Dans son livre "The wandering who ?", Gilad Atzmon fait une plongée saisissante dans le fonctionnement de l’organisation créée par le mouvement sioniste ; il dévoile ce qui se cache derrière son apparente civilité, son apparente amitié pour les USA et la sollicitude qu’il manifeste aux puissances occidentales - l’Angleterre, le Canada, l’Australie, la France et l’Allemagne - à savoir un assassin prêt à tuer tous ceux qui s’opposent à ses objectifs tribaux. En février dernier, Atzmon a dit que l’Islam et le Judaïsme étaient deux systèmes de croyances à orientation tribale dont le but n’était pas le "développement personnel" mais bien plutôt "la survie de la famille au sens large". Ces systèmes de croyances n’ont rien à voir avec les libertés ou les droits individuels ; Ils ont pour but d’assurer le maintien de leurs "modes de vie" respectifs. Mais à la différence du tribalisme islamique, le tribalisme dans le Judaïsme "ne peut jamais vivre en harmonie avec l’humanisme et l’universalisme". "Les deux systèmes religieux fournissent des réponses pour tout ce qui concerne la spiritualité, la vie civile, la culture et la vie quotidienne." De sorte que ".... l’Islam et le Judaïsme sont plus qu’une simple religion : ils véhiculent tout un ’mode de vie’ et prétendent apporter des solutions exhaustives aux problèmes existentiels...."
"The wandering who" relate le parcours d’un homme né à Jérusalem, élevé dans le "mode de vie" juif farci des mythes de la fondation de l’état hébreu ; "La suprématie était distillée dans nos coeurs, nous regardions le monde à travers des lorgnettes racistes et chauvines. Et ça nous ne nous gênait pas du tout." Il a fait son service militaire dans les années 1980 et a donc servi au Liban et, à la fin de son adolescence, il a eu une révélation due en grande partie au fait qu’il écoutait avec attention les voix qui venaient de l’autre côté du mur du ghetto c’est à dire de l’extérieur de l’état d’Israël. Cette révélation l’a conduit à faire une distinction entre identité et identifier, entre autonomie et soumission servile à une idéologie, une distinction entre les Juifs qui sont des personnes, le Judaïsme qui est une religion et la judaïcité qui est une idéologie à l’origine de politiques identitaires et du discours politique correspondant.
Et donc qu’est-ce qui caractérise un Juif ? Atzmon distingue entre ceux qui suivent la religion juive ; ceux qui se considèrent comme des êtres humains qui se trouvent être d’origine juive ; et ceux qui mettent leur appartenance à la communauté juive au dessus de toute autre considération. Chaim Weizman, le premier président israélien qui était sioniste, considérait que la judaïcité était "la qualité principale" et passait avant la citoyenneté, la profession, le fait d’être chef de famille ; selon lui "le fait d’être Juif était la clé et la caractéristique fondamentale de la personne." Vladimir Jabotinsky a écrit : "...le noyau de sa structure spirituelle demeurera toujours juif, parce que son sang, son corps, son type racial physique sont juifs" ("A Letter on Autonomy," 1904). C’est ce principe identitaire que Atzmon considère comme toxique non seulement pour le Judaïsme mais pour la sécurité et la sauvegarde du peuple juif, de ses amis et de ses voisins. "... c’est sans doute à ce moment-là que j’ai renoncé à être Elu et que je suis devenu une personne ordinaire." "Pour moi être juif c’est avant tout combattre l’injustice et lutter pour la justice dans le monde, et cela signifie être respectueux des autres peuples quelles que soient leurs nationalités ou leurs religions et à l’écoute de ceux qui souffrent où qu’ils se trouvent et quels qu’ils soient" ("On Jewish Identity," 1/15/2011).
Il est significatif que Atzmon se tourne vers la légende du Juif errant pour explorer la complexité inhérente aux contradictions du Judaïsme dans le monde d’aujourd’hui : le tribalisme contre l’universalisme, le fait d’appartenir au peuple élu qui s’oppose à l’égalité démocratique, le fait d’appartenir à une nation qui ne respecte pas les lois à la différence des pays qui les respectent, le fait que le gouvernement soit contrôlé par l’idéologie sioniste au lieu d’écouter la voix des citoyens et une moralité tribale fabriquée pour les besoins de la cause qui se heurte aux droits naturels et inaliénables de tous.
