RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
77 

Mort imminente de l’école. On ne peut plus attendre pour agir

Les unes après les autres, les enquê­tes sta­tis­ti­ques sur le niveau des élèves fran­çais confir­ment l’effroya­ble dégra­da­tion de l’ins­truc­tion dans notre pays. Que l’on com­pare les élèves fran­çais d’aujourd’hui à ceux d’hier (comme la der­nière enquête sur l’ortho­gra­phe en CM2) ou qu’on les com­pare aux élèves d’autres pays, comme dans les sta­tis­ti­ques PISA, par exem­ple, tous les chif­fres vont dans le même sens.

Les consé­quen­ces en sont connues : la majo­rité des étudiants dans l’ensei­gne­ment supé­rieur sont inca­pa­bles d’écrire dans un fran­çais cor­rect. Même dans le sanc­tuaire de l’ensei­gne­ment qu’est l’École nor­male supé­rieure, on voit se mul­ti­plier les fautes de gram­maire, de syn­taxe et sim­ple­ment de voca­bu­laire. Le niveau en mathé­ma­ti­ques ne vaut pas mieux. Les pro­fes­seurs des clas­ses pré­pa­ra­toi­res qui le savent ont dû sérieu­se­ment revoir à la baisse leurs ambi­tions, ce qui se réper­cute sur les écoles d’ingé­nieurs.

Cette situa­tion cala­mi­teuse résulte de la conjonc­tion de très nom­breu­ses causes qui toutes vont dans le même sens. La pre­mière de ces causes est une orien­ta­tion poli­ti­que déjà ancienne, mais rare­ment avouée, camou­flée sous les expres­sions trom­peu­ses d’école de la réus­site et d’économie de la connais­sance et autres calem­bre­dai­nes de la même farine. On a décidé de par­quer les jeunes dans des études lon­gues dont on sait par ailleurs qu’elles sont par­fai­te­ment inu­ti­les. Les rap­ports de l’OCDE de la fin des années 1990 le disaient déjà. Dans le Manifeste de la Sociale, publié en 2016, nous écrivions :

Les réfor­mes suc­ces­si­ves qui ont été impo­sées à l’école, au col­lège pour arri­ver au lycée, les réfor­mes de l’ensei­gne­ment supé­rieur vont à l’opposé des objec­tifs que nous déga­geons ici. Un grand net­toyage s’impose qui remette en cause tous les effets nocifs de ces réfor­mes suc­ces­si­ves. Toutes s’ins­cri­vent en effet dans la tra­jec­toire indi­quée par l’OCDE à la fin des années 90 et au début des années 2000, ou encore par l’Union euro­péenne ou la Commission : modi­fier l’école et l’ensei­gne­ment pour le plus grand nombre des­tiné à des « petits bou­lots » (que les experts de l’OCDE sur la base d’un rap­port issu des USA lis­tent sans ver­go­gne, « ven­deurs », « gar­dien­nage », « agents d’entre­tien », « assis­tants sani­tai­res », « conduc­teurs de camions », « rem­plis­seurs de dis­tri­bu­teurs de bois­sons ou d’ali­ments »), prôner « l’adap­ta­tion au marché de l’emploi et à sa pré­ca­rité », pro­mou­voir « la for­ma­tion sur le tas » ou encore « l’adap­ta­bi­lité de la main-d’œuvre », faire ainsi des économies sub­stan­tiel­les et déve­lop­per les com­pé­ten­ces du petit nombre (notam­ment dans des for­ma­tions pri­vées) qui sera chargé d’enca­drer et de faire mar­cher au pas les plus nom­breux ! Cela est aussi écrit clai­re­ment dans Centre de déve­lop­pe­ment de l’OCDE — cahier de poli­ti­que économique n° 13-1996 :

« Si l’on dimi­nue les dépen­ses de fonc­tion­ne­ment, il faut veiller à ne pas dimi­nuer la quan­tité de ser­vice, quitte à ce que la qua­lité baisse. On peut réduire, par exem­ple, les cré­dits de fonc­tion­ne­ment aux écoles ou aux uni­ver­si­tés, mais il serait dan­ge­reux de res­trein­dre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les famil­les réa­gi­ront vio­lem­ment à un refus d’ins­crip­tion de leurs enfants, mais non à une baisse gra­duelle de la qua­lité de l’ensei­gne­ment. »

Ce pro­gramme se réa­lise gra­duel­le­ment à tra­vers toutes les réfor­mes de l’éducation. »

Rien ne s’est arrangé au cours des six der­niè­res années. Bien au contraire. De Blanquer en N’Diaye, des dis­cours idéo­lo­gi­que­ment dif­fé­rents condui­sent aux mêmes résul­tats. Toujours pire ! Ce qui s’est ajouté au cons­tat que l’on pou­vait faire voici quel­ques années, c’est la péné­tra­tion de l’idéo­lo­gie « woke » et l’inva­sion dès l’école pri­maire du dis­cours pro-trans.

