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10 raisons de décerner à la dernière œuvre de Clint Eastwood le Pentagone d’or du meilleur film de propagande néoconservatrice.

« American Sniper » ou l’éloge d’un criminel de guerre sociopathe

1) Non seulement American Sniper ne remet pas en cause la légitimité de la guerre en Irak, mais en plus il tend à la présenter comme nécessaire et juste. Quelques personnages secondaires expriment des doutes mais ces moments sont tellement anecdotiques et isolés qu’il n’est pas exagéré de dire que le film ne propose aucun regard critique sur cette intervention militaire qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts et dont les conséquences vont encore faire d’innombrables victimes.

2) American Sniper est un hommage à Chris Kyle, le « sniper le plus redoutable de l’histoire militaire des États-Unis » (160 tirs létaux confirmés mais le nombre de ses victimes est probablement plus proche de 250). Ce « héros national » est en fait un tueur sociopathe qui, contrairement à son alter ego cinématographique, n’a jamais manifesté le moindre problème de conscience pour ce qu’il a fait en Irak. Pis, Chris Kyle a dit dans son autobiographie et dans des interventions publiques qu’il a pris beaucoup de plaisir à participer à cette guerre – « c’était amusant » –, regrettant même de ne pas avoir tué plus de « sauvages » (il considérait les « insurgés » comme des individus « méprisables » incarnant « le mal »). Dans cette vidéo, on voit Chris Kyle plaisanter sur les personnes qu’il a tuées avec le présentateur Conan O’Brien (qu’on a connu plus drôle). Et dans l’interview qu’il a accordée à Bill O’Reilly, il dit à propos des ennemis de l’armée américaine en Irak : « il est nécessaire de ne pas les considérer comme des êtres humains ». Autre parole mémorable : « Je ne tire pas sur les personnes qui portent un Coran. J’aimerais le faire, mais je ne le fais pas ». Ainsi, Clint Eastwood s’efforce de rendre humble et admirable ce fanatique dénué d’empathie qui devrait être considéré comme un criminel de guerre.

3) Reprenant l’argument utilisé un temps par l’administration Bush, le film suggère fortement qu’il y a un lien entre les attentats du 11 septembre et la guerre en Irak, comme si le premier événement justifiait le second. Aucune mention par contre de l’immonde mensonge sur les imaginaires armes de destruction massive détenues par le régime de Saddam Hussein. Il faut dire que Clint Eastwood a appelé à voter pour George W. Bush en 2004...

4) American Sniper est un film nationaliste et rétrograde qui célèbre : les États-Unis, son armée, son drapeau, la famille, la religion (chrétienne), les armes à feu, la chasse, les cow-boys, le rodéo, le football américain... On regrette l’absence du barbecue dans cette entreprise de séduction de l’Amérique chauvine et ultra-conservatrice. Le film a manifestement pour but de regonfler le moral des Américains, de les convaincre notamment que la guerre en Irak avait du sens et que les soldats US ne sont pas morts pour rien. Les victimes irakiennes ne comptent pas, la négation de la réalité et de la morale élémentaire étant poussée à l’extrême.

5) Le film de Clint Eastwood s’inscrit tout à fait dans les représentations et l’idéologie propres à la dangereuse théorie du « choc des civilisations ». Les Irakiens sont montrés dans le film selon deux grands archétypes manichéens et dégradants : 1. les méchants (nombreux) sont cruels et barbares, voire fourbes ; 2. les autres sont des figurants passifs plus ou moins lâches. Eastwood ne s’intéresse pas du tout aux Irakiens, ils servent seulement d’adversité ou de décor au héros et à ses camarades. À aucun moment le film n’aborde des questions qui devraient pourtant être centrales : les « insurgés » n’ont-ils pas de bonnes raisons de s’opposer à l’agression et à l’invasion de leur pays ? Qu’est-ce qui justifie la présence de soldats américains sur le sol irakien ?

6) Fidèle au rapport très souple que les néoconservateurs entretiennent avec les faits et la vérité, Clint Eastwood manipule et transforme la réalité historique. Outre la profonde modification de la personnalité de Chris Kyle, il crée (avec le scénariste Jason Hall) pratiquement de toutes pièces un grand méchant : le sniper syrien Mustafa, un champion olympique de tir qui est au service de factions armées rivales – l’une sunnite, l’autre chiite –, ce qui est absurde. Ledit Mustafa est mentionné dans un seul paragraphe du livre de Kyle, qui dit ne l’avoir jamais rencontré ; dans le film, c’est un ennemi juré qu’il poursuit inlassablement pour venger ses camarades tués. Le bricolage est similaire avec l’autre grand méchant, le « Boucher de Falloujah ». Il n’y a bien sûr aucun avertissement dans le film quant à l’ampleur de ces libertés prises avec la réalité.

7) American Sniper n’exploite pas un élément pourtant intéressant de l’histoire de Chris Kyle, à savoir les circonstances de sa mort. Celui-ci a été tué en février 2013 avec son ami Chad Littlefield dans un stand de tir aux États-Unis par Eddie Ray Routh, un ancien Marine de 25 ans ayant servi en Irak et à Haïti qui souffre d’un syndrome de stress post-traumatique et de schizophrénie. D’autres cinéastes auraient rendu compte de cet épisode au potentiel dramaturgique et cinématographique certain, ils se seraient peut-être intéressés aux parcours réciproques de Kyle et Routh en s’efforçant de comprendre ce qui a pu arriver au second. (Il faut voir le remarquable documentaire Of Men and War de Laurent Bécue-Renard qui porte sur des soldats américains atteints de stress post-traumatique.) Eastwood, lui, ne veut pas montrer de soldats brisés par leur expérience de la guerre, il choisit donc d’occulter ce qui a causé la mort de Chris Kyle – qui, de bourreau, s’est retrouvé victime collatérale de la politique étrangère des États-Unis – et de passer directement à des images d’archives montrant les funérailles du « héros national » et les nombreux rassemblements en son honneur.