La valeur symbolique de la légende originelle réside dans le fait qu’elle met en relief l’idée de "la différence", le concept unique de "peuple élu," qui, en séparant les Juifs du reste de l’humanité, a engendré un isolement psychologique et idéologique qui est devenu un outil stratégique dans les mains des Sionistes et des néo-conservateurs pour manipuler le peuple juif et la création de l’état juif. La "qualité principale" de la judaïcité telle que décrite par Jabotinsky et Weizmann, empêche l’assimilation et force ainsi les Juifs à demeurer éternellement des étrangers où qu’ils soient. Ils ne peuvent s’identifier personnellement qu’à la tribu, à travers un engagement total et absolu à leur judaïté, et c’est cela qui rend possible l’utilisation des Juifs du monde entier comme "sayanims" (assistants) au service des objectifs de l’état juif. "Le sayan est quelqu’un qui est prêt à trahir le pays dont il est citoyen par amour pour ses frères de clan."
Il y a des milliers de sayanim dans le monde. Rien qu’à Londres, il y en a environ 2000 qui sont actifs et 5000 autres sur la liste. Ils remplissent différentes missions ; un sayan... qui tient une agence de location de voitures, peut aider le Mossad a louer une voiture sans avoir à remplir les documents habituels... un sayan banquier peut vous procurer l’argent dont vous avez besoin au milieu de la nuit, un sayan médecin peut soigner une blessure par balle sans en avertir la police... L’idée est d’avoir une réservoir de personnes prêtes à rendre les services nécessaires en gardant ça pour elles par loyauté à la cause.
"Aux yeux des sionistes, la Judaïcité est un réseau d’opération international... être un Juif est un engagement profond qui va bien au-delà d’un ordre moral ou légal". Atzmon met en lumière l’existence d’une organisation opérationnelle contrôlée par l’idéologie sioniste et les sayanim néo-conservateurs aux USA qui a associé les intérêts israéliens à ceux des USA grâce à un rapport appelé : Guide pour la planification de la Défense des USA (USA Defense Planning Guidance Report) pour les années fiscales 1994-1999. "Au Moyen-Orient et dans le Golfe Persique, nous cherchons à instaurer la stabilité régionale, empêcher les agressions contre nos amis et nos intérêts dans cette région, protéger les ressortissants et les biens étasuniens et protéger notre accès aux eaux et espaces aériens internationaux et au pétrole de la région. Les USA s’engagent à assurer la sécurité d’Israël et à maintenir l’équilibre qualitatif nécessaire à la sécurité d’Israël." Cette stratégie manipulatrice "a transformé le mode de fonctionnement tribal juif en un système de fonctionnement collectif." Elle a aussi transformé "les armées étasuniennes et anglaises en forces de mission sionistes" quand Israël et les Néo-Cons ont manipulé les gouvernements étasuniens et anglais pour qu’ils attaquent les ennemis d’Israël en Irak tout en imposant des sanctions à la Syrie et en justifiant l’occupation et l’oppression des Palestiniens et la consternante destruction du Liban en 2006 et de Gaza en 2008-2009.
Atzmon met en lumière l’âme profonde -ou plus exactement la perte de l’âme- de l’état israélien à mesure qu’il est passé du sionisme primitif à un mélange politiquement astucieux de Judaïsme ancestral et d’objectifs laïques. On peut dire que cet amalgame est le petit-fils maudit du professeur Leo Strauss qui a été l’enseignant de Paul Wolfowitz et des Neo-Cons qui se regroupaient aux pieds de son autel du déterminisme — Richard Perle (ancien président du Defense Policy Board), William Kristol (rédacteur en chef du Weekly Standard), Gary Schmitt (président directeur du Project for the New American Century), Stephen Campone (sous secrétaire de Defense for Intelligence sous Rumsfeld), Abram Shulsky (un ami de Perle et le chef de l’unité spéciale des services secrets de Rumsfeld qu’on appelle parfois la "Specious Planning Unit" ), Dick Cheney et Donald Rumsfeld qui sont liés par PNAC (Project for the New American Century)— tous des "leaders" qui croient en une sorte de déterminisme de la vie humaine selon lequel les élites seraient nées pour commander et la vaste majorité serait née pour leur obéir.
J’avais moi même dénoncé la montée en puissance de ces croyances dans un article de 2003 "Insanité morale : la Cabale qui corrompt," et je présentais en deux paragraphes les conséquences de cette doctrine néfaste.
