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Quarante jours à la rencontre des mouvements sociaux.

« Je salue notre dangereux ami… » (rires) « …Joao Pedro Stedile, du mouvement des sans terre ». Là où d’autres chefs d’Etat évitent tout risque d’incident diplomatique, le nouveau président du Venezuela, élu le 14 avril 2013, préfère bousculer le protocole pour se réunir avec les mouvements sociaux. La signature le même jour d’accords majeurs de coopération avec la présidente du Brésil n’empêche pas Nicolas Maduro de dialoguer avec ceux qui critiquent l’abandon de la réforme agraire et les progrès de l’agro-business sous le mandat de Dilma Roussef. (1)

Ce 9 mai 2013 au mémorial Darcy Ribeiro – qui pour Maduro « fait partie des hommes capables de transformer la conscience d’une époque » – c’est le porte-parole du Mouvement des Sans Terre, au nom des syndicats et collectifs présents, qui accueille le président vénézuélien. Le lutteur social rappelle que Chavez fut le premier à aller vers eux, à dénoncer les limites institutionnelles de l’État bourgeois en vigueur depuis trois siècles et à chercher l’appui des mouvements sociaux dans cette transformation.

Réunion avec les mouvements sociaux à l’Université de Brasilia, Mémorial Darcy Ribeiro, 9 mai 2013

Avec les militants brésiliens, Maduro évoque la transformation du Marché Commun du Sud (MERCOSUR) dont le Venezuela assumera la présidence le 28 juin "en une identité de peuple, une opportunité de développement, d’intégration énergétique, économique, structurelle de nos pays", notamment à travers la consolidation du SUCRE, monnaie régionale qui met fin à la dictature du dollar pour la vente et l’achat de produits entre pays de l’ALBA, la Banque du Sud, la création d’une École de Formation des Mouvements Sociaux, la défense des ressources naturelles lors de la prochaine réunion de la CELAC à Caracas, l’organisation d’un Fonds Égalitaire de lutte conte la pauvreté à discuter au sein de l’OPEP : « nous ne sommes pas simplement un gouvernement, nous sommes une révolution populaire au pouvoir et nous transformons la société. Le pouvoir moral, politique, organisateur des mouvements sociaux est la garantie majeure pour les processus démocratiques de notre région et la clef de leur invincibilité face aux agressions impériales ».

La première étape de cette tournée dans les pays du MERCOSUR l’avait mené en Uruguay à la rencontre du Président Mujica et des travailleurs. Maduro, qui entra en politique à travers la militance syndicale, y a proposé la création d’une confédération des travailleurs à l’échelle du continent..

Avec les travailleurs uruguayens, 7 mai 2013

Quelques semaines plus tard à Cochabamba, lors de sa rencontre avec les mouvements sociaux boliviens en compagnie d’Evo Morales, le président du Venezuela a de nouveau plaidé pour la création d’une organisation continentale des mouvements de travailleurs, paysans, pêcheurs, communautés indigènes, mouvements féministes, étudiants et pour faire face ensemble aux nouvelles stratégies impériales et aux traités de libre commerce – notamment l’Alliance Pacifique mise sur orbite par les États-Unis (Mexique, Colombie, Pérou et Chili)- et aux plans de la droite latino-américaine pour détruire l’ALBA. "Nous avons décidé de développer fortement à travers l’ALBA tout ce qui concerne l’éducation publique gratuite et de qualité pour nos peuples, de fortifier nos universités publiques. Les pays membres de l’ALBA sont en tête des indicateurs de l’éducation universitaire en Amérique Latine et dans certains cas, dans le monde".

Bolivie, 25 mai 2013

Ce volontarisme social de la diplomatie bolivarienne est occulté, ou réduit à une « pétrodiplomatie », par les médias occidentaux qui taisent avec le même soin le « gouvernement de rue » au coeur de la politique intérieure que mène Maduro au Venezuela. Conçu pour "rencontrer directement les problèmes et les résoudre avec la population, organiser un nouveau modèle de gouvernement avec les conseils communaux, essence d’une nouvelle démocratie et du socialisme", ce « gouvernement de rue » a déjà pris des centaines de mesures et alloué les ressources nécessaires sur la base du diagnostic participatif. (2)

Pour rendre à l’État sa capacité d’action sur le terrain et lutter contre la corruption, Maduro a décrété six Régions Stratégiques de Développement Intégral (REDI). Tout va se jouer l’efficacité du suivi par les relais mis en place. Après avoir surmonté la tentative de coup d’État organisée par la droite en avril 2013, le président est en train de regrouper les forces sociales autour du programme sorti des urnes, le « Plan Patria 2013-2019 » (3). C’est pourquoi la droite latino-américaine et ses alliés états-uniens intensifient leurs manoeuvres de déstabilisation, notamment depuis la Colombie. Mais le temps joue en faveur de la révolution bolivarienne. (4)

Thierry Deronne, Caracas, 3 juin 2013

"Gouvernement de rue", quartier de Coropo, État d’Aragua, Venezuela, 31 mai 2013.