8) Le film « oublie » de montrer que Chris Kyle était un mythomane. Celui-ci, se présentant comme un « croisé de Dieu », a pourtant prétendu avoir tué une trentaine de pilleurs à la Nouvelle-Orléans en 2005 après l’ouragan Katrina. Non seulement Kyle pensait mériter de l’admiration pour avoir commis de tels actes, ce qui est déjà une preuve de sa personnalité sociopathe, mais en plus il se trouve qu’il s’agissait (heureusement) d’une pure invention. De même, aucune trace des deux hommes que Chris Kyle a prétendu avoir tués pour les empêcher de voler son pick-up dans une station-service du Texas, en 2010. Chris Kyle a également inventé de toutes pièces une bagarre censée avoir eu lieu dans un bar en 2006 avec l’ancien gouverneur du Minnesota et lui-même ex-Navy Seals Jesse Ventura. Kyle a affirmé avoir frappé Ventura parce que celui-ci faisait des commentaires critiques sur la guerre, Bush et les Navy Seals à l’extérieur d’un bar que fréquentaient certains membres de ces forces spéciales. Jesse Ventura a gagné un procès en diffamation contre Chris Kyle et le tribunal a fixé le montant des dommages et intérêts à 1,8 millions de dollars.

9) American Sniper montre l’ampleur et l’efficacité du soft power américain. Comme le prouve de façon très argumentée l’excellent livre de Matthew Alford, Reel Power : Hollywood Cinema and American Supremacy, la distance idéologique entre Washington et Hollywood est beaucoup plus petite que la distance géographique. Si l’offensive audiovisuelle contre le monde arabo-musulman est déjà ancienne, il y a depuis quelque temps un retour en force de la propagande anti-russe. En moins d’un mois (du 1er au 29 octobre 2014), trois films américains avec des méchants (très méchants) russes sont sortis en France : Equalizer d’Antoine Fuqua, John Wick de David Leitch et Chad Stahelski et The November Man de Roger Donaldson. Equalizer est à la fois celui qui a eu le plus de succès et le plus abject du point de vue de la propagande. Les méchants y sont des mafieux russes froids et impitoyables. Et comment s’appelle leur chef sanguinaire ?... Vladimir Pushkin. Eh oui, il fallait oser. Au passage, Denzel Washington (qui joue un ancien agent de la CIA) n’a jamais aussi bien porté son nom.

10) Au lieu de faire l’éloge d’un tueur sociopathe qui s’est illustré dans une guerre illégale et immorale, au lien de s’efforcer de redorer le blason des États-Unis et de leur politique étrangère criminelle, Clint Eastwood et plus globalement Hollywood devraient faire des films sur de vrais héros américains : Chelsea Manning, John Kiriakou ou Edward Snowden.

Laurent DAURÉ

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COMMENTAIRES  

22/02/2015 22:54 par Merlin

Ces derniers temps j’ai parfois l’impression de vivre dans un monde ou ce serait les nazis qui auraient gagné la guerre...

22/02/2015 23:51 par Pierre M. Boriliens

@Merlin

Bonsoir,

Puisqu’il est question de cinéma, regardez donc l’excellent Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer (1961).
L’un des accusés, des juges du Reich, Ernst Janning (Burt Lancaster), explique quelque chose de cette sorte. Qu’en fin de compte les nazis ont gagné... Pas la guerre, bien sûr, mais les esprits...
Et vous n’êtes pas le seul à avoir cette impression, qui pourrait même être plus qu’une simple impression.
Mais préciser demanderait une analyse assez serrée, par exemple des liens indissolubles entre capitalisme et fascisme (au sens large)...

23/02/2015 00:32 par Jibs

Bref un gros film de propagande de guerre.
Les élites américaines croient que les peuples n’ont pas compris l’arnaque idéologique que représente Hollywood, émanation du Tavistock Institute, et de l’horreur qu’ils font subir au monde entier.
Un océan nous sépare et pas que physiquement.
Cette extension de l’empire britannique (lien évident entre la City of London et Wall street ou plus communément appellée The Crown Corporation) s’est toujours "refaite" par des guerres mondiales lorsque le dollar fait faillite et le monde semble être leur terrain de jeu favori.
J’en ai marre de cette putréfaction capitaliste du détruire pour reconstruire en donnant les contrats de reconstruction des pays dévastés à leurs grandes multinationales, Halliburton en est un des exemple les plus flagrants. Ou comme le fils Biden que Joe, son cher papa, à placé en Ukraine pour essayer de voler le gaz Russe (tu iras loin dans la vie mon fils).
Une nation de meurtrier, de voleurs et de menteurs voilà ce que sont les United States of America (je ne parle bien évidemment pas du peuple américain qui souffre d’avoir une élite psychopathe généralisée les plongeant dans une misère crasse...un peu comme la notre en fait) et en plus ils en font l’apologie dans des films et des gens payent pour aller voir ça ?!? (On est où là ? en enfer ?)
Que Eastwood nous fasse des films comme "sur la route de madison" ça lui va beaucoup mieux et surtout qu’il cesse de rendre service à ses potes néo-cons qui sont en train de mettre la planète à feu et à sang.
A bon entendeur...

23/02/2015 07:13 par Bernard Gensane

Difficile pour Eastwood de faire preuve d’équanimité. Il a déclaré un jour qu’Hollywood était à gauche de Lénine !

23/02/2015 08:58 par J.J.

....une guerre illégale et immorale,....??

Ça existe des guerres légales et morales ?

23/02/2015 09:00 par Clocel

160 meurtres homologués...
Si on additionne tous les crimes de l’Amérique répartis sur le nombre d’habitant, on pourrait sans doute relativiser ce chiffre...
Les moutons, les loups, les chiens, choisi ton camp camarade !
En même temps, il est constant Clint Eastwood, il nous invitait déjà à apprécier la merde avec Dirty Harry...
Le facho fascine, aussi longtemps que nous nourrirons la bête, elle ne crèvera pas...

23/02/2015 09:17 par gérard

Je ne vois pas ce qu’on peut attendre de quelqu’un comme Clint Eastwood qui dans la majorité de ses films a développé le même thème, celui d’un individu, le plus beau, le plus grand, le plus fort, au-dessus de la mêlée des "moutons", et qui "va te leur donner une de ces leçons à ces carpettes...! "
Et quand il n’arrive pas à nous faire "avaler" non pas une couleuvre, mais un boa, par le biais d’un entraîneur de boxe "philosophe" (!!!), et en plus dans de la boxe féminine...
Ses premiers films sous la coupe de Sergio Leone étaient divertissants car ils ne se prenaient pas au sérieux. Clint Eastwood a continué dans ce même style de "philosophie", mais sérieusement cette fois, autant dire que sa "philosophie" a dangereusement viré....
Quand je vois un film de "Cliiiint", je change de trottoir.

