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"Souvenez-vous d’Aaron"

Nous sommes le 24 février 2024. Aaron Bushnel est un jeune homme de 25 ans. Il est dans l'armée des Etats-Unis. Aaron est à la veille de sa mort. Il le sait car il a décidé de se sacrifier, de s'immoler par le feu, le lendemain, pour la Palestine, pour Gaza.

Que ressente-t-on la veille de sa propre mort. Que ressente-t-on lorsqu’on a 25 ans et que l’on va mourir de la pire des façons, qu’on va mettre le feu à son corps ? Comment peut-on faire pareille chose ? Comment peut-on en avoir le courage, ou plutôt la folie ou plutôt la volonté ? Qui peut le dire. Seuls peuvent le dire vraiment ceux qui sont habités par quelque chose qui nous dépasse.

Pour qu’on s’arrête de tuer

Aaron est croyant. Il est certain que Dieu lui pardonnera. Aaron a été membre d’un groupe religieux Community of Jesus, à Orléans dans le Massachusetts. Aaron," Haroun" en Arabe, est, à l’origine, le nom d’un prophète, célébré à la fois par la Bible et le Coran. Aaron veut mourir en martyre pour le peuple arabe de Gaza.

Il pense à son acte comme à un acte d’espoir, pas de désespoir. Aaron avait été profondément marqué par l’immense mouvement de protestation, qui, aux cris de "Black Lives Matter" avait suivi le meurtre de George Floyd. Peut-être a-t-il été inspiré par la puissance d’un tel mouvement, déclenché par le martyre d’un seul homme. Son acte est bien la preuve de son amour pour son prochain, de sa croyance dans les capacités d’empathie de l’humanité.

Il est sûr que son sacrifice ne sera pas vain. Il est sûr que son acte est héroïque, qu’il va trouver un écho énorme dans le monde, et d’abord dans son pays, les Etats-Unis, qui, pour lui, est responsable de ce génocide. Il se sent coupable pour son pays. Mais il continue d’espérer en lui. Peut-être qu’on allait parler de lui et de son sacrifice partout dans les médias, peut-être même au Congrès des Etats-Unis, dans un élan de compassion, de moralité. Peut-être que les gens seront tellement bouleversés par son sacrifice qu’ils prendront le temps de réfléchir à sa signification. Peut-être que les Etats-Unis allaient au moins s’arrêter de donner à Israël des bombes à lâcher sur Gaza, et imposer un cessez le feu. Peut-être que les gens allaient se soulever, comme pour le "Black Lives Matter". Il voulait se brûler, il voulait se tuer pour qu’on s’arrête de tuer. Quelle innocence, quelle pureté chez Aaron ! Et quelle naïveté admirable !

Aaron était un homme de paix. Il ne pouvait s’imaginer prendre une autre vie même pour la liberté de la Palestine. La seule vie à laquelle il s’estimait en droit de toucher, était la sienne. C’est elle qu’il allait donner, offrir à la rédemption de son peuple, de sa nation, et au fond celle de ce monde qui continue de regarder impuissant, et paralysé, la mise à mort du peuple de Gaza.

Israël a, derrière lui, les Etats-Unis. Le peuple de Gaza n’a derrière lui personne, ou presque personne, en tout cas personne qui puisse arrêter de suite ses souffrances. Aaron a voulu faire quelque chose de fort, de très fort qui ne soit pas seulement de la compassion. C’est la manière qu’il a choisi pour se battre. Peut-être sera-t-il cet homme qui va réveiller les consciences. Il écrit ce soir-là sur sa page Facebook : " Beaucoup d’entre nous aiment se demander : « Que ferais-je si j’avais vécu durant l’esclavage ? Ou sous les lois Jim Crow [nom des lois de ségrégation raciale dans le sud des États-Unis] ? Ou sous l’apartheid ? Que ferais-je si mon pays commettait un génocide ? ». La réponse est : ce que vous êtes en train de faire là. Tout de suite."(1).

Que pense-t-on, que fait-on la veille de sa mort ? De tels moments sont de l’ordre de l’indicible. Ce serait vain que de tenter de les raconter.

Aaron termine ses préparatifs : il verse dans une bouteille thermos le liquide inflammable, il vérifie le briquet. Il se remémore ce qu’il dira demain. Mais ce soir il va falloir dormir.

