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Le Monde Diplomatique, mars 2021

Pour Serge Halimi et Pierre Rimbert, le journalisme est devenu un journalisme de guerres culturelles : le juste milieu ne rapporte plus. Hier assise sur la manne publicitaire, la presse modérée recherchait une audience de masse et la cajolait en simulant l’objectivité. La recette change. Désormais, les médias prospèrent en alimentant les guerres culturelles auprès de publics polarisés et mobilisés. Pour le meilleur ou pour le pire. Et sous le regard vigilant, parfois sectaire, de leur propre lectorat.

Frédéric Pierru, Frédérick Stambach et Julien Vernaudon explique pourquoi les brevets sont un obstacle aux vaccins pour tous : « Bien qu’elles aient mis au point les vaccins anti-Covid-19 avec des flots d’argent public, les compagnies pharmaceutiques les vendent aux plus offrants. Tout au plus acceptent-elles d’en garder des doses dans leurs nations d’origine. Et si les gouvernements imposaient la levée du droit de propriété intellectuelle, afin que les pays qui le peuvent produisent pour les autres ? »

Jordan Pouille raconte l’histoire d’Alibaba, une épopée chinoise : « Grâce à la collecte des données personnelles de ses clients et à son idylle avec le régime chinois, Alibaba est devenu un puissant acteur mondial du commerce électronique, de la finance en ligne et de la santé. Aujourd’hui, Pékin prend conscience de sa dépendance envers ce conglomérat qui fait trembler les banques. Il espère que la population se détournera progressivement de son fondateur, M. Jack Ma.

Dominique Pinsolle s’intéresse à la nouvelle stratégie de l’exécutif qui consiste à interdire les groupes radicaux pour mieux régner : « Alors que la ministre de l’enseignement supérieur entend purger l’université de l’« islamo-gauchisme », le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » prévoit d’instaurer un contrôle idéologique des associations. Dans cette entreprise d’élimination des pensées qui le dérangent, le gouvernement recourt également à la dissolution administrative, en vertu d’une loi votée en janvier 1936. »

Renaud Lambert se demande si la démocratie est durablement possible en Amérique latine : « Cette année, nombre de citoyens latino-américains voteront pour élire des présidents, comme au Pérou ou au Chili, ou pour renouveler les Parlements, comme au Mexique et en Argentine. Après les progrès des années 2000, certains pays connaissent toutefois un raidissement politique préoccupant. Les populations du sous-continent seraient-elles condamnées aux dérives autoritaires ? »

Éva Thiébaud craint un vertige guerrier aux Émirats Arabe Unis : « Petit État de la péninsule arabique, les Émirats arabes unis, sous la conduite d’Abou Dhabi, se sont transformés depuis une dizaine d’années en une nation capable de se projeter militairement dans la région. Ce positionnement aux accents bellicistes, qu’illustre son rôle actif dans la guerre au Yémen, renforce le statut de la fédération en tant que grand acteur du marché mondial de l’armement. »

En Birmanie, la jeunesse défie la junte (Christine Chaumeau) : « Craignant de perdre leurs privilèges, les militaires birmans ont accaparé le pouvoir et arrêté des dirigeants élus. Mme Aung San Suu Kyi est poursuivie pour « détention illégale de talkie-walkie » et pour « non-respect de la loi sur les désastres naturels ». Trois semaines après le coup d’État et malgré la répression qui se durcissait, la population continuait à manifester dans tout le pays. »

Pour Hélène Richard, Alexeï Navalny est peut-être plus gênant que le Kremlin l’imagine : « Victime d’une tentative d’empoisonnement, l’opposant russe Alexeï Navalny se trouve aujourd’hui derrière les barreaux. Tout en appelant à sa libération, les chancelleries occidentales préparent l’adoption de nouvelles sanctions. Si le Kremlin n’entend rien céder aux pressions internationales, qu’il qualifie d’ingérences, il surveille les conséquences de l’affaire à l’intérieur du pays. »

François Misser, le pétrole est la nouvelle attraction des parcs naturels africains : « Contraintes de mener des explorations de plus en plus onéreuses dans l’offshore ultraprofond, les compagnies pétrolières se lancent aussi à l’assaut de la dernière frontière terrestre où les coûts d’exploitation sont moindres : les parcs naturels et les réserves d’eau douce d’Afrique. Cette ruée rencontre une résistance de la société civile et d’associations du Nord. Mais la lutte est très inégale. »