Puisque Strauss a enseigné que le déterminisme mettait naturellement "la minorité éclairée" en position de diriger "la multitude bornée", puisque la vertu est déterminée par l’élite dirigeante, puisque la moralité n’existe pas, puisque la justice est seulement l’intérêt du plus fort, puisque le pouvoir de la minorité éclairée est absolu, autoritaire et ne peut être remis en question, puisque la religion est "le ciment qui tient la société ensemble", utiliser la religion à des fins politiques, mentir, tricher, dissimuler et intimider sont un bien nécessaire pour atteindre les objectifs recherchés par le gouvernement. La manipulation des "masses bornées" devient une fin en soi et la distorsion des mots et des concepts devient la méthode de manipulation...
Seul des adeptes de Strauss pouvaient avoir l’arrogance de décider d’une politique nationale et internationale concernant 300 millions de personnes qu’ils ne représentaient absolument pas. Deux ans plus tard, un an après le 9 septembre, le rapport mentionné plus haut a pris le nom de "Rapport stratégique pour la sécurité nationale des USA" (The National Security Strategy Report of the United States of America), un document qui détaille le projet national et international des USA pour la période du second mandat de Bush. Inutile de dire que peu d’Etasuniens ont eu connaissance des détails de ce rapport avant qu’il ne soit mis en oeuvre — ni le citoyen moyen, ni son représentant au Congrès ou au Sénat. Cependant c’est nous qui payons pour les plans que ces hommes ont élaborés, c’est nous qui sommes victimes de la censure mondiale qui accompagne leur mise en oeuvre et c’est nous qui subissons les restrictions des libertés civiles imposées par ce régime sous le nom de "mesures de sécurité".
L’analyse d’Atzmon révèle les stratégies utilisées par les Sionistes pour contrôler les populations : "Des politiciens marginaux essaient de ’faire honte’ en public à leurs frères et soeurs assimilés. L’objectif est double. D’abord cela envoie le message clair que la vraie intégration est impossible... Deuxièmement, cela pousse la personne assimilée à la collaboration avec son clan d’origine. ’Vous n’échapperez jamais à qui vous êtes, alors il faut mieux en être fier’". Mais cela ne s’arrête pas là . Les lobbys sionistes disent aux Juifs assimilés : "Vous n’échapperez jamais à qui vous êtes, alors pourquoi ne pas en être fiers et travailler pour nous ?" De fait cette proposition même entre en conflit avec la moralité en ce sens qu’elle force les Juifs américains à faire passer leur "qualité principale" de Judaïté avant la loyauté à leur nation. "D’abord ils sont Juifs et ensuite seulement humanistes."
Le Sionisme, comme le remarque Atzmon, a utilisé "la séparation" juive et l’insécurité qu’elle engendre dans ses relations avec le genre humain pour les contraindre à l’obéissance et à l’engagement. Cette tactique a été caractéristique du pouvoir sioniste depuis la période du Mandat britannique. Dans mon livre "the Introduction to The Plight of the Palestinians" (l’introduction au calvaire des Palestiniens), j’ai donné des preuves de cette coercition relevées dans des document classifiés de la police du Mandat britannique, particulièrement le Serment à la Hagana par lequel on faisait allégeance au haut commandement sioniste :
Le Serment à la Hagana, va plus loin que la peur. En fait, il dit que l’individu remet sa conscience au Haut Commandement et accepte que le bien et le mal soient déterminés par cette autorité indépendamment de la loi locale, étatique ou internationale, et même indépendamment des valeurs morales et traditionnelles du Judaïsme. Cet engagement est pour toujours, jusqu’à la mort.
A partir du moment où un individu a fait ce serment, il s’engage dans une vie de secret et partant de déloyauté et de trahison envers ceux avec qui il partage sa vie quotidienne. Ni ses actions et sa vraie identité ne sont connues de ceux qu’il côtoie régulièrement. C’est une vie de mensonges, de tricheries, de coercition, d’extorsion et d’obéissance à un groupe qui lui dicte ses faits et gestes ; il n’y a plus de liberté, plus d’autonomie, plus de loyauté envers les autres, et même l’amitié envers autrui devient difficile voire impossible ; il devient le serviteur du groupe, un véritable esclave soumis à leurs désirs et leur volonté. L’objectif d’un tel contrôle des individus est de les rendre capables d’espionner, de trahir leurs amis, de mettre à l’index ceux de leur propre communauté qui pensent différemment, d’emprisonner des gens sans procès, de torturer, et même de procéder à des exécutions extra-judiciaires. C’est un engagement total à une cause supérieure à toutes les autres, conçue et dictée par une oligarchie discrète qui n’est soumise à aucune institution et à personne.
