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Pourquoi la liberté d’expression est un conte de fées

La liberté d’expression fait partie des nobles principes dont se prévalent les régimes qui se disent “civilisés” et se prétendent “démocratiques”. Pour l’idéologie libérale, les choses sont simples. Comme nous sommes libres et égaux, nous jouissons tous de la possibilité de nous exprimer comme nous l’entendons. Attachée à notre nature, cette liberté inaliénable serait à la portée de tous. Dans ce monde idéal où les libertés n’attendent que l’initiative individuelle pour s’accomplir, où chaque individu est un Robinson en attente d’une île déserte pour y bâtir un monde à son image, chacun serait libre de s’exprimer en toutes circonstances.

En réalité, il suffit de formuler clairement – comme nous venons de le faire – ce que devrait être la liberté d’expression pour s’apercevoir qu’elle est non seulement irréelle, mais absolument impossible sous le régime social qui est le nôtre. Elle est irréelle, en effet, pour la simple raison que tous les citoyens ne peuvent pas exercer cette liberté dans les mêmes conditions. Lorsqu’on vante la liberté d’expression qui régnerait dans les démocraties occidentales, on se contente en réalité d’une liberté abstraite, “formelle” comme disait Marx, et on raisonne comme s’il suffisait d’ouvrir la bouche pour jouir de cette merveilleuse liberté accordée à tous.

Or cette liberté tant vantée est un véritable conte de fées, car son exercice effectif – et non la simple possibilité abstraite de cet exercice – suppose la possession de moyens dont nous ne sommes pas également dotés. Dans le monde féérique du libéralisme cette inégalité ne pose aucun problème, mais il se trouve que nous vivons dans le monde réel. Si je n’ai pas les mêmes idées que mon voisin, il n’est pas indifférent de savoir qu’il possède un journal alors que je n’en possède aucun. Sa liberté d’expression ne sera pas équivalente à la mienne. Dans une société où une minorité détient la majeure partie du capital, il est clair que certains sont “plus libres” que d’autres. Parce qu’ils monopolisent l’exercice de la liberté d’expression, les riches, en réalité, en privent les pauvres.

Envisagée de manière concrète, la question de la liberté d’expression, par conséquent, recoupe celle de la propriété des moyens d’expression. En France, une dizaine de milliardaires possède la quasi-totalité des titres de la presse écrite et audiovisuelle, nationale et régionale. Mais ce n’est pas par amour pour la “liberté d’expression” que ces détenteurs de capitaux ont pris le contrôle des médias. Si c’était le cas, la ligne éditoriale de ces organes de presse ne serait pas monolithique jusqu’à la caricature. Elle ne refléterait pas aussi crûment les choix idéologiques d’une caste qui entend imposer sa vision du monde. “La liberté de la presse, disait Marx, est la liberté que les capitalistes ont d’acheter des journaux et des journalistes dans l’intérêt de créer une opinion publique favorable à la bourgeoisie”. Le matraquage médiatique ayant conduit le godelureau de la finance à l’Elysée en est un bon exemple.

On objectera que malgré cette mainmise sur les médias on peut s’exprimer comme on veut sur la Toile. C’est vrai et faux à la fois. Heureusement, de nombreux sites animés par des bénévoles diffusent une information alternative qui bat en brèche le discours dominant. Mais ce n’est pas un combat à armes égales. Les médias officiels disposent de moyens colossaux qui proviennent non seulement de leurs actionnaires privés mais aussi de subventions publiques. Organe central du parti euro-atlantiste, le quotidien “Le Monde”, par exemple, perçoit 4 538 000 euros de la part de l’Etat (2015). Bien sûr, de tels subsides n’empêchent pas ce journal de publier des énormités. On peut même se demander s’il n’y a pas une relation de cause à effet. Chacun se souvient des nombreux articles dans lesquels le “quotidien de référence” annonçait la chute imminente de Bachar Al-Assad, conformément à la doctrine du Quai d’Orsay.

