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Merci, monsieur Sarkozy : avec vous je comprends tout

Il arrive que de temps en temps, je me prenne à remercier, en mon for intérieur, le chef de l’Etat, pour tout ce qu’il m’a apporté. A moi et aussi à beaucoup d’autres. En à peine quelques années, cet homme formidable est parvenu à cristalliser sur sa personne tant de critiques, tant d’énervements, tant de blagues et tant de sentiments divers que l’on finit parfois par être injuste envers lui… alors qu’il est devenu malgré lui, en peu de temps, le symbole, le révélateur du monde actuel.

A ceux qui me suspecteraient de faire de l’ironie, je répondrai sans hésiter qu’ils n’ont qu’à regarder le nombre de pages consacrées à sa personne, et ils comprendront sur le champ à quel point il les a fait réfléchir, sentir, parler, écrire, enfin vivre. Et puis surtout que c’est un peu grâce à lui aussi que les consciences, peu à peu s’éveillent à la réalité, réalité préexistante mais bien mise en lumière par notre président, à travers l’assumation de son système idéologique.

Les nombreuses affaires qui parcourent son mandat (qui n’est même pas encore terminé !) sont le reflet du fonctionnement politique tel qu’il a toujours été, mais en quelque sorte «  sublimé » par la gouvernance sarkozyste…

En effet, grâce à monsieur Sarkozy, nous avons désormais tous l’occasion, et même l’opportunité, de mieux comprendre le fonctionnement de nos chères institutions ; et notamment le financement des partis, pierre angulaire de la prise du pouvoir et de la gouvernance. Bien sûr l’argent se trouve au coeur de ce système, et il est établi que celui qui en possède le plus lors de sa campagne à le plus de chances de l’emporter. Cette manière de faire n’est évidemment pas neuve, ni spécifique à la droite, mais le fait d’obtenir des subsides pour une campagne est l’élément essentiel à la bonne conduite de celle-ci. Et quand la loi ne suffit plus à garantir les sommes récoltées (voir arnaque constitutionnelle), il existe toujours quelques moyens de s’arranger : les riches financent et soutiennent un candidat qui, une fois élu, «  renvoie l’ascenseur ». Et puisqu’ensuite la majorité fait les lois sans se préoccuper d’une opposition de façade, se trouvent ainsi votés le bouclier fiscal, le démontage des retraites et du code du travail, la défiscalisation des heures supplémentaires ou l’abaissement des charges patronales. Le repas au Fouquet’s, le soir de l’élection présidentielle, est le symbole de cette alliance tacite, et illustre bien les liens qui unissent les riches avec le pouvoir.

Ensuite, et avec l’affaire «  Woerth-Bettencourt », on comprend le mécanisme de financement des partis, occulte cette-fois-ci : à travers des micros-partis, des dons en liquide versés de la main à la main, des petits arrangements entre amis, on observe la discrète compensation qui s’établit entre d’une part l’argent versé par les «  donateurs », et d’autre part les retours en légions d’honneur, ou en privilèges fiscaux. Ainsi on imagine mieux pourquoi personne (dans le monde politico-financier) n’a intérêt à supprimer chambres de compensations et paradis fiscaux, si utiles pour faire transiter argent sale et corruption… et d’ailleurs, ce n’est pas pour rien si ces organes si décriés hier ont encore de beaux jours devant eux !

Mais ce n’est pas tout. Avec cette affaire, on peut se retourner sur le passé récent de nos deux éclaireurs, qui font revenir sur le financement occulte du RPR, dont le «  fusible » officiel n’est en réalité que l’ancienne adjointe de monsieur Woerth… condamnée depuis. Ce même monsieur Woerth directeur financier de la campagne de monsieur Chirac, impliqué lui-même dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris et qui, aujourd’hui, par un retournement de situation tout à fait providentiel, se voit proposé le retrait de la plainte déposée par la mairie, en échange de quelques deux millions d’euros, dont les trois quarts seront versés par l’UMP, geste ô combien étrange pour l’oeil profane…

Et qui s’explique très bien si l’on considère les liens qui attachent cette affaire aux autres : en offrant à monsieur Chirac d’éviter un procès qui pourrait mettre en lumière les financements du parti dont il était le président, on lui offre également l’occasion de se taire, pour ne pas compromettre le système tout entier. D’ailleurs, la réaction de la mairie de Paris, comme le silence de la gauche en général, prouve bien aussi à quel point eux-mêmes ne préfèrent pas que l’on commence à y regarder de trop près… c’est que la justice pourrait bien faire son travail, et remonter plus loin..

Comme l’affaire Karachi par exemple, dans laquelle sont plus ou moins impliqués Sarkozy, Balladur et Chirac, qui si l’on en croit l’empressement qu’ils mettent à enfouir l’affaire, a du leur rapporter (à eux ou à leur parti), une coquette petite somme… et si on ajoute à cela l’histoire des frégates, les morts injustes et toutes les autres affaires qu’on ne connaît même pas, on est en droit de regarder les choses en face : les rétro-commissions sont monnaie courante et se font blanchir ailleurs, à condition toutefois que la justice indépendante n’aille pas trop loin… d’où la réforme de la justice, et la suppression du juge d’instruction…

Et au final, c’est peut-être jusqu’à l’affaire Clearstream qui peut être élucidée : cette histoire de chambres de compensation, qui a si bien été camouflée par le jeu de dupes auquel le président a finement joué, est la clef de ce système malsain pourrissant la démocratie. En ouvrant les listings de ce genre d’organismes, c’est l’historique complet de toutes les rétro-commissions occultes, des corruptions, des financements illégaux, des évasions fiscales, des sociétés écrans, des trafics qui s’y trouve gravé dans le marbre électronique… cela expliquerait peut-être même jusqu’au onze septembre, jour où le monde a basculé… et la boucle est bouclée.

Tout s’explique tellement mieux depuis que monsieur Sarkozy est au pouvoir… merci !

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

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