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Mali : gauche proguerre et recolonisation (Réponse à Samir Amin)

La gauche anti-guerre dans le camp de la guerre ?

Alors que le monde capitaliste s’enfonce dans une crise systémique sans précédent et que le monde arabe est traversé par des tentatives de déstabilisation qui sont dues aux décennies de pillage et de dictature mais qui ne sont pas toutes, loin de là , le résultat de facteurs locaux, que l’Afrique vit à l’heure du pillage et de conflits non réglés, du Congo à la Cote d’Ivoire, du Sud-Soudan à la Libye, la France s’est engagée de nouveau dans un conflit armé dans une de ses anciennes colonies, le Mali. La "gauche antiguerre" est globalement passée entretemps de la condamnation du bout des lèvres des bombardements en Yougoslavie et en Afghanistan au soutien déclaré à l’ingérence en Libye, en Syrie et au Mali. On doit essayer de comprendre pourquoi ? Et pourquoi il peut être difficile de naviguer entre les réseaux occidentaux de la gauche ex-antiguerre à la gauche anti-impérialiste des pays du Sud ?

L’inaction coupable, voire l’aquiescement aux thèses dominantes, de beaucoup de « progressistes » occidentaux sur les questions de la guerre et de la paix au cours des derniers événements de Libye, de Syrie ou du Mali tranchent radicalement avec le « guerre à la guerre » de Henri Barbusse, slogan qui fut fondateur, en France, de la gauche anti-impérialiste, anticolonialiste et anticapitaliste. Et dans ce contexte, on peut ressentir la position prise par Samir Amin en particulier sur les événements du Mali (1), comme une rupture avec les principes qui fondent l’internationalisme : souveraineté, indépendance, non ingérence mais également une rupture avec, par exemple, la gauche latino-américaine et plus largement celle des pays du Sud.

Comment peut-on présenter Hollande et le gouvernement « socialiste » comme étant désintéressé et quasimment représentant l’honneur d’une Europe incapable de position commune face aux crises arabe et africaine et face au grand méchant loup US - Américain, avec également un flou sur la question de l’attitude à avoir à l’égard de la Chine et de la Russie ? Alors que nous avons affaire en France à un gouvernement qui incarne l’ingérence, l’interventionnisme, dans le droit fil de ce que furent historiquement en France les « socialistes » : un instrument du colonialisme et d’une répression féroce contre le mouvement de libération nationale (voir en particulier : Mitterand et l’Algérie). Un passif qui n’a jamais été analysé, dénoncé, et donc dépassé par les intéressés.

Nous attendons du Président du Forum des alternatives (Samir Amin) qu’il présente une alternative à la prolongation des errements de la gauche socialiste depuis la période coloniale qui s’est en fait poursuivie tout au long des gouvernements de gauche depuis 1981. L’interventionisme militaire des États riches, qui plus est ex-pays colonisateurs, a tout pour lui, sauf de constituer une référence morale et philantropique de la part de ceux-là même qui ont mis en place et entretenu après les indépendances des régimes fantoches comme celui existant encore aujourd’hui au Mali ! Après le renversement par la force et la manipulation des services néocoloniaux du gouvernement progressiste du grand patriote malien Modibo Keita (2).

Comportement grotesque donc que ne peuvent accepter les authentiques soutiens aux pays du Tiers-monde qui réclament toujours sans succès depuis les années 1960 un véritable nouvel ordre économique mondial égalitaire, et donc un nouvel ordre politique qui soit, lui aussi, égalitaire, à l’opposé donc du « nouvel-ancien ordre mondial » prôné désormais par les centres impérialistes, dans la foulée des politiques réactionnaires menées tambour battant au cours des derniers trente ans.

Comment peut-on imaginer dès lors que ce soit la France, avec son passé, qui pourrait assurer les négociations au Mali ? Au nom de quoi, de qui, pourrait-elle le faire de façon équilibrée ? Au fond, n’est-ce pas là nous renvoyer encore une fois à la fameuse « responsability to protect » concoctée par les droidelomistes d’outre-Atlantique en justifiant, ou en légitimant ici, l’ingérence militaire française au Mali, à partir du même concept à la mode du « droit à protéger ». Ce qui sera vécu, lorsque la poussière des chars sera retombée, par les peuples intéressés comme une arrogance, un mépris vis à vis des peuples d’Afrique qui doivent adorer voir dans les rues de Tombouctou les drapeaux français qu’on a distribué aux enfants, et où il ne manque en fait plus qu’on nous dise "merci bwana !"

Ces reportages de propagande sont de véritables insultes pour ceux qu’on présente comme « les bons nègres » qui applaudissent les piou piou français, comme voici plus d’un siècle, ceux qui « amenaient la civilisation aux peuplades déshéritées et incultes ». Au fond, après avoir raillé le discours de Dakar de Sarkozy et sa façon de présenter l’Afrique, et en particulier celle « sur l’incapacité de l’homme africain à entrer dans l’histoire » (3), c’est exactement en fait le même discours dont nous abreuvent les médias.

Enfin, un économiste « de gauche », si ce terme veut encore dire quoique ce soit, et « antiguerre », au moment où la France et l’Europe s’enfoncent dans la crise, le chômage de masse et la misère doit prendre position également sur le coût de cette guerre, les estimations variant entre 30 millions d’euros à ce jour (selon le ministre français de la guerre) jusqu’à un million d’euros par jour ! (4). Et de demander : et si ces sommes considérables étaient affectées au développement et à la coopération réelle du Mali avec la France, que resterait-il aux fameux « islamistes », ou aux séparatistes touaregs, ou à leurs alliés du Qatar et d’ailleurs, comme espace politique pour intervenir ?

Comment analyser la crise du Mali

Il est clair que les événements du Mali ne peuvent être séparés des effets à long terme de la colonisation et des politiques néocoloniales menées depuis le renversement du premier gouvernement malien réellement indépendant et voué au développement national, celui du président Modibo Keita, mis à mort en prison alors que les auteurs du coup d’état avaient été portés au pouvoir sous l’influence des pouvoirs français de l’époque. Coup d’état qui engagea jusqu’à aujourd’hui le Mali sur la voie de la soumission à l’influence néocoloniale et freina toute politique de développement autocentré.

Il est également clair que les événements actuels au Mali sont la conséquence directe de la destruction de l’Etat libyen due à l’ingérence des puissances de l’OTAN et des monarchies absolutistes de la péninsule arabique. Les armes et groupes armés rassemblés dans le nord du Mali à partir de la Libye ont été acheminés après la chute de l’Etat libyen vers le Mali, sans que les satellites spatiaux des Etats-Unis ne sonnent l’alarme.

Il est clair aussi que l’affaiblissement depuis plusieurs décennies de l’Etat malien et de son armée, comme celui d’autres Etats voisins, a été toléré, voire encouragé, par des puissances extérieures, et que les militaires maliens qui ont été formés par des militaires US sont en grande partie passés avec armes et bagages dans le camp rebelle lors de l’arrivée des groupes armés de différentes obédiences dans le Nord du Mali.

Il est clair également que le Mali, comme ses voisins, recelle des ressources stratégiques (uranium, pétrole, gaz, or) convoitées à l’heure où émergent sur la scène internationale des puissances concurrençant les Etats-Unis et leurs protégés, et qui sont à la recherche de sources d’énergie et de richesses pour assurer leur développement.

Il est clair aussi que le seul Etat constitué et indépendant dans la région est désormais l’Algérie, le plus grand pays d’Afrique depuis le démantèlement du Soudan unifié accompli sous influence des USA et d’Israël.

Il est clair également que le conflit au Mali est caractérisé d’une part par des contradictions traversant les puissances occidentales et les grandes compagnies transnationales dans une zone qui constitue le pré-carré traditionnel de la France coloniale et post-coloniale.

Et c’est dans ce contexte que l’on doit analyser l’engagement français qui a rencontré un appui distant de la part de ses alliés officiels et des puissances émergentes. Dans un pays qui ne possède pas de véritable gouvernement légitime puisque le gouvernement malien actuel est le résultat d’un rapport de force provoqué par un coup d’état et contre-coup d’état, et que l’intervention française jouit de l’appui d’une CEDEAO, organisation a priori strictement économique, dont les dirigeants sont souvent contestés quant à leur souveraineté, en particulier celui de la Cote d’Ivoire dont le gouvernement a été mis en place à la suite d’une intervention extérieure, une première dans les anales internationales, chargée de décider qui était censé avoir gagné les élections dans ce pays. Rappelons à ce sujet que, en plus du caractère ignoble, agressif et criminel du gouvernement français de l’époque dans ce conflit toujours non réglé, le Parti socialiste français a alors manifestement accompagné ce mouvement en trahissant ses « camarades » du Front populaire ivoirien, parti membre de l’Internationale socialiste. Indépendamment par ailleurs des opinions que les Ivoiriens peuvent porter sur le gouvernement Gbagbo et qui sont les seuls en droit de porter un jugement sur ce sujet.

Il est clair par ailleurs que l’on a trouvé dans les cartons des stratèges de l’AFRICOM le vieux plan séparatiste français datant de la fin de la période coloniale du « grand Sahel », prévoyant de casser les Etats existant au profit d’une vaste entité désertique peu peuplée et facilement contrôlable. L’AFRICOM, c’est le commandement de l’armée US pour l’Afrique, qui cherche toujours, sans succès, un pays africain acceptant d’héberger son siège qui se trouve pour le moment « exilé » à Stuttgart, en Allemagne. Plan qui est donc repris comme hypothèse de travail par la puissance qui semble concurrencer sur ce terrain une France qui soutient désormais l’existence formelle des Etats aujourd’hui constitués (5).

« Communauté de destin » atlantique et/ou contradictions inter-impérialistes ?

Puisque le Qatar est visiblement derrière toutes les tentatives de renversements violents dans les pays arabes et musulmans, en particulier au Mali, et que le Qatar constitue lui même, pour la majorité de son territoire, une base de l’armée US, comment concevoir les contradictions qui semblent émerger au Mali entre la position française et celle du Qatar ...et de son protecteur ?

Il semble donc dans ce contexte qu’il y a aujourd’hui d’une part complémentarité entre l’action de la France au Mali et l’objectif stratégique des USA de contrôler l’Afrique et de bloquer le développement des contacts entre les pays africains et les puissances émergentes du BRICS, en particulier la Chine, et d’empêcher aussi le maintien d’Etats forts et indépendants, tant politiquement que économiquement, dans cet axe qui commence sur les rives de l’océan Atlantique et se prolonge jusqu’au Xinjiang, axe qui permet de couper l’Afrique et l’Eurasie en deux parties.

Mais il existe aussi une contradiction inter-impérialiste entre le vieux colonialisme français et ses prolongements fatigués de ladite « Françafrique », et les puissances anglo-saxonnes, ce qui apparaît en particulier avec la concurrence entre le groupe Total et les groupes British Petroleum et Exxon Mobile. Et on peut supposer qu’il en va de même pour l’uranium et l’or.

Or, en Algérie, l’attaque venue de Libye qui a visé récemment le site gazier d’In Amenas visait un site de British Petroleum où, à la demande même de BP, il n’y avait pas de présence militaire algérienne, la sécurité étant déléguée en principe à des sociétés de sécurité privées choisies par la compagnie, ...et que l’on n’a pas vu agir lors de l’attaque terroriste. On aurait ainsi voulu faciliter l’attaque de ce site situé à proximité immédiate de la frontière libyenne qu’on ne s’y serait pas pris autrement, ce qui permet d’émettre l’hypothèse d’une provocation extérieure. La réaction rapide et surprenante des pouvoirs algériens a empêché une longue crise des otages qui aurait permis toutes les « médiations » et toutes les ingérences dans les affaires intérieures de l’Algérie. Pays dont la population a refusé de céder aux syrènes dudit « printemps arabe » et des partis algériens, tant « laïcs » que « régionalistes » ou « islamistes » qui sont reçus régulièrement par l’ambassadeur des USA et ses collègues des autres puissances occidentales ou qui entretiennent des télévisions satellitaires « islamiques » d’opposition basées à Londres et au Qatar. Ce qui peut expliquer la colère manifestée au départ par le premier ministre britannique envers Alger. L’Algérie, sans doute plus encore que le Mali, semble constituer une cible de choix pour les pouvoirs impérialistes de l’OTAN. Elle semble même constituer leur prochaine cible privilégiée. Tout ayant été fait pour que le long de toutes ses vastes frontières, du Maroc au Mali en passant par le Sahara occidental, et du Mali à la Libye, voire à la Tunisie, ce soient des pouvoirs ou des forces hostiles à ce pays non aligné et symbole d’une lutte ardue et réussie pour l’indépendance qui s’installent.

Dans ce contexte, on peut penser qu’il y a dans la crise du Mali deux niveaux de contradictions : tout d’abord une contradiction inter-impérialiste entre la France et les puissances anglo-saxonnes, entre les firmes transnationales basées en France et celles associées aux puissances anglo-saxonnes. Il y a ensuite simultanément une volonté de la France de renforcer sa position au sein même de l’alliance atlantique, en montrant le rôle incontournable qu’elle pourrait jouer dans le refoulement de toutes les tentatives de développement de relations plus étroites et plus avantageuses entre les pays africains et les puissances émergentes du BRICS, en particulier la Chine et l’ensemble des pays non alignés attachés au développement de relations économiques équitables « Sud-Sud ». A moins que l’on adopte le point de vue optimiste selon lequel, la France voudrait renouer avec sa tradition gaulliste, et soutenue en principe par le Parti communiste français à l’époque, d’une politique « arabe » et mondiale « équidistante » tout en rompant en plus avec la tradition de la « Françafrique », et qu’il s’agirait aussi d’imposer cela en Afrique. Mais pour le moment, rien ne le laisse supposer puisque même les hésitations manifestées par le candidat Hollande envers l’OTAN ont fait long feu dès son arrivée à l’Elysée, ce que les activités de la France en Syrie et les multiples consultations poursuivies entre Paris, Doha et Tel Aviv semblent démontrer.

Il est impossible, dès lors que l’on reste attaché à la Charte des Nations Unies et donc à la souveraineté nationale et à la non ingérence dans les affaires intérieures des Etats, d’appuyer une quelconque politique de puissance, de morcellement ou de domination en Afrique, d’où qu’elle vienne. On ne peut que soutenir le droit à l’autodétermination, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale des pays arabes et africains. Et donc tout ce qui tendra vers la restauration de l’indépendance totale, de l’intégrité territoriale et de la souveraineté nationale du Mali et le maintien de l’indépendance et de l’intégrité territoriale de l’Algérie et de tous les pays de la zone sahélienne. Raisons pour laquelle il faut au moins rester très prudent, voire circonspect, à propos des récents événements au Mali et dans les pays voisins. Pays qui sont tous menacés par des groupes terroristes implantés depuis longtemps, et d’abord connus pour leurs liens avec la criminalité et les services secrets occultes avant même de faire allégeance, pour la plupart, à un prétendu « islamisme » concocté sous l’influence de monarchies d’un autre âge et dont les activités ont été soutenues et le sont toujours par des puissances extérieures, en Libye, en Syrie ou ailleurs.

