Maxime
Ote-moi d’un doute. Le film dont tu parles, je suppose qu’il s’agit de Conducta. J’avoue que je n’oserai jamais solliciter à ce point une traduction pour lui faire dire plus que ne dit l’original. "Conducta" parce que le thème essentiel de la trame est si l’institutrice parviendra à empêcher des fonctionnaires technocrates d’envoyer le gosse, son élève, dans une école pour enfants ayant des problèmes de "conduite"... En faire quasiment, selon le titre français, un portrait de l’enfance cubaine, c’est aller un peu fort ! Le film, soit dit en passant, est passé au moins deux fois à la TV.
Par ailleurs, autre approche qui situe le contexte : les programmateurs de la TV ont dû faire passer à une heure tardive, et à raison de trois chapitres chaque fois pour en finir plus vite, la dernière "telenovela" cubaine (elle était à l’heure de grande écoute) à la suite de nombreuses protestations d’auditeurs : on n’y voit que des méchants, des laids, des salauds, des délinquants... un peu un "Conducta" élevé à la nième puissance, Si les Cubains sont d’accord pour que l’art reflète leur réalité, ils estiment qu’il existe des limites à ce qui finit par devenir en fin de compte et à la longue une tentative de dénigrement. Et les créateurs, dernièrement, ont cette tendance. Là-dessus, ton amie cubaine a raison : un certain nombre crée en fonction des intérêts qu’ils supposent exister chez un public étranger... D’où l’invasion du "sordide", dont l’un des hérauts et précurseurs est, dans le domaine romanesque, le fameux Gutiérrez avec sa trilogie sale sur La Havane.