Le capitalisme : un génocide multiséculaire légalisé.
Notre époque capitaliste, grâce à l’accès accru au progrès technique et scientifique qu’elle nous a apporté ici en Occident aurait pu être considérée comme la meilleure période de toute l’histoire humaine. Or on le sait, le système marchand qui régit nos échanges commerciaux remonte à la Renaissance, et fut la genèse de l’ère capitaliste. Les puissances européennes à cette époque commencent à découvrir les sciences, le commerce, le droit, et s’en servent pour le renforcement de leur pouvoir monarchique et avoir une position hégémonique en Europe.
Il ne faut pas croire que les maux dont nous souffrons à notre époque datent des années de la première révolution industrielle du XVIIIème siècle, pire encore, de la vague néolibérale d’il y a vingt ans. Car comme la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, le capitalisme et sa logique mercantile ont installé leur premières assises grâce à (ou à cause de) la traite des noirs, au commerce triangulaire (Europe, Afrique, Amérique du Sud) et à la colonisation. Dès 1492, en fait, lorsque l’arrogance de la pensée à l’européenne, hégémonique et belliciste, est arrivée aux Antilles pour « civiliser » les autochtones, et piller tout ce qu’il y avait de bon pour nous, cacao, canne à sucre, café, etc. De nos jours, les oligarques du Capital, nouveaux monarques de droit originel divin, s’ils ont le dollar et la finance pour s’enrichir et dominer le Sud économique, ce n’est que par ignoble héritage du traditionnel pillage des ressources coloniales de l’« Ancien Régime ». La logique reste toujours la même. Jadis, les jeux de puissances coloniales se faisaient grâce à la course à l’armement et la soumission étatique par les guerres, désormais, c’est par l’économie que l’on asservit les pays plus faibles. Quoi qu’il en soit, on nous scande sans cesse que la globalisation financière des années 1990-2000 ont bouleversé un ordre géopolitique d’affrontements distendus entre deux superpuissances idéologiques, pour opérer à une transition du communisme au capitalisme. Que cette victoire de la démocratie libérale permettrait une allocation optimale des ressources à tout individu… qui veut travailler. Que cette globalisation assure depuis la fin du monde bipolaire un nouvel ordre économique mondial à la recherche de l’équilibre. Or il faut rompre avec ces théories dites réalistes de relations internationales, ces théories que l’on retient comme base de la géopolitique dans les facs de science politique. Car cet ordre économique mondial est profondément destructeur et s’opère à sens unique. Il a profondément aggravé inégalités et disparités, à un point tel que l’ordre démocratique capitaliste, en pleine effervescence (au sens où l’on exporte la démocratie bourgeoise pour installer la logique de l’économie de marché au mépris des peuples), est probablement le plus meurtrier de toute l’histoire de l’Humanité. Peut-être pire que toutes les croisades, les génocides et les régimes totalitaires.
Bien entendu, ce n’est pas en vingt lignes que l’on résume cinq siècles d’histoire. Si l’humain était si rationnel et si raisonnable que ce que l’on nous dit, il devrait plutôt se servir de l’Histoire pour être en mesure de ne pas recommencer ses erreurs, pour en tirer les leçons et se bonifier telle une bouteille de vin dans une cave. Au lieu de commander, dominer, consommer et gaspiller à outrance. Or l’Histoire n’a de cesse de se répéter en permanence, sans jamais supprimer les crimes, les violences, l’exploitation, les mécanismes de pouvoir, d’autorité et de dominations de toutes sortes. Faisons un petit bond temporel en avant.
Notre espérance de vie occidentale à la naissance atteint les 80-85 ans, nous bénéficions d’une certaine couverture sociale, avons le droit d’être scolarisé gratuitement (plus pour longtemps), et nous mangeons encore à notre faim. ….certes ce n’est pas universel et les consommations/denrées alimentaires sont elles aussi très inégalement réparties, mais de manière globale, ici, nous ne vivons pas dans la crainte de ne pas trouver à manger demain. Le capitalisme qui règne depuis un demi-millénaire sur la planète pourrait fournir une condition décente de vie à tous les individus qui peuplent cette Terre. La mondialisation aurait pu permettre d’établir un revenu minimum (ou optimal ?) mondial obligatoire à tous les individus, seuil en dessous duquel les États ne pourraient pas descendre. Une sorte de smic mondial financé par un impôt sur le capital des multinationales, serait une question d’éthique pour les entreprises que de stopper ce pillage du Tiers-Monde. Et pourtant…J’ajoute que ce serait peut-être moins hypocrite que de faire semblant de verser 0.7% du Revenu National Brut de chaque pays membre de l’OCDE aux pays du Sud.
