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Pourquoi il n’y a plus de gauche en France ? Facile !

Au lendemain des élections départementales, ça sort les violons et les trompettes. On sait plus trop de quoi il faut s’affliger ou se réjouir, mais y a de l’animation.

Pis ça chougne, « pourquoi y nous aiment pas, c’est nous les gentils  ! » On croirait entendre Georges Bush (1) Junior.

Ah, ça c’est sûr, c’est pas l’euphorie ! Pourquoi ? Ben jetez un œil aux résultats du premier tour : (source ministère de l’intérieur (2) )

Extrême gauche : 0,03 %

PC : 0,63 %

PG : 0,03 %

Front de gauche : 2,25 %

***

PS : 6,33 %

Union de la gauche : 3,91 %

Je les mets là, ceux-là, je sais même pas trop pourquoi, sans doute pour ceux qui pensent que c’est ça, le camp du progrès...

***

Pourquoi ils ne nous aiment pas ? Facile ! Parce que :

  • Nous nous présentons à des élections oligarchiques. On peut faire semblant de pas comprendre pendant longtemps encore...mais ça finit par se savoir.
  • Nous ne demandons pas le renversement des gouvernements élus depuis 2008 (ratification du traité de Lisbonne). Nous ne les désignons pas comme coupables de haute trahison et illégitimes.
  • Nous ne nous révoltons pas contre la prise de pouvoir sur le monde de groupes d’intérêts privés via la création monétaire. Nous ne nommons pas nos ennemis clairement, au risque d’en subir les foudres.
  • Nous faisons parti du parti de gauche européen (3), et ça finit par se savoir.
  • Nous demandons aux travailleurs de lutter dans des syndicats qui font parti de la Confédération Européenne des Syndicats (4), favorable au TAFTA par exemple. Et ça finit par se savoir. Nous ne disons pas assez clairement que les petits patrons et commerçants ne font pas parti du capital, mais bien du prolétariat.
  • Parce que nos partis sont noyautés par en haut par des carriéristes cinglés, et que tout le monde chez nous le sait, mais fait semblant de l’ignorer. Ça aussi, ça finit par se savoir.
  • Nous avons viré tous les grands intellectuels de nos partis et en plus nous leur avons craché à la gueule. Du coup nos doctrines politiques, économiques, géopolitiques et de propagande ne valent plus un radis.
  • Nous avons une conception du peuple sélective. On ne veut plus l’entendre. Y en a même qui parlent du peuple de gauche chez nous, du non de gauche au référendum de 2005. Et les autres, y vont crever plus loin, sont pas dignes, c’est ça ?
  • Nous refusons de comprendre que le peuple, plus dialectique que nous, bêtas idéalistes, voit aujourd’hui (et peut-être pas demain hein !) dans la Nation une protection contre le capital.
  • Nous crachons à la gueule de tous ceux qui donnent de l’espoir, à tort ou à raison, aux peuples du monde entier, sans comprendre qu’on se désespère en agissant ainsi.
  • Nous ne faisons rien ! Par contre nous sommes des prescripteurs de vertu fabuleux.
    Ah ! Si ! On fait des manifs sympas avec une chouette sono qui crache du Téléphone et des super pétitions qu’on envoie en doléance à nos maîtres ! La « gauche » devrait nourrir, loger, éduquer les indigents ! Faire ! Et tout suivrait...
  • Où sommes-nous quand nos dirigeants soutiennent des guerres atroces ? Où est la révolte, la vraie ? Comment peut-on laisser un Mélenchon, par exemple, soutenir les crimes de l’Otan en Libye sans broncher ?
  • Nous refusons d’entendre que la Foi n’est dialectiquement pas l’ennemi de la Raison. En cela, nous sommes inaudibles. Le peuple ne nous comprend pas, et il a raison !
  • Parce que nos programmes sont moins « à gôche » que celui du traître Mitterrand en 81 (5).

En somme, parce que nous avons arrêté de défendre la dignité humaine, coûte que coûte, sans se soucier des dangers que ça représentait, sans avoir peur de nos maîtres. Nous sommes devenus d’obscurs réformistes dogmatiques et lâches, pantouflards.

Quand nos intellectuels redoutent d’être critiqués par les représentants de l’institution universitaire, qu’espérer de nous. Croyons-nous que la Sorbonne trouvait Robespierre raisonnable ?

Si pour la dignité humaine, nous ne pouvons pas prendre notre bâton de pèlerin et tout quitter, tout risquer, pourquoi demander aux autres de nous suivre ?

Et où nous suivraient-ils d’ailleurs ? Jusqu’à notre siège au conseil départemental ?

Nous sommes ridicules.

Kevin Queral

PS : Pour éviter toute ambiguïté :

Il y a dans nos syndicats et nos partis, une immense majorité de gens de bien, qui donnent leur énergie et une grande partie de leur vie pour défendre ces causes. Je le sais, et les estime plus que moi.

»» https://orbisterraeconcordia.wordpr...

1 https://www.youtube.com/watch?v=-PKRHgmHzK0

2 http://elections.interieur.gouv.fr/departementales-2015/FE.html

3 href="http://www.european-left.org/fr" rel="nofollow">http://www.european-left.org/fr

4 "http://www.cesi.org/" rel="nofollow">http://www.cesi.org/

5 http://www.legrandsoir.info/110-propositions-du-parti-socialiste-pour-la-France.html


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Il n’y a pas de moyen plus violent de coercition des employeurs et des gouvernements contre les salariés que le chômage. Aucune répression physique, aucune troupe qui matraque, qui lance des grenades lacrymogènes ou ce que vous voulez. Rien n’est aussi puissant comme moyen contre la volonté tout simplement d’affirmer une dignité, d’affirmer la possibilité d’être considéré comme un être humain. C’est ça la réalité des choses.

Henri Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT
Extrait sonore du documentaire de Gilles Balbastre "Le chômage a une histoire",

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