RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

De quoi Google est-il le nom ?

Nous devrions nous y faire : l’emprise de Google s’accroît chaque jour davantage et il serait illusoire de vouloir y résister. La firme, omniprésente dans l’univers de nos cyber-activités, recouvre nos vies d’une prétendue bienveillance. Ce serait au nom de l’émergence d’un monde plus sûr que Google, en compagnie de huit autres sociétés privées américaines, participe activement au système Prism mis en place par la NSA pour surveiller tous les recoins de « la toile ». La volonté arachnéenne veille sur nous ; allons en paix ! Cependant, non contente d’apaiser notre inquiétude à propos de la dangerosité du monde, inquiétude par ailleurs savamment entretenue par les maîtres de la « médiasphère », Google se veut un agent puissant de la Culture universelle.

Notre paix intérieure devrait ainsi se doubler de la satisfaction d’apprendre que le monde des œuvres littéraire et artistiques va nous appartenir enfin tout entier sans que nous n’ayons plus à bouger physiquement. Pourtant, du rêve grandiose de la virtualité heureuse au cauchemar de son emprise exorbitante sur nos existences réelles il n’y a peut-être qu’un pas.

Tout est désormais numérisable, à des niveaux de qualité saisissants. Les moyens matériels permettant d’acheminer, de voir et d’archiver les images numériques ont eux-mêmes suivi ce fascinant mouvement. Il fallait donc s’attendre à ce qu’une « entreprise globale » s’attaque à la prouesse de mettre en images les œuvres d’art que renferment tous les musées du Monde.

Certains avaient osé en rêver, Google va oser le faire. Après la mise en octets de millions de livres détenus par les grandes bibliothèques voici venu le tour des multiples chefs d’œuvres de la peinture ou de la sculpture dispersés aux quatre coins de la planète. Toutes les collections pourraient ainsi être demain offertes à notre satiété. Ce dernier mot convient tellement bien au dernier avatar du dévorant consommationnisme : nous allons bientôt satisfaire notre boulimie d’œuvres des grands maîtres, bouffer de l’art au kilomètre sans sortir de chez soi, contourner les autres kilomètres de queue des grandes expos où l’on défile en rangs serrés sans pouvoir vraiment stationner devant un tableau pour l’admirer sereinement. La culture à portée du moindre clic !

Nous ne sortons pas du règne de la marchandise, nous le renforçons en l’étendant définitivement au monde de l’art. Bien sûr il y a une tromperie dont les vrais amateurs d’art ne seront jamais dupes : faire prendre des représentations numériques des œuvres, fussent-elles de grande qualité technique et esthétique, pour les œuvres elles-mêmes.

Une image de synthèse ne parviendra jamais à restituer l’émotion que le peintre a immortalisé dans sa toile par son travail qui était autre chose qu’une banale affaire de techniques d’exécution. Rien ne remplacera donc la contemplation de l’œuvre proprement dite et c’est heureux.

Comme nombre de grands artistes, Salvador Dali fut visionnaire ou à tout le moins en avance sur son temps. En découvrant l’anagramme prémonitoire de son propre nom, Avida Dollars, il n’imaginait peut-être pas cependant jusqu’où irait la vulgarisation du génie pictural. L’alliance du Marché et de la Technique propulse la vulgate au-delà des frontières que les espérances les plus folles n’imaginaient pas pouvoir transgresser un jour. Si l’art rime certes depuis longtemps avec dollar, il n’a que peu à voir avec un tel bazar et le Catalan loufoque, dans une transgression iconoclaste, s’en serait régaler à l’envi.

L’art est décidément ailleurs que sur les disques durs de nos machines, ailleurs car toujours subversif, ce que Google ne sera jamais. Google ne fait rien d’autre qu’épouser son temps, y compris en favorisant la politique sécuritaire mondiale des États-Unis. Elle fait du fric avec la subversion artistique d’hier devenue académique depuis. Subvertir l’ordre dominant des choses consisterait aujourd’hui à encourager les artistes qui, partout où sévit l’oppression, tente de repousser par leur création les assauts de la barbarie.

Au Mali, en Côte d’Ivoire, en Syrie, en Afghanistan ou ailleurs – et au sein même du « monde civilisé » - des artistes survivent loin des marchands et des musées à tours operators. C’est de leurs œuvres que nos yeux et notre esprit devraient être avides. Hélas ! le conformisme triomphe toujours.

Yann Fiévet

Les Zindignés /La vie est à nous - No 5 –janvier 2014

URL de cet article 23847
  

RÉSISTANCES AU TRAVAIL
Stephen BOUQUIN
Stephen Bouquin (coordination) Louis-Marie Barnier, José Calderón, Pascal Depoorter, Isabelle Farcy, Djordje Kuzmanovic, Emmanuelle Lada, Thomas Rothé, Mélanie Roussel, Bruno Scacciatelli, Paul Stewart Rares sont les romans, même de science-fiction, fondés sur l’invraisemblance. Il en est de même avec les enquêtes en sciences sociales. Il existe néanmoins des vraisemblances négligées. Les résistances au travail en font partie. Le management contemporain a beau exalter l’individualisme, il exige en (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Avec une bonne dose de peur et de violence, et beaucoup d’argent pour les projets, je pense que nous arriverons à convaincre ces gens que nous sommes là pour les aider."

Un commandant a expliqué la logique derrière les mesures extrêmement répressives
(prises par les forces d’occupation pour faire régner l’ordre en Irak)
[New York Times, Dec. 7, 2003]

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.