Si un sixième de la population totale de cette planète meurt de faim, ce n’est bien sur pas qu’un hasard. La plupart des aliments que l’on consomme nous viennent directement des pays du Sud pour engraisser l’homme occidental moyen bedonnant ; nous consommons le café, les céréales, les légumineuses dont les haricots d’Afrique, alors que les bénéfices de ces exportations reviennent non dans la poche des peuples africains, mais dans le bilan annuel des multinationales implantées après le passage du FMI. A ce propos, Joseph Stiglitz, ancien économiste en chef de la Banque Mondiale, explique très bien dans ses ouvrages les méfaits de cette mondialisation libérale. Comme la dictature de la loi de l’offre et de la demande impose ses codes sans pitié, et que les entreprises n’ont pas de frontière, elles peuvent s’installer en Afrique, exploiter les ressources naturelles, ce qui ne se fait pas sans polluer les sols, produire à outrance pour exporter, exploiter les salariés chinois payés à moindre salaire, et empocher les bénéfices. Après, on va nous dire à la machine à décerveler (les grands journaux télévisés) que si l’Afrique meurt de faim, c’est à cause d’un climat hostile à l’agriculture, ou que les pays n’ont pas terminé leur transition démographique, n’arrivant pas à surmonter la demande. C’est grotesque. Une famine pourrait actuellement frapper la corniche est de l’Afrique, « à cause de la sécheresse », alors faites des dons aux ONG, nous disent les médias. Sans expliquer en trente secondes que par exemple, l’économie de l’Éthiopie est basée sur l’agriculture vivrière, dont les multinationales s’en sont accaparés le marché des céréales, des fruits, légumes et du café, coupant le peuple d’une bonne partie des ressources alimentaires qui sont les leurs. On n’entend en effet pas beaucoup de journalistes se prononcer pour que les pays retrouvent leur souveraineté alimentaire. Ce qui est dingue, c’est que tout le monde s’en moque : des millions d’individus sont menacés par la famine, et l’Afrique reste le dernier des soucis de nos élites médiatiques, préférant titrer sur Paul, 30 ans, malade de la grippe A en Grande-Bretagne ou je ne sais où. Pire, ils préfèrent se laisser aller à une masturbation intellectuelle en défendant les ébats sexuels en Thaïlande du ministre français de la culture en traitant de fachos ceux qui comme Marine Le Pen, réclament la démission du concerné (Un certain Christophe Barbier, rédac en chef à l’Express). Un ministre qui a fait du tourisme sexuel, greffé à une campagne parlementaire pour la castration chimique, c’est révoltant je vous l’accorde. Mais c’est surtout people, vendeur et rentable, donc plus intéressant que d’écrire un billet journalistique sur la famine en Afrique orientale subsaharienne, qui remettrait en cause le capitalisme sauvage.
Nous vivons au royaume de la manipulation, il faut s’y faire, et ce n’est pas fini. La propagande bat son plein à un rythme journalier toujours plus étonnant que notre étonnement de la veille. Au lieu de traiter des vrais problèmes de santé publique, environnementaux ou des conséquences économiques du capitalisme, la sphère médiatique entoure sans cesse les informations de fausses idées farfelues pour en décrédibiliser les réalités. Dur donc d’y voir clair. C’est comme la pandémie de grippe A, tant martelée et dont la dangerosité nous est quotidiennement rappelée par notre chère Roseline Bachelot. Cela paraît tellement gros que je ne peux m’empêcher d’écrire quelques lignes sur ma vision des choses.
Un exemple de propagande liée à la crise économique (déguisée) :
Chaque années, depuis des décennies, la grippe tue des milliers de personnes parmi les plus jeunes et le plus vieux dans le monde. La grippe porcine, mexicaine, A, H1N1, tellement de noms que l’on n’avait pas l’impression qu’il s’agissait de la même, aurait pu être traitée comme une grippe traditionnelle. Comme la majorité des gens, je suis persuadé qu’elle n’est pas dangereuse, et je soupçonne de l’avoir eu (un état grippal fin septembre quand il fait encore 30° dehors, me paraissait étrange), et sans prendre aucun médicament, je n’en suis pas mort.
