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Impressions d’un baroudeur en Palestine

Préambule

Nos rencontres multiples avec les résistants et les victimes de l’oppression israélienne,
les visites de quartiers ciblés où de nombreuses familles viennent de se faire expulser de leurs maisons, en particulier à Sheikh Jarrah et Al Silwan qui sont des quartiers de Jérusalem Est, à Al Araqib dans le Neguev ou encore dans la vallée du Jourdain,
notre participation aux manifestations organisées chaque semaine à Hébron et Al Masara contre l’occupation de la Palestine, contre une route ou le mur qui séparent des dizaines de milliers de familles palestiniennes, contre le vol de l’eau des bédouins par les colons israéliens, contre le travail illégal des enfants palestiniens dans les colonies de la vallée du Jourdain, et les nombreuses discussions riches, intenses et bouleversantes de dignité avec tout un chacun, nous conduisent à organiser cet événement le 25 septembre 2010 à Quétigny pour témoigner, informer et mobiliser ici en Cote d’Or.

Quelques propos entendus, vécus et racontés du terrain palestinien

«  On ne gagnera pas si on se bat seulement contre les sionistes ; c’est contre l’impérialisme qu’il faut se battre » nous disent les résistants palestiniens. Le sionisme n’apparait que comme un symptôme de l’impérialisme. Il faut se battre contre le sionisme et contre tous ceux qui le supportent ainsi que le colonialisme et l’occupation de la Palestine qui dure depuis plus de 62 ans.

A Bethléem par exemple, certains résistants sont en lien avec d’autres militants tel que ceux du Chiapas au Mexique. Certains, - lorsque l’État d’Israël leur permet de sortir du pays - participent aux forums sociaux et informent sur la Palestine et sont informés des luttes similaires telles que celles des Paysans sans terre en Amérique du Sud. «  C’est important d’être relié au monde » nous dit l’un d’entre eux. Et il ajoute : «  si tu restes isolé comme ils le voudraient, tu meures ou tu deviens esclave. Le sentiment d’appartenance à un combat plus large permet de supporter les injustices locales ».

Pour lutter contre l’occupation, beaucoup d’entre eux se mettent très souvent en situation dite d’illégalité ; c’est ainsi que paradoxalement ils se sentent encore libre. Il y a quelques mois, l’un d’entre eux a emmené un groupe d’enfants, de jeunes et leurs parents pique niquer dans leur ancien village ou à proximité de leurs anciens villages ; ils sont tous partis en bus la fleur aux dents, le devoir de mémoire faisant partie de la lutte, pour que chacun comprenne bien, chaque enfant, qu’ils avaient un jour un territoire et qu’ils en ont été chassés ; qu’on leur a volé en toute impunité leurs chez eux. Ils ont passé la journée là -bas. Le soir les militaires israéliens sont arrivés, les ont chassés et ont arrêté le leader une énième fois.

«  En prison j’étudie » nous dit-il ; «  je me bats encore plus pour mes droits ; pour nos droits. On s’organise en prison. On s’apprend l’un à l’autre et on lit et on discute de ce qu’on a lu. S’il ne me donne pas à manger et mes cigarettes je frappe à la porte jusqu’à ce qu’ils arrivent. Lorsqu’ils arrivent, ils me frappent ; quand je suis trop mal ils doivent me donner à manger. En prison ils essaient de te casser par les humiliations successives ; ils veulent que tu renonces. La seule façon de résister est d’être plus dur qu’eux. En prison je m’oblige à suivre un programme ; mon programme ! Car le leur consiste à dormir, à accepter une nourriture indécente et à rester sale. Si tu dors, tu renonces à te battre et tu deviens faible. Je fais du sport dans 2 m² ; puis je lis ; ils ne peuvent plus m’empêcher de lire. Ils savent que je suis relié à beaucoup d’internationaux. »

«  Lorsqu’on sort de prison, on est encore plus fort, même si on a perdu 10 kilos. On recommence à lutter ; on raconte à notre famille et à nos amis et on étudie ; on continue le mouvement de résistance. En prison et hors de prison. C’est la même chose ; il y a une continuité ; c’est juste une histoire de dosage entre ce qu’on appelle une prison et les camps où aucun de nos droits sont respectés ni dans l’un ni dans l’autre. Je me sens chaque jour de plus en plus libre dans mes ghettos. A chaque nouveau kilomètre de mur, je gagne un kilomètre de liberté. Ils ont peur ; pas moi. Ils ont peur de moi ; je n’ai pas peur d’eux. »

«  Mes quatre enfants et ma femme sont résistants. On a fait en sorte qu’ils étudient. Les copains internationaux nous apportent des livres, j’en réclame. J’ai reçu un diplôme en travail social en même temps que mon fils. [Il rit !] C’est le chemin qui compte ! » L’important c’est pas le diplôme ; l’important c’est d’étudier, de comprendre comment la Palestine et les palestiniens en sont arrivés là et de faire en sorte de lutter contre l’occupation du pays. Et contre l’occupation de son esprit.

Parfois les gens traitent la Palestine comme une catastrophe naturelle ! Il n’y a rien de naturel dans cette catastrophe ; cette catastrophe, ce sont des hommes qui l’ont voulu et continue de la vouloir. C’est contre ces hommes criminels que je lutte ; ce n’est pas contre des israéliens ou contre des palestiniens. Les criminels n’appartiennent pas à une seule nation. Les criminels viennent de toutes les nations et oppriment dans de nombreuses nations.

Lorsque qu’une jeune française lui demande : «  comment peut-on t’aider ? » .
Il rit encore, franchement, et lui répond : «  aide-toi toi-même dans un premier temps ; d’abord là où tu es, dans ton pays. Si tu te libères de tes chaines fabriquées par le capitalisme et par la propagande, si tu t’émancipes de la marchandisation de ta liberté tu contribueras à la libération de la Palestine... n’achètes pas les produits israéliens ! Parles de BDS, ris, pleures et agis !... »

Il compare la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud avec celle-ci de la Palestine et notamment grâce au boycott. Cela a été une action efficace là -bas et elle commence à être efficace en Palestine. Les noirs sud-africain ne possédaient plus que 13% de leur territoire à la fin de l’apartheid ; nous les palestiniens ne possédons plus que 12% du nôtre... les palestiniens ne croient plus aux négociations ; trop de négociations ont déjà eu lieu qui ont juste contribué à creuser encore plus le tombeau de la Palestine. L’espoir des palestiniens réside dans le boycott et dans la mobilisation des «  résistants » internationaux.

En conclusion : Pourquoi la Palestine est si particulière ?

La situation de la Palestine est un concentré de toutes les violations du droit international ; la situation tragique en Palestine est la conséquence de l’impérialisme ; du néo-libéralisme ; du racisme ; du fascisme ; de la politique de propagande et du nazisme. La Palestine est sur la ligne de front entre l’occident et l’orient ; entre ceux que l’on qualifie de civilisés et les autres de sauvages ; c’est la plus longue guerre du XXème siècle ; c’est le nombre de réfugiés le plus grand au monde ; ce sont des injustices quotidiennes évidentes que beaucoup connaissent aujourd’hui mais dont aucune Institution internationale ne veut s’emparer ou tenter de résoudre.

La Palestine nous révèle également que la liberté est une construction individuelle et collective et n’est pas une sensation innée. La liberté se construit en se cognant aux injustices et à ceux qui emprisonnent.

La Palestine c’est la résistance pour l’existence. Pour exister on doit résister. C’est la résistance au présent ; au quotidien pour ne pas être humilié pour rester digne.

Catoche le 15/08/10

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