Si les sites d’information alternative percevaient le dixième de ce que touchent neuf milliardaires pour maintenir en vie leurs feuilles de chou, on imagine à peine ce qui se passerait. Mais cette répartition équitable de la manne publique ne risque pas de voir le jour. Le système médiatique des démocraties libérales, en effet, repose à la fois sur la concentration capitaliste et la faveur du pouvoir. Un bon journal est un journal qui dit ce qu’il faut dire – du point de vue de l’oligarchie – et à qui l’Etat donne les moyens d’éliminer la concurrence. Le summum a été atteint lorsque la ministre sortante de l’Education nationale a ordonné aux établissements d’offrir aux lycéens un accès gratuit à une dizaine de journaux tout en leur demandant de dissuader les élèves d’aller s’informer sur Internet. En les prenant au berceau, nul doute qu’on obtiendrait encore de meilleurs résultats.

La sphère médiatique une fois verrouillée par l’oligarchie, la liberté d’expression est un droit formel dont l’exercice effectif est réservé à ceux qui la servent. La liberté d’expression se résume dans cet univers orwellien à la dictature de la doxa, le procès en “complotisme”, version moderne du procès en sorcellerie, permettant de neutraliser les récalcitrants. Mais cela ne suffit pas. Non seulement l’espace médiatique est saturé par l’idéologie dominante pour cause d’actionnariat privé, mais on veille aussi à ce que l’espace public reste sous contrôle. On refuse alors à un intellectuel étasunien de l’envergure de Noam Chomsky l’entrée des locaux de l’Assemblée nationale où il devait faire une communication à caractère scientifique. Transformé en SDF, cet éminent linguiste coupable d’un obscur délit d’opinion (il eut le tort de critiquer Israël et les EU) trouva refuge au centre culturel belge.

Pour sauver ce qui reste de cette liberté d’expression moribonde, on pouvait alors espérer que le service public de l’information, hors de portée des affairistes et des lobbies, puisse faire contrepoids. C’était sans compter sur l’intervention du pouvoir. On a récemment pu voir une remarquable émission de la série “Un oeil sur la planète” consacrée à la Syrie. Avec un rare professionnalisme, l’équipe de France 2 dévoilait les aspects contradictoires du drame syrien, rompant avec la narration dominante de cette guerre par procuration. Mais le lobby qui défend les intérêts de l’OTAN et d’Israël a procédé au nettoyage. Après quinze ans de bons et loyaux services, l’émission “Un oeil sur la planète” vient d’être effacée des programmes de la chaîne. Aucun motif n’a été avancé. CQFD.

Pour défendre la liberté d’expression, il faut d’abord cesser de lui prêter une réalité qu’elle n’a pas. On fait comme si chacun était libre d’en jouir, alors qu’il s’agit d’une possibilité dont la réalisation dépend de moyens dont le simple citoyen est dépourvu. Tant que ces moyens sont monopolisés par la bourgeoisie d’affaires, cette réalisation est chimérique. Dans les prétendues démocraties, la liberté de la presse est le manteau dont se drape la classe dominante pour formater l’opinion. “La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature”, disait Chomsky. Toute parole qui échappe à la censure de la classe dominante est une victoire, mais c’est l’arbre qui cache la forêt. La seule façon de promouvoir le pluralisme, c’est l’expropriation sans condition des magnats de la presse.

Bruno GUIGUE

COMMENTAIRES  

21/09/2017 00:06 par Roger

“La liberté de la presse, disait Marx, est la liberté que les capitalistes ont d’acheter des journaux et des journalistes dans l’intérêt de créer une opinion publique favorable à la bourgeoisie”.

Décidément, Marx a déjà presque tout dit sur la réalité du capitalisme.
On comprend aussi la haine qu’il suscite depuis toujours chez nos oligarques et leurs valets

21/09/2017 10:26 par CN46400

@ Roger et l’auteur

Bien sûr, très peu de déchets dans cet article (oligarchie ?).. Même s’il convient de savoir que la bourgeoisie manipule, à sa guise, les médias qui lui appartiennent. La candidature Macron est un cas d’école. Il ne faut pas perdre de vue qu’elle est en campagne permanente (ex Vénézuela) et qu’elle parvient, par simple mimétisme, à introduire sa doxa y compris dans des médias dits "alternatifs".

Je suis curieux de voir comment Arte va diffuser le film franco-belgo-allemand de l’haïtien Raoul Peck :"le jeune Marx"....