Nous ne pouvons donc, si c’est le progrès social et le progrès des peuples qui nous tient à coeur, que militer pour que la France fasse, avant toute prise de position, preuve de cohérence sur les principes mis de l’avant par son gouvernement, pour des raisons de pure forme sans doute, en dénonçant ces groupements transnationaux et leurs appuis dans la péninsule arabique, où qu’ils soient, et donc en particulier en Syrie, ce qui permettrait de créer les conditions permettant au Mali de jouir le plus rapidement possible de sa pleine indépendance et d’élaborer un calendrier de reconstruction rapide d’une armée nationale digne de ce nom, d’évacuation du pays par les forces étrangères en même temps qu’auront été créées les conditions pour des négociations de paix entre toutes les forces politiques maliennes, sans ingérences extérieures. Ce qui entre évidemment en contradiction avec les intérêts économiques à court terme des classes dirigeantes en France. Ce qui implique aussi que la France cesse toutes les activités en Libye qui prolongent les résultats de l’intervention désastreuse à laquelle le précédent gouvernement français avait procédé et qu’elle cesse toute politique d’ingérence dans les affaires intérieures syriennes et coupe tout lien avec une opposition extérieure et armée dont la présence doit bien plus à des facteurs extérieurs qu’à un souhait jamais prouvé de la population syrienne. Qu’on le veuille ou non, il existe un lien direct entre les événements de Libye, de Syrie, du Mali et d’Algérie. Et la politique du gouvernement français ne pourra être appuyée que lorsqu’il aura fait preuve de cohérence. La fin de l’appui des monarchies absolutistes du Golfe, relais régional habituel de l’impérialisme US, aux groupes rebelles armés en Syrie, en Libye et au Mali devrait entraîner ipso facto,la fin des conflits dans ces pays et rendre donc inutile la présence de l’armée française au Mali. Si c’est là vraiment l’objectif recherché par Paris.

Dans ce contexte, nous ne pouvons que nous étonner que certaines voix comme Samir Amin, connues pour leur engagement anti-impérialiste prennent partie dans ce conflit, qui plus est en soutenant l’action de la France elle même appuyée par l’OTAN, alors même que, comme l’a rappelé l’ambassadeur russe à l’ONU, la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU ne donne pas à la France le droit de tout faire au Mali.

« L’islam politique » comme élément légitimateur de l’ingérence

C’est dans ce contexte global là qu’il faut mesurer et analyser les questions qui troublent nombre de militants du progrès social, en particulier la question dudit « islam politique ». Il faut tout d’abord rappeler que cette notion est typiquement d’origine occidentale puisque le fondateur de l’islam fut d’abord le chef d’un parti politique revendiqué comme tel ayant pour nom « Hezbollah », et qu’il fut le chef d’un Etat établi à Médine qui élabora la première constitution au monde, constitution garantissant les règles de cohabitation de tribus et de religions différentes au sein d’un Etat commun. L’islam est donc par principe non seulement une croyance dans l’au delà , non seulement une éthique sociale et juridique, mais c’est aussi un projet politique depuis ses origines (économie non usuraire, égalité sociale devant la loi, tolérance religieuse, etc.) même si ce projet, comme d’autres, peut être lu et décliné sur un mode réactionnaire ou progressiste. Il est donc clair que, au même titre, qu’un Chavez, voire une Angela Merkel, peut se revendiquer d’un « christianisme politique » et social, et aussi d’une analyse sociale marxiste en parallèle dans le cas vénézuélien, on ne peut a priori refuser à des musulmans le droit de proposer librement à leurs peuples une projet politique en accord avec leurs convictions profondes. A moins d’accepter, au nom du vieux laïcisme hypocrite social-démocrate dénoncé en son temps par Lénine, puis par Maurice Thorez, un deux poids deux mesures rappelant l’ethnocentrisme colonial. La question dudit « islamisme », en fait du takfirisme, de l’exclusivisme extrémiste, est ailleurs. Elle constituerait une stricte question intérieure pour les peuples concernés dont aucun Etat extérieur n’aurait le droit de se mêler, y compris s’il prenait la forme effectivement réactionnaire qu’il a le plus souvent pris de nos jours, si ces courants n’étaient pas souvent instrumentalisés par des grandes puissances impérialistes et leurs féaux des monarchies absolutistes absolument soumises aux règles politiques et économiques du capitalisme prédateur mondialisé.

On ne peut pas non plus confondre les groupes de trafiquants transnationaux de drogue, d’armes et de migrants qui ont pris le label « islamiste » comme paravent pour leurs activités lucratives et leurs luttes pour le contrôle du territoire, ce que l’on connait depuis au moins une vingtaine d’années dans les pays du Sahel, et ce que les grandes puissances impérialistes et leurs Etats vassaux ont laissé faire, voire favorisé, avec les activités d’autres « islamistes », aussi réactionnaires soient ils. Il est nécessaire de rappeler ici que, à l’époque du gouvernement des talibans en Afghanistan, la culture de l’opium avait été presque totalement éradiquée au nom des valeurs traditionnelles de l’islam et que, si l’Afghanistan est redevenu aujourd’hui le principal producteur de drogue, cela fait suite, à l’image de ce qui s’était fait auparavant sous l’égide de la CIA en Amérique latine, à l’occupation du pays par l’OTAN qui a renversé un gouvernement « islamiste » national, réactionnaire et indépendant pour le remplacer par un gouvernement « islamiste » soumis, s’appuyant sur tous les trafics possibles et non moins sinon plus réactionnaire encore dans les faits, que ce soit vis à vis des couches sociales et des régions marginalisées que vis à vis des femmes, hors de la scène médiatique centrale constituée par la capitale à usage des journalistes occidentaux.

Il est donc clair qu’il existe un lien entre les puissances impérialistes déclinantes d’Occident, les monarchies absolutistes créées de toute pièce par les colonialistes à l’époque de leur puissance et les réseaux de trafiquants « islamistes » utilisés par ces mêmes cercles qui aiment jouer aux pompiers pyromanes. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas des contradictions entre tous ces cercles. Il ne faut toutefois pas confondre les contradictions qui peuvent être à un moment donné non antagoniques au sein de la bourgeoisie impérialiste et compradore, et les contradictions antagoniques, ou qui peuvent le devenir éventuellement. On peut certes estimer que la France défend ses propres intérêts capitalistes au Sahel et que cela passe par des attitudes plus modérées envers les populations locales et envers des Etats indépendants comme l’Algérie, mais on ne peut nier que son intervention ouvre logiquement la voie à d’autres interventions, et que rien ne dit que l’intervention dont le ministre français de la « défense » actuel souhaite qu’elle se prolonge jusqu’à la victoire « totale » ne profite qu’à TOTAL en finale, et qu’elle n’entraine pas une guerre sans fin, achevant de désintégrer les Etats existant et ouvrant, comme cela est le cas en Libye actuellement, la voie à un désordre généralisé permettant aux compagnies transnationales les plus puissantes de « sécuriser » les mines et gisements qu’elles auront réussi à s’accaparer, laissant le reste du territoire aux mains de seigneurs de la guerre, à l’image de ce qui s’était passé pendant la période coloniale dans l’ex-empire de Chine dépecé jusqu’à la victoire de la Révolution chinoise qui restaura l’intégrité territoriale du pays à partir de 1949.

L’ennemi principal des peuples au Sahara n’est pas d’origine locale, il provient des centres même de l’impérialisme, et la France, si elle était sérieuse dans ses revendications de respect des peuples, prendrait le chemin d’un projet de coopération mutuellement avantageux avec ces peuples, d’une rupture avec l’OTAN et l’UE, et d’un rapprochement avec les puissances émergentes et les Etats réellement indépendants d’Eurasie, de Méditerranée, d’Afrique et d’Amérique latine qui constituent aujourd’hui le seul contrepoids réel face aux menées guerrières et destructrices du capitalisme prédateur mondialisé, « sécurisé » autour de l’OTAN et des plus de 700 bases militaires US répandues dans le monde et de l’archipel des prisons secrètes de la CIA qui bénéficient de la coopération effective de tous les Etats membres de l’OTAN et de toutes les dictatures ou démocraties formelles qui lui restent soumis.

Quant au Maliens, rien ne permet de dire quelles sont leurs opinions envers les événements qui ensanglantent leur pays, puisque rien n’a été fait auparavant par les protagonistes extérieurs de la crise actuelle pour permettre des négociations entre toutes les parties représentatives de ce peuple. A l’apparence que semble procurer à certains la recherche de succès politiques ou médiatiques éphémères, nous préférons pour notre part la défense de principes.

Bruno Drweski*, Jean-Pierre Page**

http://www.lapenseelibre.org/article-mali-gauche-proguerre-et-recolonisation-reponse-a-samir-amin-n-71-115043888.html

* Historien, Politologue, Militant du Collectif d’associations « Pas en notre nom ».

** Syndicaliste, ancien responsable du département international de la CGT, ancien membre du Comité central du Parti communiste français.

1 Voir http://www.m-pep.org/spip.php?article3184, consulté le 31 janvier 2013

2 Modibo Keïta est un homme politique malien, premier Président du Mali après son indépendance et promoteur de l’éphémère Fédération du Mali avec le Sénégal dont le gouvernement préféra en finale se rapprocher de Paris. Modibo Keïta a gouverné son pays entre 1960 et 1968 lorsqu’il fut renversé par un coup d’état qui bénéficiait visiblement de l’appui des cercles colonialistes. Il est né en 1915 à Bamako et est mort en détention au camp des commandos parachutistes de Djikoroni Para à Bamako, le 16 mai 1977, ses geôliers lui ayant apporté de la nourriture empoisonnée, à un moment où la crise de la politique néocoloniale française devenait patente. Panafricaniste et tiers-mondiste convaincu, Modibo Keïta a mené une politique de non alignement radical, établissant des rapports étroits avec les pays ayant opté pour le socialisme.

3 Pour « les deux discours de Dakar », voir http://www.lexpress.fr/actualite/politique/hollande-et-sarkozy-deux-versions-du-discours-de-dakar_1173898.html, consulté le 3 février 2013

4 Voir http://www.rfi.fr/afrique/20130123-cout-guerre-mali-operation-militaire-serval-gazelle-tigre, consulté le 2 février 2013

5 Mireille Mendez-France-Fanon, « Mali : les dessous impérialistes d’une intervention franco-américaine », http://counterpsyops.com/tag/africom, consulté le 3 février 2013 ; Mahdi Darius Nazemroaya, Julien Teil, « America’s conquest of Africa - The roles of France and Israel », http://counterpsyops.com/2011/10/08/americas-conquest-of-africa-the-roles-of-france-and-israel, consulté le 3 février 2013

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COMMENTAIRES  

09/02/2013 20:00 par MartinAlain

On a beau chercher sur le net ....on trouve

Quelques dénonciations de cette guerre néo coloniale ...
et seulement UNE pétition "antiguerre" qui nous pousse aussi à interpeller les élus .

http://www.petitions24.net/stop_guerre_au_mali_-_des_choix_pour_la_paix

Au Mali comme dans toute l’Afrique, la France ne fait pas partie de la solution, tout simplement, parce qu’elle fait partie depuis longtemps du problème.

09/02/2013 21:07 par Anonyme

Analyse quelque peu idéaliste ! Peut-on analyser les rapports économiques, politiques, stratégiques internationaux (ou même à plus petite échelle), en termes de "référence morale et philantropique" ? C’est effectivement grotesque et les auteurs ne se privent pas de le dire, quand ils accusent Hollande de justifier l’intervention au Mali par de tels arguments.

S’il y a lieu de critiquer l’intervention, c’est assurément à partir d’autres critères.

De qui parle-t-on précisément quand on évoque "la "gauche antiguerre" [qui] est globalement passée entretemps de la condamnation du bout des lèvres des bombardements en Yougoslavie et en Afghanistan au soutien déclaré à l’ingérence en Libye, en Syrie et au Mali" ?
La gauche dont je suis, et dont me semble être aussi Samir Amin, a condamné sans équivoque les bombardements et les ingérences en Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye et en Syrie.

L’ingérence de la France au Mali appelle peut-être une autre analyse. Il ne s’agit pas de la soutenir aveuglément, mais d’oser considérer qu’il peut s’agir d’autre chose que d’une simple reproduction des précédentes et d’oser en tenter une analyse spécifique à la fois plus globale et plus nuancée.

Si ces sommes considérables étaient affectées au développement et à la coopération réelle du Mali avec la France, que resterait-il aux fameux « islamistes », ou aux séparatistes touaregs, ou à leurs alliés du Qatar et d’ailleurs, comme espace politique pour intervenir
La réponse est dans le Diplo de février : l’argent. L’argent du pétrole, de la drogue, du pillage et de la corruption, qui ne se déploient pas qu’au Sahel, mais dans toute l’Afrique de l’ouest, et plus loin encore.

"Comment analyser la crise du Mali" ? Apparemment de la même façon que Samir Amin, si l’on s’arrête à ce paragraphe.

C’est au niveau des solutions qu’il y a divergence apparente : les auteurs proposent des solutions idéales, dont on ne peut contester le caractère moral et philanthropique, mais qui n’ont guère de chance de voir le jour ; en tous cas pas avant longtemps. Or, pour les maliens, il y a urgence.

Cunégonde

09/02/2013 23:27 par legrandsoir

La gauche (...) a condamné sans équivoque les bombardements et les ingérences en Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye et en Syrie.

Pas vraiment, non.

10/02/2013 04:55 par babelouest

Je serai d’accord avec LGS : le problème a déjà été les interventions successives des Puissances du Nord : en particulier, pour l’Afrique, en Libye. Cette ingérence a déstabilisé un continent en cours de formation, en détruisant (il faut carrément le dire) le pays qui se proposait de conduire l’Afrique entière vers une indépendance financière, donc politique, vis-à -vis des rapaces "occidentaux". Il y avait eu un coup de semonce en Côte d’Ivoire, désormais avec le pétrole libyen récupéré par des groupes internationaux les populations ne pourront compter sur rien pour remonter la pente.