Le message

Aaron s’est réveillé. Un matin comme les autres, si paisible, si calme, si banal, qu’il est impensable qu’on puisse y mourir. Soudain tout lui revient en mémoire. Comment un tel matin peut-il être celui de sa mort. Tout cela peut-il être vrai ? Tout s’était estompé dans le sommeil, ses résolutions, sa décision de mourir. Il fallait tout recommencer à zéro. Refaire tout le chemin de sa décision. S’y tenir. Se motiver. Combattre cette peur existentielle qui lui noue soudain le ventre. Moments humains d’une grandeur inhumaine, impossibles à concevoir.

Il est sorti. Il est en tenue militaire. Il marche. Il connaissait ce trajet qu’il avait fait et refait pour s’y habituer. Le temps s’écoulait pour lui à l’envers. Il égrenait les instants qui lui restaient à vivre. Il regardait le monde autour de lui, quotidien, indiffèrent à lui, à ce qui allait se passer. Le bruit de la rue, les sons de la vie s’estompaient au fur et à mesure qu’il se rapprochait de l’ambassade, dans une sorte de brume cotonneuse lointaine. Il marchait et il se répétait, comme on récite une prière, afin de ne pas faiblir, les raisons pour lesquelles il avait décidé de se sacrifier, de mourir.

Il était ainsi devant sa mort, devant sa propre mort pas celle des autres, la sienne. Quelle impression étrange. Celle d’être soi-même à la porte du grand saut, de la dernière aventure, de l’immense inconnu, de l’infini, de cet inconnu terrifiant, attirant, grandiose, inimaginable, devant la disparition de son moi, de ce moi qui prend soudain toute sa signification existentielle, de ce moi unique, qui disparaitra à jamais de cette terre. Combien de fois, il avait pensé à ce moment, celui de sa fin, pour vite chasser cette pensée. Il n’aurait jamais imaginé qu’il viendrait de cette manière.

Et alors, il s’est mis soudain à sangloter. Les sanglots l’ont surpris, éclatant sans prévenir, sans avertir, irrésistible, jaillissant de son instinct de survie. Il avait de la peine, une immense peine pour lui-même. Ce n’était pas le moment de fléchir. Cette résolution il l’avait prise, il y avait réfléchi, il l’avait bâtie, elle était devenue le but de sa vie, le sens de sa vie, sa raison d’être.

Il se reprend. Il se filme et s’enregistre en marchant. Il veut que les choses soient claires, sans ambiguïté aucune. Sur la vidéo de ses derniers moments qu’il va nous laisser (2) son visage est serein, presque transfiguré, sa voix est calme, à peine émue : " Je m’appelle Aaron Bushnell, je suis un membre en service actif de l’armée de l’air des États-Unis et je ne serai plus complice d’un génocide. [...] Je suis sur le point de m’engager dans un acte de protestation extrême, mais comparé à ce que les gens ont vécu en Palestine aux mains de leurs colonisateurs, ce n’est pas extrême du tout " (3).
La porte de l’Ambassade d’Israël est là, muette, impavide. Il n’y a personne, ni devant elle, ni dans la rue. Il est seul. Il est encore temps de partir, de s’enfuir, de vivre. Qui le lui reprocherait ? Qui s’en apercevrait ?

Il a de nouveau peur. Il est pris de terreur. Il est pris de panique. Il anticipe la douleur fulgurante, invraisemblable, qui va venir. Il va mourir. C’est lui qui va mourir. Pas un autre. Est-ce possible. Donner la mort et à soi- même est doublement terrible.

Et puis il repense à Gaza. Sa souffrance de Gaza est encore plus forte, plus grande que sa terreur. Il va allumer la torche vivante. Il s’asperge d’essence. Il allume vite le briquet, comme s’il craignait qu’on l’arrête, comme s’il craignait de réfléchir.

"Free Palestine"

Il met le feu à son corps, à son propre corps. Il ne se voit pas. On ne se voit jamais dans les rêves et les cauchemars. il s’enflamme d’un seul coup. Il a mal. Dieu qu’il a mal. Il ne pensait pas que ce serait aussi rapide, instantané. Alors, pour qu’on sache pourquoi il meurt, et avant que sa voix ne s’étrangle, ne s’éteigne, brulée elle aussi, il se presse de crier très fort "Free Palestine". Les gardiens accourent. L’un d’eux, geste dérisoire, met en joue le corps qui brûle.