23/02/2015 10:44 par Dwaabala

Il en est des potions empoisonnées au cinéma de même que dans la littérature : nul n’est tenu d’aller voir son dernier film pour jauger l’idéologie républicaine et néo-conservatrice de Clint Eastwood dont on préfère se souvenir dans Sur la route de Madison par exemple.

23/02/2015 11:53 par Scalpel

Tout d’abord bravo pour ce nécessaire et brillant rappel à la réalité de ce qu’est la nature profonde et non moins abjecte de ce bon gros facho d’Eastwood (orgie de pâtes le jour de sa mort).
Pour se rendre compte de notre abdication face à l’Empire, il n’est que de constater que les bouses propagandistes les plus nauséabondes dont celle-ci constitue un point culminant sont diffusées jusque dans nos cinémas estampillés "art et essai", diffusées et cautionnées par une "critique" qui n’a de critique que l’étiquette.
Bref, l’air ambiant empeste la mort.

23/02/2015 13:15 par Palamède Singouin

@ Merlin

Ce ne sont pas les nazis qui ont gagné la guerre (surtout la "guerre froide", la "chaude" ayant été très largement gagnée par les communistes) mais le capitalisme. C’est tout aussi grave.

23/02/2015 14:02 par Dwaabala

@ Palamède Singouin
J’avais un peu rapidement sauté les parenthèses, heureusement je vous ai relu.
« Et que c’est pas fini... »

23/02/2015 14:36 par Taliondachille

Les nazis n’ont pas gagné la guerre ? A voir... A part quelques lampistes condamnés à Nuremberg, tous les gros bonnets ont conservé leur job dans les grandes entreprises et dans l’administration. D’ailleurs c’était prévu à l’avance, leurs usines n’ont pas été bombardées. Ceux qui furent trop mouillés ont été soigneusement exfiltrés par le Vatican et les États-uniens. Curieusement les chasseurs de nazi Israéliens n’ont jamais, que je sache, opéré sur le sol US. La seule grosse prise gênante, Hermann Goering, a été soigneusement "suicidée" avant le procès. Sa proverbiale grande gueule faisait craindre quelques dégâts collatéraux...
Alors oui, les Nazis ont gagné la guerre. Ce qu’ils n’ont pas obtenu avec le IIIe Reich Allemand ils l’ont obtenu avec le IVe Reich de Bruxelles.

23/02/2015 22:21 par pilhaouer

Le « sniper américain » dont vous n’entendrez pas parler !

Article de Carl Gibson, en date du 27 janvier 2015, initialement paru en anglais à l’adresse suivante : http://readersupportednews.org/opinion2/277-75/28277-focus-the-american-sniper-you-didnt-hear-about

Un sniper américain appelle les Irakiens des « sauvages », les compare à ceux qui bénéficient des allocations aux USA, et se vante de piller leurs maisons après les avoir tués. Un autre sniper américain a été tellement dégoûté par ce qu’il a fait qu’il a lancé le premier blog anti-guerre, et est activement encouragé par ses camarades soldats à utiliser le premier amendement, la liberté d’expression, pour s’exprimer contre ce qu’il appelle « l’occupation illégale » de l’Irak. Devinez lequel des deux a fait l’objet d’un blockbuster hollywoodien, et lequel a été ignoré ? ... ...
http://partage-le.com/2015/01/le-sniper-americain-dont-vous-nentendrez-pas-parler/http://partage-le.com/2015/01/le-sn...

24/02/2015 00:53 par Laurent Dauré

@pilhaouer

Merci beaucoup pour cet article. Vous me permettez de découvrir l’histoire de Garett Reppenhagen. C’est en effet sur lui qu’il aurait fallu faire un film.

Au sujet des soldats souffrant de stress post-traumatique, le documentaire Of Men and War de Laurent Bécue-Renard est incontournable.

Les films d’Eastwood montrent qu’il a tendance à mépriser la "faiblesse", la "fragilité", il considère cela comme de la sensiblerie, voire de la lâcheté. C’est perceptible dans American Sniper et c’est pourquoi il ne peut s’intéresser à des soldats brisés par la guerre et/ou en révolte contre celle-ci.

24/02/2015 13:16 par Archer Gabrielle

Aphorisme dû à Lénine : « Un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre »

Je crois, juridiquement parlant, qu’il y aurait des motifs sérieux pour inculper chaque président des Etats-Unis depuis la seconde guerre mondiale. Ils ont tous été soit de véritables criminels de guerre, soit impliqués dans de graves crimes de guerre.
Noam Chomsky, in "What Uncle Sam Really Wants"

Et à mon humble avis ; les chefs de guerre des empires du passé aussi sanguinaires eussent-il été comme les Perses Romains, Grecs, Anglais, Français, Mexicains, Nippons, et même Churchill et Hitler et Cie. et autres barbares ne sont rien de vraiment barbares en comparaison avec ce qu’est l’OTAN et les forces US dans le monde...
C.C.S....

24/02/2015 13:42 par Sierra

On a perdu Eastwood après "Million dollars baby", en le voyant successivement militer contre Obama, puis devenir un "héros" de la NRA, comme Charlton Eston en son temps.

Ce film n’est qu’une commande pour créer un "héros". Un héros de propagande servant aux recruteurs de l’armée. Comme le fut Gregory "papy" Boyington en son temps, popularisé par la série "Têtes brulés" (Titre français). Les mémoires de Boyington montrent qu’il s’agissait d’un alcolo au dernier stade, à peine capable de piloter un avion, et encore moins d’écrire un récit cohérent.
On est juste dans la propagande pure et dure. Mais ce film n’amuse pas du tout les tireurs longue distance, et ce n’est plus après ça qu’ils sortiront du silence (Voir forums spé).

24/02/2015 23:32 par philosophe79

Je viens de voir ce film ce soir et je ne partage pas du tout votre point de vue. Je ne ressort pas de ce film avec l impression d avoir vu une eloge de ce snipper. le vie serait tellement simple si il y avait le monde des gentils contre les mechants ....
Je vous invite a méditer sur le fait que c est peut etre la dualité qui entraine le malheur dans le monde.... et que votre article n apporte aucune nuance...

