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L’éthique en politique : éduquer par l’exemple

N’en déplaise au journal Le Monde, le guévarisme est bien un humanisme

Le journal le Monde a de nouveau publié ces jours-ci un article paru au début de ce siècle et parodiant Jean-Paul Sartre : le guévarisme ne serait donc pas un humanisme ?... Peut-être faudrait-il savoir de quoi on parle quand on parle d’humanisme, et distinguer l’humanisme bourgeois de l’humanisme révolutionnaire !

Ceux qui l’ont connu ont souvent présenté le Che comme un homme pressé qui peut-être avait l’intuition que sa vie serait courte. Aussi ne perdait-il jamais de temps, enseignant à lire, écrire et compter aux paysans de la Sierra, étudiant sans répit la littérature, la poésie, mais aussi l’économie et les mathématiques financières. Et il ne s’agissait pas que de sa propre personne puisqu’il voulait que l’être humain soit dans une situation lui permettant de s’accomplir pleinement, c’est à dire développer toutes ses potentialités. Tel est le privilège d’une élite dans le système capitaliste qui s’emploie précisément à amputer l’être humain de son humanité. A l’inverse, on pourrait définir le socialisme comme un mode de production qui rend possible cet accomplissement. Dans le Manifeste du Parti Communiste, Marx et Engels parlent déjà d’ « une association où le libre développement de chacun sera la condition du libre développement de tous ».

Le Che a sans doute lu et relu le Manifeste, mais il va plus loin que la libre possibilité du développement de chacun. Il s’agit, pour le Che, d’aller « jusqu’au bout de ce que l’on peut », comme le disait Deleuze, c’est à dire d’exprimer toute sa puissance dans l’expansion totale de l’être. Nombreux furent ceux qui ne le comprirent pas et considérèrent comme du volontarisme ce qui est en fait de l’héroïsme et de l’exemplarité.

Il n’aurait jamais pu, selon Alberto Granado, qui l’a accompagné lors de son premier voyage initiatique en Amérique du sud, exiger de quelqu’un ce qu’il n’aurait pas été capable de faire lui-même. En tant que guérillero, il s’engageait toujours dans les missions les plus périlleuses, et n’aurait jamais eu l’idée d’y envoyer à sa place l’un des hommes qu’il avait sous ses ordres. Plus tard, une fois ministre de l’industrie, il coupait lui-même la canne à sucre pour inciter les autres à le faire. Le Che pensait devoir donner l’exemple de l’image qu’il avait de l’homme tel qu’il devait être. Pour lui, le dirigeant n’est pas tant celui qui donne des ordres que celui qui donne l’exemple, à travers sa personne, de ce qu’il convient de faire. L’authenticité, ici, réside dans le fait qu’il y a adéquation entre l’acte posé et l’image donnée de l’être humain tel qu’il sera, ou devra être, dans la société communiste de l’avenir. Voilà pourquoi il est possible de parler de pédagogie par l’exemple : le Che s’efforce, en toutes circonstances, d’être un exemple de ce qu’il pense que l’homme doit être. C’est à travers lui-même qu’il a dessiné l’image de l’homme nouveau.

« Je suis capable de sentir en moi la faim et les souffrances de n’importe quel peuple d’Amérique, fondamentalement, mais aussi de n’importe quel peuple du monde. »

Ainsi, quand il affirme que le révolutionnaire est celui qui fait la révolution, le Che veut dire qu’on ne peut se prétendre révolutionnaire ni éprouver sa valeur en tant que révolutionnaire si on n’a pas fait la révolution. La révolution signifie qu’une rupture décisive est marquée et que s’installe un ordre radicalement différent du précédent, ce qui implique un « avant » et un « après ». C’est dire que la révolution ne saurait être partielle : il ne s’agit pas de changer certains aspects, d’apporter des réformes, mais de changer tout, y compris cette partie du tout qu’est l’être humain. La révolution a ceci d’essentiel qu’elle refuse, d’emblée, de se situer dans le cadre de la conservation de l’ordre existant. Et, puisque l’être humain fait partie de cet ordre existant, il doit lui aussi se transformer. C’est ici qu’intervient l’humanisme révolutionnaire de Che Guevara : changer le mode de production sans changer l’homme est un leurre. Comment se développe cet humanisme révolutionnaire chez le Che ? Lors de son premier voyage en Amérique du sud, son « Amérique Majuscule », il acquiert une conscience très aiguë de la contradiction entre ce qui est et ce qui doit être. Dès lors, la révolution deviendra pour lui un devoir et une nécessité. Un devoir, parce que, du point de vue du marxiste qui commence à poindre en lui, et en vertu de sa rigueur morale, c’est un impératif catégorique que de mettre fin à toute situation où l’homme est opprimé, humilié, réduit à l’esclavage. Et une nécessité aussi, une nécessité vitale pour ceux dont le but immédiat est de survivre. Le Che déclarait à l’ONU en 1964 : « Je suis capable de sentir en moi la faim et les souffrances de n’importe quel peuple d’Amérique, fondamentalement, mais aussi de n’importe quel peuple du monde. »