Notes :

(1) Voir "A Brasilia le campement national Hugo Chavez exige la reprise de la réforme agraire" http://mouvementsansterre.wordpress.com/2013/03/23/a-brasilia-le-campe...

(2) Sur la méthode de gouvernement de Nicolas Maduro, on peut lire "Nous t’écoutons Claudia" http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/05/06/nous-tecoutons-claudia/ ; "Gouvernement dans la rue et révolutions dans la révolution : Nicolas Maduro commence à gouverner" http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/20/gouvernement-dans-la-ru...;; et "Le Venezuela en 2013 : accroche-toi, tu n’as encore rien vu" http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/01/06/le-venezuela-bolivarien...

(3) Voir "Ce que la révolution bolivarienne va faire de 2013 à 2019" http://venezuelainfos.wordpress.com/2013/04/15/ce-que-va-faire-la-revo...

(4) Parallèlement aux mesures issues des assemblées populaires, à l’augmentation générale des salaires et à la mise en oeuvre effective de la nouvelle Loi du Travail, voici quelques mesures qui ont marqué les quarante premiers jours de la présidence de Nicolas Maduro. Merci à Juan Miguel Díaz Ferrer.

Sécurité citoyenne

Création du “Mouvement pour la Paix et pour la Vie”, avec le désarmement effectif de bandes de jeunes délinquants, la création d’espaces culturels et de formation et la création du fonds spécial "Jóvenes de la Patria" (500 millions de Bolivars).

Mise en place du Plan National de sécurité avec l’appui mutuel des communautés populaires, des forces armées et de la police nationale bolivarienne. Dans les premiers mois le taux d’homicides a été réduit de 60 % en moyenne. Il s’agit aussi de mettre fin aux violations des droits de l’homme commises par les polices antérieures.

Renforcement de la Mission A Toda Vida Venezuela pour humaniser les conditions de détention dans le système pénitencier.

Réunion avec les télévisions privées pour qu’elles réduisent leur dose quotidienne de violence.

Politiques alimentaires

Dialogue avec le secteur privé. La Chambre de l’industrie alimentaire du Venezuela a accepté de travailler avec l’exécutif à trouver des solutions aux problèmes d’approvisionnement et prévoit dans les 180 jours d’augmenter la production de 18%.

Lancement de la construction d’une centrale agro-industrielle près de Caracas avec un investissement d’environ 52 millions de dollars de la Chine.

Nouvelle stratégie visant à accroître les réserves alimentaires du pays.

Importation de 760.000 tonnes de nourriture, huile, lait en poudre, le sucre brut, le thon en conserve, sardines en conserve et le sorgho.

Renforcement du système des magasins d’État PDVAL, qui vend les produits de base 35% moins cher que dans le marché et du réseau FarmaPatria qui vend les médicaments à des prix 40% iférieurs à ceux du marché.

Recensement par les experts agricoles des pays du Mercosur, dans les états du Zulia, Aragua, Portuguesa et autres de 230 000 hectares aptes à la mise en culture immédiate.

Subventions aux producteurs de riz et de canne à sucre.

Avec l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil, la Bolivie, signature de nouveaux accords agricoles et énergétiques.

Avec des sociétés brésiliennes, le Venezuela construit une usine d’engrais pour produire 1,5 millions de tonnes par an.

Électricité

Déclaration de l’état d’urgence pour le réseau national d’électricité. Approbation des ressources nécessaires pour renforcer le système électrique national (SEN), dans le cadre du plan de 100 jours présenté par le ministre de l’Electricité.

Inspection du parc d’énergie éolienne de La Guajira (État du Zulia)

Tarifs spéciaux pour les grands consommateurs d’électricité, afin d’encourager les économies d’énergie (commerciaux, etc) et maintien du tarif social pour la population.

Logement

Reprise du plan massif de rénovation urbaine populaire « quartier tricolore ».

Objectif de la Grande Mission Logement Venezuela pour cette année : construction de 380.000 maisons à travers le pays.

Relations Internationales

Visite des pays du MERCOSUR qui ont signé plusieurs accords de coopération avec le Vénézuéla.

Appui aux candidatures de la Bolivie et de l’Equateur au sein du Mercosur.

Articulation des processus d’intégration régionale ALBA–Mercosur, et Petrocaribe-Mercosur. Organisatio à Caracas du VIIème Sommet de Petrocaribe,avec l’entrée du Guatemala et du Honduras en tant que membres actifs du mécanisme de coopération, démarrage des travaux pour constituer la Zone Économique de Petrocaribe (ZEP), accord spécial signé pour la fourniture d’engrais à promouvoir le développement agro-industriel régional, et régime spécial des liaisons aériennes entre tous les pays membres. Création d’un fonds pour les opérations conjointes. Développement d’un système de développement du commerce interne dans la zone de Petrocaribe.

Vidéos : dialogue avec les mouvements sociaux brésiliens, Mémorial Darcy Ribeiro, le 9 mai 2013

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