21/09/2017 11:40 par Assimbonanga

C’était avant-hier je crois. France Inter, pas gênée par l’improvisation, a osé déclarer que les prisons venezueliennes étaient "les pires geôles de l’Amérique Latine" et qu’il y croupissaient 600 prisonniers politiques. C’était suite au décès en prison ( d’un AVC) d’un opposant à Maduro et dont le speaker n’a pas dit pour quel chef d’accusation ce détenu avait été condamné.

Hé oui, France Inter ne recule devant aucun sacrifice de la Vérité du moment que ça peut servir à éclabousser Mélenchon d’un peu davantage de discrédit. Tant qu’à faire !

21/09/2017 12:59 par L. A.

Excellent article, qui a le mérite d’être assez synthétique et d’offrir des arguments percutants et (car) indiscutables. On ne saurait quelle phrase choisir pour en faire citation :

« La liberté d’expression est irréelle pour la simple raison que tous les citoyens ne peuvent pas exercer cette liberté dans les mêmes conditions. »

« Si je n’ai pas les mêmes idées que mon voisin, il n’est pas indifférent de savoir qu’il possède un journal alors que je n’en possède aucun. »

« Organe central du parti euro-atlantiste, le quotidien “Le Monde” perçoit 4 538 000 euros de la part de l’Etat (2015). Bien sûr, de tels subsides n’empêchent pas ce journal de publier des énormités. On peut même se demander s’il n’y a pas une relation de cause à effet. »

« La ministre sortante de l’Education nationale a ordonné aux établissements d’offrir aux lycéens un accès gratuit à une dizaine de journaux tout en leur demandant de dissuader les élèves d’aller s’informer sur Internet. En les prenant au berceau, nul doute qu’on obtiendrait encore de meilleurs résultats. »

« […] l’équipe de France 2 dévoilait les aspects contradictoires du drame syrien […]. Mais le lobby qui défend les intérêts de l’OTAN et d’Israël a procédé au nettoyage. »

Et la meilleure pour la fin :

« La seule façon de promouvoir le pluralisme, c’est l’expropriation sans condition des magnats de la presse. »

(Acclamations parmi les rangs du peuple : « Oui, bien dit ! », « Tout à fait d’accord ! », « Mille fois bravo ! », « Vive la VIe ! ».)

Par ailleurs, il paraît étonnant qu’on puisse encore se poser la question de l’allégeance d’Arte vis-à-vis du lobby européo-zunien. Une purge éditocratique des plus gerbantes y est administrée chaque soir à l’heure du repas depuis des années. De plus, pile-poil au moment ou le Zunien en chef et ses fous de guerre s’excitent contre la Corée-du-Nord (Ah ! Johnny, quelle fucking revanche ce serait. — Yeah, right now, Billy. Oh my god !), l’on vient d’y voir (sur Arte) une mini-série teintée d’humour noir sur la Corée-du-N une dictature imaginaire d’Exrême-Orient. Quand, déjà, a-t-on réalisé et diffusé un film, ou une série, ou un documentaire ou quoi que ce soit sur la Corée-du-N le pays qui est ainsi caricaturé ? Faut-il préparer les esprits des moutons européens à la détestation d’un pays et d’un peuple dont (comme d’hab’) ils ignorent tout ? D’ignobles bombardements qu’il conviendrait d’approuver seraient-ils imminents ? Dans cette comédie, signalons au passage que, pour faire bon poids de légitime détestation, le dictateur tient des propos antisémites (si, si !), qu’il torture à l’arme blanche dans son bureau et en présence de son état-major impassible un journaliste cinéaste (qu’il a fait enlever en plein Paris…), qu’il fait fusiller un militaire « et toute sa famille » (il le précise bien) sans autre forme de procès et qu’il fait éliminer une actrice après l’avoir contrainte à écrire une lettre d’autocritique débile (on se demande bien pourquoi il se fatiguerait à une telle mise en scène, vu ce qui précède). On peut penser ce qu’on veut de la Corée-du-Nord, mais une question qui taraude est « Pourquoi un tel téléfilm exactement maintenant ? »

