’enferme souvent dans un discours où le pathos le dispute à la mièvrerie. Elle espère ainsi rassembler grâce à une rhétorique consensuelle des groupes sociaux que dorénavant tout sépare.

On a tort de considérer comme acquis, incontournable, le célèbre logiciel Pronote qui a révolutionné la vie des élèves, et aussi des enseignants (Luvie Tourette) : « Utilisé dans plus de deux établissements du second degré sur trois, le logiciel de gestion de la vie scolaire Pronote rend bien des services aux familles et aux communautés éducatives, notamment pour affronter les dernières réformes du lycée. Mais, en faisant de l’immédiateté la norme, il change aussi les métiers en profondeur, ainsi que les relations entre parents, élèves et enseignants. »

Pour Ian Urbina, la Libye est un garde-chiourme de l’Europe face aux migrants : « Pour qu’ils retiennent à tout prix les migrants, le Vieux Continent subventionne grassement les pays du pourtour méditerranéen à qui il a délégué le contrôle de ses frontières. Un reportage mené en Libye dans les conditions les plus difficiles dévoile la face cachée de cette hypocrisie. »

Le Diplo reprend une conférence de Pierre Bourdieu intitulée “ Imposer une vision du monde ” : « Le champ politique, le champ des sciences sociales et le champ journalistique sont trois univers sociaux relativement autonomes et indépendants, mais qui exercent des effets les uns sur les autres. Lors d’une soirée électorale à la télévision par exemple, ces champs sont présents, mais sous la forme de personnes. Un historien connu commentera les résultats, à côté d’un journaliste et du directeur de l’Institut des sciences politiques, membre du champ académique et du champ des sciences sociales à travers les instituts de sondage auxquels il donne par ailleurs des conseils. On pourrait faire une description interactionniste, c’est-à-dire limitée aux interactions entre les gens, ou une analyse de discours portant sur la rhétorique employée, les procédés, les stratégies, etc. »

Que se passe-t-il en Transnistrie (Loïc Ramirez) ? : « Si un étranger me le demande, je réponds que je suis de quelque part entre l’Ukraine et la Moldavie », rétorque avec malice Mme Loudmila Kliouch. Une tasse de café entre les mains, cette jeune femme de 36 ans sait que prononcer le nom du pays où elle vit laisserait perplexe n’importe lequel de ses interlocuteurs étrangers. Enseignante de français, elle habite Tiraspol, la capitale de la Transnistrie, ce « quelque part » si méconnu. Appelé officiellement République moldave du Dniestr (ou Pridnestrovie), ce proto-État situé dans la partie orientale de la Moldavie, entre le fleuve Dniestr et la frontière ukrainienne, n’est reconnu par aucun membre des Nations unies. […] La Transnistrie est revenue au centre de l’actualité après l’élection, le 16 novembre 2020, de la très europhile Maia Sandu à la présidence de la République de Moldavie (avec 57 % des suffrages), un résultat conforté huit mois plus tard par des élections législatives remportées par sa formation, le Parti action et solidarité (PAS), avec 48 % des voix. Cette ancienne économiste, passée par la Banque mondiale, s’est illustrée dès sa prise de fonctions par un regain d’hostilité à l’égard du voisin sécessionniste. »

Selon Christine Lévy, les Japonaises ne veulent plus se taire : « Le triomphe du Parti libéral-démocrate au Japon lors des élections législatives d’octobre 2021 s’accompagne d’une défaite du féminisme, avec un recul du nombre de femmes députées. Pourtant, à la faveur du mouvement #MeToo, les bouches s’ouvrent, les mobilisations se nouent. Mais celles-ci ne franchissent pas encore les portes des entreprises ni des assemblées élues. C’était la première fois que la loi de 2018 « pour promouvoir la participation commune des hommes et des femmes dans le domaine politique » – c’est son nom – s’appliquait à un scrutin législatif. Pourtant, les élections du 31 octobre 2021 se sont soldées par un recul de la proportion de femmes élues à la Chambre des représentants : 45 députées sur 465 sièges, contre 47 quatre ans plus tôt. Le Japon se traînait alors au 164e rang (sur 190 pays) du classement de la parité en politique.Les féministes japonaises avaient réclamé que cette loi inscrive l’obligation d’atteindre une « répartition équitable des candidatures d’hommes et de femmes ».Mais elles se sont heurtées à l’opposition ferme des députés de droite. et la version ratifiée se contente de demander aux partis de faire « autant d’efforts que possible ».