Que sera l’avenir ? Sans aucune perspective positive pour les Africains, il s’annonce bien sombre. Seule l’Algérie pourrait jouer un rôle, mais la faiblesse de ses structures politiques n’augure rien de bon. Quant à l’Afrique du Sud, elle est, malgré les apparences, encore engluée dans la gangue d’un post-apartheid pas encore effectif réellement.

Où se situe le problème ? Peut-être à Riyad et Doha, dictatures familiales gorgées de dollars. Peut-être aussi dans la "planète CIA", qui fournit les encadrements des "terroristes" comme on l’a souligné en Syrie. S’il s’agit bien de ces facteurs-là , alors sera-t-il possible de les contrer politiquement, en ayant une attitude internationale ferme. Le gouvernement français n’en prend pas le chemin, semble-t-il. Quant à la Chine, qui a des intérêts économiques en Afrique, par prudence elle se garde bien d’interférer dans les affaires intérieures de ce continent.

10/02/2013 08:16 par CN46400

Au delà des postures idéologiques, la question est : Voulons-nous laisser s’installer sur tout le Sahara, une Arabie saoudite au carré ? soit des maxi ressources pour une infime minorité.....Aprés, ça ne dédouane pas l’occident, et la France en particulier, de la fragilité économique (un délicat euphémisme) des états concernés.

10/02/2013 08:51 par Anonyme

Au GS,

Pas très honnête votre façon de tronquer les citations !

Comme pourront le vérifier ceux qui, malgré votre remarque, liront entièrement mon commentaire, ma phrase exacte est :

La gauche dont je suis, et dont me semble être aussi Samir Amin, a condamné sans équivoque les bombardements et les ingérences en Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye et en Syrie.

Je ne sais pas ce qu’est votre gauche à vous, puisque vous ne le précisez pas. Ca ne doit pas être la même que la mienne, car pour moi "seule la vérité est révolutionnaire".

Cunégonde

10/02/2013 09:32 par Lyonnais

Apparemment l’auteur n’a pas compris ce que voulait Samir Amin ou ne l’a pas lu jusqu’au bout !
Voici de quoi lui rafraîchir la mémoire : http://www.m-pep.org/spip.php?article3191

10/02/2013 10:55 par Bernard

"La gauche dont je suis, et dont me semble être aussi Samir Amin, a condamné sans équivoque les bombardements et les ingérences en Yougoslavie, en Afghanistan, en Libye et en Syrie"

C’est qui, c’est quoi, cette "gauche" là qui aurait condamné les bombardements et ingérences en Libye, en Yougoslavie, en Afghanistan, "en Syrie"...En Irak aussi peut-être ?...

10/02/2013 12:09 par Dwaabala

... la France, si elle était sérieuse dans ses revendications de respect des peuples,

Premièrement, devrait expliquer que pour combattre le fondamentalisme, il faut commencer par s’attaquer aux puissants intérêts financiers et industriels qui sont les principaux fournisseurs d’armes et de matériels des milices, à savoir l’Arabie Saoudite, le Qatar et les autres pays du Golfe.
Ensuite en conséquence, procéder à l’expropriation des avoirs qataris - et ils sont considérables - en France, s’intéresser aux mouvements de capitaux entre la France et les pays promoteurs de l’intégrisme - et les rendre publics, mettre fin à toutes les ventes d’armes (avions, frégates, systèmes de défense, etc.) ainsi qu’arrêter les programmes d’entrainement et autres formes de coopération militaire avec les Etats concernés.
Enfin, les grands groupes capitalistes qui pratiquent le « terrorisme économique » en pillant les ressources du Mali et qui soutiennent des régimes corrompus et dictatoriaux partout en Afrique devraient être nationalisés, leurs dirigeants renvoyés, leur gestion réorganisée sur des bases démocratiques et leurs ressources utilisées à des fins progressistes.
Pour conclure, la France dont il est question ici n’est pas celle de F. Hollande le larbin galonné, mais celle du travail qui ne peut avoir d’autre objectif que la solidarité avec les exploités du Mali.

10/02/2013 13:59 par Quidam

Merci à Bruno Drweski & Jean-Pierre Page pour ce recadrage qui s’imposait, rien à y ajouter, parfait !

10/02/2013 15:18 par Anonyme

C’est qui, c’est quoi, cette "gauche" là 

Je répète pour ceux qui n’ont pas tout lu : celle pour qui "seule la vérité est révolutionnaire".

Elle n’est pas très bien organisée mais plus nombreuse que vous ne pensez ; il y a en a même parmi ses membres qui écrivent des commentaires sur le GS et surement aussi parmi les administrateurs de ce dernier, puisque mon précédent commentaire a été publié.

Cunégonde

10/02/2013 15:36 par act

En effet, il existe des camarades qui ont condamnés et se sont (concrètement) mobilisés contre les interventions militaires en Irak, Yougoslavie, Libye, Syrie, au Liban, etc...
Et qui comme d’autres ici ont une analyse plus nuancée, je dirais "pragmatique", de l’intervention française au Mali ; et j’en fait aussi partie.

S’offusquer par principe d’une intervention militaire hors frontières n’a pas de sens, qui (ici ;) irait critiquer les interventions cubaines en Afrique par exemple ?
Il est clair que l’intervention française n’a aucun rapport avec celles qu’a mené Cuba, c’est juste que certains semblent se réfugier (ici aussi) dans un angélisme de circonstance.

Bien évidement je ne pense pas un instant que le motif principal de l’État français est de contrer la politique de déstabilisation menée par les USA et Israël dans la région mais pourtant je ne peux que constater que cette intervention n’entre pas dans leurs plans.
Ce qui me frappe le plus quand je lis les analyses résolument anti-interventionnistes c’est que je partage les arguments, l’opinion mais que ces analyses proposent rarement des solutions alternatives crédibles.

Or dans la situation actuelle Cuba n’a malheureusement plus les moyens de se porter -militairement- à l’aide des peuples Africains menacés par les "mercenaires/fous-de-dieu-utiles-de-l’empire"...
Dès lors d’un point de vue purement tactique, voire stratégique, cette intervention dessert les vues de l’empire néocon qui était jusqu’ici seul à la manoeuvre.
Car, comme le font paradoxalement souvent remarquer les opposant à l’intervention, en effet "Hollande" envoie les troupes combattre ceux que "Sarkozy*" a armé en Libye et ailleurs.

*homme de paille néocon de l’OTAN.

10/02/2013 16:02 par legrandsoir

Entraîner Cuba dans cette discussion est tiré par les cheveux (c’est le moins que l’on puisse dire).

Cuba n’est pas et n’a jamais été une puissance coloniale (plutôt le contraire, non ?)
Cuba n’a pas et n’a jamais eu "d’intérêts économiques" (ie sociétés multinationales) en Afrique.
Cuba est intervenue en Angola (et Namibie) pour empêcher l’Apartheid et ses soutiens de conquérir l’Afrique.
Cuba a envoyé de volontaires, pas une armée de métier.
Cuba est intervenue et n’a ramené que ses morts, pas des contrats d’exploitation des matières premières.
Cuba n’a jamais renvoyé des Maliens par charters entiers pour ensuite se porter "à leur secours".
etc...

Par ailleurs, vous laissez entendre que la France serait intervenue militairement pour contre-carrer les visées US. Ce serait une grande (très grande) première et un sacré retournement de la part d’un gouvernement dont des ministres (et Hollande lui-même) font partie du French American Foundation.

Combattre ceux que Sarkozy a soutenu ? Si on admet que les "djihadistes" sont purement et simplement instrumentalisés, il n’y a aucune contradiction à les combattre "ici" (Mali) et les soutenir "là -bas" (Syrie) selon les objectifs visés.

Tout ceci, évidemment, en admettant que les médias nous ont correctement informés et qu’il s’agit bien de "djihadistes" et rien que de "djihadistes"... Reste dans ce cas à résoudre la quadrature du cercle et expliquer pourquoi on combattrait des groupes qui sont financés et armés par des alliés (Qatar et Arabie Saoudite) où des extrémistes religieux au pouvoir ne semblent poser aucun problème à la France...

10/02/2013 16:45 par act

salut "legrandsoir" :)

Vous(?) me semblez aujourd’hui de mauvaise foi sur les bords,
d’abord la citation tronquée de Cunégonde et maintenant votre lecture me semble partiale.
J’ai pourtant insisté en italique :

Il est clair que l’intervention française n’a aucun rapport avec celles qu’a mené Cuba, c’est juste que certains semblent se réfugier (ici aussi) dans un angélisme de circonstance."

Je m’adressais là à ceux qui condamnent une intervention militaire "par principe"
Ensuite vous écrivez :

Par ailleurs, vous laissez entendre que la France serait intervenue militairement pour contre-carrer les visées US.

Tandis que j’écrivais :

Bien évidement je ne pense pas un instant que le motif principal de l’État français est de contrer la politique de déstabilisation menée par les USA et Israël dans la région...

Ce que je tentais d’exprimer en d’autres mots c’est que bien que je ne me fasse aucune illusion sur les intentions françaises, sur le terrain elles contre-carrent indirectement les visées de l’empire dominant.

Bien à vous.

10/02/2013 17:46 par legrandsoir

J’ai fait une lecture en diagonale. Désolé...

10/02/2013 18:54 par gérard

10/02/2013 à 16:02, legrandsoir
Déjà que je suis obligé politiquement de "manger mon chapeau" une première fois en tant qu’antimilitariste viscéral, une deuxième fois en tant qu’anti-nucléaire, mais il faut que je le fasse une troisième fois quitte à avoir des retombées "radioactives", en prenant, c’est dur à dire, la défense de cette intervention, et en plus sur le Grand Soir ; mais comme "il faut vivre dangereusement", allons-y.
J’ai exactement la même position que Samir Amin. Le reste c’est de la langue de bois.
Pour évacuer toute tentative de "langue de bois", le pétrole, l’uranium, l’or les multinationales, le colonialisme, l’impérialisme, je suis d’accord, mais mettre tout sur le dos de la France, ça c’est de la langue de bois, ou du masochisme, ou les deux à la fois.
Questions, réponses :
La Guerre contre la Libye est-elle à l’origine de la déstabilisation du Mali ? Réponse : oui.
Qui l’a enclenchée ? Le gouvernement Sarkosy.
Qui en hérite ? Le gouvernement Hollande.
Est-ce la "même France" (là je commence à "manger mon chapeau") Réponse : normalement non, mais je vais y revenir.
A quoi jouent le Qatar, les Américains les Britanniques, les Allemands, les Anglais et même les Algériens, tous ces "amis de la France" ?
Réponse : à défendre leurs intérêts et/ou à en conquérir d’autres.
Plus précisément
 le Qatar finance-t-il les mouvements islamistes radicaux ? Réponse : mais non, voyons il ne fait que racheter les clubs de foot et faire du tourisme dans le Sahel !
 les États-uniens, pratiquent-ils en politique étrangère, la tactique du "billard à plusieurs bandes" (voir Andrej Fursov) notamment en créant, manipulant, finançant l’Islamisme radical : mais non, il ne font que convaincre les peuples "barbares" des bienfaits de la "Démocratie" et vendre du coca (qui a dit de la cocaïne ?...http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/publi/dei/dei4.html)
Combien y-a-il de ressortissants français au Mali : 6000 (?)
...Ca fait pas mal d’otages me direz vous, l’intérêt du rapport offre/demande, c’est que les prix vont baisser !
Car il n’y a pas trente six solutions, il n’y en que deux : soit la France se retire du Mali et c’est "la valise ou le cercueil", soit c’est la solution actuelle.
C’est extrêmement dur à digérer, les "chapeaux" ! Mais j’aimerai que l’on m’indique une troisième voie, sans langue de bois, en tenant compte de tous les paramètres des "amis" de la France...
Mais pour répondre à cette question "est-ce la même France ?" (que Sarko) ? Alors là , idéologiquement je répondrai, sans aucun doute, mais avec le faible espoir qu’il en soit autrement.
Mélenchon se fait relativement discret sur le sujet...

10/02/2013 20:57 par manant

Au G.S.
Il y a quelque chose qui s’appelle l’histoire qui fait que les hommes d’État ne sont que la manifestation d’une situation donnée et des forces sociales agissantes. Condamner Hollande à être un "young leader" ad vitam revient à le condamner à n’être qu’un instrument et ignorer le fait que l’histoire peut s’emparer des homme et les obliger à suivre d’autres parcours. Qu’est-ce qui s’est passé depuis l’arrivée de Hollande ? Aux États-Unis, Obama II prend carrément le parti de se replier sur les problèmes internes. Les États-Unis sur lesquels les atlantistes comptaient pour souder le camp occidental se désengagent. Ils battent en retraite en se contentant de tuer de loin et de manoeuvrer depuis l’arrière. En face, la Russie et la Chine et le monde émergent s’affirment sur des questions touchant au droit international et autour de la crise syrienne ou celle de l’Iran abusivement liée au nucléaire. Autrement dit, cela va être chacun pour soi et le retour à la "politique des puissances".
Que dit Samir Amin ? Il dit que la France recouvre sa liberté de manoeuvres pour s’affranchir de la fausse tutelle US. En le faisant, elle poursuit certes ses intérêts égoïstes, mais il se fait que, dans la foulée, elle en arrive à contrecarrer les projets anglo-saxons visant à faire main basse sur la "mer intérieure" qui va de l’Atlantique au Golfe, en chevauchant la vague terroriste qu’ils ont eux-même créée, financé, armée (merci Sarkozy). Par rapport au danger que représente le projet de Sahelistan qui est un Chaoïstan, l’intervention française est un moindre mal. Cela ne résout pas les problèmes de l’Afrique, mais ça peut lui en ôter un. Cela n’a rien à voir avec la gauche, mais cela préserve l’État-nation, les républiques et quelques autres bêtises de ce genre pour lesquels, non pas Hollande, mais le peuple français, a fait d’énormes sacrifices. Des républiques dont se réclament aujourd’hui l’Inde et la Chine, le Venezuela et l’Égypte : quelque chose qui s’affirme universellement (en dehors du contenu), alors qu’en face, on encourage les féodaux, les religieux, les ségrégationnistes. C’est là que l’enjeu se trouve. Revenez aux fondamentaux. Samir Amin, ne l’oublions pas, lie son soutien à l’intervention française au Mali à la nécessité d’en tirer aussi les conséquences logiques en se désengageant de sa participation à la guerre contre Syrie et en se dissociant de la Libye. Pour la Syrie, il semble que cela soit en cours. Pour la suite, nous verrons bien.