Pleure, mon cœur. Pleurons pour Aaron, pour nous, pour le monde comme il est. Et qui n’est pas fait pour Aaron. Il était si innocent, si sincère, si humain, si naïf. Il était sûr que tout le monde allait être bouleversé, que le monde n’allait pas supporter son sacrifice, que le monde allait s’arrêter de tourner à la nouvelle de "sa protestation extrême".

Le lendemain quelques rares journaux parlent de lui aux Etats-Unis. La plupart des médias occidentaux se contentent d’un bref communiqué ou de faire tout simplement silence. Aucun des titres à ce moment-là des grands médias occidentaux, CNN, BBC, New York Times, le Washington Post ne donne les raisons de son sacrifice et ne parle de Gaza. On a ainsi de nouveau une idée du pouvoir extrême des médias occidentaux à effacer le réel.

Certains de ces médias, dans une lâcheté stupéfiante, la même qui est la leur sur Gaza, ont même voulu porter atteinte à sa mémoire, dévaloriser son sacrifice, enlever toute signification à son acte. Le New York Times écrit qu’il avait été victime d’« abus psychologiques » pendant son enfance et souffrait "d’anxiété à l’adolescence", d’autres disent qu’il souffrait de "déséquilibres mentaux" (3).

Le 27 février, une veillée funèbre est organisée par des jeunes à Times Square à New York, à travers deux associations, le "Palestinian Youth mouvement", une organisation palestinienne étasunienne, et le "People forum", une organisation ouvrière. Pendant une semaine, des hommages sont organisés. Des anciens combattants de l’armée des Etats-Unis brûlent leur uniforme en rappel du sacrifice d’Aaron et scandent "« Souvenez-vous d’Aaron Bushnell, libérez la Palestine ». Le 2 mars, à Marseille, la manifestation hebdomadaire de soutien à la Palestine rend hommage à Aaron (3). Ailleurs qu’en Occident, quelques journaux et médias, "Middle East Eye", "Orient XXI"(3), Al Jazzera, lui consacrent, les premiers jours, des articles pleins d’émotion, et aussi d’indignation contre l’insensibilité monstrueuse de la presse occidentale.

Puis, plus rien. Le silence. Le monde ne s’est pas arrêté de tourner. Le Congrès des Etats-Unis a continué d’armer Israël. Les gens ont continué de mourir tous les jours à Gaza.


(1) https://orientxxi.info/magazine/aaron-bushnell-le-soldat-americain-qui-s-est-immole-pour-gaza,7114
(2) https://www.youtube.com/watch?v=BJpWOikX9jU
(3) https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/aaron-bushnell-ce-soldat-de-lus-air-force-qui-crie-liberez-la-palestine-avant-de
https://www.aljazeera.com/opinions/2024/2/26/suicide-vs-genocide-rest-in-power-aaron-bushnell
"L’Orient XXI ", déjà cité.

COMMENTAIRES  

01/09/2024 18:11 par Zéro...

Rien n’arrêtera la vengeance folle d’Israël et les pauvres Palestiniens vont être exterminés dans le silence quasi général de la plupart des pays du Monde qui s’est tant émue de la guerre en Ukraine... tout en en acceptant tant d’autres.

La Chine, comme d’habitude, ne se mouillera pas plus que ça pour préserver son commerce et la Russie a assez de mal à se défendre pour pouvoir se payer le luxe de défendre d’autres...

Quant aux pays occidentaux, ils sont complices.

01/09/2024 20:49 par Erno Renoncourt

Merci pour ce texte qui nous rappelle l’immonde et primitive vérité du monde : la barbarie, l’esclavage, la déshumanisation de ceux qui ne sont pas reconnus comme Humains par l’Occident n’ont jamais disparus. Ce sont des réalités de tous les jours pour certains peuples et certains groupes, elles ont été invisibilisées par les enjolivements démocratiques promus par l’Occident. Beaucoup en Occident osnt stupéfaits devant ce que fait Macron en France aujourd’hui, mais cela n’est qu’un détail devant ce que la France et les États-Unis ont fait aux peuples du Sud par des coups d’État et des programmes d’asservissement déguisés en Assistance internationale.Beaucoup en Occident ont cru que la dictature, la confiscation du pouvoir, les coups d’État n’étaient que des réalités des pays dits shitholiques.

