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Le Monde Diplomatique (octobre 2011)

Dans ce numéro d’octobre 2011, Serge Halimi revient sur la situation en Tunisie (" L’ivresse des possibles " : « Un peu moins d’un an après le suicide de Mohammed Bouazizi à Sidi Bouzid, qui a allumé la mèche des révoltes arabes, la Tunisie se rend aux urnes. Confuse, la campagne électorale se déroule sur fond d’urgence sociale. Une fois le dictateur renversé, la révolution est-elle terminée ? En Tunisie, à l’heure où plus de cent partis, majoritairement inconnus, cherchent à se faire une place dans l’Assemblée constituante qui sortira des urnes le 23 octobre, tout paraît possible, tout semble ouvert. L’assemblée élue pourra se prévaloir d’une impeccable légitimité démocratique : scrutin proportionnel, paritaire (même si 95 % des têtes de liste sont des hommes) ; réglementation rigoureuse des dépenses de campagne, des sondages, de la publicité politique. Représentative, la Constituante sera également souveraine. Elle déterminera l’équilibre des pouvoirs, la forme du régime (présidentiel ou parlementaire), la place de la religion dans les institutions du pays et même, si elle le désire, le rôle de l’Etat dans l’économie. Allégresse et vertige de la page blanche ; espérance d’une démocratie arabe et musulmane : « Si ça ne prend pas ici, ça ne prendra nulle part », résume devant nous une militante du Pôle démocratique moderniste (PDM) assez confiante dans les capacités de la Tunisie à conserver son rôle d’éclaireur de la région. »

Dans les pays arabes qui se libèrent, Akram Belkaïd redoute les privatisations après les révolutions : « L’absence de véritable aide internationale fragilise la quête d’une troisième voie, entre dirigisme et capitalisme débridé, dans les pays arabes. Elle les livre à l’influence d’institutions financières dont la crise, au Nord, n’a pas bousculé les certitudes. »

Un point d’histoire intéressant par Irene L. Gendzier : " Quand Washington hésitait à reconnaître Israël " : « Singulier retournement de l’histoire. En 1948, c’est la perspective d’une déclaration israélienne d’indépendance qui inquiétait Washington : n’allait-elle pas susciter une réaction antioccidentale dans les pays arabes et compromettre ses intérêts Si, à l’époque, le département d’Etat, le ministère de la défense et la Central Intelligence Agency (CIA) se montrent préoccupés, ce n’est pas le cas de Clark Clifford, le conseiller juridique de Harry Truman. A l’image de l’entourage proche du président démocrate, celui-ci insiste sur le fait qu’après tout l’Etat en question existe déjà , et qu’il vaut mieux le reconnaître avant que l’Union soviétique ne le fasse. Il réussit à convaincre la Maison Blanche. En quelques mois, l’administration américaine fait volte-face, estimant qu’elle bénéficiera davantage d’un soutien à la création d’Israël. »

Pour quand un État palestinien, demande Alain Gresh : « En 1948 - qui s’en souvient ? - , les Etats-Unis avaient hésité à reconnaître Israël. En 2011, ils n’hésitent pas à bloquer l’adhésion de l’Etat palestinien aux Nations unies. Ce veto, encouragé de fait par l’Union européenne, vise, une fois de plus, à « reporter » la décision et à parier sur une reprise des négociations bilatérales - dont l’échec est inscrit dans le mépris d’Israël envers le droit international. »

Hervé Kempf évoque le " printemps des étudiants au Chili " : « L’Amérique latine aussi avait son « modèle » : le Chili, pays le plus avancé sur la voie néolibérale. Mais ce parangon de stabilité chancelle. Aiguillonnée par les étudiants, la population exige une autre politique. Et n’hésiterait plus, dit-on, à évoquer le souvenir d’un certain Salvador Allende. »

… Pendant qu’en Argentine, selon Cécile Raimbeau, les " piqueteros " s’impatientent : « Avec la moitié des voix - et une avance de quarante points sur ses adversaire - , Mme Cristina Kirchner, la présidente argentine, a remporté haut la main la primaire du 14 août (destinée à sélectionner les candidats à la présidentielle du 23 octobre). Sauf surprise de taille, elle devrait effectuer un second mandat, après avoir pris la suite de son mari. Leur politique ne fait pourtant pas l’unanimité. »

