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Quand Israël découvre qu’il est mis en échec

Pour Israël, la tournure que prend l’évolution de la géopolitique moyen-orientale qui se dessine à travers les développements des conflits régionaux qu’il a contribué à faire éclater et à attiser vire au cauchemar. Son ministre de la Défense Avigdor Lieberman en a fait l’aveu en sollicitant des Etats-Unis, l’allié stratégique de son pays, qu’ils s’impliquent militairement encore plus directement dans la région qu’ils ne le font. Lieberman et les autres dirigeants de l’Etat sioniste sont véritablement affolés au constat que la situation dans la région qu’ils ont cru allant devenir favorable aux intérêts d’Israël tourne au désavantage de celui-ci dans le sillage des victoires que remportent dans ces conflits ceux qui sont pour eux les pires ennemis régionaux de leur Etat.

Inspirateur intéressé du plan étasunien de recomposition géopolitique du Moyen-Orient visant à l’éclatement des Etats de la région en entités qui de par leurs faiblesses et leurs inévitables rivalités ne constitueraient plus une menace pour sa sécurité nationale et à son hégémonisme, Israël s’est mépris sur les conséquences qu’allaient avoir pour lui les conflits dont ce plan est à l’origine. De celui que ce plan a fait naître en Syrie, l’Etat sioniste en attendait qu’il provoque l’effondrement du régime de Bachar El Assad et avec lui la fin de l’axe forgé par Damas, Téhéran et le Hezbollah libanais. Ce qu’il a récolté après s’être investi dans ce sens directement est que le régime de Damas est non seulement resté debout, mais que l’Iran et le Hezbollah libanais ont conforté leurs positions et influence dans la région.

L’appel de Lieberman à l’implication des États-Unis pour que soit renversée la situation qui est en train d’émerger dans la région au détriment de l’Etat sioniste n’est ni plus ni moins qu’une invite à la plus grande puissance militaire du monde à suppléer l’impuissance d’Israël à en empêcher la tournure qu’elle prend. Peu chaut à l’Etat sioniste dont le fantasme hégémonique est obsessionnel qu’une intervention étasunienne telle que voulue par ses dirigeants en plein désarroi s’accompagne d’un embrasement généralisé de la région et même au-delà du fait de l’inéluctable réaction des parties prenantes au conflit syrien qui ne sont plus seulement le régime et ses alliés que sont l’Iran et le Hezbollah.

Alors que le monde entier a pris conscience du rôle de jeteur d’huile sur le feu que joue l’Etat sioniste dans les conflits et crises dont le Moyen-Orient est la scène, les dirigeants de ce pays entonnent à nouveau et toujours aussi cyniquement la complainte qui présente Israël comme étant menacé dans sa survie par le maintien au pouvoir du régime de Bachar El Assad et somment la communauté internationale de mettre un terme aux rapprochements qu’elle esquisse en sa direction au constat qu’il est l’acteur de l’instauration d’un rapport de force qui les lui impose. Nul ne voit plus en Israël une partie régionale de laquelle attendre qu’elle œuvre à une solution des problèmes de la région autre que celle qui conforterait ses desseins hégémoniques et expansionnistes pour la région. Ce que confirme de manière irrécusable sa position sur la nouvelle crise suscitée par la velléité indépendantiste qui s’exprime au Kurdistan irakien et menace de se propager aux régions éponymes en Turquie, en Syrie et en Iran.

Kharroubi HABIB

 http://www.lequotidien-oran.com/
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COMMENTAIRES  

07/10/2017 23:30 par Autrement

Un colloque universitaire sur l’islamophobie annulé sous la pression - Faïza Zerouala, 5 octobre 2017 :
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article7867

vendredi 6 octobre 2017, par Laurence
Une conférence mêlant universitaires et acteurs associatifs dédiée à l’islamophobie devait se tenir à l’Université de Lyon-2, avant de subir une offensive menée par le Printemps républicain et l’extrême droite. Les organisateurs dénoncent une atteinte à la liberté d’expression.
La controverse aurait pu rester confinée dans les tréfonds des réseaux sociaux. Depuis l’annonce de la tenue le 14 octobre à l’Université Lyon-2 d’un colloque intitulé « Lutter contre l’islamophobie, un enjeu d’égalité ? », une véritable mobilisation s’est organisée, du Printemps républicain à l’extrême droite, conduisant finalement l’établissement à annuler l’événement. Les organisateurs dénoncent une atteinte à liberté d’expression, alors que d’autres événements du même type ont failli subir le même sort ces derniers mois.
Cette fois encore, c’est le Printemps républicain – ce collectif, venu de la gauche tendance vallsiste, qui fait la promotion d’une laïcité stricte – qui a enclenché la croisade numérique, avec le concours de la Licra. Puis l’ex-élue locale socialiste, devenue essayiste, Céline Pina a publié une tribune dans Le Figaro Vox, le 28 septembre dernier, donnant ainsi à l’événement une plus forte résonance.(...)
Organisé par la chaire « Égalité, inégalités, discriminations » de Lyon-2 avec le concours de l’Institut supérieur d’étude des religions et de la laïcité (ISERL), l’événement devait permettre à plusieurs associations de débattre aux côtés d’universitaires. La démarche était ainsi justifiée dans la présentation de cette journée de réflexion : « Cette articulation entre le militantisme pour les droits humains et la réflexion universitaire vient montrer que les phénomènes qui préoccupent la société font écho à l’intérêt porté par l’université aux problématiques sociales. Il n’existe pas de cloisonnement hermétique entre ces deux mondes qui, au contraire, se complètent pour la construction d’une collectivité responsable et citoyenne".
Ainsi les organisateurs ambitionnaient-ils de montrer que le monde universitaire n’est pas hermétique aux interrogations de la société. Le colloque entendait aussi réfléchir à cette notion d’islamophobie, contestée par ceux qui jugent qu’elle muselle toute critique de la religion musulmane. Les initiateurs de cette journée expliquent ainsi avoir voulu questionner de manière scientifique le terme d’islamophobie et essayer de comprendre si cette notion est une demande et une recherche d’égalité ou si elle relève seulement de l’affirmation identitaire.(...).

