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Le Venezuela et l’Argentine peuvent changer le Mercosur.

Par Emilio Guerrero, correspondant de Venezuelanalysis

30 avril 2004


Le nouveau partenariat entre le gouvernement bollivarien du Venezuela et
le gouvernement de l’Argentine a ouvert une voie qui pourrait bien mener à 
redessiner la carte géopolitique de l’Amérique du Sud. Peu importe si
c’est intentionnel de la part de ces Etats, l’important est que ce
processus est amorcé et qu’il affiche déjà quelques résultats positifs.

Le bloc commercial Sud américain "Mercosur" est resté paralysé durant les
dernières années, suite aux crises économiques de ses pays membres.
L’éventuelle incorporaton du Venezuela, et la nécessité d’agir comme bloc
contre les Etats-unis dans le contexte de l’initiative ALCA (Zone de libre
échange des Amériques) pourrait renverse la tendance.

Les éléments clés de cette nouvelle carte géopolitique dessinée par le
Venezuela et l’Argentine s’appellent essence, kérosène, pétrole et
technique satellitaire, produits agicoles, médicaments, co-investissements
et accessoires pour l’entreprise PDVSA (l’entreprise pétrolière nationale
du Venezuela).

D’un point de vue "business", ces transactions représentent plusieurs
millards de dollars pour les prochaines 5 années. Elles débutent par la
livraison de 9 millions de barrils au cours des 5 prochains mois (de Mai à 
octobre 2004), envoyés par le Venezuela à l’Argentine. Cependant, le but
est de transformer complètement l’échelle des échanges entre les deux
pays, qui était modeste jusqu’à présent puisqu’elle ne dépassait pas 1% du
PNB de l’Argentine, et était inférieur à 0,5% du PNB du Venezuela. En
2004, on s’attend à ce que le montant du commerce entre les deux pays
tourne autour de 500 millions de dollars.

96 des 142 produits commandés par le Venezuela à l’Argentine ont une forte
valeur ajoutée, car il s’agit de produits destinés à l’entreprise PDVSA.

Mais les frontières de cette nouvelle carte ne vont vraisemblablement pas
être dessinées par les seuls agents commerciaux, comme le souhaiteraient
bien des opérateurs boursiers. Les dynamiques vont dépendre de la
légitimité qu’elles pourront trouver auprès des peuples de ces deux pays,
et, d’autre part, du degré d’intégration atteint par le Mercosur, ou ce
qui en reste. Dans les deux cas, le dernier mot n’est pas dit. Ce qui est
clair actuellement c’est que l’on s’engage dans une transformation
radicale qui va à l’encontre des souhaits des opérateurs du marché.

Un rapprochement inattendu.

Cette possible transformation de la carte de la sous-région est issue de
deux événements qui ont fortement mis en danger les deux pays. La crise
énergétique de l’Argentine, en Janvier 2004, considérée par les experts
comme la plus grave depuis 1929, parce qu’elle a menacé de détruire ce qui
reste de l’infrastructure de production et de services construite durant
cette période.

Au Venezuela, ce fut un événement accidentel. La campagne de sabotage et
de destruction extrêmement efficace menée contre son industrie pétrolière
a ouvert la voie à la renationalisation de l’entreprise pétrolière
nationale PVDSA, ce qui n’était vraiment pas prévisible. Ce paradoxe a eu
lieu entre décembre 2002 et janvier 2003, et n’est comparable qu’au blocus
de 1902, au cours duquel les allemands ont bombardé le port vénézuélien de
"La Guaira" dans une tentative de forcer le gouvernement du général
Cipriano Castro à payer ses dettes. En 2003, le Venezuela a perdu environ
7 millards de dollars en opération commerciales directes concernant les
mois de mars et avril 2003. Mais PDVSA a rapidement recupéré son activité,
grâce à la mobilisation populaire, et ses bénéfices ont à nouveau été mis
au service du gouvernement, ses programmes sociaux et ses relations
internationales.

Cette combinaison d’évenements exceptionnels, qui n’avaient été prévus ni
par le Venezuela de Chavez, ni par l’Argentine de Kischner, explique le
partenariat inattendu entre ces deux pays.

Il s’agit d’une nouvelle dynamique qui peut mener à un développement
important à moyen terme et qui peut changer la carte des relations
sous-régionales dans tous les domaines.

Il faudrait pour cela que la situation internationale reste telle qu’elle
est : le gouvernement américain enlisé en Irak et en Afghanistan, l’ALCA
embourbé, et le prix du pétrole au-dessus des 30 dollars ; ainsi que bien
entendu, une relative stabilité des deux gouvernements.

Ce n’est donc pas un hazard que l’on puisse observer de grands mouvements
de lobbys autour des ministères et groupes de pouvoir en Argentine, ou
Brésil, au Chili, en Bolivie, en Uruguay et au Paraguay ? Ils cherchent à 
bloquer, à ralentir et affaibilir l’intégration du Venezeula avec le
Mercosur, qui semble bien avoir déjà commencé.

***

- Traduction : Paul-E. Dupret pour le Collectif Venezuela-13 avril, Bruxelles.

***

- L’ALENA = accord sur le libre-échange et les investissements entre le Canada, les USA et le Mexique.

MERCOSUR = marché commun regroupant les pays du cône Sud, soit le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay.

Pour en savoir plus, lire : ALCA
ZLEA, MERCOSUR Quelques explications sur le projet néo-colonial US en Amérique .

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