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Révolution orange en Ukraine : le Canada a joué un rôle de premier plan dans la manipulation, par Pierre Dubuc.









Tout a commencé avec les 30 000 $ de l’ambassadeur Robinson.


L’aut’journal, mai 2007.


Le « love-in » orange était une ingérence canadienne.


Vous vous souvenez de la Révolution orange à l’hiver 2004 lors des élections en Ukraine ? Des milliers de manifestants brandissant des drapeaux orange, un peu sur le modèle du « love in » de Montréal quelques jours avant le référendum de 1995. La référence n’est pas anodine. Des diplomates et des politiciens canadiens ont joué un rôle de premier plan dans ces événements nous apprend aujourd’hui un article du Globe and Mail (14 avril 2007).

Rappelons d’abord les faits. Après un premier tour de scrutin qui n’avait pas fait de gagnant, un deuxième tour donnait 49,42 % des voix au pro-russe Viktor Ianoukovitch et 46,69 % des voix au pro-occidental Viktor Iouchtchenko. Mais des sondages à la sortie des bureaux de votation - les fameux « exit polls » - indiquaient une avance de 11 % pour Iouchtchenko et des observateurs étrangers rapportaient des irrégularités et des allégations de fraude. Il n’en fallait pas plus pour que Iouchtchenko et ses partisans refusent les résultats officiels et organisent des rassemblements de protestation à travers le pays.

Le 23 novembre 2004, une manifestation pacifique rassemblant environ un demi-million de défenseurs de Iouchtchenko avait lieu sur la Place de l’indépendance à Kiev. Malgré le froid et la neige, les manifestants ont campé sur place. Ils arboraient des drapeaux de couleur orange, symbole principal du mouvement. Ce mouvement de protestation a réussi à provoquer la tenue d’un troisième tour de scrutin qui donna finalement la victoire à Viktor Iouchtchenko avec 52 % des suffrages. C’était la victoire de ce que les médias occidentaux ont appelé la Révolution orange.

L’ex-pouvoir ukrainien, le gouvernement russe ainsi que des groupes occidentaux de gauche ont accusé les organisations à l’origine des manifestations d’appui à Iouchtchenko d’être largement financées par des institutions telles l’Open Society Institute de George Soros, le National Democratic Institute, proche du parti démocrate américain et la Freedom House, proche du gouvernement américain.

L’article du Globe and Mail nous apprend aujourd’hui que le Canada a aussi trempé dans cette affaire. Selon le journaliste Mark MacKinnon, l’ambassadeur canadien alors en poste à Kiev, Andrew Robinson, a joué un rôle prépondérant dans ces événements.

Il aurait versé dès le printemps 2004 la somme de 30 000 $ US au groupe Pora, ce groupe de jeunes radicaux qui a occupé la place centrale de Kiev au mois de décembre 2004. C’est du moins ce qu’affirme aujourd’hui Vladislav Kaskiv, le leader de ce groupe. « Ce sont les premiers montants d’argent que le groupe a reçus. C’est là que tout a commencé », déclare M. Kaskiv au journaliste du Globe.

L’argent versé à Pora n’est qu’une des facettes de l’intervention canadienne dans les affaires intérieures de l’Ukraine. L’ambassade canadienne aurait versé plus d’un demi-million de dollars pour soutenir des « élections justes » en Ukraine. Selon l’aveu même de l’ambassadeur Robinson, les montants d’argent alloués par le Canada, bien qu’inférieurs à ceux des États-Unis, « étaient significatifs et méritent d’être connus ».

Dès janvier 2004, peu après la « révolution des Roses » en Georgie, l’ambassadeur canadien reconnaît avoir organisé des rencontres secrètes mensuelles des ambassadeurs de 28 pays occidentaux pour aider à l’élection de Viktor Iouchtchenko.

Concrètement, le Canada a investi de l’argent dans l’organisation des fameux « exit polls » qui contredisaient les résultats officiels en donnant la victoire à Viktor Iouchtchenko et qui ont incité les jeunes à descendre dans la rue.

Outre l’ambassadeur canadien, le joueur clé de l’intervention canadienne était Boris Wrzesnewskyj, un député libéral proche du premier ministre Paul Martin, dont la soeur était une amie de la femme de Viktor Iouchtchenko. Déjà en 1991, Boris Wrzesnewskyj était à l’origine du fait que le Canada ait été le premier pays à reconnaître l’indépendance de l’Ukraine.

M. Wrzesnewskyj faisait partie du groupe d’observateurs soi-disant « impartiaux » lors du deuxième tour de scrutin et il a fait les manchettes en Ukraine en condamnant les fraudes présumées. Deux jours plus tard, il était sur une tribune érigée sur la Place de l’indépendance pour proclamer sa conviction que Viktor Iouchtchenko avait gagné. Des drapeaux canadiens sont alors apparus parmi la mer de drapeaux oranges.

M. Wrzesnewskyj se vante d’avoir investi 250 000 $ de sa fortune personnelle dans l’élection en faisant transiter les fonds par l’intermédiaire de l’Université de l’Alberta. Il a parrainé le contingent de 500 observateurs venus du Canada à même des fonds fédéraux et de 500 autres Ukrainiens venus de façon « indépendante ».

Un de ces observateurs, M. Wynnyckyj, a déclaré au journaliste du Globe : « On nous a demandé de ne pas arriver avec des vêtements de couleur orange, mais il n’y avait aucun doute sur la partisanerie des observateurs ».

L’implication de M. Wrzesnewskyj ne s’est pas limitée à faire venir du Canada des observateurs « impartiaux », à organiser et financer des « exit polls » et à dénoncer publiquement la « fraude » de ses adversaires pro-russes.

Il raconte au journaliste du Globe qu’il a rencontré dans le plus grand secret Yaroslav Davydovych, le président de la Commission électorale centrale de l’Ukraine pour lui faire savoir l’importance que les pays occidentaux accordaient à une victoire de Viktor Iouchtchenko et que « dans de telles circonstances historiques, le Canada pouvait garantir la sécurité de M. Davydovych et lui assurer, ainsi qu’à sa famille, un sauf-conduit vers le Canada si les événements le forçaient à quitter le pays ».

Quelques jours plus tard, M. Davydovych, défiant les autres membres de la Commission électorale, refusait d’introniser M. Ianoukovitch, le candidat pro-russe, comme président et ordonnait la tenue d’un second tour qui allait donner Iouchtchenko gagnant.

Bien entendu, toute ressemblance avec des événements s’étant produits au Québec en 1995 est fortuite.

Pierre Dubuc




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