Arezki Metref est allé à la rencontre des Kabiles de Ménilmontant : « Figurant parmi les plus anciennes communautés venues du Maghreb, les Kabyles de France se définissent souvent en réaction aux idées reçues qui circulent à leur sujet. Aux premiers arrivants, parmi lesquels une majorité de prolétaires repliés sur une solidarité régionale, ont succédé des générations mieux intégrées et plus diplômées, mais toujours soucieuses de défendre leur particularisme linguistique et culturel. »

Antoine Pécoud et Julia Van Dessel analysent les campagne de dissuasion massive contre l’émigration : « Et au lieu d’aller de l’avant, il pensa à rentrer. Par le biais d’un serment, il dit à son cousin décédé : “Si Dieu doit m’ôter la vie, que ce soit dans mon pays bien-aimé.” » Cette chanson en espagnol raconte le périple d’un Mexicain qui, ayant vu son cousin mourir au cours du voyage vers les États-Unis, se résout à rebrousser chemin. Enregistrée en 2008 grâce à des fonds gouvernementaux américains, elle fut envoyée aux radios de plusieurs pays d’Amérique centrale par une agence de publicité privée, laquelle se garda bien de révéler l’identité du commanditaire. »

Evgeny Morozov raconte l’action de petits boursicoteurs contre des gros : « GameStop, un populisme de plate-forme. En janvier dernier, des milliers de boursicoteurs en ligne ont coordonné leurs ordres pour faire monter les cours d’entreprises sur lesquels de grands fonds d’investissement avaient parié à la baisse. Applaudie à droite comme à gauche du spectre politique, cette rébellion des « petits » contre les « gros » relève-t-elle de la révolution ou du carnaval ? »

Pour Sylvain Anciaud et Sébastien Gillard, il existerait une improbable banque éthique en Belgique : « Changeons la banque pour de bon » : le 21 novembre dernier, ce message s’affiche en gros caractères sur les écrans des coopérateurs connectés à l’assemblée générale de NewB, la nouvelle banque belge « coopérative », « éthique » et « durable ». Sur un plateau aménagé pour l’occasion, l’actuel président de l’institution, M. Bernard Bayot, joue les animateurs et introduit M. Thierry Smets, le futur président-directeur général. Ancien dirigeant de la banque privée Puilaetco Dewaay, celui-ci ne cache pas son émotion : « Je ne pouvais pas mieux finir ma carrière qu’en apportant mes trente années d’expérience à NewB. »

Alain Garrigou s’efforce de révéler les petits secrets entre amis à Sciences-po : « Á quoi tient l’importance d’un scandale sexuel ? À la gravité de la faute ? À la personnalité de l’accusé ? À l’information sensationnelle ? Ou aux effets collatéraux ? Dans l’affaire Olivier Duhamel, la révélation d’un inceste commis il y a trente ans s’inscrit dans le mouvement de dénonciation des violences sexuelles qui, avec #MeToo (« moi aussi »), a mis en cause des prédateurs longtemps ignorés. Cette fois, c’est un personnage d’influence, dont l’affaire souligne l’accumulation des titres et des positions : diplômé de Sciences Po, agrégé de droit public, professeur de droit constitutionnel, fondateur de la revue Pouvoirs, membre puis président de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), président du club Le Siècle. membre du Club des juristes, conseiller de dirigeants politiques ou de chefs de parti…

Lorsque l’affaire éclate, cet homme d’influence n’est pas un homme de l’ombre, puisqu’il intervient régulièrement à la télévision et à la radio, sans oublier des activités ponctuelles telles que la participation à des commissions d’enquête composées de « sages », si on en croit la presse. Duhamel avait besoin de la lumière. Elle l’a probablement trahi quand, lassée de le voir chercher les honneurs, sa belle-fille Camille Kouchner a publié un livre l’accusant d’inceste sur son frère jumeau. S’agissant d’une personnalité qui a accumulé autant de relations, la charge rejaillit forcément sur les amis et les institutions, soupçonnés d’une sorte de délit d’initiés. En première ligne : Sciences Po. »