10/02/2013 23:32 par Dwaabala

La vidéo est encore là , à droite, sur la même page de LGS, qui rappelle que jusqu’en décembre 2012 pour L. Fabius et F. Hollande, en aucun cas la France n’interviendra au Mali.
Alors aujourd’hui, on peut couper les cheveux en quatre et les regarder à la loupe pour justifier le bien-fondé stratégique de cette intervention...
Il faudra sans doute dans quelques semaines et au gré des toussotements de la politique aujourd’hui musclée de la France reprendre les savantes analyses...
En attendant, l’uranium lui aussi est et sera toujours là au Niger, ainsi que quelques autres intérêts dans la région.

11/02/2013 10:39 par gérard

@10/02/2013 à 23:32, par Dwaabala
Je suis d’accord sur le fait que tout soit "tordu" dans cette histoire, mais la question essentielle à laquelle personne (des adversaires de cette intervention) ne répond :
 j’aimerai que l’on m’indique point par point cette fameuse troisième voie et surtout sans langue de bois, en étudiant bien les conséquences qui en découleraient.

11/02/2013 10:52 par Bernard

"La Guerre contre la Libye est-elle à l’origine de la déstabilisation du Mali ? Réponse : oui.
Qui l’a enclenchée ? Le gouvernement Sarkosy.
Qui en hérite ? Le gouvernement Hollande."

"Héritage"...Dites-vous ?...Allons donc !...C’est en toute connaissance des intentions de Sarkozy que l’ensemble de la classe politicienne parlementaire française, hormis quelques électrons libres, ont avalisé, non pas "la guerre", mais la sauvage agression aéro-maritime des trois principaux dirigeants de l’Atlantique Nord, dévastatrice et meutriére de la Jamahiriya arabe et socialiste Libyenne, durant sept mois consécutifs, en appui au sol à un ramassis de nostalgiques de la monarchie senoussis, de renégats libyens et d’ "islamistes" qatariotes...

11/02/2013 11:22 par pilhaouer

http://www.avanti4.be/analyses/article/comment-washington

Comment Washington a contribué à fomenter l’insurrection islamiste au Mali par Jeremy Keenan

11/02/2013 13:51 par Dwaabala

à gérard

j’aimerai que l’on m’indique point par point cette fameuse troisième voie

La question est bien posée.
Il n’appartient peut-être pas aux prolétaires de se substituer aux gestionnaires du capitalisme, c’est pourquoi mon premier commentaire :

10/02/2013 à 12:09, par Dwaabala

semble répondre à la question.
Il reprend la conclusion d’un article de La Riposte, d’une tendance minoritaire du PCF :
http://www.lariposte.com/le-pcf-et-la-guerre-au-mali,1891.html

12/02/2013 00:35 par gérard

@ pilhaouer
merci pour cet article, il faudrait le diffuser sur le Grand Soir...
Il confirme avec plus de précision encore ce que je savais déjà ...

@ Dwaabala
Mais qu’on se comprenne bien, je le redis, sur les analyses de fond (capitalisme, impérialisme, intérêts néo-coloniaux etc...) je suis d’accord à 100% ; mais moi je ne parle que de l’instant (t) la situation actuelle, et du contexte très particulier du Mali.

Admettons (on peut rêver !) que ce soit le Front de Gauche qui ait, suite à son élection, été confronté à cette situation au Mali, il aurait bien du "se substituer aux gestionnaires du capitalisme", quelle solution aurait-il pu envisager autre que celle du Gouvernement Hollande ?
C’est LA question à l’instant (t), car déjà il y a 6000 ressortissants français au Mali, et principalement au Sud.
Quand je parle de "manger mon chapeau", c’est bien bien pire quand on se penche en plus sur le contexte très particulier du Mali !

Parenthèse, un point très important : l’analyse de texte.
Par expérience j’ai remarqué qu’un texte qui développe une seule et même idée, tout le monde arrive peu ou prou a en ressortir la ligne directive ; celui qui est à priori pour adhère au propos, celui qui est à priori contre, le rejette.
Mais dès qu’un texte n’est plus monolithique, qu’il comporte un ensemble de nuances, des idées en opposition, et/ou politiquement "incorrectes", les lecteurs doivent faire preuve d’une consciencieuse analyse de texte, sinon chacun va prendre ce qui va dans le sens des idées préconçues qu’il avait au départ du sujet, en "oubliant" de faire la liaison entre toutes les nuances de l’auteur ; automatiquement les propos de l’auteur seront détournés ou déformés.
Et c’est le gros défaut de certains commentateurs :
 soit leur faible niveau d’analyse de texte...
 soit leur analyse est "vite faite mal faite", et il ne sert plus que de support pour leurs propres idées, et de préférence souvent pour en apporter la contradiction, et ce texte est alors... "oublié"
cela en fait ce que je nomme des "snippers", j’en ai subi !

Samir Amin annonce clairement sa couleur dès la première phrase.
- « Je suis de ceux qui condamnent par principe toute intervention militaire des puissances occidentales dans les pays du Sud ».
Mais ensuite :
 « l’intervention française au Mali est-elle l’exception à la règle ? Oui et non. C’est la raison pour laquelle j’appelle à la soutenir »,
Beaucoup ne vont retenir de lui que le fait qu’il soit pour l’intervention de la France au Mali, sans tenir compte de la phrase d’introduction et de toutes les raisons qu’il ne cessera de développer tout au long de son exposé et qui l’ont amené à contredire sa "profession de foi", et il y en a beaucoup !
Ceux qui affirment que Samir Amin est pour (l’intervention...) ont raison, et ceux qui disent qu’il est contre , ils ont raison aussi...
C’est chaque point que l’auteur développe qu’il faut prendre en considération, accord ou désaccord.
C’est très étrange, je n’avais pas ressenti son "accord" comme étant le point le plus important de son article, mais...tous les autres...
L’article de La Riposte, manque de temps, je ne l’ai lu que "transversalement", il m’intéresse : il est bien au chaud pour plus tard dans mes marque-pages..
merci

12/02/2013 00:50 par ogotemmeli

La question d’une "troisième voie" m’intéresse particulièrement. Mais les deux premières voies se fondent sur des "faits" que je ne trouve pas suffisamment établis :
 la question de "djihadistes" qui auraient quitté la Lybie, auraient ignoré le Niger-AREVAlistan, pour revendiquer le nord Mali.
 Des "djihadistes", prétendument surarmés, et qui auraient écrasé une armé malienne qui se serait dotée de chars et d’avions de combat si ses commandes de matériel militaire n’avaient pas été confisquées par les larbins de la Françafrique à Abidjan, Dakar, Conakry...
 des "djihadistes" qui se baladent en Pick-Up dans le désert, et ont pu escalader nuitamment - par milliers !? - les massifs montagneux sahariens, dès les premiers vrombissements des avions français [lesquels n’auraient donc réussi qu’à balancer leurs bombes libératrices sur de paisibles villageois maliens et leurs enfants]...
 le MNLA fomenté à Paris, un organisme ultra-minoritaire parmi les Touareg, qui eux-mêmes représentent à peine 1% de la population malienne, et moins de 10% de la population du nord-Mali, et que les autorités françaises imposent comme unique interlocuteur dans des négociations avec les intérimaires de Bamako visant à une autonomie/indépendance de l’azawad...

Troisième Voie
Le Panafricanisme, pardi !
Celui dont Modibo Kéita était un vaillant soldat, et Kwame Nkrumah un si brillant promoteur...
Un fédéralisme politique ouest-africain, qui commencerait par :
 une armée commune (au fait, en 50 ans de coopération militaire avec la France, n’est-ce pas "étrange" que l’armée malienne soit incapable d’éradiquer quelques "djihadistes" armés par cette même France ?) ;
 une monnaie commune ;
 une politique étrangère commune, laquelle privilégierait les relations diplomatiques et économiques avec les pays non-interventionnistes (a fortiori anti-impérialistes) comme l’Iran, la Chine, la Russie, le Venezuela, Cuba, etc.

En réalité, cette "troisième voie" est historiquement la première, et assurément la seule véritable. Or, c’est celle-ci qui a toujours été systématiquement assassinée en Afrique (Um Nyobè, Lumumba, Olympio, Cabral, Sankara, etc.) par les ingérences occidentales/capitalistes, notamment françaises...comme aujourd’hui au Mali...

Bref, l’intervention française au Mali ne peut en aucun cas être une solution pour le Peuple Malien ; au contraire elle constitue un autre défi lancé à la souveraineté malienne mise entre parenthèse depuis l’éviction criminelle du panafricaniste Modibo Kéita.
Mais cette intervention, après celles de la Côte d’Ivoire et de la Libye, a remobilisé plus que jamais en Afrique les militants panafricanistes partout sur le continent. Leur réveil sonne le glas inéluctable de l’Empire et de ses affidés...

http://www.afrocentricite.com/

12/02/2013 16:45 par Safiya

@ ogotemmeli

Après Modibo Kéita, Kwame Nkrumah, Um Nyobè, Lumumba, Olympio, Cabral, Sankara, etc., je rajoute un autre martyr tombé, récemment, pour que le panafricanisme ne soit pas : Mouammar Kadhafi !

12/02/2013 19:42 par Quidam

gérard
(...) Admettons (on peut rêver !) que ce soit le Front de Gauche qui ait, suite à son élection, été confronté à cette situation au Mali, il aurait bien du "se substituer aux gestionnaires du capitalisme", quelle solution aurait-il pu envisager autre que celle du Gouvernement Hollande ? (...)

Les Africains ne seraient-ils donc pour vous pas capables de régler leurs propres affaires ?

Vous rendez-vous compte que vous emboitez le pas du tristement célèbre "discours" de Sarkozy de Dakar ???? !!!!

Que diriez-vous si les Chinois par exemple venaient faire la police en Europe au prétexte que les Européens sont des bons à rien, hein ?

12/02/2013 23:03 par Dwaabala

En quoi l’intervention au Mali de F. Hollande peut être regardé comme la suite donnée à l’assassinat commandité de Mouammar Khadfi.
Les apports financiers de Mouammar Kadhafi lui avaient permis de se créer des alliés parmi les dirigeants africains et les initiatives humanitaires libyennes lui valurent une réelle popularité dans une partie de l’opinion africaine. Il avait bénéficié également d’excellents rapports avec Nelson Mandela, du fait de son soutien à l’ANC au temps de la lutte contre l’Apartheid
Il tente en 2000 de convaincre les dirigeants des autres pays africains de créer des États Unis d’Afrique, qu’il considère comme le meilleur moyen de développement pour le continent africain. Ce projet serait passé par la création d’une monnaie unique et d’une seule armée.
En 2007, il se rend ainsi à Bamako, à Abidjan ou encore à Accra pour présenter son projet d’un gouvernement unique pour l’Afrique sous forme d’un État fédéral, mais ce projet reste au stade embryonnaire

Oui, Mouammar Khadafi doit être ajouté à la longue liste des dirigeants assassinés pour que l’Afrique ne soit pas.

12/02/2013 23:37 par Sheynat

12/02/2013 à 00:35, par gérard
Parenthèse, un point très important : l’analyse de texte.(...) Ceux qui affirment que Samir Amin est pour (l’intervention...) ont raison, et ceux qui disent qu’il est contre , ils ont raison aussi...

Formidable : tant de conseils aux lecteurs sur l’analyse de texte et de remarques sur l’incompétence de certains «  snippers », pour en arriver à ce genre de conclusion... :)

Nous ne pouvons donc, si c’est le progrès social et le progrès des peuples qui nous tient à coeur, que militer pour que la France fasse, avant toute prise de position, preuve de cohérence sur les principes mis de l’avant par son gouvernement, pour des raisons de pure forme sans doute (…)

...Et que son gouvernement demande l’avis des peuples directement concernés car ils sont en général les premiers à morfler... moi, ça aussi, cela me semblerait cohérent.

Sheynat.

13/02/2013 13:10 par gérard

@ Sheynat
Et bien oui, c’est lamentable mais c’est comme ça ; même si tout ce que Samir Amin développe ensuite dans son article prouve que fondamentalement il est contre cette intervention, qu’il met en garde contre tout ce qui risque advenir par la suite, et qu’il indique ce qu’il faudrait faire etc... Ses propos là ont beau être pertinents et irréprochables, cela n’y fait rien ; il a quand même été attaqué et a été obligé de se défendre sur le seul point, celui d’être pour cette intervention. On s’obstine à ne retenir que ce dernier aspect de son analyse. Manque total d’analyse ? Analyse partiale ?

13/02/2013 15:27 par gérard

Le lien donné par Dwaabala, sur un article de "la Riposte", est très intéressant je le redonne :
http://www.lariposte.com/le-pcf-et-la-guerre-au-mali,1891.html
N’en déplaise à certains quidams, les analyses "à l’emporte-pièces" concernant la situation au Mali, sont pour le moins incongrues, mais une analyse de ce texte s’impose (désolé, ça risque d’être un peu long...) :

 Riposte :
« Au Mali, la France serait en guerre contre le djihadisme Selon le gouvernement français »,« l’intervention au Mali se justifiait par la menace imminente de la prise de Bamako par des « fondamentalistes islamiques  » »

Non, ce n’est pas vrai, il faut rendre à César ce qu’il lui appartient, le gouvernement Français a eu plutôt un langage "bushiste" de cette guerre ; il insiste souvent pour la qualifier de "guerre contre le terrorisme".

Un autre point est extrêmement important :
Quelle est la nature profonde des forces combattues ? Que représente ce fameux "djihadisme" au Mali ? Que sont véritablement AQMI, Ansar Dine, Mudjao ?
Pour l’instant pas de réponse dans l’article de Riposte.
 Riposte :
« ce régime (malien)est une dictature militaire, coupable, elle aussi, de nombreuses exactions et assassinats. »
A mon avis ce n’est plus un problème de dictature puisqu’il n’y a plus d’armée, plus de police et plus d’État dignes de ce nom...
 Riposte :
« Mais le gouvernement laisse entendre que, comparée aux djihadistes, la dictature militaire serait un « moindre mal » »
Là j’aimerais connaitre les sources de cette "information" ou sa démonstration ! Où, quand, et comment ?
 Riposte :
« Le problème, c’est que cette explication officielle est un leurre. Elle ne sert qu’à masquer les véritables objectifs de cette opération. »
A mon avis ce ne devrait n’être que la conclusion, mais peu importe, voyons la suite :
 Riposte :
« A chaque fois que les puissances impérialistes lancent une guerre, elles se munissent de prétextes « humanitaires » »
Là en théorie, je suis totalement d’accord. Mais il faut garder en mémoire l’histoire de celui qui a crié au loup...si ça se trouve pour une fois les prétextes étaient vrais, mais n’anticipons pas.

Ensuite sur l’analyse de la Libye, je n’ai rien à dire, sauf qu’il faudrait être honnête, et dire que le PS et Hollande n’y sont pour rien ! Surtout ne pas toujours dire "l’État Français", c’est d’une part agaçant, et d’autre part une analyse politique honnête doit juger impartialement les différents gouvernements d’un Pays...