Il s’agit bien ici d’un humanisme conséquent donc révolutionnaire. En effet, cet humanisme devient révolutionnaire dès qu’il saisit les véritables causes de l’oppression - en l’occurrence l’impérialisme yankee - et qu’il prend la résolution de les combattre pour aider à transformer effectivement cet ordre existant injuste. S’il ne le fait pas par crainte de la violence, l’humanisme reste abstrait : ce n’est qu’un discours sentimental et stérile.

C’est comme médecin que le Che enfourche pour la première fois sa « Rossinante ». C’est comme révolutionnaire qu’il reviendra de ce premier voyage initiatique. Dès lors, son engagement est clair et définitif : le révolutionnaire, c’est celui qui fait la révolution. Cette formule peut paraître redondante à qui ne prend pas la révolution au sérieux, ou qui se satisferait d’avoir des idées révolutionnaires ou considérées comme telles. En réalité, elle signifie que les intentions, idées et paroles ne suffisent pas à faire d’un homme ou d’une femme des révolutionnaires, et que c’est la révolution qui fait le révolutionnaire. N’importe qui peut avoir des idées révolutionnaires. Quant à agir pour la mettre en œuvre, et s’y confronter physiquement, ce n’est pas le lot du commun des mortels. S’engager dans une lutte révolutionnaire, c’est assumer jusqu’aux ultimes conséquences de ses idées et de ses idéaux, c’est à dire risquer la mort.

« Soyez toujours capables de sentir, au plus profond de vous-mêmes, toute injustice commise contre quiconque en quelque partie du monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire »

Certains ne voient là-dedans qu’une passion romantique alors qu’il s’agit de l’expression authentique de l’humanisme. Et si on approfondit un peu le sens de la formule pré citée, on comprend que c’est un pied de nez à tous ceux qui, à l’époque, en Europe comme dans les autres continents, étaient partisans de la théorie des étapes, affirmant la nécessité d’attendre que toutes les conditions subjectives et objectives soient réunies pour faire la révolution. Il leur était facile de se rassurer à bon compte sur leur propre valeur de révolutionnaires : ils n’avaient qu’à s’autoproclamer marxistes-léninistes ! Par contre, payer de sa personne et lutter les armes à la main est plus risqué qu’attendre Godot. Certains n’ont pas hésité à qualifier le Che d’aventurier romantique pour avoir osé le faire. Ainsi, on ne peut se prétendre révolutionnaire avant d’avoir fait la révolution. Ce sont les actes, bien plus que les idées ou les discours, qui constituent l’être humain et lui donnent sa valeur. L’humanisme révolutionnaire du Che est bien une philosophie de l’action, ce qui n’a rien à voir avec un activisme inconséquent. La cohérence du Che, c’est d’avoir mis ses actes en accord avec ses idées en pleine conscience et acceptation du prix à payer. On peut toujours estimer qu’il a commis des erreurs – le contraire serait surprenant – mais il a payé de sa personne, donnant à ses actes une dimension universelle. En effet, le Che exprime, à travers son exemple personnel, le fait que la valeur d’un être humain s’éprouve, qu’elle n’existe pas à priori, indépendamment des actes qu’il accomplit. Il affirme la valeur universelle de la révolution par le fait même qu’il y participe. Ainsi, l’humanisme révolutionnaire n’a rien d’un angélisme qui décréterait que « tous les hommes sont frères », prenant alors ses désirs pour la réalité. Il n’accepte pas de renvoyer dos-à-dos l’oppresseur et l’opprimé : il prend position en faveur des opprimés, non pas en tant qu’opprimés, car il ne s’agit pas de pitié ni d’amour de la misère, mais en tant qu’ils luttent effectivement en vue d’un monde meilleur.

« Il ne s’agit pas de plaindre la victime, mais de partager son sort »

L’humanitarisme, au contraire, est la bonne conscience des bourgeois, qui est autant la cause que l’effet de l’oppression. Ainsi, et contrairement à ce que pense la majorité, celui qui fait de l’humanitaire n’est pas un humaniste puisqu’il permet à l’oppression de se perpétuer.

Enfin, on reproche à la révolution et au révolutionnaire leur violence. Or, la violence ne peut être humaniste. Mais peut-on, sans se contredire, considérer l’oppression qui précède la révolution autrement que comme une violence ? Il reste alors à choisir entre la violence révolutionnaire qui met fin à l’oppression, et la violence oppressive qui perdure ad vitam æternam. Or, l’humanitarisme s’accommode fort bien de cet immobilisme.