En échos anticipés à ce texte, Je crois avoir naïvement en 2015 (et bien d’autres fois) fait appel dans une tribune pour une solidarité des peuples victimes de l’horreur instrumentalisée par la géostratégie de la globalisation. Dans l’un d’eux, titré "Au nom de ntre humanité", j’avais écrit :

« Le monde traverse des moments particulièrement éprouvants. Ailleurs, des territoires appartenant à des pays, jadis très riches, sont sous la coupe réglée de fanatiques qui veulent imposer à l’humanité leur intolérance. Incidemment, des mains ont œuvré pour briser leur rêve de peuple libre. Depuis, le désespoir hante leur fondement religieux qui bascule dans le fanatisme et l’intégrisme. Agilement, d’autres mains ou les mêmes, ravivent ce brasier en y jetant armes, munitions et experts militaires comme tuteurs de guerre. Le tout dans un dessein pervers de les dresser en hordes barbares contre d’autres pays dans la course effrénée pour dépecer la planète. Ainsi, la terreur, mère des horreurs, est entretenue au nom de la sainte doctrine du profit.

Pourtant, l’horreur n’est pas que le fait des vies mutilées au hasard des bombes ou ciblées par des fusils d’assaut. L’horreur est multiforme et est aussi celui :
• Des destins brisés par des dysfonctionnements et des chaos structurellement ajustés
• Des vies violentées par la misère générée par des projets économiques et sociaux incohérents
• Des farces électorales qui violent le droit des peuples à l’autodétermination
• Des ingérences flagrantes par des diplomates qui, n’ayant aucune retenue, se donnent tous les pouvoirs pour humilier les peuples cherchant à vivre dignement. »

Mais quelques lecteurs m’avaient dit : Qui s’intéresse à Haïti ?.

Et oui, au-delà des mots, on peut reposer la question qui s’intéresse vraiment à Gaza ? Qui s’intéresse vraiment aux peuples du monde qui ont ete les marche-pieds de la grandeur de l’Occident ? Tant que cette introspection n’aura pas lieu pour que le monde comprenne que c’est en fermant les yeux sur les barbaries faites aux autres qu’il érode sa propre humanité et ses propres droits.

Le génocide de Gaza est en train de devenir un acte banal, et le monde occidental croit qu’il pourra continuer de prétendre à une certaine humanité. Gaza est le point de non retour vers la déshumanisation globale.

J’espère qu’il y en quelques uns qui se souviennent que dès l’élection de Macron en France, j’avais écrit que ce type, par son arrogance et son mépris des petites gens, annonçait le temps de la spirale de l’indigence. Temps de convergence des écosystèmes vers une même impuissance. Sans doute, on m’avait pris pour un fou qui délire.

Et bien, nous y sommes en plein 7 ans plus tard. Tout porte à croire qu’au rythme où cela dégénère partout dans le monde, 2025 sera le temps d’une grande reconfiguration du monde vers sa primitive barbarie. Il a fallu la barbarie de la seconde guerre mondiale pour que les Européens s’humanisent un peu, mais les peuples n’ont pas retenu les leçons et se sont désinteressés de la déshumanisation des autres en se concentrant sur leurs droits et en étant complaisants avec leurs gouvernements génocidaires envers les autres.......ET les voici proches d’une nouvelle expérience barbare.

En restera-t-il des survivants pour retenir la leçon oubliée : la moindre indigence que nous tolérons envers un autre, aussi éloigné qu’il soit de nos valeurs, nous reviendra à la figure par la spirale du temps qui se reconfigure.

En ce sens, je crois que Gaza ne restera pas impuni pour l’Occident.

02/09/2024 21:19 par CAZA

Grand jeu LGS de la rentrée :
Classe par ordre croissant , en utilisant elnet france , les principaux collabos français des génocidaires de l’ état nation du peuple juif .
Pas facile :vals chalghoumi blanquer macron cazeneuve schiappa val barbier Lemaire braunpivet retaillau goasg uen ETC .
A toi de jouer et d’ en découvrir d’ autres .

https://x.com/ElnetFr?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Eauthor

03/09/2024 10:35 par Suzanne

On n’oubliera pas Aaron Bushnel.