Quant à la "position de la France" en Syrie, je ne sais comment la qualifier, incompétence, aveuglement, mais je pense qu’il est plus probable que ce fut les deux à la fois, et en plus une réaction de ..."ne-surtout-pas-sortir-des-clous-au-lendemain-des-élections-car-trop-de-propagandes-contre-Bachar-avaient-déjà -depuis-trop-longtemps-circulé-sur-nos-Médias"...Encore une fois, comme pour la Libye, la position de la France sur le conflit Syrien avait été donné par l’équipe Sarkosy...
Un mensonge, c’est comme un sable mouvant, plus on s’y complait, plus on s’y enfonce....Et le gouvernement Hollande s’y est enfoncé, mais pouvait-il faire autrement au lendemain des élections aux priorités de tous ordres pour le moins urgentes (sociales, économiques etc....) ? Il y a lieu de se poser des questions, non ?
 Riposte :
« Mais en l’occurrence, la guerre actuelle au Mali est menée dans l’intérêt des grands groupes capitalistes français et pour contrer les ambitions de ses rivaux, dont notamment, dans cette région, le Qatar, qui finance des milices (Mujao et Ansar Eddine) pour étendre sa zone d’influence et renforcer sa position dans des « négociations » futures. L’intervention française est appuyée par l’Arabie Saoudite, qui, si elle arme et finance des mouvements fondamentalistes dans le monde entier, veut freiner l’expansion des intérêts qataris en Afrique du Nord. Le Qatar a considérablement renforcé ses positions en Libye, en Égypte et en Tunisie. »
Analyse de géopolitique très intéressante et très pertinente : le rôle du Qatar, et donc par ricochet de la vraie nature du Mujao et de Ansar Dine.
 L’explication musulmane, "islamiste" de ce conflit serait donc obsolète...

Mais revenons en arrière sur ce texte :
 Riposte :
« A chaque fois que les puissances impérialistes lancent une guerre... »
Quelle "puissance" a-t-elle donc été à l’origine de ce "conflit" ?
Comme le confirme l’analyse ci-dessus, à laquelle d’ailleurs j’adhère, les "milices terroristes" qui ont attaqué en premier le Nord du Mali et ensuite le Sud...serait donc à l’origine de ce conflit et par répercutions le "financier", c’est à dire le Qatar, et non pas la France !
Très grosse contradiction dans cet article.

 Conclusion de Riposte :
« l’intervention, celle-ci a tout de même permis de repousser les milices fondamentalistes, bloquant leur avance vers la capitale et libérant plusieurs villes qui étaient sous leur contrôle. Ce sont des faits que personne ne peut nier. Mais la reconnaissance de cette réalité n’épuise pas la question. »
Malgré nos divergences, j’aime cet article surtout et à cause de ce dernier paragraphe.

Si on veut bien admettre cette intervention, cela n’épuise pas pour autant les questions ; car attention il ne faut surtout pas s’arrêter là , il y a tout le reste, et la liste est longue, effroyablement longue de tout ce qu’il faut dénoncer de l’exploitation de l’Afrique par le Monde entier, et pas seulement par la France.
C’était il me semble point par point la démonstration de Samir Amin, sauf que lui, il a eu le tort de dire clairement son accord, mais les autres, si on analyse bien, ils l’ont simplement laissé entendre...Mais où est la différence ?

13/02/2013 16:04 par Dwaabala

à gérard
Je n’ai cité ma source qu’à seule fin de dire que je ne revendiquais pas la paternité des idées positives que j’avais retenues, parce qu’il fallait rendre à César... et je me permets de rappeler que je n’ai repris que certaines suggestions contenues dans la seule dernière partie de l’article de La Riposte, sous le titre Que faire ? , ce qui précède ne m’intéressant pas plus que cela.

14/02/2013 00:02 par transes en France

@ogotemmeli

Votre analyse est limpide et très pertinente, et les questions soulevées sont de la plus haute importance, si on suit un peu et si on veut comprendre les bases du conflit.
D’ailleurs, il en est de même de l’article proposé ici qui dénonce la position prise par Samir Amin sur les événements du Mali.

Hélas, votre analyse ne vaut rien à côté des conclusions des brillants experts français en géopolitique qui grouillent et s’étalent sur le site depuis le début du conflit.
Vous connaissez l’Afrique ? Vous connaissez le Mali ? Pas la peine, regardez tout ce qu’on peut trouver à dire, même si on ne s’est jamais aventuré dans le XVIII° arr. de Paris, outre-périphérique, ou à la Porte d’Aix, ou si on n’a jamais adressé la parole à un Malien de sa vie, ne serait-ce que pour lui souhaiter bon voyage à l’aéroport de Roissy.

Et vous faites très bien de nous dire que les deux premières voies sont bien embrouillées et la France mouillée jusqu’au cou dans tous les cas de figure, tout comme ses partenaires de la coalition. Ils sont tous mouillés sur tout le Continent africain, avec des rôles différents plus ou moins nets selon le cas, comme ils l’ont été en Syrie, en Lybie, en Irak, en Afghanistan, ou dans les issues du "Printemps arabe".

Vous avez parfaitement raison de laisser entendre qu’il s’agit d’une entreprise colossale de déstabilisation et de reprise en main de toute l’Afrique par les forces coloniales derrière la bannière USA. Ces faits sont avérés et parfaitement admis et sont à la base de la majorité des conflits qui ont lieu en Afrique. D’ailleurs, le billet des auteurs ci-dessus donne un lien vers la création et le développement d’Africom, dont on semble occulter le rôle dans le conflit au Mali pour nous enfumer avec les "djihadistes", quand il ne s’agit pas de "terroristes".

Et vous avez également raison de montrer que tous ceux qui débattent d’interventions en Afrique, qu’ils se déclarent pour ou contre, oublient carrément de dire que c’est aux Africains et à eux seuls de s’autodéterminer, et pas à des experts en brassages éoliens ou qui se livrent à des pratiques contre nature sur des coléoptères en vol, et que la SEULE VOIE, c’est que tous ces parasites occidentaux quittent l’Afrique et laissent se développer le Panafricanisme sans assassiner systématiquement leurs leaders charismatiques et leur balancer entre les pattes des extrémistes qu’ils ont armés jusqu’aux dents.

Mais le Français est très cartésien : si les voies dont il croit avoir entendu parler ne lui conviennent pas, il en veut une troisième directement (quoi qu’il veuille dire par là , le Français a parfois des raisons que la raison ignore, mais il a raison, c’est l’essentiel).

D’autre part, comment un intervenant africain lambda peut-il rivaliser avec un type digne de foi comme Samir Amin, pré-si-dent du Forum des alternatives, s’il vous plait - encore un truc plein d’intellos, sans doute, qui veulent parler à la place des peuples, de tous les peuples.
On voit ce que ça donne. Ca avance à grands pas. De bottes.

En attendant, on nous explique :

1) Que Hollande fait ce qu’il peut pour rattraper les dégâts de l’héritage sarkozien, qui avait fait tout mal et nous a conduits au désastre, contre le gré de notre cher nouveau gouvernement, qui, contrairement aux autres pays européens, ne roule pas pour ses propres intérêts, mais pour ceux d’Africains sans grade attaqués par des hordes d’islamisses qui sortent de toutes parts.
Tout en faisant abstraction de l’absurdité de la motivation du président normal à avoir répondu aux appels de détresse d’un gouvernement de transition issu d’un putsch. Mais ça devient tellement une habitude de se passer de légitimité qu’on ne se pose même plus la question. On fonce.

2) Qu’il a choisi de bombarder le Nord parce qu’il y a 6000 ressortissants français, essentiellement installés au sud, et qu’il veut les protéger, ce que même les plus hypocrites du PS (et pourtant, il y a du potentiel) ne se sont pas risqués à dire. Aucune guerre n’a jamais été menée pour les intérêts de ressortissants, mais pour protéger les intérêts de ceux qui détiennent les rênes du pouvoir et de l’argent. Il faut le savoir.
D’autre part, au début de tout conflit, si on est un peu observateur, on voit que les ressortissants sont invités à revenir au pays et s’ils restent sur place c’est à leurs risques et périls.
Les otages ? Mais les otages servent toujours à justifier de tout. D’ailleurs, c’est leur faute, aux otages, non ?

Et, 3) cerise sur le gâteau : ce qu’on entend à chaque nouvelle intervention humanitaire - et qu’on n’entendra plus du tout très bientôt, la race semblant en voie d’extinction définitive, désormais : ’"jusqu’à présent, j’ai toujours été contre les pseudo-interventions humanitaires, mais cette fois-ci …".

Eh NON, cette fois-ci, NON PLUS, il ne fallait pas, et il faut être sacrément borné pour croire un seul instant que Hollande puisse être déterminé à sauver les populations maliennes en Afrique pendant que son ministre les pourchasse sur notre sol, avec son aval (c’est quand même lui qui l’a choisi en connaissance de cause, non ?).
Et si j’avais le courage, je chercherais combien de Maliens ont été renvoyés chez eux depuis les bombardements. - à moins que Valls l’ait mise en veilleuse … On sait qu’il sait être délicat.

Il faut être sacrément stupide pour croire à une quelconque intention humanitaire de tous ces escrocs quand le Mali, qui fait partie des anciennes chasses gardées de la France, est, avec le Burkina, le Niger et d’autres, malgré leurs ressources naturelles, un des pays les plus pauvres au monde, par la faute même de la politique française en Afrique.

Et il faut n’avoir aucune crainte du ridicule pour soutenir qu’Hollande s’est retrouvé devant le fait accompli en succédant à sarkozy ! Où sont les motions de protestations émises par le PS contre les forfaits de Sarkozy en Libye, en Côte d’Ivoire et ailleurs. Sortez les preuves.

Sinon, des preuves de collusion antérieure, j’en ai, moi et des bien claires, où les deux se donnent la main pour mieux écraser les peuples.

Alors, avant de se prétendre analyste et de donner des leçons, il s’agirait d’être à la hauteur. Ce qui, de toute évidence, n’est pas le cas.

Vous préférez le snipering ou le tasering ?
On peut faire les deux. On a ça en magasin. Mais arrêtez de partir vous mettre à l’abri lécher vos plaies en attendant la fin de l’orage pour revenir ensuite vous poser en martyr incompris et prétendre que vous aviez mille fois raison.

Un procédé éminemment malhonnête qui échappe même à la vigilance de la modération.
La désinformation volontaire et acharnée est un crime, et encore plus grave quand elle se développe librement et sciemment sur un site qui se veut diffuser une information alternative à la langue de bois officielle ;
Le soutien à une quelconque force occidentale qui occupe et/ou bombarde un pays africain, après avoir favorisé sa déstabilisation, tout en prétendant vouloir l’aider, relève de la complicité de crime contre l’humanité.
Crime qui aujourd’hui concerne tout un continent et ses ressources sur lesquelles les pays occidentaux sont en train de faire main basse.

Le problème, c’est que ceux qui incitent à ces crimes ne sont jamais repentants quand le pays arrive en phase terminale d’anéantissement et sont toujours prêts à justifier une nouvelle destruction totale - avec l’arrogance de l’ignorant.

Quant à la désinformation, c’est ça : où voyez-vous une foule délirante assister au discours de sarkozy en Libye ?

Et, de même, y-a-t-il des images (authentiques, évidemment) de cette généreuse intervention humanitaire dont la France devrait être fière, non ?
Voit-on nos braves soldats aller sauver dans les villages tous ces pauvres gens menacés de mort ? Ce magnifique élan de solidarité au Mali est-il au moins traduit pas des actions sur le terrain ?

J’aurais presque envie de dire que, pour le savoir, il faudrait le demander aux Maliens, et aux Africains, épris de démocratie et d’auto-détermination et qui ne peuvent se faire entendre dans cette cacophonie d’idiots utiles.

14/02/2013 09:56 par pilhaouer

Sur Europe Solidaire Sans Frontières, une autre réponse à Samir Amin

14/02/2013 11:57 par Fethi GHARBI

@ transes en France

Merci pour ce beau pamphlet contre tous ces tortionnaires des mots et du sens.
Il mérite vraiment d’être publié en tant qu’article.

J’ai toujours adhéré à la pensée de Samir Amin...Mais de là à croire que le mal puisse être un jour au service du bien...

Espérer que le bien pourra résulter des contradictions internes de l’axe euro-atlantique, c’est croire naïvement aux miracles...

Mais nous, peuples du sombre "printemps arabe", en l’état où nous sommes, nous nous attachons à n’importe quelle planche de salut...puisse-t-elle être imaginaire...

14/02/2013 15:38 par gérard

@ Grand Soir, c’est quand même limite "hors jeu" ce style de prose :

Vous préférez le snipering ou le tasering ?
On peut faire les deux. On a ça en magasin. Mais arrêtez de partir vous mettre à l’abri lécher vos plaies en attendant la fin de l’orage pour revenir ensuite vous poser en martyr incompris et prétendre que vous aviez mille fois raison.
Un procédé éminemment malhonnête qui échappe même à la vigilance de la modération.
La désinformation volontaire et acharnée est un crime, et encore plus grave quand elle se développe librement et sciemment sur un site qui se veut diffuser une information alternative à la langue de bois officielle ;
Le soutien à une quelconque force occidentale qui occupe et/ou bombarde un pays africain, après avoir favorisé sa déstabilisation, tout en prétendant vouloir l’aider, relève de la complicité de crime contre l’humanité.

Mais passons, car ya-pas-que ce passage dans ce commentaire...hélas !

@ transes en France
Quelque points de votre commentaire où je suis d’accord, mais beaucoup d’autres (trop) où amalgames et mauvaise fois se livrent à un farouche combat ; mais comme il aurait été trop long et trop ennuyeux de tout reprendre point par point, j’y ai renoncé.
De toute façon vu la teneur de vos invectives, il y a peu de chance d’avoir un dialogue serein.
Petite parenthèse en passant, on n’est pas à la tribune de l’ONU, le sort de la planète n’est pas en jeu, faudrait voir à relativiser les choses !
Je réitère une mise au point pour qu’il n’y ait pas de malentendus, sur le constat de la situation politique en Afrique, nous sommes d’accord. J’ai pu tout dernièrement recueillir l’avis d’un proche qui connait, pas bien, car ce serait prétentieux, mais suffisamment pour résumer : trivialement c’est le "bordel", et du fait des européens et des régimes "fantoches" (pas pour eux) qu’ils s’arrangent pour mettre en place...Les "yaqu’à " et les "fautqu’on" n’ont que très peu de chances d’avoir des résultats en Afrique, et ce je le redis du fait des intérêts en jeu, et forcément...du fait des Européens ; à mon humble niveau, car je ne suis pas un expert, j’avais fait passer un article qui traitait ce sujet par le biais d’un élément somme toute mineur, le poulet : http://www.legrandsoir.info/le-fabuleux-destin-du-poulet-classe-a.html
Ou comment même seulement par notre alimentation on nuit à l’Afrique...
Mais revenons à votre pamphlet, car il y apparaitrait quelques "bizarreries".
Ce que vous écrivez :

Vous avez parfaitement raison de laisser entendre qu’il s’agit d’une entreprise colossale de déstabilisation et de reprise en main de toute l’Afrique par les forces coloniales derrière la bannière USA. Ces faits sont avérés et parfaitement admis et sont à la base de la majorité des conflits qui ont lieu en Afrique. D’ailleurs, le billet des auteurs ci-dessus donne un lien vers la création et le développement d’Africom, dont on semble occulter le rôle dans le conflit au Mali pour nous enfumer avec les "djihadistes", quand il ne s’agit pas de "terroristes".