Peut-on désormais penser que tout commence au Chili (Franck Gaudichaud) ? : « Avec presque 56 % des voix, le candidat de gauche Gabriel Boric vient de remporter l’élection présidentielle contre M. José Antonio Kast, nostalgique de la junte d’Augusto Pinochet. Âgé aujourd’hui de 35 ans, M. Boric deviendra le plus jeune président de l’histoire de l’Amérique latine lorsqu’il prendra les rênes de l’État, le 11 mars 2022. Alors, tout restera à faire… »

Pour Lakhdar Benchiba et Omar-Lofti Lahlou, on assiste à un bras de fer entre le Maroc et l’Algérie : « Entre Alger et Rabat, le temps de la cohabitation dans l’indifférence semble révolu. La question du Sahara occidental, jamais résolue depuis 1975, envenime de nouveau les relations entre les deux poids lourds du Maghreb. À cela s’ajoute le rapprochement du royaume chérifien et d’Israël, que les autorités algériennes considèrent comme une menace militaire directe contre leur pays. »

Be,njamin Lemoine assiste au retour des maîtres chanteurs de la dette : « Candidate du parti Les Républicains, Mme Valérie Pécresse promet de ramener la dette publique française à 100 % du produit intérieur brut. Reviennent ainsi les appels à mettre en place de nouveaux « comités de la hache » pour tailler dans les dépenses publiques, au moment même où les interventions de la Banque centrale européenne réduisent à néant le pouvoir de nuisance des créanciers privés. »

Romain Cruse décrit le kaléidoscope antillais : « Fin décembre, les manifestations contre l’obligation vaccinale imposée aux personnels soignants se poursuivaient en Guadeloupe dans le cadre du mouvement social qui balaie les Antilles françaises depuis le mois de novembre 2021. La diversité des revendications et la détermination des protestataires illustrent la profondeur de la crise que traversent ces territoires ultramarins. »

Tout schuss : la Chine est le plus grand marché de skieurs débutants : « La Chine a parfois du retard, mais quand les dirigeants et les hommes d’affaires s’y mettent la donne change rapidement. Les sports d’hiver n’existaient pratiquement pas en 1995 ; à l’orée des Jeux olympiques, qui s’y dérouleront en février, le pays totalise près de huit cents stations. Les plus importantes pistes de ski sont couvertes et peuvent accueillir simultanément trois mille pratiquants. »

Pascal Bouaziz réfléchit sur la condition de l’artiste aujourd’hui (« je suis un luxe ») : « Qu’est-ce que la vie professionnelle d’un artiste qui est fêté par les critiques et a ses fervents, mais que les radios et télévisions ignorent ? Quelles interrogations, intimes, sociales, politiques, suscitent les limites du succès d’estime ? Un chanteur estampillé « de qualité » en rend compte de l’intérieur. »

Allons de ce pas côté cour observer, avec Marie Bénilde, Vincent Bolloré : « Fin 2021, alors qu’un chroniqueur d’extrême droite de la chaîne CNews devenait le candidat du groupe Bolloré à l’élection présidentielle, l’establishment a paru s’étonner qu’un pilier du capitalisme français soutienne ouvertement des thèses aussi réactionnaires. C’est peu dire que le couple formé par MM. Éric Zemmour et Vincent Bolloré embarrasse les élites économiques : à l’opposé d’une extrême droite arriérée contre laquelle il est confortable de se mobiliser, ce tandem personnifie une bourgeoisie conservatrice, raffinée et brutale. Mais assurément moins tapageuse que ses deux porte-flamberge, dont les inclinations politiques proclamées sans détour indisposent l’univers des possédants. Pour la classe dirigeante, l’année 2022 débute par une équation insoluble : comment critiquer Zemmour-Bolloré sans s’éclabousser soi-même ?

Célébré par la presse et par ses pairs sous les atours successifs du « petit prince du cash-flow » dans les années 1980 et 1990, de l’industriel « audacieux » et « visionnaire » dans la décennie 2000, du repreneur d’entreprises en vue puis du conquérant d’Afrique, le milliardaire gravite de longue date, tout comme son chroniqueur, à l’intersection des galaxies économique, politique et médiatique. Tous deux se disent marginaux en squattant les positions de pouvoir. D’un côté, le magnat des médias, qui étend son influence à travers les rachats de Havas, Editis, Canal Plus, Prisma et désormais Lagardère-Hachette, incarne un patronat soucieux de s’adapter à la mondialisation en liquidant le service public et en quadrillant l’édition. De l’autre, le journaliste du Figaro Magazine, diplômé de Sciences Po, qui porte depuis deux décennies la voix d’une droite autoritaire et misogyne, dépeignait déjà l’exilé en « envahisseur » le samedi soir sur France 2, sur le plateau de la chaîne i-Télé de l’ère pré-Bolloré ou sur RTL avant sa reprise par M6.

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