L. A. (Pas Extême-Oriental, donc pas fourbe et pas cruel.)

21/09/2017 14:00 par Xiao Pignouf

Dans ce cas, il s’agit non plus de parler de liberté d’expression mais d’égalité d’expression. Car (corrigez-moi si je me trompe) nous avons cette pleine et entière liberté de nous exprimer, sur quel que sujet que ce soit sans risquer emprisonnement ni même parfois poursuite (à condition bien sûr de ne pas appeler à la haine d’autrui, et on acceptera facilement cette limite). Admettons que je sorte cul nu dans la rue pour tancer vertement Macron en ayant au préalable louer un espace publicitaire de 10m sur 12 sur lequel j’aurais fait imprimer une caricature extrêmement peu flatteuse, je me ferai embarquer pour atteinte à la pudeur sans que personne n’ait rien à redire sur le discours ou le portrait que j’aurai produit. En effet, on voit bien que la liberté d’expression, dans cette ère de surinformation, de méta-communication et de mouvement perpétuel, s’est lentement galvaudée, a perdu toute sa force de frappe. Prenez l’exemple du film de François Ruffin, qui pour jubilatoire qu’il soit n’a eu strictement aucun effet sur le fonctionnement de ce qu’il y dénonçait.
Notre liberté d’expression les atteint comme l’eau coule sur les plumes du colvert, il s’en gaussent et nous le font savoir par le truchement des médias qu’eux-mêmes ou leur potes ont l’heur de posséder. Ils peuvent à la limite lui mettre des bâtons dans les roues avec un peu de censure mais pas trop, ça commencerait à se voir et ça serait contre-productif. Ah, on voit bien tous ces chroniqueurs, ces doryphores de plateau de téloche se pavaner dans leur autosatisfecit, se roulant tel le phacochère dans la gadoue de leur condescendance et avec un gros salaire garanti par leur docilité de corniaud, parlant avec un tel mépris à ceux qui s’opposent à ce système qu’on leur verrait presque la bile au bord des lèvres. Nous sommes libres de nous exprimer, dans la rue, chez nous, avec nos amis et nos contradicteurs, et quand on a la chance que notre voix soit représentée, parfois sur les théâtres qu’ils nous offrent, mais ils sont les chefs d’orchestre, les maestros de l’opinion de masse, et merde alors, la masse bêle en coeur, encore et encore.

Eux, le fondement bien enfoncé dans les canapés du pouvoir, nous (et le troupeau bêlant), sous le tapis. C’est donc d’égalité d’expression qu’il est question et non plus de liberté. Et dans le lancement d’alertes, seules les organisations collectives parviennent à atteindre leur but sans souffrir de l’opprobre, alors qu’une personne seule devient un insecte face aux rouages qui se mettent en place pour la punir, la freiner, calmer son indignation. Tout l’inverse de ce que le bon sens ordonne de faire.

Ils n’ont plus peur de notre liberté d’expression puisqu’elle n’a aucun amplificateur, et la seule exception, celle qui leur permet de se racheter une conscience sans prendre aucun risque puisqu’elle va dans le sens du courant, c’est que la liberté d’expression de droite, voire d’extrême-droite s’est libérée. Oh on peut bien gloser sur M’bala M’bala, ce qui a fait le succès de ses performances, c’est bien la publicité "involontaire" qui en a été faite par le convulsif et transpirant Valls... Et puis pourquoi l’interdire alors que le FN, farci d’antisémites, est un parti assez respectable pour être invité par les médias ? La liberté de s’exprimer s’est droitisée, parmi les journalistes, les humoristes, les intellectuels, les artistes (au moins est-on sûr de mettre l’atroce mère Angot dans le sac !), et chez ces gens le plus petit défenseur du peuple est introuvable (à de rares exceptions près, comme Yvan Le Bolloc’h entre autres). Même dans des publications, soit disant contestataires, cette parole a penché franchement à droite dans le pire des cas (Charlie Hebdo, aux unes dignes de Valeurs Actuelles) et dans le meilleur des cas est devenue brosse à reluire du pouvoir... (Canard "plus si enchaîné que ça"). Insulter le peuple, ses adversaires, les électeurs, les pauvres, voilà leur liberté d’expression. Sans complexe.