Moi je trouve que le film est amené comme ce hero snipper a du etre perçu aux etats unis... mais que le message qu i, delivre en filligrane n est pas du tout celui la...
Ce hero moi je pense que personne n en veut en sortant du film,,
vous en voulez vous du hero abattu par l un des siens ? ce hero qui pour abbatre un snipper ennemi met en danger la vie des autres ? ce hero qui est lobotomisé par les sergents de l armee américaine ? ce hero qui ne peut pas vivre quand il rentre chez lui ? moi je pense que clint eastwwod a l approche de sa mort nous amene sur des reflexions plus profondes que ce vous ecrivez... moi j en suis sorti avec quelle horreur la guerre !

Mon amie n a pas la meme perception que moi et trouvais qu.il y avait un parti pris... et c est ce que j aime dans les films de clint eastwood... on en retire peut etre ce que l on est soit meme ;-)

Moi j invite les lecteurs a se faire leur propre idee plutot que de se laisser dicter par ceux qui savent ;-)

25/02/2015 01:21 par Laurent Dauré

@philosophe79

En voyant American Sniper, je me suis efforcé de prêter attention aux éventuels signes d’un propos subtilement anti-guerre, de nuances, je n’ai rien trouvé de convaincant. Je ne dis pas que l’intention d’Eastwood était de faire un film pro-guerre ou qu’il admire inconditionnellement Chris Kyle (je ne suis pas dans sa tête) mais j’adopte ce qui me semble être la bonne attitude en tant que spectateur : juger le film lui-même avec la plus grande lucidité possible sans tenir compte des intentions réelles ou supposées du cinéaste (et du scénariste en l’occurrence).

À mes yeux, les premiers devoirs d’un film sont cinématographiques, pas politiques (ou moraux), mais une œuvre qui a un contenu ou du moins des implications fortement politiques doit être traitée politiquement. Ce qui n’empêche pas de pouvoir apprécier les aspects proprement cinématographiques d’un film politiquement douteux, voire nauséabond. En l’occurrence, American Sniper ne m’a pas davantage convaincu sur le plan cinématographique (mise en scène, dramaturgie, rythme, écriture, etc.). Dans le registre du film de guerre, je préfère de loin La Chute du faucon noir de Ridley Scott, une œuvre pourtant abjecte politiquement (d’ailleurs Matthew Alford en parle dans son livre Reel Power : Hollywood Cinema and American Supremacy). La maîtrise de l’art du cinéma me paraît plus grande chez Scott que chez Eastwood.

Cela dit, l’excellence s’atteint en art lorsque l’œuvre est pleinement accomplie à tous les niveaux, et donc aussi politiquement. C’est pourquoi La Chute du faucon noir ne sera jamais mon film préféré de Ridley Scott.

De façon générale, les artistes devraient avoir une responsabilité morale et intellectuelle, notamment vis-à-vis des faits et de la vérité. Je pense que Clint Eastwood a lourdement failli sur ce point avec American Sniper.

Il faut aussi prendre en considération les effets que ce film produit sur une large part du public, bref, observer la façon dont il est reçu. Lisez les commentaires sur les forums, réseaux sociaux, etc. (surtout sur les sites américains), l’interprétation "film anti-guerre" n’est franchement pas dominante. À mon échelle, j’ai laissé traîner mon oreille en sortant de la salle de cinéma, les appréciations que j’ai entendues n’étaient pas du tout anti-guerre... Le moment le plus pénible de la séance fut quand un spectateur a dit tout haut "Tire !"’ au moment où Chris Kyle a dans sa ligne de mire un enfant irakien portant une grenade (cf. la bande-annonce).

On peut toujours arguer que les gens ne comprennent pas le film, que ce n’est pas ainsi qu’il doit être perçu, qu’il y a un 2e degré, il faut quand même constater l’évidence : American Sniper n’est majoritairement pas vu comme un film anti-guerre (ou anti-guerre en Irak). À juste titre me semble-t-il.

Et il faut aussi voir la façon dont le film est célébré et utilisé par la droite américaine.

Si Eastwood voulait faire un film secrètement anti-guerre, je pense que c’est raté.

25/02/2015 02:29 par Leo Lerouge

Il n’y a pas besoin d’avoir vu le film pour s’en faire une idée : le synopsis suffit amplement. Merci, toutefois, à ceux qui s’y sont collés pour en faire une analyse sérieuse.

Nous avons là, apparemment, le scénario hollywoodien-type. Un héros central (ou plusieurs, selon le cas), l’Américain blanc chrétien, représentant le "Bien" et une flopée de "méchants" ("le Mal") : les ennemis que le héros doit démasquer et abattre grâce à la puissance militaire des US pour "protéger la nation" et "rétablir la paix".
Ce schéma remonte à la naissance d’Hollywood, qui servait à promouvoir l’American Way of life, à la fois pour créer une culture commune parmi les populations diverses et variées (blanches) et pour servir d’image dans le monde entier de première puissance mondiale et de ses "valeurs".
On retrouve cela, par ex, dans les westerns et toutes les grandes superproductions qui, grâce à leur large diffusion, servaient à développer une unité et une fierté nationale sur un territoire si vaste et si hétérogène.
Et Hollywood a toujours coopéré avec le département de la Défense, la CIA et d’autres agences gouvernementales .

Ainsi, en 2013, lors de la cérémonie des Oscars, c’est Michèle Obama elle-même qui avait présenté Argo - qui encense la CIA et raconte une tout autre histoire sur la prise de contrôle de l’ambassade des États-Unis à Téhéran par des étudiants iraniens - ce qui montre bien la proximité de l’industrie cinématographique avec Washington.

On retrouve ce modèle dans bien d’autres films, évidemment, et même sur les films sur le Vietnam, d’ailleurs.
Ainsi, dans les années 1980, un certain nombre de films grand public présentent des USaméricains qui retournent au Vietnam à la recherche de prisonniers de guerre ou de soldats portés disparus comme "Retour vers l’enfer", "Portés disparus" (Missing in Action), avec … hum ... Chuck Norris, ou Rambo, avec … Stallone, des films bourrés de clichés, destinés à restaurer l’image de moralité des forces armées US auprès du public américain, qui voulait y croire encore.
Mais, dans les films sur le Vietnam, là encore, ce sont les soldats US et les drames qu’ils vivent qui sont les personnages centraux dans un enfer environnemental vietnamien, où la population est décrite comme cruelle, hostile et fourbe.