04/09/2024 14:02 par Abdul

Merci Monsieur pour ce texte. (un autre ici https://quid.ma/international/le-suicide-d-aaron-bushnell-hantera-ceux-qui-refusent-de-changer-de-cap

On ne peut le lire sans larmes.

Ce jour-là, avec l’inflammation du corps d’Aaron, la conscience occidentale comme celle de ses complices s’est consumée définitivement, est devenue cendre, poussière empoisonnée, quand Aaron aveugle et illumine en même temps et pour toujours

A tout jamais l’oeil d’Aaron nous regarde

qu’on ne peut fixer

refusant d’ accepter l’inacceptable

il est parti dans un éclair

emportant le feu

nous laissant dans le noir

pendant qu’on télévise le génocide

et sa flamme olympique

05/09/2024 00:48 par Djamel Labidi

Cher Abdul,
Merci.
Je me demande pourquoi la plupart des articles à ce sujet analysent l’acte politique, jusqu’à faire le décompte de ceux qui ont utilisé ce mode de protestation. Et ne s’intéressent pas au contenu humain de l’acte. Qui en fait un événement toujours unique comme l’est la mort.

05/09/2024 15:09 par CAZA

Mais de quoi se mêle le pervers névropathe gérontophile au pouvoir en france "Qui est Djamila Boupacha, la militante algérienne évoquée par Emmanuel Macron ? " alors qu’ il est complice de ceux de l’ état nation nation du peuple juif qui perpétuent la torture en Palestine .
https://www.jeuneafrique.com/1426089/politique/qui-etait-djamila-boupacha-la-militante-algerienne-evoquee-par-emmanuel-macron/

Les juifs , les français , et la torture .
https://shs.cairn.info/revue-archives-juives1-2015-1-page-109?lang=fr

Pour le juif d’ israel les choses sont plus simple
Torture les tous comme ça plus de question à se poser et à nous leurs biens et leurs terres .
https://www.chroniquepalestine.com/la-torture-fait-partie-integrante-du-systeme-carceral-israelien/

06/09/2024 22:47 par alain harrison

Nos espoirs à la venue d’un monde en paix, surtout avec les volontés éparses pour la paix (des veux sans effets de l’ONU jusqu’à l’Immolation regrettable ....) rien n’y fait, à l’épreuve du texte pertinent (publié ici même) : L’ultime retour des barbares _ Fethi GHARBI.

Notre histoire en est rempli.

Les gens de bonnes volontées ont côtoyé la barbarie __ aujourd’hui, ce sont les manifestations pour un monde meilleur qui subissent les violences du système enfermé dans son idéologie économique de mondialisation et une idée de la croissance à tout prix Malheureusement, il y a quand même une nécessité de puiser dans les ressources __ croissance de la population mondiale malgré les guerres, la désertification et les risques de pandémies.

Nous devons revoir toute notre structure, et la seule façon est par la Constituante Citoyenne partout dans tous les pays. Nous avons de références à cer effet : Cuba, le Vénézuéla, Les Gilets Jaunes (encadrement des politiques), ....

La première chose en parler, en parler, en parler....
Deux, trouver la clef de voûte et montrer ses effets collatéraux (le système économique et l’alternative __ la cotisation !!!!......).

Des collectifs et leurs satellites (pour nourrir les solutions).

Pour que la génération qui vient organise sa vie.
Le stress, portrait d’un tueur silencieux.
..... et autres....
Développé une vision multidimensionnelle (de la psycho à la politique, la nature est le lien, voir : Serengeti, les clefs de notre avenir.
L’idéologie, un couteau à deux tranchants !!!
La rigidité.....
Le système économique aussi

08/09/2024 14:02 par Abdul

Je me demande pourquoi la plupart des articles à ce sujet analysent l’acte politique, jusqu’à faire le décompte de ceux qui ont utilisé ce mode de protestation. Et ne s’intéressent pas au contenu humain de l’acte. Qui en fait un événement toujours unique comme l’est la mort.