Pour Frédéric Lordon, il faut favoriser une entente des luttes : « Où engager le combat quand on ne peut pas tout faire à la fois ? D’abord en reconnaissant que, si les luttes contre les dominations diffèrent en périmètre, elles sont égales en légitimité. Puis en recommandant que la séparation absolue entre elles cède le pas à l’autonomie relative et à l’attention réciproque. Enfin en refusant qu’une lutte puisse nuire aux autres luttes. Une fois cela posé, tout peut commencer… »

Samuel Dumoulin raconte la guerre d’indépendance des Grecs au début du XIXe siècle : « Il y a deux siècles, en mars 1821, les Grecs se soulevaient pour se défaire de la domination ottomane. Longue de huit ans, cette guerre d’indépendance fascina nombre d’intellectuels européens. Livres, brochures, chansons : tous les moyens sont bons pour soutenir les insurgés. Certains, tel le poète lord Byron, décident même de rejoindre les combattants. Comment expliquer pareil engouement ? »

Serge Halimi et Pierre Rimbert expliquent comment Donald Trump et les médias ont ravagé la vie publique : « Avant d’être déréglementée, la finance américaine fonctionnait suivant le principe des « 3 6 3 » : dépôts à 3 %, crédits à 6 %, partie de golf à trois heures de l’après-midi… Cette tranquillité fut balayée par un « capitalisme de casino » d’autant plus lucratif que la conjoncture de l’époque était favorable. Et puis, les bulles spéculatives ont explosé. L’actuelle situation des médias américains rappelle un peu ce précédent. Pour eux, le filon « Donald Trump » a constitué l’équivalent des décennies de démence de la finance. La défaite de l’ancien président ne garantit pourtant pas la fin de leur martingale.

Longtemps, aux États-Unis, le « golf à trois heures » du journalisme, ce fut non seulement la publicité qui le lubrifiait mais aussi l’objectivité dont il se prévalait. Factuel, précis, sans biais affiché ni outrance, il servait de modèle à la planète. Traduire des articles du New York Times, voire les publier sans les traduire, avait un tel cachet qu’en France Le Monde, Le Figaro et Libération s’emparèrent tour à tour de cette brillante idée. L’engagement politique de la presse américaine n’était assurément pas absent, mais on le dissimulait dans les plis du « Les uns disent ceci, les autres disent cela » ; de quoi amener le lecteur raisonnable à situer la vérité entre les deux. « Les uns » comme « les autres » pensaient néanmoins à peu près la même chose sur la plupart des questions du moment : politiques économiques néolibérales, coups d’État en Amérique latine, guerres au Proche-Orient. »

Pour Mathilde Larrère, pendant la Commune, les murs deviennent des murailles révolutionnaires : « Pendant la Commune de Paris, en 1871, comme lors des révolutions précédentes, placards et graffitis firent office de « murailles révolutionnaires », informant et mobilisant les habitants de la ville. Tout cela fut nettoyé après la « semaine sanglante » (21 28 mai), qui vit l’écrasement définitif de l’insurrection. Mais, bientôt, les murs de la capitale parlent de nouveau : des anonymes honorent les vaincus et accusent les vainqueurs, troublant le concert des condamnations versaillaises. Sur l’enceinte de la caserne de la Pépinière, c’est un « groupe de soldats républicains et amis du peuple » qui écrit en 1872 : « L’armée de Versailles, défenseurs du despotisme et de notre pauvre France ; vous êtes les assassins du peuple, la tache de sang que vous portez au frons ne ces fassera [sic] jamais ». L’hôtel particulier d’Adolphe Thiers, démoli par la Commune puis reconstruit aux frais du contribuable, est visé en 1873 : « Peuple de Paris, cette maison est le prix de ton sang ». Et, bien sûr, on célèbre les insurgés : « Honneur aux braves Ferré, Rossel, Crémieux et Dombrowski qui sont morts pour la Commune » (1872, sur un mur du XIIe arrondissement). Ces inscriptions représentent jusqu’à 23 % des graffitis recensés – avec soin – par la police en 1872. Elles deviennent ensuite marginales, tandis que la bataille des mots se déplace au cimetière du Père-Lachaise, devant le mur des Fédérés, sur les couronnes de fleurs qui y sont déposées et desquelles la police arrache les messages jugés séditieux. »

Que se passera-t-il quand les pauvres auront des dents (Olivier Cyran) : « En 1970, un jeune dentiste d’Autun pris dans le souffle de Mai 68 se lance dans un projet audacieux : ouvrir, en Saône-et-Loire, un établissement de soins dentaires destiné aux pauvres. Bernard Jeault réussit à emprunter de l’argent à une banque et à embarquer dans l’aventure quatre confrères, prêts comme lui à trahir les deux évangiles de leur profession : l’exercice en libéral et la réussite matérielle. Eux travailleront en collectif, avec un équipement mutualisé et pour une paie modeste. Adieu la vie de notable convié dans le boudoir du sous-préfet : socialisation des soins et bonnes dents pour tous !