Il y a là une affaire d’une extrême impor­tance puisqu’il s’agit de rien moins que l’avenir de la nation. On devrait voir les prin­ci­paux partis poli­ti­que s’en saisir. Mais il n’en est rien. De LFI aux LR, tous ont par­ti­cipé, lors que leur pas­sage « aux affai­res » à cette entre­prise de démo­li­tion de l’école et tous par­ti­ci­pent peu ou prou de l’idéo­lo­gie délé­tère qui ins­pire les « réfor­mes » qui se suc­cè­dent à un rythme infer­nal. Voici donc quel­ques pro­po­si­tions pour res­tau­rer l’école.

1. Avoir le cou­rage de regar­der la réa­lité en face. Pas un jour qui n’apporte de nou­vel­les preu­ves de cette dégra­da­tion. Donc le dire, le redire, sonner le tocsin sans relâ­che !

2. Quand on s’est trompé de voie, il est sou­vent bon de faire marche arrière pour en emprun­ter une autre. Toutes les réfor­mes depuis 1968 (pour fixer les idées) ont été de mau­vai­ses réfor­mes. Y com­pris le fameux col­lège unique de M. Haby et la loi Jospin de 1989.

3. Il faut bâtir une école de l’exi­gence pour tous ! Définir les prio­ri­tés : lire et écrire. L’ensei­gne­ment de l’his­toire par exem­ple est une bonne occa­sion de lire (pas seu­le­ment regar­der des images !) et d’écrire (la leçon que le maître dicte, par exem­ple). Les mathé­ma­ti­ques sont aussi une occa­sion de faire du fran­çais (voir les livres déjà anciens de Stella Baruk). Etc. Revaloriser aussi la mémo­ri­sa­tion : réci­ta­tion, règles de gram­maire, etc. L’école n’a qu’une tâche : ins­truire, en trans­met­tant des savoirs objec­tifs, en trans­met­tant les règles de la gram­maire ou des mathé­ma­ti­ques.

4. Cesser de faire des maî­tres des pro­fes­seurs de morale « bien­veillante », de phobie des pho­bies ; de théo­rie du genre et d’accueil des trans, des petits ani­maux et des robots. La morale à l’école est rudi­men­taire : hon­nê­teté, rigueur, tra­vail, res­pect. Le reste, ça regarde les parents. Nettoyer les pro­gram­mes de toutes les pré­ten­dues heures d’éveil à ceci ou cela pour en reve­nir aux fon­da­men­taux : la langue mater­nelle, celle de la répu­bli­que, et des lan­gues étrangères à partir du col­lège, les mathé­ma­ti­ques, l’his­toire, la géo­gra­phie (for­cé­ment rudi­men­taire à l’école élémentaire) et les « scien­ces natu­rel­les (avant de saou­ler les élèves avec la défense de l’envi­ron­ne­ment, appren­dre à reconnaî­tre les choses de la nature).

5. Pour que tout cela marche, il faut chan­ger un cer­tain nombre de mau­vai­ses habi­tu­des : virer les gad­gets (tablet­tes, cal­cu­let­tes, etc.) de l’école. Tant pis pour les mar­chands de quin­caille­rie. Rétablir la dis­tance élèves/maî­tres. La maî­tresse s’appelle « madame » ou « maî­tresse » mais pas « Carole » ou « Léa » comme la copine. On vou­voie les maî­tres. Il fau­drait aussi, sinon un uni­forme, du moins un code ves­ti­men­taire, même si c’est sur­tout à partir du col­lège que les pro­blè­mes se posent : pas de ventre à l’air, pas de jeans dépe­naillés et fort coû­teux cepen­dant, pas de tennis (sauf pour sport), pas de sur­vê­te­ment (sauf pour le sport, l’hiver), pas de cla­quet­tes ou de tongs (on n’est pas à la plage)...

Un mot d’ordre : res­tau­ra­tion de l’école de la répu­bli­que. 

Si on ne veut pas de tout cela parce que ce n’est pas « cool », alors il ne faudra pas se plain­dre. Dieu se rit des hommes qui déplo­rent les effets dont ils ché­ris­sent les causes, disait à peu près Bossuet.

Denis COLLIN

Un texte repris du blog d’El Diablo.

»» http://www.communcommune.com/2022/12/mort-imminente-de-l-ecole.on-ne-p...
URL de cet article 38422
  

L’Eglise et l’école, de Marceau Pivert
La laïcité séduit au XIXe siècle une bourgeoisie soucieuse de progrès et d’efficacité. Les socialistes en font également leur cheval de bataille. La séparation de l’Église et de l’École puis de l’Église et de l’État en 1905 en est le symbole, mais ce fragile compromis est bientôt remis en cause. Face à une contestation grandissante, la bourgeoisie et l’Église s’allient pour maintenir l’ordre social, politique et moral. Depuis les années 1920, leur offensive conjointe reprend une à une les conquêtes laïques. La (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le gant de velours du marché ne marchera jamais sans une main de fer derrière - McDonald ne peut prospérer sans McDonnell Douglas, le fabricant (de l’avion de guerre) F15.

Thomas L. Friedman "A Manifesto for a fast World"
New York Times Magazine, 28 Mars, 1999

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.