Je repense à ce vous écriviez ci-dessus, ô Djamel effendi, au visionnage de cette vidéo

https://youtu.be/IcKvWj90Yp8?si=lW8oX3pi80jsW4bl

vers le milieu l’intervenant ne dit pas autre chose

08/09/2024 20:02 par Safiya

Merci @alainharrison pour ce précieux rappel d’un des textes de Fethi GHARBI L’Ultime retour des barbares.
Tous ses écrits sont d’une brûlante actualité, perso, il me manque.
S’il est toujours de ce bas-monde qui marine dans sa bassesse, SOS Fethi, te lire de nouveau pour une ultime bouffée d’oxygène.
S’il est parti pour l’autre que l’on dit meilleur alors que la terre te soit légère, Allah Ira7mek et qu’Il nous fasse nous rencontrer.
En attendant, un écrit que je voudrais partager avec Tous et avec vous Djamel LABIDI ;

Dans "Les damnés de la terre" Fanon met sur papier ses pensées sur la décolonisation. Avec les Algériens, il s’est trouvé un peuple. Il s’identifie à eux et à leur combat car les Algériens, contrairement aux Antillais décrits dans Peau Noire, ne cherchent pas à se blanchir. Ils rejettent le monde et la culture de l’Europe. "Les damnés de la terre" est l’analyse fanonienne de l’émancipation. L’ouvrage prône la culture nationale, celle qui s’ancre dans le peuple. La vision fanonienne de la culture reste dominée par une idéalisation du peuple et des paysans. C’est là qu’est le sel de la terre, les vraies valeurs ! Pour lui l’avant-garde révolutionnaire ne peut être que paysanne et non la classe ouvrière. C’est dans les campagnes, écrasées par la misère, loin de la fascination exercée par l’européen, que sont les vrais révolutionnaires. Fanon analyse aussi le rôle de la bourgeoisie nationale et voit en elle l’élément de la trahison des luttes populaires. Ces futurs maîtres ne rêvent que de prendre la place des anciens maîtres. Ils se préparent à piller les richesses du pays.(*)

Dans le dernier chapitre de son livre, Fanon le psychiatre parle de la souffrance psychique. Son expérience clinique lui fait entrevoir que la psyché peut être détruite, que la libération politique ne peut pas toujours panser les plaies, que l’indépendance nationale ne pourra pas toujours réparer les traumatismes psychiques.

C’est là où la pensée fononienne devient prémonitoire de notre époque car l’auteur des "Damnés de la terre" n’a pas vécu le néo-colonialisme. Fanon élargit la relation de domination en lui ajoutant la dimension psychologique. L’aliénation économique devient pour lui tributaire de l’aliénation psychique du colonisé. Après les indépendances, le fouet du blanc, les bottes du gendarme se sont voilés mais la dépersonnalisation du post-colonisé ne cesse de s’aggraver .

La pensée de Fanon a ouvert la voix à de nombreuses tendances philosophiques à travers le tiers monde. Le concept de colonialité développé en Amérique latine par des penseurs comme Quijano et Dussel redéfinit le lien qu’entretient le centre avec la périphérie. La colonialité n’est pas seulement d’ordre politique et économique mais aussi épistémologique. Quijano souligne à quel point l’universalisme a fait de la pensée européenne la seule connaissance légitime. La pensée occidentale s’impose comme expression de la modernité suivant une linéarité imaginaire allant des Grecs jusqu’à notre époque au mépris de toutes les autres formes de civilisation. Pour Quijano et Dussel, la seule alternative à la globalisation ne peut être que la diversité respectant les spécificités épistémologiques, culturelles, économiques des différentes sociétés. Un projet universel même de gauche ne peut qu’imposer une vision eurocentrique du monde en perpétuant l’aliénation.

L’aliéntion touche tout autant le colonisateur que le colonisé, en les déshumanisant. Ce dernier entre dans le jeu du maître et accepte sa propre négation.

Edward Saïd, le penseur palestinien, fait globalement le même constat que Frantz Fanon quant à la domination idéologico-culturelle qu’exerce l’Occident sur les autres cultures. Selon lui le capitalisme est directement responsable de la domination idéologico-culturelle de l’Occident et, de ce fait, de l’aliénation des intellectuels du Sud... Le rôle qui leur a été prescrit est celui de "moderniser" , ce qui veut dire qu’ils accordent légitimité et autorité à des idées concernant la modernisation, le progrès et la culture qu’ils reçoivent en majeure partie de l’occident. Edward Saïd s’insurge contre l’Intelligentsia arabe stérile, ne pouvant percevoir son univers propre qu’à travers le prisme déformant de l’orientalisme occidental.