Atzmon développe sa thèse selon laquelle les Sionistes s’efforcent de tirer profit du séparatisme juif en entretenant le mythe de la persécution perpétuelle des Juifs comme preuve de la nécessité de soutenir le projet israélien qui les maintient dans un ghetto virtuel et qui engendre une sorte de syndrome de stress pré-traumatique dérivant de la narrative grandiloquente de victimisation israélienne consécutive à l’Holocauste ; être rejeté à la mer, effacé de la carte, délégitimé, sont autant d’aspects de la catastrophe imminente qui menace l’état juif.
De telles interprétations confrontent les Juifs de la Diaspora au sens de la promesse et de l’accomplissement du rêve sioniste, le retour à Sion. "En faisant le lien entre Eretz Israel et la Diaspora, le Colon remplace la ’négation de la Diaspora’ par une ’négation des goyim’ (un retour à la condition juive avant le Sionisme)". Cela rend impossible l’assimilation des juifs et cela les ramène à la spécificité tribale, assortie d’intérêts politiques et mondiaux. En même temps, "Cela laisse les Juifs de la Diaspora dans le vide : ils ne peuvent pas s’intégrer à leur environnement social et ils ne vivent pas dans un état juif". Le rejet de l’appel sioniste est considéré comme un acte de trahison, une sorte de haine de soi. Malheureusement, mais en accord avec les symboles véhiculés par la légende du Juif errant, "....cela souligne la nature judéo-centrée, raciste et expansionniste de l’état juif. ...Et les Juifs de la Diaspora se retrouvent étroitement associés à une idéologie fanatique, ethnocentrique et à une liste infinie de crimes contre l’humanité."
L’Election contient en elle-même sa propre justification. Les Elus croient que tout ce que dit le livre qui leur confère ce statut unique est forcément vrai. Puisque les mots utilisés ne sont pas les leurs mais ceux de leur D..U, ils ne sont pas soumis aux limitations du langage. Les Elus trouvent leur identité en eux-mêmes, mais dans le cadre de leur groupe pas dans celui de l’humanité toute entière. Atzmon note que le sens religieux de l’Election contient le fardeau moral "d’être un modèle exemplaire de comportement éthique," mais dans la vision sioniste cela "s’est réduit à un chauvinisme des liens du sang, brutal et ethnocentrique" ... une sorte de "suprématie tribale dans laquelle ’aime-toi autant que tu détestes les autres’ est devenu la réalité concrète." Par conséquence, "cette forme de suprématie est au coeur de la revendication sioniste de la Palestine au mépris de ses habitants ancestraux." La justice ne rentre pas en ligne de compte.
Peut-être que la corruption la plus perverse imposée au peuple juif et à leur religion par les Sionistes qui ont pris le contrôle du nouvel état israélien, a été la manipulation de l’Holocauste pour en faire tout à la fois une religion et une industrie. Norman Finkelstein décrit la création de l’industrie et Atzmon avec l’aide du Professeur Yeshayahu Leibowitz, un philosophe de l’Université Hébraïque né en Lettonie et de Adi Ophir, un philosophe israélien professeur adjoint à l’Institut Cohn d’histoire et de philosophie des sciences et des idées de l’Université de Tel Aviv, étudient le déroulement et les conséquences de la transformation de l’Holocauste en une religion. Leibowitz, selon Uri Avnery (19.3.05, "Remember What ? Remember How ?"), a écrit : "la religion juive est morte il y a 200 ans. Maintenant il n’y a plus rien pour unifier les Juifs du monde entier sauf l’Holocauste." Atzmon suggère que Lebowitz a été le premier à se rendre compte que l’Holocauste était devenu une religion avec ses prêtres, ses prophètes, ses commandements et ses dogmes, ses rites et ses temples.
La religion de l’Holocauste est, de toute évidence, judéo-centrée jusqu’à la moelle. Elle définit la raison d’être (en Français dans le texte, ndt) des Juifs. Pour les Juifs sionistes, elle signifie que la Diaspora est un problème et que les Goyim (non-juifs ndt) sont des assassins potentiels irrationnels. Cette nouvelle religion juive prêche la vengeance. C’est peut-être la plus sinistre religion de tous les temps car, au nom des souffrances des Juifs, elle donne le droit de tuer, d’écraser, de bombarder, d’annihiler, de piller, de faire du nettoyage ethnique. Elle e fait de la vengeance une valeur occidentale acceptable.