Donc, il est clair qu’"American Sniper" ne présente aucun intérêt, si ce n’est faire une nouvelle fois la promotion de quelque héros inventé US qui se complait à assassiner en toute impunité des étrangers basanés dans un but propagandiste.
Et tout comme pour le Vietnam, il arrive à un moment où la majorité de la population dit que la Guerre en Irak était une erreur.

En revanche, ce qu’il est intéressant de lire, ce sont les critiques comme celle ci-dessus ou celle-là, en anglais - plus longue, mais les deux se rejoignent sur bien des points.
Ce sont des analyses intéressantes et enrichissantes culturellement.

Et on retrouve bien ici ce que j’ai dit plus haut sur le Vietnam vu dans les années 80 :

"Le film a manifestement pour but de regonfler le moral des Américains, de les convaincre notamment que la guerre en Irak avait du sens et que les soldats US ne sont pas morts pour rien. Les victimes irakiennes ne comptent pas, la négation de la réalité et de la morale élémentaire étant poussée à l’extrême".

Restaurer la confiance en l’armée US : tout à fait.
Sans le soutien de la population, les US ne pourraient pas multiplier les agressions et les crimes de guerre dans le monde entier. Alors, la promotion de l’armée des États-Unis est constante dans les médias, où les "bons" soldats, ceux qui reviennent "intacts" et se disent prêts à repartir, sont invités et présentés comme ceux qui vont se battre pour "protéger la nation".
Les "mauvais" soldats, ceux qui craquent, ceux qui reviennent cassés, physiquement et moralement, ceux qui militent contre la guerre, ceux qui racontent ce qui s’est réellement passé, n’intéressent, évidemment pas les médias.

Toutefois, je ne suis pas tout à fait d’accord avec l’appréciation sur le documentaire "Of Men and War" de Laurent Bécue-Renard.
Je l’ai vu au cinéma et il a été suivi d’un débat avec le réalisateur et un médecin-psychiatre de l’armée française.
Le documentaire est, certes, passionnant, les personnages attachants, et on ne s’ennuie pas du tout malgré sa durée de 2h30.
Le problème des traumatismes et autres handicaps causés aux soldats par la guerre est peu connu en France, mais il concerne des millions de vétérans US sur 22 millions.

Mais ensuite, une fois qu’on a écouté les histoires dramatiques, certes, de ces gars, on se rend compte que, comme dans les films US, la guerre en Irak est "accessoire", elle est à peine nommée et cela pourrait aussi bien s’être passé ailleurs, que les Irakiens sont peu cités, que les traumatismes proviennent plutôt de tragédies qui ont eu lieu au sein de leur unité.

La légalité de l’invasion de l’Irak, menée, pourtant, à la suite de mensonges flagrants, n’est jamais remise en cause, ni par les soldats, ni par le réalisateur. Or, celui-ci a tourné pendant de longs mois et a enregistré 450 heures de témoignages. Il y avait peut-être matière à faire d’autres choix.
Après tout, si ces gars sont revenus dans cet état-là, c’est à cause d’une guerre qui n’aurait jamais dû avoir lieu.
Il est étrange que le réalisateur n’ait rien en "magasin" là-dessus.
Il est étrange qu’un Français fasse un film aussi débarrassé de toute analyse. Un peu comme s’il voulait que son film passe la censure de l’autre côté de l’Atlantique.

D’autre part, le centre de thérapie (construit avec des fonds privés) où les soldats sont pris en charge est loin d’exister partout aux US pour accueillir les anciens combattants des multiples guerres US. Et, d’ailleurs, celui-là n’accueille que très peu de patients, on le voit. Combien de Californiens ne peuvent pas bénéficier de cette thérapie ? Et combien y a–t-il de centres de ce type sur tout le territoire ? On n’en saura rien.

Les allocations versées aux vétérans par le "Department of Veterans Affairs" comprennent les soins de santé, les pensions d’invalidité mensuelles, les prêts immobiliers etc., mais ces prestations varient énormément d’un état à l’autre, d’un endroit à l’autre d’un état.
Par ex, pour les dépenses de santé, la moyenne nationale est de moins de 10.000 dollars par patient, mais, elles s’élèvent à 30.000 dollars à San Francisco, et sont en-dessous de 7.000 à Lubbock, au Texas.
Le documentaire ne parle pas non plus des problèmes de logement des vétérans : environ 70.000 anciens combattants dorment dans la rue tous les soirs et 140.000 dans des foyers. 1,4 millions d’autres vétérans risquent de se retrouver à la rue un jour ou l’autre (pauvreté, manque de réseaux d’entraide, etc.).

Stress post-traumatique : chiffres, causes et conséquences https://www.youtube.com/watch?v=_kZ4EBO_tPA

Quant aux reportages sur les guerres en Irak et en Afghanistan, voici des témoignages bien plus proches de la réalité . Hélas, il n’y a pas de sous-titres. ("Winter Soldier:Iraq and Afghanistan" est une rencontre à laquelle ont participé plus de 200 vétérans et de soldats en service actif ainsi que des civils irakiens et afghans, et où chacun a parlé de ce qu’il a vécu en Irak et en Afghanistan.
Ces récits sont véritablement passionnants, informatifs et émouvants.

NB : "Légalité" d’une guerre : une guerre est dite "illégale" quand elle viole le droit international. C’est-à-dire, grosso modo, si le pays qui la subit n’a pas agressé celui qui lui déclare la guerre.
Evidemment, on le constate, alors qu’ils cherchaient des semblants de prétextes, naguère, pour lancer une offensive, les US et l’Otan passent outre de plus en plus ouvertement.

25/02/2015 11:07 par Archer Gabrielle

Le véritable sniper de cette macabre histoire est mort assassiné par un autre militaire, la violence engendre la violence et jusqu’où la haine conduirat-elle l’humanité, si on en arrive à la troisième guerre mondiale il faut vous dire qu’on est tous foutus car à ce moment-là il n’y aura même plus de moyens pour faire ni le bien et le mal ni continuer à vivre.....!
Les adeptes des armes et des guerres ne sont pour moi que des sociopathes dégénérés schizophrène paranoïaque.....!
C.C.S....