Mais que de Fanon, de Dussel, de Saîd, de Quijano nous faudra-t-il encore pour remettre sur la bonne voie la marche de l’histoire ! L’occident s’est doté, depuis trente ans, d’un arsenal médiatique tel qu’il est difficile de lui tenir tête. Sa voix tonitruante impose au reste du monde un monologue de plus en plus frénétique, un discours de plus en plus manichéen... Malheureusement, à la négation répond la négation, au mépris répond le mépris et la haine ne peut engendrer que la haine.

Fethi GHARBI

(*) C’est moi qui souligne (mets en gras) ce passage qui est d’une actuelle-criante vérité.

https://www.legrandsoir.info/frantz-fanon-chantre-de-la-desalienation.html

09/09/2024 00:22 par alain harrison

Safya :
« « bottes du gendarme se sont voilés mais la dépersonnalisation du post-colonisé ne cesse de s’aggraver . » »

Haïti reste prisonnier de la soit disant Communauté Internationale.

Au Venezuela les campagnes retrouvent leur personnalité.

Il est incompréhensible qu’ en France, il y est autant de racisme (qui couve !). C’est sans doute ce qui explique la monté du fascisme-nazisme. L’UE est dans cet état-d’esprit !

La plupart des pays présentent une division plus ou moins égale.(le Venezuela n’y échappe pas).

Peut-être qu’en France, cette division tripartite et la crise qui s’en suit sera un pas ?

18/09/2024 19:22 par Erno Renoncourt

@Safiya

Votre commentaire a attiré mon attention, et je la trouve en harmonie parfaite avec ma propre raisonnance sur Haïti, car faisant résonner le drame de l’aliénation des intellectuels antillais, mais pas que, comme une variable explicative de l’impuissance des peuples de ces pays à s’extraire des structures totalitaires qui ne sont des survivances de l’esclavage et du colonialisme.

Vous l’aurez compris je suis Antillais, précisément Haïtien, et toutes mes analyses depuis 2004, et dont Le Grand Soir en donne un vibrant écho depuis 2017, soutiennent que l’invariance des structures esclavagistes qui déshumanisent la population haïtienne depuis les 220 ans d’indépendance du pays sont en lien av l’imposture ds pseudos élites haïtiennes qui ont préféré se désenraciner de l’écosystème national, tourner le dos aux problématiques défaillantes des institutions pour mieux se propulser dans les rêves blancs d’ailleurs. Et c’est en ce sens que j’ai réinterprété dans mes analyses la formule « Peau noire, Masques blanc »s de Frantz Fanon en « rêves blancs, cauchemars noirs », pour insister sur le fait que c’est en préférant vibre dans le culte des rêves blancs d’ailleurs que les élites haïtiennes ont transformé le pays en cauchemars noirs. Et comme j’ai toujours ne image à l’appui de mes idées. J’avais proposé celle qui suit.

Juste pour vous dire que votre clin d’oeil Fanon est en harmonie avec les questions à se poser pour comprendre pourquoi tous les peuples sont en état d’impuissance devant la globalisation. Dans le fil du texte sur Bernard Cazeneuve, j’ai proposé un commentaire faisant allusion à votre commentaire dans ce fil.

A bientôt.

18/09/2024 20:48 par Erno Renoncourt

@Safiya

J’ai oublié de joindre l’image qui caricature les postures des élites haïtiennes qui se propulsent, sur les ailes de l’errance, vers les rêve blancs d’ailleurs pour mieux laisser la population séculairement déshumanisée s’enraciner dans l’impuissance devant les cauchemars noirs que font régner la géostratégie de la globalisation et ses serviteurs locaux.

28/09/2024 17:31 par Djamel Labidi

Erno Renoncourt
Merci pour votre beau texte. Je l’ai lu hélas avec du retard.
On n’est parfois découragé d’écrire à voir le monde comme il va. Et il y a soudain un texte comme le vôtre, en écho au mien, qui me redonne courage.

23/02/2025 19:18 par Abdul

On se souvient, oui. Après demain cela fera 1 année.

La crapulerie médiatique (pléonasme) d’alors avait fait fort, comme d’habitude, nul doute qu’elle récidivera et même pire pour commémorer comme il se doit le geste inoubliable et inoublié.

On leur fait confiance.

Comme il y a des exceptions, toujours, celle-ci m’avait échappé

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