Mais l’ordre national des chirurgiens-dentistes veillait au grain. Hostiles à l’idée d’un centre de soins à vocation sociale, et paniqués à l’idée que pareille entaille dans le sacro-saint modèle du petit patron dentiste y creusât une brèche menaçant d’ébranler tout le système, les grands sages engagèrent contre Jeault une longue et implacable guerre d’usure. Ruiné, puis interdit d’exercice en représailles à un ouvrage relatant ses déboires avec les « arracheurs de dents », le « dentiste des pauvres » connut le chômage, les minima sociaux et une vieillesse combative, avant de mourir en juillet 2019.

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COMMENTAIRES  

08/03/2021 21:54 par Vania

Lamentable l’article d’Hélène Richard. Elle a décidé de participer à la meute qui aboie sur les méchants russes et le cas du "gentil" Navalny. Par contre, elle n’a pas le temps de dénoncer l’injustice menée contre J. Assange ou contre Pablo Hasel !

09/03/2021 08:36 par Adrien

J’ai sursauté en lisant ce N° de mars 2021 du diplo avec l’article de H.Richard sur Navalny . L’auteur reprend la thèse absurde de l’empoisonnement, sans marquer le moindre doute, reprenant même la comparaison faite par certains avec N.Mandela. En fait ce
n’est qu’un Juan Guaido russe, utilisé par l’empire américain pour justifier ses " sanctions " contre la construction du gazoduc Nord Stream . Un article lunaire dans la ligne éditoriale du mensuel, d’un auteur ignorant totalement le fond des tensions géopolitiques .

09/03/2021 08:44 par PacoB

Je viens de lire l’article d’Hélène Richard. Il me semble assez en accord avec ce que dise les russes (Moscou, Caucase, Sibérie) avec qui je travaille. L’état de l’opinion publique russe décrite est conforme à ce que l’on me raconte par ailleurs.
La position cacophonique de l’Europe sur les sanctions est compréhensible même si tous les points ne sont pas mis sur les i.
Julian Assange est cité dans l’article "On commence alors à l’appeler « le Julian Assange russe »"
J’aurais ajouté ironie de l’Histoire qu’on retrouve le prétexte de l’emprisonnement de Navalny "non respect du contrôle judiciaire" dans l’affaire Assange.

09/03/2021 17:09 par Vania

@Paco B,
Affirmer que "l’état de l’opinion publique russe est conforme à ce que l’on vous raconte" n’est que votre point de vue.
Voici une autre opinion bien plus objective que la votre (en espagnol) :
https://www.youtube.com/watch?v=f5bmbYHDBmg
ou celle d’Antoine Manessis
https://www.legrandsoir.info/qui-est-alexei-navalny.html

10/03/2021 09:17 par chb

Vania :

elle n’a pas le temps de dénoncer l’injustice

C’est un défaut récurrent du Monde Diplomatique, aussi bien sur les événements significatifs et les conflits en cours que sur les protagonistes de cet équilibre instable du monde. 2001, Libye, Syrie etc. sont des thèmes où j’aurais aimé voir une analyse éclairée et éclairante de la diplomatie mondiale. Mais... pschitt dans le Diplo ; ou, pire, reprise d’une propagande qu’il justifie pragmatiquement sinon idéologiquement.
Pour les anglicistes, je signale la vidéo d’Aaron Maté avec Tulsi Gabbard (3w.youtube.com/watch ?v=mBdO1Rc9ctU). Femme, militaire, ex-députée démocrate décalée, elle critique la sale guerre récemment reprise par le nouveau Potus, notamment contre la Syrie et surtout contre les syriens.
Et puis le nouvel article de Moon of Alabama « In Support Of Regime Change – The New York Times Continues To Disinform Its Readers », dont je n’arrive pas à trouver la traduction du site Saker francophone, inaccessible en ce moment.