Mais revenons à la légende du Juif Errant. En 1848, Nathaniel Hawthorne a écrit "La collection du virtuose" un récit exotique qui décrit toutes les choses étranges et fantastiques décrites dans les légendes que le virtuose a rassemblées dans son Musée.*
Hawthorne utilise la légende du Juif errant pour capturer le mystère d’un comportement qui hante les écrivains depuis des siècles et qui continue de confondre les savants qui cherchent une explication aux actions apparemment dénuées de "sympathie naturelle", des actions qui dénotent une totale insensibilité à la souffrance humaine, qu’elle soit émotionnelle ou physique, à l’angoisse, à la perte d’un être cher, d’un enfant, d’un fils ou d’une fille, d’un père ou d’une mère, des actions perpétrées sans raison apparente qui n’engendrent aucun remords et qui dénotent un manque complet de compassion. La légende peint un homme qui, témoin des souffrances d’un innocent - bien qu’il n’ait commis aucune faute, le Christ porte sa croix par compassion pour ses frères et soeurs, en sacrifice d’expiation - se moque de cet innocent en lui enjoignant "d’avancer plus vite" car le Juif Errant "est lié aux réalités de cette terre ... à ce que je peux voir, toucher, comprendre et je n’en demande pas plus." Rien ne peut l’empêcher de traverser la vie sans s’arrêter, en se saisissant de tout ce que le monde peut offrir, à n’importe quel prix et sans se soucier des autres. "Son âme est morte en lui" affirme Hawthorne, il n’a aucune sympathie naturelle pour ses congénères.
Hawthorne s’est colleté avec l’image d’une âme perdue, coupée des racines qui relient à une conception de l’humanité où chacun est un frère ou une soeur pour l’autre ; où les religions qui aident les êtres humains sur terre enseignent que l’amour et la compassion sont des forces vitales fondamentales qui unissent les hommes et donnent un sens à tout ; où le pardon et la bonté permettent de guérir et de faire progresser le bien commun ; où l’île qu’est cette planète unit l’espèce humaine par des liens éternels d’interdépendance pour que nos enfants aient un avenir ; c’est la source de notre humanité ; elle émane d’une âme qui étreint tout, et c’est l’expérience universelle de ceux qui endurent les souffrances et les peines de cette vie qui serait insupportable sans les fontaines d’amour qui répandent la joie sur le monde. C’est une conception qui demande à tous de tout partager pour que nous puissions tous survivre en dépit des ravages du temps et des circonstances.
C’est l’essence de toutes les religions qui croient vraiment en l’humanité et qui constatent la précarité de la vie. En conséquence ceux qui essaient de détruire cette unité d’esprit qui nous lie tous ensemble par intérêt personnel, pour accumuler les biens matériels qu’on peut amasser en ce monde, sont détestables.
L’image du Juif Errant est celle d’une personne qui abandonne les siens par intérêt personnel, qui renonce à l’amour humain et à la compassion pour s’approprier à n’importe quel prix les biens de ce monde, la fortune, la situation, le pouvoir même s’il doit détruire et tuer pour cela car finalement lui seul existe et il a tous les moyens de parvenir à ses fins. Aucun être humain n’est indispensable et donc par définition ils sont tous inférieurs à l’homme libéré des contraintes morales et spirituelles.
Le Juif Errant est donc une autre métaphore de l’histoire de Caïn qui a assassiné son frère, acte pour lequel Dieu Tout Puissant l’a maudit et condamné à errer sur la terre comme un fugitif.... Le Juif Errant, comme Caïn est chacun d’entre nous." (William A. Cook, "The Eternal Jew Goes on Forever," 8/24/2009).
Gilad Atzmon nous aide à comprendre comment cela s’applique de nos jours ; il est notre Hawthorne qui voyage à travers notre époque pour mettre en lumière des actions que nient, pour ne pas dire défient, l’unité de l’humanité pour le profit de quelques uns. Il propose une explication critique dévastatrice de la Judaïté telle qu’elle a été manipulée pour contrôler le peuple juif et imposer la volonté des dictateurs sionistes israéliens et étasuniens au peuple américain à travers le contrôle du Congrès des USA. Il dévoile dans les détails l’arrogance, le mensonge et l’hypocrisie des dirigeants, nous dit pourquoi ils sont si obsédés par le terrorisme et la force, et nous révèle au passage leur trahison et le vide de leurs discours dans toute leur horreur.