21/09/2017 15:06 par Assimbonanga

Oui Xiao ! Ils sont même allés jusqu’à reprendre à leur compte une mesure préconisée par la fille Le Pen : supprimer les cotisations sociales pour augmenter le salaire sans que ça coûte au patron et personne ne moufte ! Même FI ne l’exprime de façon vraiment explicite.

21/09/2017 18:18 par irae

Sans lire l’article mais je le ferai promis, je confirme la notion d’inégalité d’expression. En effet les fonctionnaires gorgés jusqu’à la nausée de somptueux revenus (ajustés au-dessus du smic par un mécanisme tordu pour les catégorie c sinon la grille indiciaire les placerait sous le seuil de rémunération légal), se voient soumis à des règles déontologiques dont l’application est plus que sévère pour les lampistes et hypra souple pour les hauts fonctionnaires (schaal ou vauquiez pour ne citer qu’eux) qui entrave sérieusement leur liberté d’expression au risque d’une faute.
Alors on exprime ses idées sous pseudo.

21/09/2017 20:16 par irae

Même FI ne l’exprime de façon vraiment explicite.

Popopo assim que nenni la-dessus la FI écrivait : "donne moi ta montre je te donnerai l’heure".

21/09/2017 21:04 par Philippe Huysmans

@Xiao Pignouf

À quoi sert une langue quand votre bouche est cousue ?

La liberté est en effet primordiale, mais elle sous-entend qu’on puisse accessoirement en jouir, aussi.

Ce que l’on vous sert ici, c’est la liberté... de chanter sous votre douche (sans indisposer les voisins).

Ce sur quoi Bruno met le doigt est fondamental, même si quelque part, on le "sait".

21/09/2017 22:45 par mediacideur

Très (très) bon article d’un très (très) bon auteur merci à lui (et au Grand Soir de lui donner tout l’écho qu’il mérite).

J’aurais une (petite) question : d’où, exactement (quel texte, quand) est tirée cette citation réputée de Marx ? Je n’en trouve trace nulle part.

22/09/2017 10:50 par Assimbonanga

@bonjour Iraë. Vous voulez dire Wauquiez, l’abominable W ?
Ceci m’amène à une question subsidiaire : les élus sont-ils des fonctionnaires ? Il me semble que non, mais d’après des jugements de justice il ressort qu’ils seraient considérés comme tel dans certains cas. Quelqu’un a-t-il des lumières à ce sujet ?

22/09/2017 18:07 par manant

Jean-Luc Godard, il y a une trentaine d’années au moins, et à vue de nez, avait eu cette réplique foudroyante lors d’une interview : "Nous avons la liberté du prisonnier de taper sur sa gamelle" !

22/09/2017 23:29 par Francois

Il n’y a pas que les fonctionnaires qui sont statutairement tenus au devoir de reserve, il a des sujets qu’il est impossible d’evoquer, Ces sujets tiennent en fait en un seul : Israel. Il est interdit (je dis bien interdit) d’appeler publiquement au boycott des produits israeliens. Emettre des hypotheses contradictoire au consensus historique ne pose pas de problème, en particulier quand on parle de che guevara, de l’urss, des vols lunaires, du genocide armenien, c’est puni par la loi quand il s’agit de mettre en doute l’existence des chambres a gaz. On peut déclarer que la religion musulmane est incompatible avec la république sans etre légalement inquiété, on risque de gros problème si on parle ainsi de la religion juive.
Sinon, la FI a abondamment commenté le transfert des cotisations sociales sur la cgs, je ne comprend pas la critique de ... Assimbonanga je crois... à ce sujet.

23/09/2017 10:24 par Palamède Singouin

A propos du devoir de réserve des fonctionnaires, 2 cas interessant ;

Arno KLARSFELD - avocat sans cause bombardé Conseiller d’Etat par le couple Sarkozy dont il est un vieux "protégé" - s’est permis d’en appeler publiquement à organiser si nécessaire des "troubles à l’ordre public" pour justifier l’interdiction de certains spectacles qui lui déplaisaient (bon, je sais, Dieudonné ce n’est pas un bon exemple !). Sanction ? Aucune.

Bruno GUIGUE - sous-préfet à Saintes - immédiatement démis de ses fonctions par Alliot-Marie pour avoir publiquement dénoncé les crimes d’Israël.