Il s’agit, pour le Che, d’assumer la situation des opprimés, de partager leur sort, et de lutter avec eux, et non pour eux.

Le processus de conscientisation, mené parallèlement à celui de la révolution, permet au peuple de s’emparer du pouvoir et de l’exercer en son nom. Mais ce n’est pas tout : il constitue également une éducation qui transforme l’être humain de l’intérieur et rend plus aisée la transition vers le socialisme.

Ainsi, le Che prend position en faveur des humiliés qui luttent pour une existence digne. Ceci implique de sa part une sensibilité face aux injustices : « Soyez toujours capables de sentir, au plus profond de vous-mêmes, toute injustice commise contre quiconque en quelque partie du monde. C’est la plus belle qualité d’un révolutionnaire », écrit le Che à ses enfants avant de partir pour le Congo.

Mais bien sûr, il ne se contente pas de ressentir : il agit en conséquence. L’action doit toujours être en accord avec la pensée. Il ne s’agit pas, il ne suffit pas de déplorer la misère, l’exploitation, etc... Le Che est très clair là-dessus dans son Message à la Tricontinentale rédigé en 1966 : « Il ne s’agit pas de plaindre la victime, mais de partager son sort ».

« Laissez-moi vous dire, au risque d’être ridicule, que le révolutionnaire est habité par un grand sentiment d’amour »

D’ailleurs, à l’époque où il écrivait ce texte, il préparait déjà son expédition en Bolivie de façon à partager justement le sort des peuples bolivien et vietnamien. Mais précisément, s’il avait pris cette décision, c’est qu’il avait été capable de saisir ce « moment illogique de l’histoire », où le Vietnam était « tragiquement seul  » face à l’ennemi yankee. La dimension affective de la sensibilité révolutionnaire y est donc pleinement à l’œuvre. Quand le Che disait qu’il fallait « s’endurcir sans jamais perdre sa tendresse  », il voulait dire que le révolutionnaire doit être capable de supporter des conditions de vie très dures, mais qu’il ne doit pas pour autant régresser à l’état animal ; il doit rester pleinement humain, accessible à la détresse humaine, et même développer au maximum cette aptitude. Sans cette aptitude, qui est finalement une aptitude à aimer, il n’y a pas d’être humain intégral. « Laissez-moi vous dire, au risque d’être ridicule, que le révolutionnaire est habité par un grand sentiment d’amour ».

Nul doute que cet amour est une force, et non une faiblesse pour le révolutionnaire parce qu’il produit la vie en déployant l’intensité de sa propre vie. Il déborde des limites de l’individualité et constitue en cela une transcendance. Cet amour participe de cet acte créateur et libérateur qu’est la révolution.

Le souci d’autrui et de sa dignité fait partie intégrante de la morale communiste. Voici ce que le Che écrit dans le prologue du livre Le parti marxiste-léniniste :

« Le marxiste doit être le meilleur, le plus capable, le plus complet des êtres humains, mais toujours et par-dessus toutes choses, un être humain : un militant d’un parti qui vit et vibre avec les masses ; quelqu’un qui donne sens et organise en directives concrètes les désirs parfois obscurs de la masse ; un travailleur infatigable qui se donne tout entier à son peuple... »

« Tout homme digne de ce nom doit pouvoir sentir la gifle donnée sur la joue d’un autre homme  »

