RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Si les Catalans peuvent imaginer la vie sans Madrid, les Américains peuvent l’imaginer sans Washington (Intrepid Report)

Les Catalans veulent à nouveau rompre avec l’Espagne et la sécession fait aussi le buzz en Flandres, en Ecosse, au Texas et au Vermont. Avec l’effondrement de l’économie mondiale les peuples commencent un peu partout à en avoir marre d’être dirigés par de lointains bureaucrates et banquiers acharnés à détruire leurs moyens locaux de subsistance. Les salaires dégringolent, les emplois se font rares et des pays entiers sont en faillite grâce aux fraudes bancaires autorisées par les gouvernements, dans un processus facilité par une centralisation croissante et par l’enchevêtrement des finances nationales.

Le cartel bancaire privé est responsable des dettes publiques et privées, de l’esclavage de la dette et de l’inflation et, grâce à la monnaie unique, il peut facilement vous arnaquer au delà des frontières. Une nation ne contrôle son destin que si elle contrôle fermement sa monnaie, comme la Chine, par exemple, qui a souvent été montrée du doigt à cause de ça, mais toutes les monnaies-fiat sont manipulées, et la nôtre, à nous Etasuniens, est particulièrement maudite avec notre Réserve Fédérale qui n’agit pas dans notre intérêt. Tant que nous n’aurons pas réussi à démanteler ce cartel bancaire et à enfermer les honchos qui sont à sa tête dans de profonds cachots, beaucoup de gens chercheront à échapper, du mieux qu’ils peuvent, aux mains qui les étranglent.

Obligés de faire les poubelles, d’abandonner leurs enfants ou de sauter par la fenêtre, des millions d’Européens commencent à rendre les coups. Regardons les bien, Américains, parce qu’ils ont certainement quelque chose à nous apprendre.

En Espagne, les manifestations des Indignados qui ont installé des tentes dans les espaces publics ont précédé notre mouvement Occupy de plusieurs mois mais les Espagnols ne se sont pas arrêtés là . Ils ont déclenché une grève générale et maintenant de nombreux Catalans essaient de rompre avec leur gouvernement central qui est aux mains des banquiers, un gouvernement qui a été mis à mal par ces mêmes transnationalistes.

Les ambitions impériales et coloniales portent souvent un masque transnational. Rappelez-vous la sphère de coprospérité de la grande Asie orientale du Japon, l’absorption et la domination de nombreux pays par la Russie communiste, et la manière dont l’OTAN et l’Union Européenne se mettent au service des intérêts Nord-Américains. Par ailleurs les Etats-Unis parlent souvent du "Monde libre" pour justifier une guerre de plus, comme celles de Libye et de Syrie par exemple. Attention au chant des sirènes supranationales sur la paix mutuelle, la sécurité et la prospérité car il cache souvent une réalité sordide. "Imaginez un monde sans nations" fredonnent-elles "Un seul monde, un monde sans frontières" avant d’entonner, beaucoup plus bas, le refrain : "Un monde sans possessions". L’Europe est née sur la base de ces promesses, et presque tous les pays sont en faillite. Imaginez-vous !

De même que les catalans rêvent de vivre sans Madrid, les Américains peuvent aussi rêver de vivre sans Washington. Seigneur, rien qu’à l’idée je me sens déjà plus léger, plus jeune, plus grand. Avec un visa, on pourra continuer à y aller en touriste et après avoir subi les contrôles musclés et intrusifs de TSA à l’aéroport Reagan, on ira admirer l’écorce carbonisée de la Réserve Fédérale, puis on se rendra au Smithsonian Institute pour voir le costume "Mission accomplie" de Bush, le panorama d’un rallye de Glenn Beck, et bien sûr un hologramme de Sarah Palin. A la Maison Blanche des visiteurs pensifs pourront toucher la célèbre robe de Monica Lewinsky, pas lavée depuis 50 ans. On pourra acheter des souvenirs à l’effigie d’Obama made in China dans un kiosque mais hélas les statues de Jefferson, Lincoln et King auront été envoyées dans des parcs de loisirs chinois pour rembourser nos dettes.