25/02/2015 11:53 par Laurent Dauré

@Leo Lerouge

Of Men and War est en effet un documentaire très peu, voire pas du tout politique dans l’approche. J’ai commencé par être gêné par l’absence de jugement sur la politique étrangère belliciste des États-Unis et sur les conséquences désastreuses de ces guerres néocoloniales, d’abord et avant tout sur les populations locales. Puis je me suis dit (et j’ai ressenti) que ce que l’on voyait à l’écran valait largement une telle critique et était même sans doute plus efficace sur un public peu politisé et faiblement informé.

L’affliction et les récits de ces hommes brisés sont en soi un percutant manifeste contre la guerre en général et contre les guerres américaines en particulier.

C’est toute la différence avec American Sniper qui échoue à transmettre le dégoût de la guerre, en supposant que Clint Eastwood avait une telle intention, ce qui me semble fortement contestable.

Bien que conçu pour un public non militant, je trouve que Of Men and War fonctionne très bien en tant que document militant. Peut-être même mieux que si Laurent Bécue-Renard avait ajouté à son film des commentaires explicitement critiques sur la guerre.

Après réflexion, je pense que son parti pris était le bon (malgré lui ?).

Le seul reproche que je formulerais sur ce documentaire c’est l’absence de distance quant à la thérapie psychologique pratiquée dans le centre de rééducation. Comme l’établissement dépend de l’armée, on cherche à y réparer des soldats, à les guérir de leur "faiblesse". Or, le stress post-traumatique résultant de la participation à une guerre est un indicateur de sensibilité et d’empathie. Ressentir de la culpabilité et de la douleur dans une telle situation devrait être considéré comme normal et sain. Il est bien sûr souhaitable de rendre ces hommes "fonctionnels" pour qu’ils puissent continuer à vivre (et peut-être militer contre la guerre...) mais sans essayer de les convaincre que leur souffrance n’est pas légitime et qu’ils ont tort de se sentir coupables.

On ne peut évidemment pas compter sur un établissement médical lié à l’armée pour adopter une telle approche.

C’est quand des soldats comme Chris Kyle reviennent de la guerre sans témoigner aucun trouble, voire en affirmant qu’ils se sont beaucoup amusés qu’il faut vraiment s’inquiéter...

25/02/2015 12:54 par Dwaabala

Qui n’a pas vu les images cinématographiques des poilus agités dans les asiles ?

25/02/2015 18:55 par MENOPAUSE

J’ai vu ce film et je suis d’accord avec Philosophe ! Il ne s’agit pas d’avoir raison ou tord, pro ou anti-guerre. C’est l’abord psychologique de cet individu qui est montré. Comment survivre à l’horreur et rentrer chez soi comme après une journée au bureau ??? LA QUESTION EST LA ! KYLE s’est beaucoup investi dans des associations pour les handicapés qui
étaient rentrés d’Irak et leur famille. J’ai lu sur des sites sûrs que dans les actions qu’il a menées et qui rapportaient de l’argent, il ne gardait RIEN !!! Pas de fort ou de faible ! Que des individus qui ne rentrent PAS INDEMNES, quelle que soit l’apparence ! PAS DE HEROS ! Juste un MEC qui part avec des convictions mais qui ne sera plus jamais le même à son retour ! Elles sont bien tombées sous les yeux de toute la planète, les Tours Jumelles de New York, non ? Personne ne peut savoir ce qu’il ressentirait, comment il réagirait, tant qu’il NE CONNAIT PAS !

25/02/2015 22:09 par Laurent Dauré

@MENOPAUSE (ah, magie des échanges sur Internet...)

Sur le fond, je vous renvoie à la réponse que j’ai faite à "philosophe79".

S’agissant de la générosité et du désintéressement supposés de Chris Kyle, il est faux de dire qu’il a donné tous les bénéfices de la vente de son livre aux œuvres de charité des vétérans. Comme le montre cet article, il n’a donné que 2 % du total (52 000 dollars sur 3 millions).

Le Figaro avait rencontré Chris Kyle en 2012, je vous suggère de lire le compte rendu de l’entretien. Cela donne un éclairage édifiant sur le "héros national".

26/02/2015 00:56 par Leo Lerouge

@ Laurent Dauré

Je ne suis pas du tout d’accord concernant Bécue-Renard.

Si les traumatismes subis par les soldats pendant les guerres suffisaient à faire comprendre que la guerre, c’est moche, que ça traumatise à vie et que ça tue, il y a longtemps que les citoyens étasuniens en seraient complètement dégoutés.
Au moins depuis la guerre du Vietnam, où ils ont vu ce que c’était en direct sur leurs propres écrans télé. Or, ils retombent dedans dès qu’on les conditionne pour qu’ils acceptent la nécessité d’aller envahir quelque pays de "métèques", sous prétexte de les "protéger" et "protéger l’Amérique".
La "doctrine de Bush" ne contient-elle pas ce principe : "aller combattre l’ennemi chez lui, à l’étranger, avant qu’il ne vienne nous attaquer ici, chez nous" ?

Une explication absurde et tout ce qu’il y a de plus simpliste : les US, vaste territoire qui a peu de frontières communes avec d’autres pays, est le pays le moins en danger d’être envahi par quelque troupe étrangère qui causerait des dégâts de l’ampleur de ceux causés dans les pays qu’ils envahissent.
Et l’invasion de l’Irak est un exemple flagrant de la naïveté des peuples sous influence, puisque la population US a gobé très majoritairement les explications vaseuses de Colin Powell et du tandem Bush-Cheney.

Le film de Bécue-Renard n’est pas plus militant qu’une émission de téléréalité, où on pleure un bon coup sur le sort de quelques individus, parce que ça fait du bien de se croire empathique, et on passe à autre chose dès que l’écran est éteint.

La guerre, ce n’est pas en premier lieu (et encore moins "uniquement") le traumatisme que subissent les soldats US, ni le nombre de victimes dans leur rang, mais les atrocités qu’ils font subir, à l’aide d’engins de guerre toujours plus dévastateurs, aux populations des pays agressés, décrites par la propagande comme étant barbares.
Or, ce documentaire ne peut que renforcer l’idée que ce sont les populations envahies qui sont responsables des traumatismes subis par les troupes US, faire plaindre ces dernières, et faire accepter que l’envahisseur envoie d’autres contingents pour les punir.
Ce n’est certainement pas un plaidoyer contre la guerre. Cela pourrait même avoir l’effet inverse.