J’espère que Bruno GUIGUE n’est plus fonctionnaire parce qu’avec les intentions de COLLOMB de radier fes "fonctionnaires radicalisés" je craindrais qu’il ne soit placé dans cette catégorie en tant que critique des USA, d’Israël, de "l’opposition modérée syrienne" et défenseur de Poutine et d’Assad.

23/09/2017 14:37 par Assimbonanga

Ok ! François. Si vous l’avez entendu explicitement, j’en suis heureuse. En fait, j’aime bien que certaines consignes soient dites avec simplicité et un petit surlignage en gras. Il faut que, en France Insoumise, nous proclamons le principe : la cotisation sociale est la base de notre système de protection sociale. Et il n’y a pas de dépenses sans recettes. La sécu, elle est à nous, pas au gouvernement. Enfin, vous voyez...
Tous les retraités ont cotisé toute leur vie (contrairement aux artisans-commerçants-agriculteurs qui ont raccroché leur wagon sur le tard) et aujourd’hui, on veut les ponctionner injustement.

24/09/2017 00:47 par Francois

Les opinions dissident sur Poutine, la Syrie ou encore les usa ne sont pas illégaux. On passe à la vitesse supérieure quand il s’agit d’israel. Cette situation constitue une singularité, au sens mathématique du terme. Un endroit où les lois ne s’appliquent plus.

24/09/2017 08:21 par "Personne"

À Mediacideur,

Marx a écrit en avril-mai 1842 « Débats sur la liberté de la presse » dans La Gazette rhénane.
Dans La Pensée- revue du rationalisme moderne (mars 1961), on y trouve quelques éléments :
lien à copier (le logiciel de LGS ne digère pas les« ark :/ » de la BNF)

gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k5816197q/f34

24/09/2017 14:23 par Dominique

Cette inégalité d’expression est à mettre en parallèle avec la notion de tradition écrite. Historiquement, seuls les nobles et le clergé savaient écrire. La question de liberté de la presse ne se posait pas car il n’y avait pas de presse. Les nobles et le clergé avaient leurs canaux d’information, Quand au peuple, ses sources d’information étaient les marchands et les artistes ambulants, c’est-à-dire que la tradition du peuple était une tradition orale. Les artistes ambulants furent persécutés pendant l’Empire romain, le Moyen-Âge fut certainement leur âge d’or. Quand à aujourd’hui, de plus en plus de villes occidentales leur imposent des règlements qui sont à la fois des entraves au bon exercice de leur profession et des taxes qui s’apparentent plus à du racket qu’à un impôts. Ceci dans le meilleur des cas car dans le pire, ils doivent encore subir les délires de flics ripoux.

Tout ça pour dire que dans une tradition écrite, n’importe qui peut écrire n’importe quoi, et qu’il se trouvera toujours des idiots pour y croire - c’est écrit. Par exemple, le ministre polonais de l’environnement crois dur comme fer que les actions de l’homme, sont mode de vie industriel basé sur une exploitation générale du vivant et du non-vivant, n’ont aucun effet sur l’environnement car il est écrit dans la Bible (en page 2) : "Tu domineras la terre et toutes ses créatures."

Le résultat est que les industriels et les propriétaires n’ont plus besoin d’autorisation pour détruire le vivant et que les plus anciennes forêts d’Europe sont en train de disparaître à jamais et à un rythme accéléré.

À l’opposé, dans une tradition orale et le conteur doit faire face à son auditoire. Celui-ci peut l’interrompre pour raconter sa version, apporter des précisions ou le questionner. Aujourd’hui la plupart des gens n’ont plus cette faculté. Comme le disait Saint-Exupéry, ils ne savent plus composer une dance ou une chanson. Ainsi, j’ai joué dans une pièce de théâtre hier. Une scène de cette pièce est l’interview d’une personne que les bourgeois et leur presse immonde appellent "migrante". Le public est invité à poser des questions. Heureusement qu’il y avait des enfants car à l’exception d’une question qui fut posée par un adulte, ce sont eux qui ont posé toutes les questions du public. De plus leurs questions étaient simples et allaient à l’essentiel, donc excellentes.

Comme le disait Saint-Exupéry dans sa "lettre au général X", du fond de leurs villages ils ne savent plus composer une dance ni une chanson.