Mais Bravo ! Je suis entièrement d’accord (et j’ai pu recueillir de nombreux avis divers allant tous dans ce sens), avec ce qui peut apparaitre comme étant une "théorie conspirationniste" Bien entendu que les américains sont derrière, et par conséquent le Qatar ! La liaison Ben-Laden - CIA, n’est même plus à démontrer, et la piste continue Aqmi, Ansar Dine, Mujao ; mais ce n’est pas fini, mais on en parle peu, il y a cet élément non négligeable :http://www.ofdt.fr/ofdtdev/live/publi/dei/dei4.html
et il y a celui des réserves d’or des banques centrales, et notamment celle de la F.E.D., qui aurait des "soucis", elle aurait "disparu"...Et le Mali serait potentiellement le second (à vérifier ?) producteur d’or...
Le rôle de l’Algérie est très loin d’être clair aussi...
Mais si je suis d’accord avec ce que vous avez écrit, ce passage est à l’opposé de ce que vous prétendez du rôle prédominant de la France, soit de tout le reste de votre démonstration...
Quant à prétendre que :
« Ils sont tous mouillés sur tout le Continent africain, avec des rôles différents plus ou moins nets. »
...des "rôles", ils "joueraient tous la même pièce ?..Alors là c’est un postulat !
Les Américains n’ont pas d’amis ils n’ont que des concurrents et qui plus est qu’ils manipulent ; Sarkosy est entré dans leur jeu, il a même fait du zèle, manipulation ?
A quoi "joue" le Qatar ?
Alors que chacun ait un rôle de "connivence" dans cette "histoire", c’est absolument abracadabrantesque !
Il est certain que c’est "un sac de noeud", alors de là donc affirmer détenir LA vérité ! Et le dire aussi péremptoirement que votre commentaire, c’est inqualifiable...

14/02/2013 17:17 par gérard

@ transes en France
Quelqu’un dont l’avis est intéressant à écouter, Alain Chouet :
http://alain.chouet.free.fr/import/sahel.pdf

14/02/2013 17:23 par Pedro

puisque d’aucuns s’érigent en "gardes rouges" de l’anti-impérialisme et dressent des procès à charge avec des méthodes et des discours plus que contestables où la véhémence des propos sert à masquer l’indigence de l’analyse et où les amalgames et attaques personnelles tiennent lieu de raisonnement
en voici une certes longue, mais autrement plus consistante

de la part de quelqu’un que l’on peut difficilement soupçonner de quelque complaisance avec l’impérialisme, comme Samir Amin d’ailleurs, puisque, contrairement à ce que certains ont cru comprendre du titre, il prolonge et approfondit le point de vue de Samir Amin :

IBRAHIMA SENE PIT : CRISE MALIENNE
Commentaires relatifs au texte du Camarade, Professeur Samir Amin

http://www.nettali.net/spip.php?article28804

14/02/2013 22:14 par Ogotemmeli

« @ ogotemmeli

Après Modibo Kéita, Kwame Nkrumah, Um Nyobè, Lumumba, Olympio, Cabral, Sankara, etc., je rajoute un autre martyr tombé, récemment, pour que le panafricanisme ne soit pas : Mouammar Kadhafi ! »
Mais noooonnnnnnnnnnn, Safiya !
Mouammar Kadhafi était un dictateur sanguinaire, qui menaçait de faire violer toutes les femmes libyennes, en distribuant du VIAGRA à cet effet à sa soldatesque !!! N’est-ce pas ???
Quant aux réalisations socio-économiques de la Jamahiriya, notamment en matière de Santé, Education, Logement, qu’envieraient les laissés-pour-compte de Gandrange : simple vue de notre esprit embué...

Bien sûr que Khadafi est tombé pour ses ambitions panafricanistes : banque centrale commune, monnaie commune, communes infrastructures de télécommunication (projet RASCOM), etc.

Bref, réduire le panafricanisme à du "ya qu’à ", "faut qu’on", comme j’ai cru le comprendre de la part de Gérard ; cela revient à insulter la mémoire de ceux qui sont tombés pour un si noble idéal politique africain.
En tout cas, le panafricanisme est un mouvement intellectuel séculaire, dont la bibliographie regorge de propositions pour une renaissance panafricaine n’ayant RIEN à envier aux "premières", "deuxièmes" et autres énièmes "voies" sensées justifier l’intervention militaire humanitariste de la France au Mali de Modibo Kéita et des charters de "101 Maliens"...

Par exemple : Cheikh Anta Diop, Les fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire, 1954. Déjà en 1954, il y a bientôt 60 ans ! Aucun doute que les Africains, et en l’espèce les Maliens, sont les mieux placés que quiconque pour découvrir leurs propres "voies", et ne surtout pas remettre leur destin collectif entre les mains de quelque intervention impérialiste sous fausse bannière...

Quant à l’idée selon laquelle les Etatsuniens seraient les commanditaires en dernier ressort du bellicisme français ; ou cette autre opinion qui veut que la France intervienne au Mali pour contrer l’implantation américaine dans le Sahara commencée depuis belle lurette avec AFRICOM. Toutes ces conjectures manquent un point stratégique crucial qui consiste en ceci : les moyens (diplomatiques, économiques, militaires, etc.) des Etats occidentaux sont de plus en plus instrumentalisés sur les scènes internationales, en vue de promouvoir ou de protéger les intérêts économiques d’une élite "anonyme" (comme le sont les sociétés multinationales par actions...) composée des principaux rentiers de la dette "souveraine" attachée aux pieds de ces Etats comme un boulet...ou alors une laisse...

Ce point surdétermine, dans une mesure très significative, la politique étrangère de ces Etats, et il transcende les contradictions apparentes de leurs diverses interventions tendues toutes vers un même but : accroître ou sauvegarder le monopole financier des rentiers de la "dette souveraine" sur l’économie réelle, notamment celle des matières premières ou stratégiques...

Cette intervention au Mali n’est au profit ni des Maliens, ni encore moins des citoyens français lambda très occupés à en découdre avec les effets si dévastateurs de la désindustrialisation...

http://www.afrocentricite.com/2009/11/le-code-de-l%E2%80%99investissement-ivoirien-est-une-trappe-a-sous-developpement/

14/02/2013 23:31 par gérard

@ Ogotemmeli
J’avais mal écrit, il manquait les guillemets, je rapportais un avis, d’ailleurs comme je l’ai dit juste après, "je ne suis pas un expert".
Il est vrai que ce que j’ai pu entendre n’est pas particulièrement optimiste, mais c’est très difficile de pouvoir juger...tout un Continent.
Quoiqu’il en soit je suis entièrement d’accord sur le fait que :
« les États occidentaux sont de plus en plus instrumentalisés sur les scènes internationales, en vue de promouvoir ou de protéger les intérêts économiques d’une élite "anonyme" », et instrumentalisée par cette même "élite".
Mais est ce uniquement ça au Mali ?
Que penser de l’article (envoyé par Pedro), celui de Ibrahima Sene Pit ?
Ce que je connaissais déjà correspondait parfaitement avec son analyse, mais...?

15/02/2013 06:30 par Safiya

Cher Ogotemmeli, vous ne trouvez pas que la persévérance (pour ne pas dire acharnement) de Gérard à justifier l’intolérable, faisant feu de tout bois jusqu’à celui bien pourri de nos "peaux noires-masques blancs" le rend bien pathétique ? Au point que je "zappe" ses coms.

Je n’arrive pas à "digérer" les dires de Samir Amin, il représentait beaucoup pour moi. A présent, mon regard se fait plus mitigé, plus attentif.

Merci pour le lien.

15/02/2013 08:29 par Quidam

gérard
(...) d’ailleurs comme je l’ai dit juste après, "je ne suis pas un expert".(...)

Vous êtes trop modeste Gérard, pour ce qu’il s’agit de tourner autours du pot & d’afficher sans vergogne des positions totalement à l’opposé des opinions d’extrême gauche que vous revendiquez, vous êtes non seulement un expert mais un maître !
On aura noté que pour vous appeler un chat un chat se dit faire des analyses "à l’emporte-pièces", (sic) c’est bien celà hein ? Et tourner autours du pot vous le dites comment au juste ?

15/02/2013 11:16 par gérard

@ Safiya
IBRAHIMA SENE PIT : CRISE MALIENNE
Commentaires relatifs au texte du Camarade, Professeur Samir Amin
http://www.nettali.net/spip.php?article28804
Je n’ai, à part quelques aboiements, voir ci-dessous, pas lu de commentaires sur cet article !
... quand un ami dit quelque chose il faut l’écouter, même si ça ne fait pas plaisir, et moi aussi j’aime beaucoup, et toujours, Samir Amin, et moi aussi ça ne me fait pas plaisir d’être sur la même position que...nos chers gouvernants, et en plus je n’ai pas de certitudes !
@ Michael, pardon @ Quidam (mais la ressemblance était si importante !), et si vous restiez simple quidam...ça (me) ferait des vacances...Aboyer sur tous les sujets du site, à force c’est au minimum lassant !

15/02/2013 12:06 par Fethi GHARBI

@ transes en France, Safiya, Ogotemmeli, Quidam et les autres

Mais arrêtez donc de vous en prendre à gérard.
Comprenez que s’il se met systématiquement à contrecourant de ce que vous dites et de ce que vous pensez c’est juste pour animer le débat et pour aiguiser la dialectique

gérard est un peu notre Socrate et sa maïeutique nous incite à accoucher de notre substantifique moelle

15/02/2013 12:15 par Anonyme

à Safiya

Après Modibo Kéita, Kwame Nkrumah, Um Nyobè, Lumumba, Olympio, Cabral, Sankara, etc., je rajoute un autre martyr tombé, récemment, pour que le panafricanisme ne soit pas : Mouammar Kadhafi !

Certes ! Sinon Hillary Clinton, alors représentante et haut-parleur de l’oligarchie au pouvoir, n’aurait pas bénéficié de cette mise en scène télévisée et n’aurait pas été filmée applaudissant et riant aux éclats à la nouvelle de la torture et de l’assassinat de celui qui présentait le plus grand danger (selon les quelques uns qui veulent exploiter le monde entier) d’union des Africains. Mouammar Kadhafi n’a pas été politiquement tué par les "attentats de Lockerbie" qui lui ont été faussement été attribués ? Il fallait donc le tuer physiquement... Et pas par un "accident d’avion tout à fait fortuit", comme ceux dont parle John Perkins, non, il fallait se débarrasser une fois pour toutes de son prestige subsistant, l’humilier aux yeux des Africains, et, bien entendu, faire disparaître son corps.

Et continuer à "diviser pour règner"... sur l’Afrique et ses richesses. Et ses êtres humains.

Sachant que la France est servilement atlantiste, aplatie devant les canons et autres bombes sales de l’OTAN dont elle fait partie, et qui l’"aident" dans sa "conquête" du Mali, sachant que ses citoyens n’ont pas leur avis à donner en ce qui concerne les guerres qu’elle juge opportun de mener, sachant qu’en outre ce ne sont plus tous ses citoyens qui les mènent, mais seulement ceux qui sont prêts à dézinguer du bougnoule, quelle autre interprétation est-il possible d’avoir, sous les bombes et autres traquenards ourdis par la "communauté - très réduite - internationale", de l’intervention de notre pays (on peut plus opposé à une intervention en dehors de ses frontières, l’histoire l’a prouvé...) ?

15/02/2013 14:54 par gérard

@ 15/02/2013 à 12:06, par Fethi GHARBI
Excellent !
Mais j’avoue en toute franchise (et surtout je n’en ai pas la prétention), n’y avoir pas pensé une nano-seconde !
Disons que depuis...depuis que je me souvienne, ma ligne de pensée est "rien n’est évident", et que le 11 septembre pour moi n’a vraiment pas "arrangé les choses" (bien au contraire)....et tout ce qui a suivi non plus !
Le Grand Soir y est aussi responsable, mais c’est trop long à expliquer...
Mais il ne faut pas croire non plus que c’est "systématique". Je suis très souvent absent de tout commentaire.
Disons aussi que je déteste par dessus tout le conformisme, et il peut se nicher partout, même dans les "meilleures intentions du monde" !
Comme disait Brel :
"je fais glou-glou, je fais miam-miam
j’défile criant "paix au Vietnam !"
pass’qu’enfin, enfin... j’ai mes opinions.

15/02/2013 16:23 par Pedro

Il est clair que l’outrance de certains propos et la promptitude à dresser des « bûchers rédempteurs » augure mal de la teneur de l’éventuel débat qui pourrait se développer à partir de la question malienne
Alors ainsi Samir Amin serait soudain devenu un suppôt de la Françafrique et Ibrahima Sene serait-il lui aussi à qualifier de supplétif du colonialisme, simplement parce qu’ils essaient d’identifier les enjeux géostratégiques en question dans ce conflit et les nombreuses contradictions qu’il recèle ?
Et ceux qui estiment que leur analyse est pertinente et éclairante sont aussitôt voués aux gémonies des « anti-impérialistes de clavier » !
La belle affaire !
Un peu de sérieux, sur ce site qui le mérite pour toute l’action qu’il développe depuis longtemps.

Il serait plus que temps que l’on s’affranchisse de ces lectures binaires et manichéennes où tout un chacun est sommé de se situer d’un côté ou l’autre de la barrière, sans pour autant prendre le temps d’identifier toutes les contradictions que révèlent certains conflits et la dynamique qui peut en sortir.

