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Tous bolivariens !

Dans quelques heures le Venezuela peut être plongé dans un bain de sang par ceux qui, nationalement et internationalement, ne supportent pas que les pauvres refusent de le rester, et qui voudraient faire main basse sur les énormes réserves en hydrocarbures du pays. L’enjeu géopolitique dépasse Caracas.

Les secteurs majoritaires et d’extrême droite de l’opposition connue comme « Table d’union démocratique » (MUD en espagnol) tentent de bloquer le pays pour empêcher les élections à l’Assemblée constituante et en appeler à l’intervention de Washington. Le président TRUMP et la CIA ont prévenu : s’il y a vote, « l’empire » prendra des sanctions immédiates contre le droit à l’auto-détermination d’un peuple.

Ce qui se joue au Venezuela aujourd’hui, quelles que soient les erreurs qu’ait pu commettre le président Maduro, a et aura des répercussions continentales et internationales lourdes. Washington (soutenu en sous-main par l’Union européenne) s’apprête à violer la souveraineté du Venezuela. Ils tentent de provoquer une rupture dans l’armée. Pour les États-Unis, le Venezuela bolivarien constitue « une menace pour la (sa) sécurité ». La formule est de ce « bon » président Obama.

Le Venezuela redevient le cœur de la stratégie impérialiste. Il doit plus que jamais faire battre le cœur de tous les démocrates. Le Haut commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme vient d’appeler à « garantir la paix » afin que le vote de l’Assemblée constituante, le 30 juillet, se déroule en toute normalité. Les médias vénézuéliens, qui appartiennent très majoritairement à l’oligarchie, et leurs clones français, soufflent sur le feu au lieu de calmer le jeu, hurlent à « la dictature » parce que le gouvernement Maduro a interdit les manifestations pour que le vote ait lieu en toute tranquillité, et éviter que le sang coule davantage.

L’opposition, nous serions tenté d’écrire la « subversion », refuse de participer à la consultation. Elle a préalablement et illégalement organisé, un vote parallèle et bidon où elle aurait obtenu plus de 7 millions de suffrages. Aucune vérification, aucun comptage sérieux n’ont pu avoir lieu. Listes électorales « maison » et bulletins de vote ont été monopolisés, puis brûlés.

Les principaux chefs de l’opposition veulent aujourd’hui, après trois mois et demi d’insurrections localisées, surtout dans les quartiers riches, en découdre, quel qu’en soit le prix. Les opposants sont devenus des émeutiers. Depuis l’élection, avec une courte majorité, du président Maduro, en 2013, l’opposition se refuse à reconnaître la légitimité du président. Cette attitude putschiste rappelle et dépasse le « golpe » contre Chavez de 2002. Et pourtant ...

L’élection d’une Constituante, l’élargissement de la démocratie, la consultation de l’ensemble de la population, dans un processus de fond, constituent bien l’un des derniers atouts, sans doute, pour le vivre ensemble, dans un pays aujourd’hui déchiré, au bord du gouffre. La révolution veut modifier la Constitution de 1999, y ajouter les acquis sociaux reconnus par les institutions internationales. Malgré l’effondrement économique, la révolution est parvenue à maintenir les grandes « Missions » sociales. Peu en parlent. La pénurie sur des produits ciblés, sur des médicaments, certes cruelle, organisée essentiellement par le patronat, est sur-médiatisée. Et pourtant les chiffres, eux, parlent... L’indice de développement humain du Venezuela était en 2015 de 0.767, 71e rang sur un ensemble de 188 pays. De 1990 à 2015, l’espérance de vie à la naissance a augmenté de 4,6 années. La santé et l’éducation (gratuites) restent des priorités, malgré la profonde crise économique et politique.

Le Venezuela ne doit pas être le Chili. L’expérience a prouvé que tout blocus affecte surtout les populations civiles et se retourne finalement contre ses promoteurs. Cuba a plus que prouvé et éprouvé les voies de la résistance pratique, concrète, au quotidien.

Les niveaux atteints par la désinformation ne sauraient nous détourner de notre devoir d’internationalisme. L’internationalisme, disait le Che, c’est la solidarité de classe des exploités.

Jean Ortiz

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« Si le Président se présente devant le Peuple drapé dans la bannière étoilée, il gagnera... surtout si l’opposition donne l’impression de brandir le drapeau blanc de la défaite. Le peuple américain ne savait même pas où se trouvait l’île de la Grenade - ce n’avait aucune importance. La raison que nous avons avancée pour l’invasion - protéger les citoyens américains se trouvant sur l’île - était complètement bidon. Mais la réaction du peuple Américain a été comme prévue. Ils n’avaient pas la moindre idée de ce qui se passait, mais ils ont suivi aveuglement le Président et le Drapeau. Ils le font toujours ! ».

Irving Kristol, conseiller présidentiel, en 1986 devant l’American Enterprise Institute

Le 25 octobre 1983, alors que les États-Unis sont encore sous le choc de l’attentat de Beyrouth, Ronald Reagan ordonne l’invasion de la Grenade dans les Caraïbes où le gouvernement de Maurice Bishop a noué des liens avec Cuba. Les États-Unis, qui sont parvenus à faire croire à la communauté internationale que l’île est devenue une base soviétique abritant plus de 200 avions de combat, débarquent sans rencontrer de résistance militaire et installent un protectorat. La manoeuvre permet de redorer le blason de la Maison-Blanche.

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