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Incendie de Moria : comment l’AFP nous manipule

[DÉSINTOX] Suite à l’incendie mortel dans le camp de Moria en Grèce, la palme de la langue de bois revient une fois de plus à l’Agence France Presse.

Il n’y a rien de pire que d’instrumentaliser des circonstances atroces pour rendre l’avenir des victimes encore plus horrible.

Il n’y a rien de pire, après l’incendie de Moria, que de justifier, au prétexte d’un motif imaginaire, le renvoi d’une partie des victimes vers la Turquie, c’est-à-dire vers un danger encore plus grand.

C’est pourtant ce que fait l’Agence France Presse, relayée ici par La Croix comme par beaucoup d’autres médias mainstream, en faisant de la quantité de migrants qui arrivent en Grèce la cause principale du drame et, par conséquent, la base de sa solution.

En réalité – nous le savons bien – l’horreur vécue par nos sœurs et frères humains est le produit d’une politique européenne odieuse. Ce drame est le produit d’un choix délibéré. Et s’il n’y a pas des morts tous les jours à Moria, le drame est en réalité quotidien du fait des conditions de vie, de l’angoisse et de l’humiliation subie.

Tout d’abord l’AFP évoque un « INCENDIE MEURTRIER », formule reprise dans la plupart des médias du pouvoir (dont Le Monde). Quel est donc le présupposé pour le lecteur ? C’est que l’incendie a un auteur, qu’il est le produit d’un acte isolé malveillant et non pas de conditions de vie qui ont logiquement provoqué l’accident. Hors, nous le savons parfaitement, c’est précisément un court-circuit qui a causé l’incendie. Donc il ne s’agit pas d’un incendie meurtrier, mais d’un incendie mortel. Il ne s’agit pas de « vengeance entre des migrants » comme sont allés jusqu’à l’interpréter certains commentateurs ignobles, mais d’une catastrophe directement due aux conditions de vie dans ce camp. Par contre, les décideurs qui entassent des gens dans des camps comme cela sont clairement des meurtriers, là oui. Car ils sont responsables de la souffrance des personnes, adultes et enfants, dont ils volent la vie à tous les sens du terme. Par contre, parler d’incendie meurtrier, c’est écrire le contraire, c’est désigner un responsable imaginaire parmi les victimes pour dégager la responsabilité des vrais criminels : ceux qui sont au pouvoir.

Ensuite, faire un raccourci entre l’incendie et les « ÉMEUTES », sans parler de ce qui a causé directement ces émeutes est particulièrement malhonnête. Dès le début de l’incendie, pendant que des dizaines de migrants allaient au secours des victimes, d’autres essayaient de s’échapper pour se protéger, souvent avec leurs enfants. Devant ce mouvement de foule et la crainte de voir fuir des gens qu’ils considèrent comme des prisonniers, les flics ont tiré des grenades lacrymogènes sur des personnes déjà en état de panique, asphyxiant doublement ces adultes et ces enfants en danger. Ce qu’a fait la police est ignoble. La réaction des émeutiers a été parfaitement logique. Mais cela n’est pas compréhensible si on lit le communiqué de l’AFP qui tronque l’information de ce qui lui donne du sens. Une fois de plus, les médias du pouvoir inversent les rôles entre agresseurs et agressés, au service de ceux qui remplissent leur gamelle.

Pire encore, l’Agence France Presse ose la métaphore la plus cynique qui soit. Alors que les exilés du camp de Moria ont été doublement asphyxiés par la fumée de l’incendie qui a atteint une dizaine de containers, puis par les gaz lacrymogènes tirés par la police, l’AFP retourne le problème en présentant le camp de Moria comme «  ASPHYXIÉ PAR L’ARRIVÉE CONSTANTE DE NOUVEAUX EXILÉS ». Là encore, nous avons droit à un retournement sémantique de la pire espèce. Et cynique qui plus est. Dire que les migrants sont asphyxiés par leur nombre, c’est-à-dire par eux-mêmes, c’est à la fois les désigner comme uniques responsables de ce qui leur arrive et justifier la suite de la phrase qui propose de « renvoyer 10 000 d’entre eux en Turquie » d’ici un an.

Non seulement l’AFP retourne habilement et complètement la responsabilité du drame dans le choix de ses mots et la construction de ses phrases, mais elle pousse également le lecteur en faveur de la « solution » choisie par le pouvoir : le renvoi des migrants vers la Turquie, c’est-à-dire vers un danger encore plus grand.

Dans le même temps, l’AFP ne parle pas du durcissement du séjour des demandeurs d’asile :

– plus aucune possibilité de faire appel ;
– obligation d’obéir à une domiciliation imposée (le plus souvent dans un camp) ;
– création de nouveaux camps, pires encore (désormais tous fermés et sur le continent) ;
– surveillance renforcée des agissements politiques des migrants qui luttent avec nous.

Comme les autres agences de presse au service du pouvoir, l’AFP collabore à l’évolution odieuse de l’accueil des migrants en Europe et à la fabrique de l’opinion nécessaire à son acceptation.

Une Europe dans laquelle la Grèce est, une fois de plus, le laboratoire du pire. Les vieux fantômes du continent reviennent jour après jour, mois après mois, et ne sont pas seulement le fait de l’extrême-droite et de la droite. Macron soutien complètement Mitsotakis, comme il l’a rappelé récemment. Ils sont même devenus très proches. Et la collaboration Mitsotakis-Erdogan, scellée à New York il y a une semaine, va faire également très mal.

Le pouvoir est un monstre. Le pouvoir est un voleur de vies. Mais pour cela, il a besoin d’un allié fidèle et indispensable : le voleur de conscience – de conscience critique et politique – qu’est le bloc médiatique à son service.

Les médias du pouvoir font partie du problème. Il font partie intégrante du pouvoir et de ses moyens de nous dominer et de nous exploiter.

Boycottons-les, critiquons-les, refusons-les dans nos luttes.

Soutien aux automédias, à l’information horizontale et aux documentaires authentiquement indépendants.

»» http://blogyy.net/2019/10/01/incendie-de-moria-comment-lafp-nous-manipule/
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