Il considère que Hawthorne dans sa description du Virtuose, du Juif Errant, a capturé avec justesse l’état d’esprit de ceux qui influencent dans un sens amoral et entaché de déterminisme les décisions de l’ONU et des USA , "... il y avait une amertume indéfinissable dans sa voix, comme s’il était dénué de sympathies naturelles, et l’objet d’une malédiction dont aucun autre être humain n’avait souffert avant lui et qui lui avait ôté toute humanité. Cependant... il semblait qu’une des pires conséquences de cette malédiction était que la victime ne considérait plus cela comme une calamité, mais avait fini par penser que c’était la meilleure chose qui pouvait lui arriver."
Cet état d’esprit ne permet pas de ressentir du remords parce que la sécurité tribale tient lieu de conscience individuelle ; la tribu seule décide de ce qui est bien : l’individualisme, les droits naturels, l’autonomie, la responsabilité personnelle démocratique n’existent plus. Cet état d’esprit qui se greffe sur une concentration tribale des pouvoirs au niveau mondial, n’entend plus qu’une seule voix, la sienne. Il nie la démocratie et pourtant se donne le nom de démocratie ; il parle d’universalisme et ne protège que lui-même ; il parle de fraternité aux nations qui respectent les lois tandis que lui ne respecte que la sienne ; il se présente comme une nation pénétrée de la morale d’antan mais met en oeuvre des politiques d’apartheid.
Celui qui ne défendrait pas cet état d’esprit se perdrait lui-même et perdrait la Judaïté qui lui donne son identité. C’est en fait une torture auto-infligée ; une identité incroyablement forte fabriquée à partir de vieux contes qui ont octroyé à des gens ordinaires une supériorité sur les autres qui doivent de ce fait être dénigrés et même détruits. C’est une caractéristique tribale, la protection du groupe à tous prix, l’alternative étant de se perdre dans la multitude avec qui il faut vivre. Cela pouvait se comprendre dans l’ancien temps mais ce n’est plus possible dans un monde où 192 nations se sont alliées sur la base de l’égalité, du respect et de la dignité humaine.
Pour rester fidèles à leur idéologie, ils doivent refuser l’égalité et l’équité ainsi que la justice et la liberté pour tous. Etant donné le pouvoir qu’ils ont et l’argent qu’ils utilisent pour contrôler le Congrès étasunien, le parlement britannique et des instances comparables au Canada, en Australie, en France et en Allemagne, comme Atzmon le démontre, le fait qu’une petite élite contrôle les politiques internationales est une menace pour la sécurité internationale et pour la paix.
Le Juif du 21ième siècle qu’il est, parcourt le monde, comme Jérémie en son temps, pour annoncer la catastrophe imminente qui se profile derrière le masque de civilité de l’état hébreu. Le monde rencontre cette nation dans les halls de l’ONU par l’intermédiaire de ses représentants impeccablement habillés qui parlent bien et même avec éloquence des droits, de la démocratie, de la justice, de l’auto-défense et du terrorisme qui menace le monde civilisé. Mais derrière le masque de civilité il y a un pays dont les agressifs leaders fascistes ont comme seul but de contrôler les organisations érigées pour apporter la justice et l’équité à tous. Leur objectif est de gagner du temps pour parvenir à leurs fins : la création de Eretz Israël par le nettoyage ethnique continuel du peuple autochtone. Gilad Atzmon, craint qu’ils n’y parviennent et il s’oppose de toutes ses forces aux Sionistes qui soutiennent cette politique. Dans son livre "The Wandering Who" il proclame son propre choix ; nous sommes Un, un en esprit, un dans la compassion, un dans le respect et la dignité de toute l’humanité.
William A. Cook
William A. Cook est professeur d’anglais à l’Université de La Verne au sud de la Californie et auteur de Tracking Deception : Bush Mid-East Policy, The Rape of Palestine, The Chronicles of Nefaria, et The Plight of the Palestinians publié l’année dernière.
Note : "A Virtuoso’s Collection" est la dernière histoire du livre "Mosses from an Old Manse" de Nathaniel Hawthorne. Il a été publié pour la première fois dans le Boston Miscellany of Literature and Fashion, I (Mai 1842). Le conte répertorie un certain nombre de figures historiques et mythiques, des objets, des animaux, des livres, etc. qui font partie de la collection d’un musée. Le narrateur est conduit à travers la collection par le virtuose lui-même qui se révèle être le Juif Errant.
Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2011/09/16/tearing-the-veil-from-israels-civility
Traduction : Dominique Muselet