13/03/2021 04:43 par alain harrison

L article concernant Lordon, extrait :

allez demander, par exemple, aux femmes de chambre noires en grève des hôtels Ibis de faire le tri de leurs « causes », ou de les hiérarchiser. Ce sont des complexes, ou des agglomérats, de dominations qui se donnent en pratique, si bien que lutter contre l’une est ipso facto lutter contre les autres. Il s’ensuit quatre conclusions possibles.

1. Il n’y aura pas de bloc contre-hégémonique hors d’une reconnaissance de l’égalité des luttes. Une égalité qualitative, cependant, qui n’empêche pas de faire des différences quantitatives. Égales en légitimité, les luttes diffèrent en périmètres. Bien sûr, ces périmètres connaissent des zones de recouvrement, mais partielles. Dans ces recouvrements, la superposition des dominations se trouve structurée d’une certaine manière. Répondre à la question de savoir « comment les combats sont liés », c’est penser cela : les recouvrements partiels, de quelle manière ça s’agence en leur sein, et ce qu’il y a au-dehors.

« « « Égales en légitimité, les luttes diffèrent en périmètres. Bien sûr, ces périmètres connaissent des zones de recouvrement, mais partielles. » » »

Je trouve que cet article de Lordon est assez difficile à suivre (?) en regard des derniers vidéos (abattre le capitalisme) où il est quand même nuancé, mais pas trouble. À moins que le journal en est fait des retouches (?).

Juste à lire l’entête :
Pour favoriser une entente des luttes
Où engager le combat quand on ne peut pas tout faire à la fois ? D’abord en reconnaissant que, si les luttes contre les dominations diffèrent en périmètre, elles sont égales en légitimité. Puis en recommandant que la séparation absolue entre elles cède le pas à l’autonomie relative et à l’attention réciproque. Enfin en refusant qu’une lutte puisse nuire aux autres luttes. Une fois cela posé, tout peut commencer…

Repartons de la postulation (bien fondée) : « les combats (antiraciste et anticapitaliste) sont liés », et de la question qui s’ensuivait : oui, mais comment ? Pas simplement, donc. C’est même une articulation passablement complexe.

La hiérarchie structurale des rapports de domination ne détermine aucune hiérarchie de qualité des luttes qui correspondent à ces rapports. Aucune lutte ne se subordonnera les autres. Ce serait doublement idiot : symboliquement, d’abord, parce qu’on ne construira pas un bloc (contre-)hégémonique sans faire se parler, se considérer, se rapprocher, et même se retrouver de quelque manière au moment décisif, les différentes composantes du paysage des luttes — donc sans qu’il soit fait droit aux légitimes motifs de chacune, ni, inversement, que les unes ne renoncent à inféoder les autres ou à simplement les battre froid. Stratégiquement, ensuite, parce que, pour l’heure, les divers rapports de domination sont si intriqués que les luttes en sont indistinguables en situation : allez demander, par exemple, aux femmes de chambre noires en grève des hôtels Ibis de faire le tri de leurs « causes », ou de les hiérarchiser. Ce sont des complexes, ou des agglomérats, de dominations qui se donnent en pratique, si bien que lutter contre l’une est ipso facto lutter contre les autres. Il s’ensuit quatre conclusions possibles.

« « « ensuite, parce que, pour l’heure, les divers rapports de domination sont si intriqués que les luttes en sont indistinguables en situation : allez demander, par exemple, aux femmes de chambre noires en grève des hôtels Ibis de faire le tri de leurs « causes », ou de les hiérarchiser. Ce sont des complexes, ou des agglomérats, de dominations qui se donnent en pratique, si bien que lutter contre l’une est ipso facto lutter contre les autres. Il s’ensuit quatre conclusions possibles. » » »

Cet extrait est fondamental : comment insérer sa cause partielle dans la Cause Globale ?
D’où la préparation de la Constituante Citoyenne dans l’engagement de citoyennes-travailleurs dans les comités (le Peuple qui prend en main sa Souveraineté). C’est cette participation de masse qui est le fondement de l’appropriation de la Souveraineté du Peuple par le Peuple comme maître d’oeuvre. Mais la gauche n’ a jamais eu l’idée de faire ce travail de fond. Les GJ, qu’en est-il ? La FI qu’en est-il ?
Le PRCF, le PARDEM, er autres brabches communistes, qu’en est-il ? Les plates forme de gauche et l’Humanité, qu’en est-il ?J’oubliais les syndicats, et la société civile (ses regroupements, des écologistes aux défenseurs du logement modique), qu’en-est-il ?