On apprend maintenant aux infos que les autorités d’Israël (aux abois), non contentes d’accélérer les constructions pour la colonisation de nouveaux territoires occupés, veulent même organiser en Europe, contre ceux qu’ils appellent les "islamo-gauchistes", des associations sollicitant les citoyens, destinées à la poursuite de leur contre-attaque idéologique, dénonçant avec l’appui des faux "laïcs" et l’extrême droite une prétendue "islamisation de la société". Que les présidents d’Université en viennent à céder à de telles pressions, montre à quel point la liberté de conscience et de discussion est de plus en plus menacée par le pouvoir actuel.

09/10/2017 11:32 par act

« Quand Israël découvre qu’il est mis en échec » ...sa défense fait donner la chasse qui bombarde la Syrie sans être inquiétée par les invulnérables S-400 Russes, ceux qui ne manquent jamais leur cible et que le monde s’arrache.

Bref je vois -malheureusement-quelques bémols à l’"échec" d’Israël...

09/10/2017 17:15 par François

Elle est vraiment à vomir cette photo avec toutes ces .... qui demandent un « like ».

09/10/2017 18:47 par pablo

Plus aucun avion israëlien ne s’est aventuré dans le ciel syrien pourtant.

Certes, de temps en temps Israël lance un missile ; mais il le font de loin, bien avant d’approcher la frontière.

Bien sûr, la Syrie pourrai riposter en abattant un avion dans l’espace aérien israëlien... mais demandez-vous si ce n’est pas justement le but de ces provocations.

Le fait est que la position d’Israël, tant au niveau politique et géopolitique que militaire, et moins bonne pour eux maintenant qu’avant l’agression contre la Syrie.

09/10/2017 18:50 par bostephbesac

Pour ce qui est de la Syrie, le magazine Raid parle "d’ arrangements entre Israël et la Russie" . J’ ignore "la part de vérité", mais ce magazine n’ a pas pour habitude de raconter "des bobards".

Et pensont à l’ article récent sur LGS (j’ ai pas retouvé le titre) où une universitaire Canadienne a gagné son procès contre les lobbystes juifs . Et avec "le report" du sommet au Togo, c’ est bien la preuve que le lobby pro-Israël ne gagne pas toujours, non plus.

09/10/2017 21:35 par François

Act, je crois que vous faites des raccourcis.
Que le S400 puisse abattre ou non les avions us et israelien, il me semble que la Russie doit faire tres attention à ne pas s’engager dans cette voie, ces deux pays n’attendant que ça pour une intervention massive.
La russie est tres intelligente de ne pas se laisser pieger.
De toutes façons, aucun systeme d’arme n’est infaillible, suffit de se rappeler la fable des patriots anti scuds déployés en israel.

10/10/2017 00:52 par act

@François,
en effet j’ai raccourci, en réponse à ce qui me semble être un autre raccourci
bcp d’estime pour l’attitude et la tactique Russe, la "prudence héroïque"*, même si elle implique certains "pactes de non agression",
c’était juste un bémol à l’enthousiasme de l’auteur, car
@Pablo,
vérifiez par vous même, la chasse Israélienne s’est bien permise plusieurs incursions à portée des S-300&400
sauf erreur, voici la dernière en date : https://fr.sputniknews.com/presse/201706261031993547-israel-syrie-usa/

*Si face aux US/Otan il n’y avait pas la Russie (et la Chine) mais un une autre puissance nucléaire aussi agressive et hystérique que les USA et vassaux, nous ne serions plus et depuis longtemps.

10/10/2017 06:18 par François

Les avons israéliens sont des non-shoots. En abattre un entrainerait Russie sur le terrain ou les us et israel voudrait l’amener.
Cette guerre est particulièrement étrange, un mélange de drôle de guerre et de vraie guerre.

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