Corruption, fin de règne au Cameroun, selon Thomas Deltombe : « Vingt et une candidatures (sur les cinquante-deux déposées) ont été validées par la commission électorale camerounaise en vue de l’élection présidentielle du 9 octobre. Soutenu par Paris depuis vingt-neuf ans, le régime autocratique de M. Paul Biya est passé maître dans l’art de contourner les règles internationales concernant les libertés fondamentales. »

Naïké Desquesnes et Nicolas Jaoul évoquent le défi maoïste et la répression en Inde : « Alors que le premier ministre Manmohan Singh et son gouvernement doivent faire face à une vague de protestation contre la corruption, les opérations militaires contre la guérilla maoïste et les peuples tribaux suscitent une grande indignation. Même la Cour suprême a dû rappeler au pouvoir les valeurs constitutionnelles. Malgré leurs méthodes, souvent violentes, les naxalites reçoivent l’appui d’intellectuels de gauche de plus en plus nombreux. »

Éric Alterman se demande si Barack Obama fait semblant de virer à gauche : « Critiqué pour sa stratégie du compromis avec les républicains et ses mauvais résultats en matière d’économie et d’emploi, M. Barack Obama change de ton et propose d’augmenter les impôts des riches. Cette annonce, qui a peu de chances de déboucher sur des résultats concrets, vise-t-elle à remobiliser les électeurs de gauche dans la perspective du scrutin de 2012 ? »

Selon Vicken Cheterian, l’industrie militaire russe est en étét de choc : « Longtemps délaissée, l’armée russe doit se contenter de technologies vieillissantes tandis que de nouveaux producteurs d’équipements militaires menacent les exportations russes. Le président Dmitri Medvedev a lancé un vaste plan d’investissement. »

Tristan Coloma revient sur l’explosion du site nucléaire de Marcoule : « L’explosion d’un four sur le site nucléaire de Marcoule (Gard), le 12 septembre, a fait un mort et quatre blessés. Après la catastrophe humaine et écologique de Fukushima en mars, l’accident propulse l’atome au coeur de la campagne présidentielle française : cette industrie, à la rentabilité incertaine, divise les candidats. Une page se tournerait-elle en France, pays le plus nucléarisé du monde par rapport au nombre d’habitants. Et qui, de Golfech à Tricastin, avait jusqu’ici fait de l’énergie atomique le pilier stratégique de son indépendance ? »

Laurent Cordonnier est très pessimiste pour ce qui est de la bouée que l’Europe a lancé à la Grèce : « Dire une chose et son contraire, tout en bénéficiant du statut d’oracle : c’est le privilège des « marchés ». Télescopage révélateur, les voici qui dénoncent d’un même souffle la ruine de l’économie grecque, étouffée par l’austérité, et la désinvolture italienne, qui en ralentit la mise en oeuvre. Ne peut-on imaginer une autre « règle d’or » que celle qui consiste à s’affranchir à ce point du joug de la raison ? »

Jean-Marie Harribey se demande si l’on peut sortir de la crise : « Alors que, en pleine bourrasque financière et boursière, l’Union européenne est menacée d’explosion, que les Etats-Unis s’agitent pour éviter la récession qui pointe, que l’Asie craint l’essoufflement, il n’est plus beaucoup de voix pour vanter la mondialisation. Pour autant, l’idée d’une « démondialisation » soulève des objections de fond que détaille le texte ci-dessous. L’affaiblissement des sociétés sous les coups de boutoir de la finance a atteint un point limite : les structures de l’économie tremblent, et le voile idéologique qui brouillait ses représentations s’est déchiré. Les chantres de la mondialisation ont donc dû mettre une sourdine à leurs dithyrambes en faveur de l’efficience des marchés, et un débat a pris corps autour de l’antithèse : la démondialisation. Il a ceci d’original qu’il n’oppose pas les fervents de l’orthodoxie aux « antis » mais traverse les rangs des économistes et politiques qui s’étaient élevés contre la dictature des marchés financiers, en particulier au moment du combat contre le projet de traité constitutionnel européen. »