Seulement voilà , une crise financière est passée par la. Et si tout cet insupportable tapage politico-médiatique n’était tout simplement pas calculé, prémédité ? Dramatiser à outrance une bonne pandémie après une crise, c’est pas mal rentable pour les industries pharmaceutiques. Si des millions de personnes se rendent chez le médecin pour se faire inoculer le vaccin, commercialisé par Sanofi Aventis et Novartis, imaginez les profits que cela génère à l’échelle de la planète. Voici un extrait d’une interview de Chris Viehbacher, PDG de Sanofi Aventis par l’AFP et reprise par Le Point, le 21 septembre dernier : « Jugeant que ce vaccin entraînerait "un chiffre d’affaires supplémentaire" pour le groupe, il précise que les pays "les plus pauvres paieront un prix égal au tiers du tarif pratiqué pour les pays les plus riches", pour lesquels le vaccin contre la grippe H1N1 "coûtera plus cher" que celui de la grippe saisonnière. La France a commandé 94 millions de doses de vaccins contre le virus de la grippe H1N1 auprès de Sanofi, GlaxoSmithKline et Novartis. Le Premier ministre François Fillon a estimé le 15 septembre qu’"un peu plus de 2 à 3 millions de doses" de vaccins seraient disponibles en France à la mi-octobre. » On y est. Les multinationales de la pharmaceutique, leurs PDG et leurs actionnaires doivent malicieusement se frotter les mains et avidement se gratter le ventre ! Avez-vous vu combien cette façon décomplexée avec laquelle ce PDG expose sa volonté de tirer profits de cette grippe est déconcertante ? Dire qu’il lance son vaccin sur un marché de 6 milliards de potentiels consommateurs, en donnant l’impression d’être solidaire envers les pays les plus pauvres qui ne pourraient pas payer le remède, je dois avouer que c’est un bel exemple de cynisme. Et 94 millions de doses commandées pour la France, pour 65 millions de personnes, cela représente une dose et demie par individu. Sachant que tous, ne vont pas se faire vacciner, car personne n’y croit, quel est l’intérêt de cette énorme « commande », si en plus une seule injection d’une dose suffit à éradiquer le virus ? Cela frise le délire paranoïaque ! Chère madame Bachelot, permettez moi de vous dire que votre Tamiflu, votre vaccin, (vos discours infantilisants) je les boycotte !! C’est cette pandémie de politiciens avec toute leur clique qui nous prennent en grippe, qui devrait être éradiquée, plutôt qu’une grosse toux fiévreuse automnale…
Mais bon pour revenir à nos moutons, il est toujours plus difficile de faire accepter à l’opinion une nouvelle guerre en Iran, donc une pandémie était plus facile à faire avaler et venait à merveille dans le paysage économique mondial de 2008, la finance les pieds dans l’eau. C’est profitable aux entreprises, le lobby pharmaceutique renfloue ses caisses, les gouvernements font semblant d’agir et débloquent des sommes faramineuses, de concert avec les banques. Ca relance le marché, la bourse se redore le blason grâce aux ventes de vaccins et l’économie revient au beau fixe. Mr Sarkozy peut alors se vanter « tellement que j’suis doué que c’est moi qui m’en suis sorti tout seul avec mes Ray ban et ma Carla tellement qu’elle est belle » d’avoir relancé la France sur les rails de la reprise économique. Certes, je résume grossièrement, et je n’ai pas pour habitude d’être partisan des théories du complot, mais tout cela me donne curieusement l’impression de voir moins un réel danger de santé publique qu’une accélération du processus capitaliste. Un bien bel exemple qui montre que l’humain ne sait peut-être pas, au final, se raisonner et se servir d’un capitalisme pour démocratiser l’accès à tous les biens et services pour tous, en tirant les leçons de sa propre histoire, comme évoqué en premier paragraphe de ce texte. Qu’il serait surtout temps de créer autre chose de plus positif. Mais vu qu’historiquement, il paraît que tout Empire a sa chute au bout de sept-huit cent ans… Rien ne dit que c’est vrai, mais on peut toujours garder espoir…
Samuel MOLEAUD