C’est, à mon avis, le grand mérite des analyses tant de Samir Amin que d’Ibrahima Sene, et si l’on peut ne pas partager leur point de vue, que cela soit fait à partir d’une argumentation établie et cohérente et non pas par des « procès en sorcellerie » aussi hâtifs qu’indignes.
Car à aucun moment je n’ai lu dans leurs points de vue quelque « angélisme » sur les objectifs géostratégiques poursuivis par les puissances impérialistes et que l’un et l’autre, persistent à affirmer que toute solution durable ne pourra être l’oeuvre que du peuple malien lui-même, mais encore faut-il qu’il en ait la possibilité.

J’ai lu un peu plus haut qu’il convenait d’ajouter Khadafi au panthéon des martyrs du panafricanisme
Même si je ne suis pas particulièrement féru des « panthéonisations », car toute liste est réductrice, même si je pense que notamment par rapport aux premiers noms cités, ceux de Samora Machel et Chris Hani y auraient sûrement toute leur place, vouloir faire de Khadafi un icône de la lutte anti-impérialiste qu’il n’était plus ne contribue certainement pas à éclairer les enjeux en cause car ce genre de raccourcis n’ont fait que donner du grain à moudre à la propagande impérialiste
Et plus que de se gausser des fables dérisoires que cette propagande impérialiste a pu abondamment diffuser sur Khadafi, ce qui revient à les accréditer en leur donnant une importance qu’elles n’ont pas, il serait plus utile de se pencher sur l’évolution des relations entre la Jamahiriya et le FMI et les multinationales de l’Empire pour constater que Khadafi dans ces dernières années n’avait plus grand-chose à voir avec le combattant anti-impérialiste qu’il a sans conteste été.
Faut-il rappeler les images de sa dernière visite officielle en France du temps de Sarkozy ?
Dire cela n’a rien à voir avec légitimer son assassinat perpétré grâce à l’agression impérialiste contre la Lybie que Samir Amin, que je sache, n’a jamais, ni de près ni de loin, cautionné ni non plus à nier les incidences évidentes que cette agression a eu dans la situation actuelle au Sahel, évoquées aussi bien par Samir Amin que par Ibrahima Sene.

C’est aussi au nom de ces lectures binaires et de ses raccourcis hasardeux que certains ont continué à vouloir voir en Mugabe un combattant anti-impérialiste quand sa pratique du pouvoir personnel et autocratique n’avait plus rien à voir avec les objectifs de la NRD
Et là aussi ce genre de confusion n’a fait que bénéficier à la propagande impérialiste en lui permettant de caricaturer à l’envie la réalité du combat impérialiste en Afrique.

Et puisque certains se plaisent à citer le nom du grand Modibo Keita, paix à sa mémoire, qu’ils se souviennent au moins, s’ils ne le savent pas, que Samir Amin a fait partie de ces internationalistes qui sont venus prêter main-forte au gouvernement de Modibo pour construire un Mali réellement indépendant et souverain auquel la Françafrique a mis fin dans le sang avec un de ses hommes de mains Moussa Traoré

15/02/2013 16:27 par Fethi GHARBI

Mais oui, mais oui, mon cher gérard...

Et vous autres, vous comprenez maintenant à quel point j’avais raison...

15/02/2013 19:33 par gérard

@ 15/02/2013 à 16:27, par Fethi GHARBI
 ?????
Je pourrais encore mettre plus de points d’interrogation...Faudrait vraiment être plus explicite car je ne comprends rien...Il manque vraiment au moins une dimension dans cette """communication""", mais c’est pour ainsi dire "enfoncer une porte ouverte...

15/02/2013 19:58 par Fethi GHARBI

Lecture de l’article d’IBRAHIMA SENE PIT

« En effet, la France est intervenue militairement au Mali, non pas pour y défendre des intérêts de ses grandes Entreprises du CAC 40 dans ce pays, comme cela a été toujours le cas quand les grandes puissances interviennent dans un pays, mais essentiellement , pour y chasser ceux qui menacent , d’une part, les intérêts de son Entreprise nucléaire, AREVA, au Niger... »

C’est vrai, ce n’est pas pour défendre des intérêts de ses grandes Entreprises du CAC 40 mais seulement de son Entreprise nucléaire, AREVA, au Niger...
Il ne faut cependant pas dédaigner l’or le pétrole et surtout l’uranium du Mali

« ...avec le départ d’A. Wade et de N. Sarkozy, tous deux, partisans farouches du « retour à l’ordre constitutionnel », et l’arrivée de M. Macky Sall, réticent, malgré les fortes pressions de Jupé, puis de Fabius, à participer à une croisade contre les putschistes, et de F. Hollande, qui, après un moment de continuation des positions de son prédécesseur, s’est, par la suite, converti aux positions du Sénégal d’aider l’armée malienne en équipement, en formation et en appui logistique, pour libérer le Nord, plutôt que de privilégier la « chasse aux putschistes », au grand désarroi des USA et de la CEDEAO... »

 Mon dieu, mais alors pourquoi les yankees ont-ils affrété leurs gros transporteurs pour assurer le voyage des troupes françaises ?
 Mais non, les américains ont simplement loué leurs avions à la France...
 Pauvre Obama, voila qu’il finit en taxidriver...Il faut dire qu’avec la crise...

Cependant, le Professeur a bien raison de s’interroger jusqu’où Hollande ira dans cette rupture d’alliance stratégique avec les USA.

Rupture ! le bien vilain mot ! Mais il a bien raison de s’interroger, le professeur ! cependant, il n y a pas vraiment lieu de trop s’inquiéter...

Ainsi, juger la nature de l’intervention militaire des grandes puissances dans un pays, sans tenir compte de leurs intérêts géostratégiques dans la zone du conflit, ne permet pas de la juger objectivement. La France, en Syrie et au Mali, a une même « logique d’enfer », qui consiste à occuper des positions stratégiques dans ces pays, mêmes si ses intérêts économiques ne sont pas en jeu dans le conflit

Voila qui est bien dit, alors gardez-vous de confondre tactique et stratégie et sachez qu’un prédateur reste toujours un prédateur même si les accidents de l’histoire lui donne l’apparence d’une fée

16/02/2013 00:09 par Ogotemmeli

Alors ainsi Samir Amin serait soudain devenu un suppôt de la Françafrique et Ibrahima Sene serait-il lui aussi à qualifier de supplétif du colonialisme, simplement parce qu’ils essaient d’identifier les enjeux géostratégiques en question dans ce conflit et les nombreuses contradictions qu’il recèle ?

Quoiqu’ait dit ou fait Samir Amin depuis tant de décennies, cela n’empêche qu’il ait pu tenir une position, pour le moins, déroutante pour quelques uns ici qui comptent également parmi ses fidèles lecteurs. n’oublie pas que dans les années 1970, où les "Tiers-mondistes" avaient le vent en poupe, Samir Amin enseignait à l’université d’Abidjan ; tout comme le brillant économiste africain Joseph Tchundjang Pouémi...[L’auteur de "Monnaie, servitude et liberté - La répression monétaire de l’Afrique"]

Bref, il s’agit ici uniquement de ce qu’il dit sur l’intervention de la France au Mali : 500 ans d’histoire des relations franco-africaines témoignent absolument contre les pieuses intentions qu’il prête à cette intervention !!!

Soit dit au passage, aucune corrélation n’est envisagée par Samir Amin avec l’agression de la Côte d’Ivoire par cette même armé française (notamment mars-avril 2011), ainsi que les timides réticences d’ATT pour soutenir cette agression d’un pays mitoyen. Le même ATT qui, quelques mois plus tard, cachait à peine son soutien (simplement affectif) à Kadhafi tombé dans la gueule des loups OTANiens...

Prétendre qu’au Mali la France ne défend pas "ses" entreprises du CAC40 est une pure foutaise :
 or, pétrole, uranium, gaz naturel, etc. relèvent bel et bien du monopole financier des actionnaires des entreprises du CAC40 ;
 or, ces actionnaires ne sont pas "la France" (je veux dire l’Etat français), ils ne sont pas uniquement français ; ils sont aussi (et surtout) étastuniens, britanniques, suisses, allemands, etc. "Globaux", quoi...
 or, ces actionnaires "globaux" sont aussi les principaux créanciers de l’Etat français, et de quelques autres Etats occidentaux, dont les moyens militaires sont fréquemment mis au service de la poursuite des intérêts de leurs rentiers...

La division du travail au sein de "la communauté internationale" est telle que c’est bien à la France que revenait l’initiative de cette intervention au Mali, car elle y est dans son "Pré Carré". La part de butin des rentiers français de la "dette souveraine" aurait pu être significativement réduite si les futurs chefs de l’Azawad venaient à échapper à "l’influence" du Quai d’Orsay...pour passer sous celle de l’AFRICOM...

16/02/2013 01:35 par Pedro

là encore il serait souhaitable de répondre à ce qui est écrit et non à des supposées intentions que l’on prête à tel ou tel

je ne vois pas ni dans le point de vue de Samir Amin ni dans celui d’Ibrahima Sene qu’ils parlent "d’intentions pieuses" s’agissant de l’intervention française au Mali, simplement ils s’attachent à en analyser les ressorts et les contradictions
alors discutons de ce qui est réellement écrit à moins de tomber dans les procès d’intentions

l’histoire du colonialisme et des stratégies impérialistes ne manque pas de contradictions et s’attacher à les décrypter c’est aussi réfléchir aux espaces qu’elles peuvent ouvrir à l’émancipation des peuples

dire cela n’a rien à voir avec une quelconque caution des politiques impérialistes et néo-coloniales

pour déroutantes qu’elle puissent paraître, je trouve pour ma part ces prises de positions courageuses et lucides car certainement plus en prise avec la réalité et plus éclairantes quant aux enjeux que des imprécations péremptoires et des incantations certes exaltantes pour ceux qui les tiennent mais inaudibles pour la grande majorité des peuples dont elles sont censées défendre les intérêts

la subordination atlantiste de la France n’exclut pas pour autant que, pour des raisons qui n’ont rien de pieux, elle puisse entrer en contradiction avec la stratégie de l’Empire à un moment donné et à un endroit précis

la question du respect de l’intégrité territoriale du Mali apparaît centrale dans ce conflit et elle marque à l’évidence une ligne de conflit entre la position prise par la France et celle défendue par l’Empire

et les enjeux quant à ce sujet ne sont pas sans importance pour les peuples de la région et pas seulement pour celui du Mali

16/02/2013 10:59 par Ogotemmeli

je ne vois pas ni dans le point de vue de Samir Amin ni dans celui d’Ibrahima Sene qu’ils parlent "d’intentions pieuses" s’agissant de l’intervention française au Mali, simplement ils s’attachent à en analyser les ressorts et les contradictions
alors discutons de ce qui est réellement écrit à moins de tomber dans les procès d’intentions

Soyons sérieux !
Samir Amin et Ibrahim Sene conjecturent, sans apporter aucun début de commencement de preuve de ce qu’ils prétendent. Où sont les faits sur lesquels pourraient s’appuyer leur fumeuses analyses ???

1/ Dire que la France n’intervient pas pour protéger les intérêts du CAC40 est faux, presque mensonger : ainsi que l’a relevé ici Fethi Gharbi, et pour les raisons vérifiables que j’ai exposées à sa suite.
En effet, les intérêts des entreprises du CAC40 ne sont pas ceux de la France, mais bel et bien ceux des actionnaires de ces entreprises ; lesquels sont également les créanciers de la France...

Une "analyse", comme celle de Sene (voire de Samir Amin) qui manque ce point crucial peut être brillante dans sa forme, mais n’a rien de "stratégique" : de surcroît elle est contredite par 500 ans d’histoire. Sauf à faire croire que Flanby Hollande serait de la trempe de De Gaulle, avec les marges de manoeuvre que ce dernier parvenait à se ménager au sein de l’Alliance, dont les effets étaient concrètement saisissables : pas d’OTAN, une politique africaine de l’Etat entièrement vouée à se ménager un accès privilégié aux ressources (énergétiques) du "Pré Carré", en vue de la Reconstruction. Les entreprises d’alors n’étaient pas celles du CAC40, mais bien celles - nationales/publiques - de la France : Elf, COGEMA, etc...

J’insiste : Faire soit disant de la "géostratégie", en recherchant ce qui serait cohérent avec les intérêts de la France (du peuple français !!!) dans la politique africaine de l’Etat français, en omettant le fait si patent que cet Etat est désormais instrumentalisé par ses puissants créanciers dans leur propre et unique intérêt ; c’est prendre ses propres vessies pour des lanternes...

2/ Dire que la France intervient toute seule, contre le gré de ses Alliés, c’est tout aussi faux ; presque mensonger. A ce propos, je cite bien volontiers un autre intervenant sur ce même forum, Transes en France :

Et il est clair que, contrairement à ce qu’il m’a été réfuté de façon ignare, les rôles ont été bel et bien distribués dans le cadre de cette reprise en mains de l’Afrique : les US s’installent partout, plus ou moins discrètement, pour créer des bases et former les armées locales, ils fournissent une aide logistique spécifique et les alliés fournissent les troupes, le reste du matériel et l’argent pour déstabiliser les pays qui étaient leurs anciennes colonies.
Les informations données ci-dessus, entre billet et commentaire, sont parfaitement exactes.
D’abord, de toute évidence, et cela, depuis des années maintenant, les US s’intéressent à la conquête de l’Afrique et veulent évincer la Chine et la Russie sur le terrain.
Le cas du Soudan est caractéristique, qui été démantelé pour permettre à l’occident de mettre la main sur le pétrole soudanais, un peu trop entre celles de la Chine.
Ensuite, en effet, pendant que l’armée française s’occupe au Mali, les USaméricains ne restent pas les bras ballants, contrairement à ce que certains veulent nous faire croire. Ils ont des missions bien établies sous la houlette du gouv. US, du Pentagone ou de la CIA.
D’abord, les armées US et britannique apportent leur soutien logistique à la France au Mali (avions ravitailleurs, drones, instructeurs sur le terrain, agents et avions espions, etc.), ce qui signifie qu’ils ne sont pas passifs dans cette affaire, et qu’ils sont, au contraire, d’accord.
D’autre part, ce sont les troupes africaines entraînées par les US qui sont, en toute logique, allées sur le terrain.

Désolé, mais les conjectures de Samir Amin et consorts ne pèsent pas grand chose face aux considérations ci-dessus fondées sur des faits documentés, et qui relèvent eux - on ne peut plus - de la géostratégie. Au fond, il peut arriver que les mutations tactiques de la lutte anti-impérialiste dépassent certains anciens combattants...sans remettre en cause pour autant leurs mérites d’autrefois...