Dans la tradition écrite contemporaine, le problème des médias et de l’information est fondamental. La plupart d’entre eux sont saturés de pub, cet évangile des temps modernes au message unique : consommons plus !, et nombre de leurs articles comportent/ne sont que des incitations à consommer. En fait, le principal message véhiculé par les médias est que notre mode de vie - cette société industrielle de consommation de masse v.3.0 Big Data is watching You - n’est pas négociable. Dans un tel contexte, le principal problème n’est pas la manipulation de l’information par ce qu’ils disent - Consommons plus ! - et comment ils le disent - L’économie verte/la planète intelligente/etc, c’est bon pour la planète/la société/l’homme, mais ce qu’ils ne disent pas : Notre mode de vie est en train de niquer la planète. En parallèle à cette destruction systématique du vivant au nom d’un progressisme forcené et superstitieux car érigé en dogme pseudo-divin, il n’y a jamais eu autant d’esclaves qu’aujourd’hui.

24/09/2017 14:42 par mediacideur

@ "Personne"

Quand, comme prescrit, je copie le lien voici ce à quoi on me renvoie :

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gallica.bnf.fr/ark :/12148/cb34378481r/date19230620
Journal officiel de la République française. Lois et décrets — 1923-06-20 — periodiques.
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Recueil des traités et conventions entre la France et les puissances alliées en 1814 et 1815. suivi de l’acte du Congrès de Vienne ([Reprod.]) — 1815 — livre.
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gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k4337198/f7.image
Journal de l’École polytechnique / publié par le Conseil d’instruction de cet établissement — 1895 — periodiques.
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gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k97497t
Histoire naturelle générale et particulière : avec la description du Cabinet du Roy. T. 8 / [par Buffon, puis avec Daubenton] — 1749-1789 — livre.
ark :/12148/btv1b52500984v - Gallica - BnF
gallica.bnf.fr/ark :/12148/btv1b52500984v
19 nov. 2012 - Horae ad usum Romanum, dites Grandes Heures d’Anne de Bretagne — 1505-1510 — manuscrits.
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Rien sur Marx, donc

24/09/2017 20:11 par "Personne"

À Mediacideur,

Sur : http://gallica.bnf.fr/accueil/?mode=desktop entrer : "débats sur la liberté de la presse" marx

Au niveau de la première proposition (‘La pensée : revue du rationalisme moderne’), cliquer sur ‘Extrait 1 : en analysant les débats de la Diète … ’ . Si le serveur interne ne plante pas, la bonne page est ouverte !

24/09/2017 21:29 par Francois

Arno klarsfeld, l’extrémiste parti plusieurs années faire le jihad (je ne connais pas le mot équivalant pour les juifs) en israel au sein des terroristes de tsahal. La justice ne semble pas vouloir l’inquiéter pour ça... Une tribune dans les medias dominants et pas de cellule de déradicalisation.

24/09/2017 22:12 par mediacideur

Je suis allé à l’endroit indiqué mais nulle trace de la citation en question. Je crois que B. Guigue se trompe et qu’il confond : ce qu’il cite comme du Marx serait plutôt du Lénine.

24/09/2017 22:29 par mediacideur

Voyez plutôt :

"
« Partout dans le monde, partout où il y a des capitalistes, la liberté de la presse signifie la liberté d’acheter des journaux, d’acheter des écrivains, de corrompre, d’acheter et de fausser l’“opinion publique” au profit de la bourgeoisie. C’est un fait. Personne ne sera jamais en mesure de le réfuter. Et nous ? »"

La source est : Lénine « Lettre à Miasnikov sur la liberté de la presse » du 5 août 1921 , in Lenin Collected Works, volume 32 : December 1920-August 1921, Progress Publishers, Moscou, 1965, p. 504-509. Toute la lettre est intéressante d’ailleurs, pas seulement cet extrait.

26/09/2017 09:33 par Bruno Guigue

Il semble que la citation de Marx soit de Lénine, ou du moins qu’une phrase de Lénine ressemble beaucoup à celle que j’ai attribuée (faussement, semble-t-il) à Marx. Mea culpa. Mais mon admiration pour Lénine en sort grandie.

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