D’ailleurs, ce n’est pas le but du réalisateur, qui, en public, ne remet pas en cause l’opportunité de l’invasion de l’Irak - au contraire, il en parle comme d’un mal nécessaire - et explique qu’il a voulu faire un film pour savoir ce qu’avaient vécu ses grands-pères morts à la guerre et qu’il n’a, donc, pas connus, et les répercussions sur leur descendance.
Un truc tordu, tout de même. Surtout si on va chercher la réponse en Californie.
Son objectif, dit-il, est d’"interpeller les contemporains sur ce qu’ils portent de la guerre".
Un peu léger comme motivation pour quelqu’un qui a passé pour la cause 5 longues années en Californie auprès de soldats US, qui plus est, qui sont les envahisseurs lourdement équipés et armés, et non pas ceux qui subissent les agressions et n’ont pas d’autre choix que de se défendre.
Pour être plus près du sujet et de ses ancêtres, il aurait été plus opportun qu’il aille filmer en Irak ou en Afghanistan. Cela correspondrait bien davantage à ce qu’ont subi les soldats envoyés au front pendant la guerre de 14.

Mais, de toute façon, le réalisateur ne répond pas à ce qu’il disait être son ambition.
Un reportage sur une douzaine de personnes et quelques membres de leur famille issus d’un même milieu ne peut apporter quelque éclairage que sur ces individus-là.

Et le documentaire "Winter Soldier : Iraq and Afghanistan", ainsi que ceux qui figurent dans la colonne de droite de la même page (dont les témoignages d’anciens du Vietnam), sont d’authentiques documents, contrairement au reportage de Bécue-Renard, qui, en occultant sciemment pendant 2h30 les circonstances de la guerre en Irak, ne suscite pas plus de prise de conscience contre la guerre qu’"American Sniper".

Eastwood, de son côté, a osé déclarer dans une interview que montrer la souffrance de soldats américains était un plaidoyer contre la guerre. Mouais.
Ce qu’Eastwood montre dans son film, c’est que la tragédie, ce n’est pas ce qu’ont subi des millions d’Irakiens, qu’il diabolise, mais ce que voit de la guerre un soldat de l’empire fanatique et assassin de 160 Irakiens.
Et ce terroriste et l’armée US y sont décrits comme étant des "chiens de berger" – censés, donc, protéger le troupeau contre les loups.
On ne peut être plus clair.

Difficile de voir une quelconque volonté chez l’un ou chez l’autre de dénoncer cette guerre illégale où ont été commis de nombreux crimes de guerre, dont ni Eastwood, ni Bécue-Renard ne parlent.

Et, on voit bien dans certains commentaires combien on peut se laisser prendre par la propagande quand un auteur de crimes de guerre est présenté comme un héros.

Obama, lui, a fait mieux : il a reçu le Prix Nobel de la Paix pour la même raison.

26/02/2015 11:35 par Laurent Dauré

@Leo Lerouge

Pour nous départager, il faudrait effectuer un sondage auprès d’un échantillon conséquent de personnes ayant vu Of Men and War pour recueillir leurs impressions et opinions.

Les personnes que j’ai convaincues d’aller voir le film n’ont pas réagi de la façon que vous indiquez. Il est vrai que la plupart étaient déjà politisées.

Quoi qu’il en soit, je ne considère pas que le film de Laurent Bécue-Renard soit suffisant pour convaincre quelqu’un qui n’a pas encore développé une pensée critique sur la guerre en général et les guerres des puissances occidentales en particulier. Mais cela peut être le début d’une prise de conscience ou un élément parmi d’autres qui orientera dans la bonne direction. Il faut bien sûr voir des documents traitant des souffrances des peuples attaqués et opprimés ! Je recommande d’ailleurs le récent Concerning Violence de Göran Hugo Olsson qui parle des guerres de décolonisation.

Comme je l’ai dit plus haut, je pense qu’il faut toujours s’efforcer de juger le film lui-même avec la plus grande lucidité possible sans tenir compte des intentions réelles ou supposées du cinéaste. En l’occurrence, les intentions de Laurent Bécue-Renard ne m’indiffèrent pas mais il me semble que son documentaire produit des effets qu’il n’avait peut-être pas mesurés. (Et il faut aussi avoir en tête qu’aucun réalisateur n’aurait pu filmer ce qu’il a filmé en annonçant qu’il voulait faire un film critique sur la guerre et la politique étrangère des États-Unis ; on lui aurait interdit l’accès au centre et aux patients.)

Je doute que l’on puisse sortir d’une séance de Of Men and War avec une idée positive de la guerre. Et si un spectateur ne perçoit pas que les guerres des États-Unis sont des folies criminelles de grande ampleur, je crains qu’il ne soit difficile de le convaincre de se détourner de l’apathie.

Merci pour la recommandation de Winter Soldier. Je le verrai.

28/02/2015 01:48 par Mohsen

Une autre facette de "héros national " que ce GI’s terrorisé et chialant comme un bébé à l’arrivée des secours appelés en renfort après une embuscade mortelle tendue par les Moudjahidines talibans en Afghanistan . Certains de ses potes n’ont pas eu sa chance de ne s’en sortir qu’avec un stress post traumatique qui le conduira très probablement à n’être plus qu’un "déchet humain", clochard sous les ponts ou vivant en troglodyte à demi-fou dans leur canyon de L’Eldorado.

A visionner donc cette vidéo-choc qui piétine férocement le mythe du "soldat Ryan" et autre béret vert façon John Wayne.

