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Un pays pétrolier qui résiste à l’Empire depuis plus de quinze ans et qui a sorti du néant ses « fils de rien »

VENEZUELA : le bain de sang approche. Que fait la gauche internationale ?

Il ne faudra pas venir pleurer demain lorsque l’on assassinera, torturera, « disparaîtra », les militants chavistes. Les précédents historiques sont malheureusement nombreux.

Les classes dominantes vénézuéliennes veulent une revanche sociale, liquider la « révolution bolivarienne », ou ce qu’il en reste, afin que le peuple des anciens « invisibles » ne relève plus jamais la tête. L’oligarchie veut que ces « fils de rien », auxquels le chavisme a donné statut et dignité, retournent au néant.

On peut émettre des critiques sur la gestion, sur la stratégie du président Maduro. Mais il a été élu, certes de peu, mais élu. Donc légitime. Il propose le dialogue, et a le droit de se défendre contre des émeutiers. La plupart des médias vénézuéliens et étrangers s’acharnent à donner une image chaotique du pays, à mettre sur le dos des chavistes les exactions commises par des groupes violentissimes, masqués, souvent armés, les « guarimbas », qui veulent la guerre civile.

L’opposition vénézuélienne n’est pas toute favorable à ce coup d’Etat permanent, qui va déboucher sur un massacre. Mais les secteurs qui dominent cette opposition sont parvenus à la radicaliser, à instrumentaliser le dépit de secteurs populaires éprouvés. Ils sont majoritairement d’ultra-droite. Ils veulent en découdre, et rapidement désormais. Ouvertement encouragés par la brute va-t-en guerre Trump, ils redoublent d’exactions, de sabotages, de destruction de bâtiments et de services publics, de violences en tout genre.

Le pays étant encore en grande partie capitaliste, l’oligarchie, les propriétaires, les possédants, organisent la guerre économique sur des produits ciblés, et font porter la responsabilité des difficultés structurelles, des pénuries et des queues interminables sur le gouvernement, qui n’est pas tout blanc, mais qui cherche, par la Constituante, une issue pacifique à la crise abyssale.

On peut, voire il faut, critiquer les erreurs du régime, mais n’oublions jamais que les chavistes et le peuple (même si une partie peut s’en éloigner) sont sous le feu permanent d’une véritable guerre menée par les Etats-Unis contre un pays aux énormes ressources pétrolières, et qui a osé résister à « l’Empire » pendant plus de quinze ans et chercher une autre voie que celle de l’inféodation, vers l’indépendance, la justice sociale, le socialisme. Qui a eu le culot, par la voix d’Hugo Chavez, de remettre les dirigeants des Etats-Unis (« ¡Váyanse pal carajo, yanquis de mierda ! ») à leur place.

N’est-il pas temps que la gauche dans son ensemble se ressaisisse et manifeste sa condamnation de l’ingérence étrangère dans un pays souverain, et affirme sa solidarité, fût-elle critique, voire conditionnelle (ni dans l’aveuglement, ni donneuse de leçon), avec la révolution bolivarienne ?

« La solidarité est la tendresse des peuples » disait Che Guevara. Il faut être aveugle, ou inconséquent, pour ne pas saisir ce qui est aujourd’hui en jeu au Venezuela.

Jean ORTIZ, Maître de conférences, université de Pau.

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