Ainsi, le Che épouse la cause des opprimés parce ce sont eux qui luttent contre l’inhumanité de l’état de chose existant, et en vue d’une humanité pleinement accomplie. Cette humanité n’est pas une donnée de fait ; ceci est impossible tant que dure l’exploitation de l’homme par l’homme. Elle est l’aboutissement d’un processus dialectique, et suppose que l’on triomphe de toutes les contradictions de ce monde dénué de spiritualité, ainsi que le déplorait Marx. Un tel triomphe n’est pas envisageable sans lutte ; on ne le cueillera pas tel un fruit mûr. L’humanisme révolutionnaire ne nie pas la fraternité comme valeur, il la nie comme fait universel dans un contexte où les conditions l’empêchent effectivement d’exister. Il nous engage à dépasser l’humanisme bourgeois qui se voile la face et ne se donne pas les moyens de résoudre les vrais problèmes de l’humanité, pour la simple raison qu’il les ignore. Cependant, si l’humanisme doit être révolutionnaire, le révolutionnaire doit également faire preuve d’une grande humanité, ce qui n’a rien d’une évidence. En effet, si pour le révolutionnaire, la révolution est une fin en soi, il risque de ne considérer les hommes que comme des moyens en vue de cette finalité suprême, et donc de ne plus les traiter humainement. Le raisonnement est le suivant : si la cause poursuivie est juste, il faut que tout le monde s’y voue corps et âme, et on n’hésite plus à sacrifier des hommes d’un cœur léger. Ce serait oublier que la révolution se fait pour la libération de l’être humain, et c’est lui la finalité suprême. Or, une finalité, si elle est juste, ne peut exiger des moyens qui ne le sont pas. C’est pourquoi le Che disait que le révolutionnaire doit être « essentiellement humain », « atteindre le meilleur de l’humain ». Et il ne se contentait pas de le prescrire, puisque son humanité, il la mettait au service de l’opprimé – toute sa vie l’atteste – mais aussi au service des ennemis blessés qu’il soignait comme ses camarades et dont il n’a jamais toléré qu’ils soient humiliés. Dans son journal de Bolivie, il affirme n’avoir pas eu le courage de tirer sur des soldats endormis : il ne concevait pas de révolutionnaire amputé de sa sensibilité, et là encore, il est extrêmement cohérent. Comment peut-on, quand on n’est pas soi-même opprimé – or, le Che ne l’était pas – avoir le désir et la volonté de transformer le monde, si on n’est pas capable d’éprouver les injustices que subissent les autres. C’est pourquoi le Che aimait citer cette très belle phrase de José Marti avec laquelle il se sentait en profonde harmonie : « Tout homme digne de ce nom doit pouvoir sentir la gifle donnée sur la joue d’un autre homme  ».

Le révolutionnaire authentique développe donc son affectivité comme il développe les autres dimensions humaines, mais cet amour éprouvé pour l’humanité opprimée qui lutte se construit lui aussi à travers des actes.

Si, « Pour construire le communisme, il faut changer l’homme en même temps que les moyens de production », le Che devait commencer par lui-même. Avait-il conscience ou non d’incarner cet homme nouveau qu’il appelait de ses vœux ? Aucun témoignage ne l’atteste.

Nous comprenons à présent pourquoi il ne suffit pas de contempler l’icône immortalisée par Korda pour s’improviser révolutionnaire ; encore faut-il entendre l’appel du héros, qui est aussi un appel au dépassement de soi. Par contre, celui ou celle qui entendra cet appel n’aura plus jamais la conscience tranquille et ne pensera plus jamais en avoir fait assez, et encore moins trop, pour exprimer son idéal. Voilà pourquoi le Che n’en finit pas de nous déranger et que certains se donnent bonne conscience en prétendant ne voir dans son option que l’expression d’une tendance suicidaire. Le Che aurait, en Bolivie, trouvé la mort qu’il cherchait, ce qui ôte à son assassinat toute sa dimension scandaleuse.

On peut s’interroger ici sur le bien fondé d’un tel sacrifice accepté à priori comme l’horizon possible de tous les instants : y a t-il quelque chose qui justifie qu’on y sacrifie sa vie ? Que l’être humain s’affirme comme étant un moyen ? Le héros place ses idéaux plus haut que sa propre vie, ce qui ne veut pas dire qu’il ne considère pas la vie comme sacrée. Le héros affirme les valeurs de la vie, puisque c’est pour elles qu’il lutte, mais il est prêt à mourir pour les défendre. Le principe est simple : si on affirme que rien ne vaut la vie et que rien ne vaut la peine qu’on la mette en péril, il faut aussi se demander ce qui constitue la valeur de cette vie à laquelle un est si attaché. Or, la vie prend justement valeur à travers les actes que l’on accomplit. Dès lors, le Che peut accepter que sa vie soit le moyen en vue d’une fin : la libération des peuples. Car il ne s’agit pas, au fond, de mourir pour des idées mais pour un idéal bien concret qui est celui de la justice sociale. Qu’y a-t-il de plus concret que l’injustice pour tous ceux qui en font l’expérience au plus profond de leur chair, que ce soit à travers la misère ou encore l’exploitation ?

Enfin, si le Che accepte en toute lucidité de mourir pour une cause qu’il pense juste, c’est parce qu’il a d’abord vécu pour cette cause, et qu’il y a engagé sa vie entière. En cela, il reste cohérent.

Comme le souligne Camilo Torres : « La lutte révolutionnaire n’est pas n’importe quelle lutte : c’est une lutte dans laquelle on ne donne pas seulement des heures de son temps ; dans laquelle on ne donne pas seulement son argent. C’est une lutte dans laquelle il faut être prêt à donner sa vie même...Pour accepter quelqu’un comme révolutionnaire, nous devons exiger de lui qu’il soit révolutionnaire à temps complet. » (conférence aux syndicats ouvriers, 1965 )

Cette lutte révolutionnaire donc nécessairement humaniste trouve sa dimension universelle dans l’internationalisme prolétarien et elle est, aujourd’hui, encore plus décisive qu’hier.

Tania

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