Et si la diaspora (ci-haut mentionné) se mettait à l’ouvrage, mais sur quel fond commun ? Un consensus est incontournable.

Qu’est-ce qui fait mal à toutes ces instances ? Le manque de revenue pour fonctionner adéquatement, dont la santé et l’éducation souffre (l’ensemble des institutions publiques. Don, tous souffrent du système économique financier. Il ne manque que de faire les liens.
Et ce sont ces liens qui feront prendre conscience de la cause commune ?

14/03/2021 19:08 par CAZA

Bonsoir
Adrian Vania et chb sont un peu sévères avec Le Diplo mais la première lecture met le malaise c’est vrai
Mais bon on verra dans le courrier des lecteurs du prochain numéro en Avril .
On lit quand même :

<<< Il n’empêche que son affaire a connu un retentissement dont ne bénéficient pas souvent les opposants politiques.

Dès la nouvelle de son arrestation, les chancelleries occidentales ont exigé la « libération immédiate » de l’opposant russe et agité la menace de représailles. Au Congrès américain, une large coalition de démocrates et de républicains en a pris prétexte pour demander le renforcement des restrictions déjà adoptées en 2019 contre les entreprises impliquées dans la construction du gazoduc Nord Stream 2, qui doit acheminer du gaz russe en Allemagne. Une telle décision satisferait le Parlement européen, qui a voté en janvier à une large majorité une résolution non contraignante appelant l’Union à « empêcher immédiatement l’achèvement » du gazoduc —

Nous sommes alors en 2007, et cet avocat de formation dirige un parti groupusculaire, Narod (« Le peuple »). Trois ans plus tard, et après un détour par l’université Yale de New Haven, il lance le site d’enquêtes anticorruption Rospil. En faisant de la dénonciation des biens mal acquis le cœur de son action, il quitte les rivages du nationalisme virulent et s’attire la sympathie de la presse occidentale,

Les manifestations de janvier dernier, elles, ont été tièdement reçues par les Russes : 22 % d’opinions favorables, très loin des 80 % dont pouvaient se targuer par exemple les « gilets jaunes » français >>>

L’analyse que fait l’auteure sur l’effet perturbateur de Navalny- Cia sur la politique intérieure Russe c’est que ça fonctionne
mais laisse quand même entendre qu’il roule pour les US :
<<< Son équipe a adressé au président américain une liste de trente-cinq personnes qui « ont fait du trucage des élections une politique nationale, volent l’argent public, empoisonnent ». Il doit prendre le président US pour le gérant de DisneyLand

A la lecture il est clair que c’est après son séjour aux US qu’ il est passé de "" La Russie aux Russes "" nationaliste à "" tout contre la Russie qui s’oppose aux Yankee """

17/03/2021 10:49 par Assimbonanga

Plus belle la vie, mars 2021.
Les thèmes récemment ou actuellement abordés par ce feuilleton d’éducation populaire :
 vedettariat sur "réseaux sociaux" et dérangement psychiques qui s’ensuivent
 police municipale et fascisme de certains agents
 domotique et numérisation de nos vies

Evidemment, bien des critiques sont possibles sur cette production industrielle de fiction, mais ceux qui voudraient s’en servir de point de départ à des débats dans les familles populaires seraient bien avisés !

Autres documents :
 Une filière néonazie au sein de l’armée française
 Le rêve de M. Macron : franchir le mur écologique par la numérisation intégrale

30/03/2021 14:02 par CAZA

Bonjour

On attendait le courrier des lecteurs du Diplo d’Avril .Rien . Donc ce courrier a été censuré .

Page 26 ,Rubrique Asie ,signé Martine Bulard ( Rédactrice en chef ? ) un article qui aurait sa place chez le patron " Le Monde ",
qui ménage la chèvre et le choux et qui n’est pas loin de faire passer M Vivas pour un agent du PC Chinois semble répondre aux courriers censurés
Serait ce à déduire que la liberté du Diplo est sévèrement encadré par le patron .
En ce qui me concerne la déception est cuisante .
En Mai fait ce qu’il te plait . Héhé on va bien voir la rubrique aux lecteurs

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