>> US soldiers crying after ambush in Afghanistan
http://www.dailymotion.com/video/x175p8m_us-soldiers-crying-after-ambush-in-afghanistan_news

25/10/2015 02:21 par berserk

Bonjour
J’ai vu le film mais je dois vous avouer que j’étais au départ très réticent car je ne le sentais vraiment pas. "Encore de la propagande américaine ! " me disais-je...j’ai fini par curiosité par le visionner. Avec beaucoup d’indulgence, j’ai essayé de chercher le sens caché du film, du second degré...mais rien ! Je crois sincèrement qu’il s’agit là d’une vulgaire propagande classique et qui ne cherche pas à nuancer quoi que cela. Les américains sont les plus forts et ils n’ont pas besoin de s’expliquer. Ils vont attaquer un pays, agresser sa population, piller ses ressources et par derrière nous servir un bon vieux film relatant leurs exploits et tout le monde applaudit ! Hier, c’était l’Irak, demain la France...Riez bien, lorsque cela arrivera, vous vous souviendrez de mon commentaire.
La seule justesse finalement dans le scénario et ô combien ironique, c’est celle du destin. Ce cher sniper est abattu par un frère d’arme qui a dû retrouver toute sa conscience et devant tous ces massacres, a allégé sa peine en donnant justice à toutes ces personnes mortes sur l’autel de l’impérialisme.

25/10/2015 02:25 par berserk

C’était un film sur ce héros qu’il aurait fallu faire...

09/11/2015 23:43 par Simo Haya

Monsieur Laurent Dauré, je me permet de vous dire que votre réflexion, est semblable à celle de ces bon à rien de complotiste. Si vous aviez regardé un temps sois peu le film avec un oeil objectif, vous auriez vu autre chose qu’un film de "propagande" (mot utilisé à tout va depuis la PGM).
Moi-même j’ai été déçu par le contenu du film au premier visionnage. Je trouvais qu’il n’y avait aucun aspect psychologique. Kyle était là, il a tué plein de méchants qui allaient tuer ses camarades (quel scandale...) bref un film pétaradant. Cependant, lors d’un revisionnage, il m’est apparu un côté beaucoup plus psychologique, un côté que seul les gars qui ont connu ce genre de moment peuvent comprendre. C’est à dire qu’au moment fatidique du lâché de détente, on se doit de penser à rien, c’est ça qui nous permet de fixer dans la lunette notre cible. Le problème, c’est quand la cible tombe qu’on se rend compte du dégâts de notre geste, mais là encore on se doit de prendre le dessus sur les émotions, car oui ça a beau être une ordure qui tue, c’est quand même compliqué de tirer. Ce côté est le centre du film, caché derrière le patriotisme de Kyle. Comme vous et les autres interlocuteurs l’ont dit, Kyle était du genre à être fier de ses tirs létaux, mais il en était pas moins marqué pour autant. L’épisode du chien familial en est un exemple clair. Autre exemple, le film "démineurs", il y a une phrase qui dit "la guerre est une drogue", et c’est vrai, on peut avoir peur, mais inconsciemment on en redemande. C’est d’ailleurs ce qu’on comprends, dans American sniper, Kyle n’arrive pas à décrocher, tuer est pour lui devenu un mécanisme, une envie s’est créer. On retrouve cette envie dans "Human", de Yann Arthus Bertrand. Un des hommes interviewé explique que le fait de donner la mort a crée une dépendance, et que celle-ci le suivait dans sa vie civile.
Non American Sniper n’est pas un film de propagande, il rétabli juste la réalité de l’impact de la guerre sur les soldats. Et arrêtez de croire, que Kyle est un sociopathe. Oui il a tué des gens, oui il a pu en être fier, mais non, il n’en est pas sorti indemne, car on ne tue pas sans conséquences mentales, que cela se traduise pas des regrets, ou par la dépendance à l’adrénaline déchargée lors du coup de feu. Dites-vous bien que tous le monde peut-être dans le cas de Kyle, devenir dépendant à la guerre et à la mort.

09/11/2015 23:54 par Simo Haya

Après je ne parle pas de l’intervention en Irak, c’est une question à part entière. Je ne fais que remettre le tireur d’élite dans sa position réelle. Si Kyle n’avait pas fait autant de morts côté talibans, combien de ses camarades auraient été tués ?

Pensez-y, et dites-vous que nous aussi, français, les soldats vivent la même chose et ce n’est pas pour autant qu’il sont sociopathe, ou facho...

06/01/2016 02:15 par Magnus

Pourquoi Chris Kyle serait un "criminel de guerre" ? Il a fait son devoir. Dans une guerre, tout soldat fait son devoir, celui de défendre sa nation et ses frères d’armes. Dans une guerre, il n’y a pas de gentils, quelque soit sa cause, juste ou non. Les vrais criminels de guerre sont ceux qui tuent délibérément des gens non armés, ce qui n’est pas le cas avec Chris Kyle. Donc, réfléchissez mieux avant de juger, cet homme est un héros car il a fait ce que nous n’aurions pas pu faire.

06/01/2016 07:45 par V. Dedaj

Chris Kyle ne défendait ni son pays ni ses "frères d’armes". Il participait à une invasion illégale, non justifiée, non provoquée - acte d’accusation qui a valu des pendaisons lors du procès de Nuremberg. Ce n’était pas une guerre mais une opération gigantesque de ratonnade à ciel ouvert. Oui, assurément, il était - comme ses "frères d’armes" - un criminel qui ne "faisait que son devoir de salaud". Bon débarras.

20/11/2017 12:46 par Marc CURCI

Le cinéma est ce qu’il est , personne n’est obligé de visionner quoique ce soit . Ceci étant , le cinéma est fait AUSSI pour divertir .
Ce film n’est pas là pour faire l apologie des guerres ni montrer la puissance des USA . Cela parle d’un soldat qui a fait le boulot qu’on lui a demandé , comme le pilote du bombardier B296 ( Enola gay) qui avait embarqué la bombe atomique .
Les commentaires de biens pensant qui vomissent sur CLINT EASTWOOD sont aussi abjectes que la bile qu’ils déversent sur lui et ses films .Un peu parce qu’ils détestent tout bonnement ce qui nous vient d’outre atlantique .
Ce film est là pour montrer l’existence et le metier de SNIPER dans toute son horreur. C ’est un film d’action durant laquelle on met la philosophie au placard , parce que OUI il faut AUSSI des films de ce genre et ne pas flecher le paysage audiovisuel de pseudos TELEREALITES , de film mièvres , ou d’emissions culinaires .
Le registre des bons et des méchants existera toujours et fera toujours vendre de la pellicule et des livres .
Et nous sommes qui , nous , vous, pour se permettre de juger le metier de soldat .A vous signaler tout de meme que si il n’y avait pas de belligérants , il n ’ y aurait pas de guerre , donc aucun besoin de Snipers ou de soldat .

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