Édouard Sill est allé voir pêcher les thoniers espagnols au large de la Somalie, sous protection militaire : « La pêche n’est pas forcément une activité de tout repos. Bateaux attaqués, équipages séquestrés, les pirates jouent les trouble-fête au large de la Somalie. Au point que des navires de guerre ont même été déployés pour protéger les thoniers. Mais la situation profite également aux sociétés privées de sécurité, qui entendent élargir leur influence. »

Jean-Claude Sergeant (qui étudie la presse britannique depuis cinquante ans) revient sur la fin du News of the World, ce joyau qui un temps, tira à plus de 7 millions d’exemplaires ! : « Il arrive que l’arbre révèle la forêt. En juillet 2011, les Britanniques, scandalisés, découvraient la nature des pratiques journalistiques de l’hebdomadaire News of the World. Mais cette dérive en éclairait d’autres : concentration de la propriété des médias, marchandisation de l’information, connivences politiques. Une conception de la presse qu’incarne à lui seul le magnat Rupert Murdoch. Ce fut l’enquête de trop. Le 5 juillet 2011, News Corp., le troisième empire médiatique mondial, propriété de M. Rupert Murdoch (dont les cinquante-trois mille employés oeuvrent sur quatre continents), vacille : la révélation qu’un journaliste de News of the World,principal tirage de la presse dominicale britannique (deux millions sept cent mille exemplaires), a eu accès à la messagerie vocale de Milly Dowler, petite fille de 13 ans assassinée en 2002, provoque un sursaut d’indignation parmi le public. Les Britanniques apprennent que le piratage a également concerné les boîtes vocales de familles de militaires tués en Afghanistan. Si ce type d’intrusion dans la vie privée de personnalités à forte notoriété était connu depuis longtemps, le recours à ce mode d’immixtion dans l’intimité des simples particuliers frappés par l’affliction dépasse les bornes de l’acceptable, déjà largement repoussées par la presse populaire du pays. »

Alain Garrigou met en garde contre les sondages concernant le parti socialiste et ses primaires : « Les sondages sur la primaire du Parti socialiste (PS) n’existent pas. C’est simplement impossible. Car, pour qu’il y ait sondage, il faut des sondés. Or de qui pourrait-il s’agir ? Des sympathisants ? Ils n’iront pas tous voter. Des électeurs probables ou certains ? Ils n’iront pas tous voter. Dans ces conditions, parmi les « personnes interrogées », les sympathisants-décidés-à -voter-lors-de-la-primaire-qui-de-surcroît-se-rendront-aux-urnes-pour-la-présidentielle... font figure d’oiseaux rares. Un cas d’école : le 27 août 2011, Le Monde publie une énième enquête sur les intentions de vote à la primaire socialiste, concoctée par les instituts Ipsos et Logica Business Consulting. L’enquête, précise le quotidien du soir, a été menée auprès de 3 677 personnes, interrogées par téléphone et sélectionnées « selon la méthode des quotas ». Un très honorable échantillon représentatif ? Pas vraiment, suggère la (discrète) notice détaillée : seules 404 personnes - celles qui avaient déclaré leur intention de voter à la primaire - ont finalement été retenues ; et parmi elles, 363 ont exprimé un avis. L’échantillon a fondu comme neige au soleil, et la marge d’erreur grossi comme champignons après la pluie. Impossible dès lors d’appliquer les méthodes aléatoires ou dites « des quotas » : la représentativité des sondés effectifs laisse songeur… »

Peut-on twitter jusqu’au vertige se demande Mona Chollet ? : « Dès sa création en 2006, Twitter propose aux internautes de propager des messages courts à travers le réseau Internet et vers les téléphones mobiles. Très simple et gratuit, ce service touche désormais des centaines de millions d’utilisateurs. Deviendra-t-il bientôt, conformément à l’ambition de ses concepteurs, le « pouls informationnel de la planète » ? »

Une étude intéressante de Bernard Umbrecht sur Faust et l’alchimie capitaliste : « Å’uvre emblématique de la culture allemande, « Faust » a suscité au fil du temps des curiosités et des interprétations très diverses. Plutôt négligée en République fédérale d’Allemagne (RFA) naguère, mais interprétée en République démocratique allemande (RDA) comme symbolisant la construction d’une société nouvelle, la pièce prend aujourd’hui une autre dimension, à la lumière de la crise : Faust, premier entrepreneur de la mondialisation, est devenu un héros globalement négatif. »

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