Mais pour le moment, Washington DC regorge des richesses entassées grâce à toutes sortes de pillage, soit au grand jour, soit sous la table, et son taux officiel d’homicide a chuté. La plupart des petits voyous ont été chassés des arcanes du pouvoir pour faire place nette aux bandits de haut vol en costume trois pièces. Le vrai taux de meurtres reste élevé étant donné que les décisions prises ici ont le pouvoir de pulvériser des quartiers entiers dans le reste du monde. On ne veut plus de Washington !

Autrefois les Banskters complotaient et s’agitaient en coulisse, mais aujourd’hui ils occupent le devant de la scène avec des spéculateurs qui dirigent l’Italie et la Grèce et le ministre de l’Economie espagnol qui vient de chez Lehman Brothers. le Trésor étasunien est aussi devenu une annexe de Goldman Sachs mais cela ne trouble pas les Etasuniens qui sont trop occupés à jouer des coudes et à se bousculer dans les magasins, ou qui sont hypnotisés par un ballon de cuir qui va et vient sur un écran géant.

Les Etasuniens qui vivent comme des rois à crédit, sont reconnaissants envers leurs banquiers et ils votent pour un criminel de guerre corrompu après l’autre ; ils sont heureux de croire aux slogans et aux promesses de leur président, alors même que leur pays est en train d’imploser par sa propre faute. La plupart d’entre eux ne comprendront rien à ce qui se passe jusqu’au jour où il ils se retrouveront couchés en boule dans une tente ou seront extradés extrajudiciairement au Kazakhstan par exemple.

En Egypte, les gens sont sortis dans la rue et se sont même accrochés avec la police dès que Morsi s’est arrogé des pouvoirs dictatoriaux, mais ici, tout le monde est passif et docile, tout le monde ronronne alors même qu’Obama s’est donné le droit d’arrêter et de tuer n’importe qui, sans procès et sans charges ; l’idée d’être empêché de prendre l’avion sans explication et sans recours ne dérange apparemment pas les Américains.

Bien que nous n’ayons pas de dictateur au sens classique du terme, nous avons un pouvoir exécutif dictatorial qui a étendu ses pouvoirs sans contrôle, avec la complicité du Congrès, des médias et de nos intellectuels, inutiles pour la plupart. Lors de la dernière élection, nos principaux "dissidents", Chomsky, Ellsberg, Solnit, etc., ont soutenu notre pharaon actuel. Comme des millions de personnes, Michael Moore a aussi été hypnotisé par les gesticulations d’Obama : "A votre première conférence post électorale mercredi, vous étiez en feu. La manière dont vous avez attaqué, dans le style "Taxi Driver’, McCain et compagnie ("C’est à moi que vous parlez ?’) a été si brillante et impressionnante que j’ai réécouté l’enregistrement une douzaine de fois juste pour le plaisir."

Quand un de nos plus célèbres iconoclastes se pâme comme un adolescent sous l’effet de la drogue devant une performance médiatique, ça veut dire qu’on a un sérieux problème, alors, peuple des Etats-Unis, tourne tes yeux vers l’Egypte et la Catalogne pour voir comment les gens ordinaires se défendent !

Linh Dinh

Linh Dinh a écrit deux livres de nouvelles, cinq de poésie, et un roman, Love Like Hate. Il documente la dégradation de la société dans son photo blog, State of the Union.

Pour consulter l’original : http://www.intrepidreport.com/archives/8248

Traduction : Dominique Muselet

URL de cet article 18576
  

Même Thème
Hillary Clinton, la « Reine du Chaos »
Diana JOHNSTONE
1. Dans votre dernier livre, vous appelez Hillary Clinton la « Reine du Chaos. » Pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez choisi ce sobriquet péjoratif pour décrire Hillary ? En un mot, la Libye. Hillary Clinton était si fière de son rôle majeur dans le déclenchement de la guerre contre la Libye qu’elle et ses conseillers avaient initialement prévu de l’utiliser comme base d’une « doctrine Clinton », ce qui signifie une stratégie de changement de régime façon « smart power » , comme un slogan de la (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Si j’étais un milliardaire ou un agent du renseignement, je voudrais probablement perturber la gauche au point de faire croire que quelqu’un de "gauche" est celui qui ne conteste jamais l’impérialisme US, ou qui soutient activement l’impérialisme US pour "contrebalancer les oligarques étrangers".

Primo Radical

Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.