Présidence de la République français
Confidentiel
L’ Élysée, (date illisible)
Mon cher Jean-Luc,
Comme il est bon de sentir que son fauteuil de Président de la République a aussi un accoudoir à gauche ! Ce qui permet de se confier et d’ouvrir des perspectives
Tu sais très bien que Jean-Marc n’est qu’un Premier ministre de transition, que j’ai désigné pour ne pas effrayer les électeurs mais qui a assez duré et que je n’oublie pas ceci : si je suis ici c’est grâce à tes 4 millions de voix.
J’ai été entièrement d’accord avec le combat que tu as mené contre le TSCG, c’est pourquoi je l’ai signé le cœur léger. Tu as très bien compris aussi que je n’ai signé avec Merkel que pour donner le change et te laisser en réalité toute latitude dans l’action.
De même aujourd’hui celle du Traité transatlantique de libre-échange, comme mon premier acte politique qui fut d’aller confirmer l’allégeance du Gouvernement de la France à l’OTAN, ne soulèvent pas ton enthousiasme, je crois l’avoir compris ; ce qui me permet d’agir d’autant plus librement à l’égard de nos grands amis américains.
De même aussi pour ce qui a concerné la signature de l’ANI.
Et puisque nous passons au plan intérieur, l’inversion de la courbe du chômage sera bricolée car la commission d’expert qui arrivera au résultat que je prophétise ; la question du pouvoir d’achat qui diminue (les prochaines hausses du tarif de l’électricité frapperont durement les ménages et en entraîneront d’autres en cascade) n’est que rarement évoquée, ce qui est appréciable ; l’assaut contre le droit à la retraite est mené avec l’habileté que tu me reconnais : alignement sur les exigences du MEDEF, et accord de trois centrales syndicales jaunes dans la concertation.
Tu seras dans la rue avec la CGT, FO et la FSU à la rentrée sur ce sujet ? C’est très bien de faire ainsi le contrepoids.
Avec tout ça, et malgré mes brillantes conférences de presse ou mes opérations de communication qui auraient dû être miraculeuses, je sens que le moral de l’opinion n’est pas au rendez-vous. Tant mieux ! serais-je tenté de dire : cela ouvre des perspectives de lendemains qui chantent...
Alors ils verront, en France, en Europe, aux USA, et dans le monde, euh ! euh ! ... de quel bois je me chauffe !
Attends encore un peu, continue ton travail militant à la base : il faudra bien au bout du compte que, sous la pression populaire, je finisse par remercier la fine équipe en place pour lui substituer la tienne, agrémentée de quelques Lienemann, Hamon, Montebourg et Placé.
Il en sera ainsi fini des troubles que l’on sent euh ! euh ! ... dans les consciences.
Il te faudra tout bonnement dans un premier temps et en dépit du budget déjà voté annuler le règlement des intérêts de la dette pour 2014. Ensuite tu auras les mains libres pour l’effacer purement et simplement en 2015.
Ensuite, il s’agira de donner la priorité au redressement productif, à l’investissement dans les services publics, à l’investissement industriel, à la transition écologique, donc concentrer les financements sur la création de richesses utiles et sur une meilleure répartition des richesses.
C’est pour cela que nous reprendrons le contrôle des circuits bancaires et financiers, nous changerons le rôle central de la BCE, et que nous proposerons la création d’une banque publique européenne exclusivement consacrée au financement social et écologique.
En gros, prendre le contre-pied de tout ce que je fais par finesse politique en ce moment et appliquer avec sérieux et rigueur, l’une ne va pas sans l’autre, le programme du Front de gauche. Ce qui nous demandera beaucoup de courage....
Il restera à voir si les amis du MEDEF, d’Europe et d’outre-Atlantique assisteront d’un très bon œil à ce tournant de la vigueur qui devrait marquer l’An II de mon quinquennat.
Une idée me vient, au fil de la plume : euh ! euh ! ... et si nous précipitions les choses ? La période des vacances serait une excellente circonstance pour faire avaler la couleuvre à nos amis financiers qui vont se dorer dans les îles sur leurs congés payés.
Sur le plan extérieur, bien sûr retrait immédiat du commandement intégré de l’OTAN, puis de l’OTAN, et fin de toutes ces interventions ou velléités d’interventions belliqueuses : nous déclarerons la paix au monde !
.Pour deux bons et vieux copains rien n’est impossible, n’est-ce pas ? mon cher Jean-Luc, euh ! euh ! ...
ton, euh ! euh ! ...
François