16/02/2013 17:51 par Pedro

je constate que les "commissaires politiques" brevetés internet et autres "révolutionnaires virtuels" tombent toujours dans le vieux travers qui consiste à prêter aux autres ses propres travers

ce que vous décrivez comme "des analyses sans fondement" s’agissant des points de vue de Samir Amin et Ibrahima Sene sont pourtant bien plus argumentées que des propos que vous reprenez en leur décernant un label de "vérité" inquestionable

et dès lors que l’on ne souscrit pas à ces "évidences" certifiées "incontestables, les oukases fusent et les "excommunications" sont sans appel

avec pour les agrémenter des propos d’aussi haute tenue que la pitoyable référence aux "anciens combattants" qui ne font que masquer la non-réponse à des questions pourtant déjà soulevées plusieurs fois

Notamment la question du respect de l’intégrité territoriale du Mali qui est manifestement une ligne de rupture entre la stratégie de l’empire et celle que la France a adoptée pour des raisons qui n’ont rien de pieux. Et dire cela n’a rien à voir avec prétendre que la première motivation de la France dans ce cas est d’ordre "humanitaire" ni ignorer les intérêts économiques qui sont en jeu. Ni non plus négliger les relations de connivence qui peuvent exister entre le gouvernement français et le pouvoir états-unien, par exemple sur la Syrie et tant Samir Amin qu’Ibrahima Sene pointent justement ces contradictions. Mais déformer les propos de ceux que l’on souhaite disqualifier faute d’autres arguments fait aussi partie des méthodes des "commissaires politiques" que j’évoquais au début comme les amalgames constants dont vous usez et abusez. Elles nous renvoient hélas à des comportements et des époques dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles n’ont pas contribué à l’émancipation des peuples.

Or cette question cruciale permet de mieux comprendre justement le positionnement de la France mais aussi par exemple celui de l’Algérie, qui sait très bien les dangers qu’un éclatement du Mali ferait courir à sa propre intégrité territoriale. Et cette question constitue aussi une des inflexions majeures de la position française entre l’époque Sarkozy et celle d’Hollande et il suffit simplement de se remmémorer comment le pouvoir sarkozyste a pu choyer notamment le MNLA pour en attester. Et puisque référence a été faite au cas du Soudan, cet exemple devrait pourtant inciter à la plus grande vigilance.

Ensuite, si instruire des procès à charge pour "traîtrise" en utilisant des méthodes pour le moins discutables vous semble plus utile que d’essayer de dégager des pistes ouvrant des potentiels d’émancipation des peuples, faites-vous plaisir mais je doute fort que ces réquisitoires intéressent les peuples concernés ni même qu’ils leur soient tout simplement audibles.

16/02/2013 21:52 par Ogotemmeli

Notamment la question du respect de l’intégrité territoriale du Mali qui est manifestement une ligne de rupture entre la stratégie de l’empire et celle que la France a adoptée pour des raisons qui n’ont rien de pieux.

Intégrité territoriale du Mali ?
L’armée française est entrée à Kidal en semant l’armée malienne, et en emportant dans ses bagages ce qu’il restait de MNLA, afin de remettre en scelle ce machin fomenté au Quai d’Orsay. Nombre d’observateurs maliens s’en sont bruyamment émus, comprenant confusément ce que feignent encore d’ignorer Samir Amin et Ibrahima Sene : l’unique but de Serval consiste dans la partition du Mali au profit d’un Azawad qui doit absolument demeurer sous obédience françafricaine, en raison des immenses ressources naturelles de la région qu’aucun actionnaire des entreprises du CAC40 ne concevrait de voir lui échapper...

Depuis bien longtemps, les autorités maliennes refusaient toute présence militaire française sur leur territoire, alors que le régime ATT laissait subrepticement venir AFRICOM : la mythique colonne de Pick Up de "djihadistes" (dont il n’existe aucune preuve matérielle nulle part !!!!) fondant sur Bamako, dans une odyssée de 1300 km !, a été servie pour imposer cette présence militaire française après l’échec opérationnel cuisant du machin MNLA...et après avoir méthodiquement empêché qu’un quelconque régime malien eût les moyens militaires de sa propre défense : vieille ficelle françafricaine du pompier pyromane !

Rupture ?
Les Etatsuniens sont déjà présents dans le Sahara, et massivement à l’oeuvre depuis une petite décennie. Vous parlez de "rupture" là où au contraire Hollande se met au diapason de ce qui était attendu de Sarkozy : foncer dans la place, plutôt que de se cacher derrière un incapable MNLA, afin de ne pas abandonner bêtement tout le butin aux autres complices en affaires...

A ce point de vue, le schéma hollandien au Mali est rigoureusement identique à celui de Sarkozy en Côte d’Ivoire : les Forces Rebelles de la Communautés Internationales (FRCI), se montrant incapables de "déloger" Gbagbo Laurent, il a fallu "mouiller le maillot", en déversant soi-même des bombes libératrices sur un pays qui n’a jamais déclaré la guerre à la France, mais devenait de plus en exigeant avec les actionnaires du CAC40...

Bref, votre rupture à la Hollande, sur les relations franco-africaines, est simplement battue en brèche par le dernier article de LGS proposé par Soumaïne Adoum. Rideau !
En tout cas, la Ligue Panafricaine UMOJA n’est pas dupe :
http://fr.umoja-org.com/declaration-du-20-janvier-2013-de-la-ligue-panafricaine-umoja-lp-u-relative-a-la-guerre-au-mali/

Mais enfin ! Fabriquer de la "rupture" en politique étrangère, en remplaçant au Quai d’Orsay un Fabius de Droite par un Juppé de Gôche, ce n’est rien d’autre que du changement dans la continuité...

17/02/2013 12:25 par Pedro

les "commissaires politiques" gardent cette invariable constante de rester enfermés dans leurs certitudes pour pouvoir continuer à asséner leurs "vérités" inquestionables !

Que l’initiative française n’ait pas enchantée ses partenaires atlantistes est pourtant attestée par leurs réactions initiales et la "tiédeur" pour ne pas dire plus de leur soutien

On peut refuser de voir une inflexion à la politique française sur cette question de l’intégrité du territoire malien et pourtant ne vous déplaise elle est bien réelle et marque une ligne de fracture avec la ligne impériale
est-ce à dire pour autant que n’existe aucun atermoiement ni aucune contradiction dans la politique française ni que ne s’exerce aucune pression pour en revenir au scénario initial ? cela fait pourtant partie des réflexions avancées tant par Samir Amin que par Ibrahima Sene !
Et qu’est-ce que cela a à voir avec les supposés "talents" d’un Juppé de gauche ou d’un Fabius de droite dont d’ailleurs on se demande si cette formule facile n’est pas plus injuste pour l’ancien "meilleur d’entre nous" adoubé par Chirac ?

Mais il est vrai que nos procureurs de l’anti-impérialisme virtuel ne sauraient en avoir cure, l’essentiel pour eux étant de pouvoir continuer en toute ferveur à réciter leur bréviaire et à décréter sans la moindre mansuétude des oukases implacables !

Le devenir des peuples et leur avenir est assurément le cadet de leurs soucis , l’essentiel est de voir leur infailibilité confortée !

Et c’est vous qui osez encore parler de foutaises ???

17/02/2013 15:55 par legrandsoir

Le devenir des peuples et leur avenir est assurément le cadet de leurs soucis

Joli renversement...

17/02/2013 15:12 par Ogotemmeli

J’ai lu un peu plus haut qu’il convenait d’ajouter Khadafi au panthéon des martyrs du panafricanisme
Même si je ne suis pas particulièrement féru des « panthéonisations », car toute liste est réductrice, même si je pense que notamment par rapport aux premiers noms cités, ceux de Samora Machel et Chris Hani y auraient sûrement toute leur place, vouloir faire de Khadafi un icône de la lutte anti-impérialiste qu’il n’était plus ne contribue certainement pas à éclairer les enjeux en cause car ce genre de raccourcis n’ont fait que donner du grain à moudre à la propagande impérialiste

Un minimum de rigueur dans le raisonnement serait appréciable :
 j’ai cité quelques unes des initiatives stratégiques prises par Kadhafi qui relèvent indéniablement du panafricanisme, notamment une Banque centrale africaine (dotée, sauf erreur, d’un capital de 40 milliards US$ ; soit bcp plus que le montant des engagements financiers de FMI & BM en Afrique !!!), un système monétaire panafricain d’étalon-or, le projet RASCOM, le refus de l’Union Méditerranéenne promue par Nabotléon, le refus du projet DESERTEC promu par l’Union Européenne, etc.

L’implémentation d’un seul de ces projets de Kadhafi, dont son pays possédait largement les moyens financiers de la mise en oeuvre, aurait sacrément secoué le cocotier de l’Empire en Afrique ! Dommage que le guide de la Jamahiriya soit mort assassiné...par qui déjà ???

 je suis donc bel et bien fondé à rechercher une corrélation étroite entre cet agenda panafricaniste de Mouammar Khadafi (agenda dont l’année 2011 était une date cruciale, au moins pour ce qui concerne la création du Fonds Monétaire Africain !) et son assassinat par les Etats occidentaux surendettés, qui en ont profité pour mettre le grappin sur les fonds souverains libyens que le Guide destinait à cet agenda...

Et plus que de se gausser des fables dérisoires que cette propagande impérialiste a pu abondamment diffuser sur Khadafi, ce qui revient à les accréditer en leur donnant une importance qu’elles n’ont pas, il serait plus utile de se pencher sur l’évolution des relations entre la Jamahiriya et le FMI et les multinationales de l’Empire pour constater que Khadafi dans ces dernières années n’avait plus grand-chose à voir avec le combattant anti-impérialiste qu’il a sans conteste été.

J’invoquais tantôt un minimum de rigueur du raisonnement :
 Nul n’est parfait, pas plus Kadhafi que personne. Vous ne pensez tout de même pas que ce sont les compromissions de Kadhafi avec l’Empire qui lui ont valu d’être assassiné !?
Pour votre gouverne, la réponse est NON : lesdites compromissions lui ont plutôt valu une tournée (parfois ubuesque) dans quelques capitales occidentales...accueilli souvent en grandes pompes par quelques mandataires de l’Empire...

Il serait donc particulièrement inconséquent d’y rechercher les causes de son assassinat. Saddam Hussein a eu lui aussi sa "lune de miel" (n’est-ce pas Jacques Chirac - Charles Pasqua ???), lorsque l’on se servait de lui pour agresser l’Iran. Il a pourtant fini pendu en direct live...

En revanche, pour bcp moins que ce qu’il envisageait de faire au nom d’une certaine idée du panafricanisme, d’innombrables leaders politiques africains ont été assassinés avant Kadhafi...
Soit dit en passant, qui que vous soyez dans "la vraie vie", votre avis ne compte absolument pas lorsqu’il s’agit de dresser une liste des candidats au "panthéon" du panafricanisme : seuls les actes des uns et des autres en décident pour le sort réservé à leur nom dans la postérité. Et ceux de Kadhafi que j’ai évoqués comptent au moins autant que ceux des personnalités que vous avez citées ! Un peu de modestie ne ferait pas de mal, parfois...

Pour terminer, le fait de réduire le panafricanisme à la seule "lutte anti-impérialiste" relève de l’ignorance, ou du verbiage. En effet, la panafricanisme consiste aussi bien en une idéologie de la Résistance à l’impérialisme, qu’en une praxis de la Renaissance politique africaine. Aussi, les projets de Kadhafi que j’ai cités procèdent-ils davantage de la Renaissance. D’ailleurs, c’est là leur faiblesse stratégique fondamentale : sans se doter préalablement des moyens militaires adéquats de la Résistance, toute initiative politique de Renaissance est vouée à succomber des agressions impérialistes protéiformes...

CQFD : La voie qui consiste à abandonner le sort de l’intégrité des frontières du Mali entre les mains d’une intervention impérialiste, fût-elle endossée par la Gôche française (celle de Mitterrand du génocide Rwandais ! ou de son filleul "Young Boy" Holland), est une véritable déclaration de guerre anti-panafricaniste. Elle sape toute possibilité autonome de Résistance, afin d’empêcher toujours et encore la moindre opportunité économique de Renaissance... Manta, Epervier, Licorne, Serval : mêmes combats !

17/02/2013 17:26 par Safiya

@ 16/02/2013 à 21:52, par Ogotemmeli

Un article qui étaye vos dires concernant le MNLA :

Le Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) est créé le 16 octobre 2011, avec comme objectif la création d’un Etat indépendant dans la région nord du Mali ! comme par hasard, le 26 août, l’ancien et véritable leader du mouvement dit de l’Azawad, Ibrahim Ag Bahanga, est tué dans un mystérieux accident de voiture dans le désert... Cette mort permettra l’usurpation de la "cause Azawad" par les valets de la France et du Qatar (...), par Ali El Hadj Tahar - www.mondialisation.ca/mali-ingérence-humanitaire-ou-mouvement-sahelistan-troisième-partie/5322837

17/02/2013 21:05 par Les Pacifistes de Tunis

MERCI (un grand merci) aux auteurs de cette nécessaire réponse à Samir AMIN. La Libye, plus que le Mali ou la Syrie, aura été le Grand Révélateur (un peu comme la position sur la question palestinienne est un assez bon critère pour différencier la « gauche » de « l’autre gauche »).
Samir AMIN a eu, sur la Libye, la même attitude que les Besancenot, Krivine, Ignacio Ramonet, Immanuel Wallerstein, Rico Alba, Gilbert Achkar, etc. : hurler avec les loups de l’OTAN en insistant, à coups d’éditoriaux bidons, sur le « tyran » ou « dictateur » que représenterait Mouammar Al-Gaddafi. C’est plus qu’une honte intellectuelle ; c’est une complicité de crime.
On peut voir en ce moment la même chose en Tunisie avec tous ces hommages au militant d’extrême gauche Chokir BelAid en oubliant que lui et son parti, dans le pays voisin du territoire bombardé nuit et jour pendant 7 mois par une quarantaine d’Etats prédateurs et l’OTAN (dans une chasse à 1 seul homme qui s’est conclue avec 100 000 morts), ont calqué leur position sur les individus cités plus haut.
Nous sommes en train de publier un article à ce sujet :

« Nous, Tunisiens, pacifistes et indignés, n’oublierons jamais Chokri Belaïd et son parti « anti-impérialiste » (pré-publication)
http://pub.mathaba.net/2013/02/16/nous-tunisiens-pacifistes-et-indignes-noublierons-jamais-chokri-belaid-et-son-parti/


Les Pacifistes de Tunis
http://www.mathaba.net/authors/pacifistes/

18/02/2013 14:01 par Fethi GHARBI

Même si les raisons avancées par Ogotemmeli suffisent amplement pour expliquer l’invasion de la Libye, voici un document qui apporte un éclairage de plus :

http://www.tunisie-secret.com/Et-si...

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