RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Depuis les Croisades, la diabolisation est la règle.








L’aut’journal, février 2007.


Il n’y a pas de « guerre sainte » sans l’aval des religions.

A travers l’histoire, les « guerres de religions » ont servi à cacher les intérêts économiques et stratégiques derrière la conquête et l’invasion des terres étrangères. Les « guerres de religions » ont été livrées constamment en vue de garder le contrôle des routes marchandes et des ressources naturelles.

Les croisades s’étendant du XIe au XIVe siècle sont souvent présentées par les historiens comme une succession ininterrompue d’expéditions militaro-religieuses faites par des chrétiens européens dans l’espoir de reprendre la Terre Sainte aux Turcs infidèles. Cependant, l’objectif des croisades avait peu à voir avec la religion. Les croisades correspondaient en grande partie à des actions militaires contre l’autorité des sociétés marchandes musulmanes qui dominaient les routes commerciales de l’Orient.

La doctrine de la « guerre juste » légitimait les croisades. La guerre se faisait avec l’appui de l’Église catholique, agissant comme un instrument de propagande et d’endoctrinement religieux, servant dans l’ensemble de l’Europe au recrutement de milliers de paysans, de serfs et de vagabonds.

Aux yeux de l’opinion publique, une « cause juste » est cruciale pour faire la guerre. Une guerre sera juste si elle est faite pour des raisons morales, religieuses ou éthiques.

La croisade américaine en Asie centrale et au Moyen-Orient ne fait pas exception. La « guerre contre le terrorisme » prétend défendre la patrie américaine et protéger le « monde civilisé ». Elle est soutenue comme une « guerre de religions », un « choc de civilisations », alors qu’en fait l’objectif principal de cette guerre est de sécuriser la propriété des grandes corporations sur les vastes richesses pétrolières de la région, tout en imposant la domination du FMI et de la Banque mondiale.

La théorie de la guerre juste justifie la guerre comme « opération humanitaire ». Elle sert à camoufler les vrais objectifs de l’opération militaire, tout en fournissant une image morale et des principes aux envahisseurs. Dans sa version contemporaine, elle appelle l’intervention militaire pour des raisons éthiques et morales contre des « États voyous » et des « terroristes islamiques », qui menacent la patrie.

L’argument de la « cause juste » est essentiel pour justifier l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak par l’administration Bush.

Enseignée dans les académies militaires étatsuniennes, une version contemporaine de la théorie de la « guerre juste » a été intégrée dans la doctrine militaire des États-Unis. La « guerre contre le terrorisme » et la notion de « guerre préventive » sont basés sur le droit à « l’autodéfense. » Ils définissent « quand il est permis de faire la guerre ».

La guerre édifie un ordre du jour humanitaire. A travers l’histoire, le dénigrement de l’ennemi a été appliqué maintes et maintes fois. Les croisades consistaient à diaboliser les Turcs en tant qu’infidèles et hérétiques, en vue de justifier l’action militaire.

La diabolisation sert des objectifs géopolitiques et économiques. De même, la campagne contre le « terrorisme islamique » (qui est appuyée par les Services secrets étatsuniens) sert de camouflage à la conquête des richesses pétrolières. L’expression « islamo-fascisme, » sert à avilir les politiques, les institutions, les valeurs et le tissu social des pays musulmans, tout en défendant en même temps les principes de la « démocratie occidentale » et du « marché libre » comme seule solution pour ces pays.

La guerre menée par les États-Unis dans les régions du Moyen-Orient et de l’Asie Centrale consiste à prendre le contrôle de plus de soixante pour cent des réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel. Les géants pétroliers anglo-étatsuniens cherchent aussi à prendre le contrôle de l’itinéraire des pipelines pétroliers et gaziers de la région.

Les pays musulmans, l’Arabie Saoudite, l’Irak, l’Iran, le Koweït, les Émirats Arabes Unis, le Qatar, le Yémen, la Libye, le Nigéria, l’Algérie, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, la Malaisie, l’Indonésie et le Brunei, possèdent entre 66,2 et 75,9 pour cent du total des réserves pétrolières, dépendant de la source et de la méthodologie d’évaluation.

Par contraste, les États-Unis possèdent à peine deux pour cent du total des réserves pétrolières. Les pays occidentaux avec ses principaux producteurs pétroliers (Canada, É.-U. A., Norvège, Royaume-Uni, Danemark et Australie) contrôlent à peu près quatre pour cent du total des réserves pétrolières. (Dans une autre évaluation de Oil and Gas Journal qui comprend les sables bitumineux du Canada, ce pourcentage serait de l’ordre de 16,5 pour cent.).

La plus grande part des réserves pétrolières mondiales se trouve dans une région s’étendant de l’extrémité du Yémen au bassin de la mer Caspienne et du littoral méditerranéen oriental au golfe Persique. Cette vaste région, du Moyen-Orient à l’Asie Centrale, théâtre de la « guerre contre le terrorisme » menée par les É.-U. A., englobe, d’après les évaluations de World Oil, plus de soixante pour cent des réserves pétrolières mondiales.

La diabolisation sert un ennemi qui possède les trois quarts des réserves pétrolières mondiales. « L’Axe du mal », les « États voyous », les « terroristes islamiques » : la diabolisation et le dénigrement sont les piliers idéologiques de la « guerre contre le terrorisme » étatsunienne. Ils servent de casus belli pour guerroyer dans la bataille pour le pétrole.

La région de l’Asie Centrale au Moyen-Orient est fortement militarisée. Les gisements pétroliers sont encerclés : navires de guerre de l’OTAN placés dans l’est méditerranéen (en tant qu’éléments de l’opération de « maintien de la paix » de l’ONU), porte-avions des Groupes d’attaques américains et escadres de destroyers dans le Golfe Persique-Arabique, déployés en tant qu’éléments de la « guerre contre le terrorisme ».

L’objectif ultime, de l’action militaire combinée aux opérations secrètes des services secrets et à la propagande guerrière, c’est de briser le tissu national pour transformer les pays souverains en territoires économiques ouverts, dans lesquels les ressources naturelles peuvent être pillées et confisquées sous la surveillance du « marché libre ». Ce contrôle s’étend aussi aux couloirs stratégiques des pipelines pétroliers et gaziers, comme par exemple en Afghanistan.

La diabolisation est une opération psychologique, servant à manipuler l’opinion publique pour construire un consensus en faveur de la guerre. La guerre psychologique est commanditée directement par le Pentagone et l’appareil des Services secrets étatsuniens. Elle ne se limite pas à assassiner ou à exécuter les dirigeants des pays musulmans, elle s’étend aux populations entières. Elle vise aussi les musulmans en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord. Elle prétend casser la conscience nationale et la capacité de résistance à l’envahisseur. Elle dénigre l’Islam. Elle crée des divisions sociales. Elle vise à diviser les sociétés nationales pour déclencher une « guerre civile ». Tout en créant un environnement qui facilite carrément l’appropriation des ressources des pays, en même temps, potentiellement en réaction, elle crée une nouvelle conscience nationale, développe la solidarité entre les communautés ethniques et rassemble les peuples dans la confrontation contre les envahisseurs.

Il vaut la peine de noter que le déclenchement des divisions sectaires et des « guerres civiles » sont envisagés dans le processus de refonte de la carte du Moyen-Orient, dans lequel il est prévu que les pays seront morcelés et transformés en territoires. La carte du nouveau Moyen-Orient, bien que non officielle, a été utilisée par l’Académie nationale de la guerre (étatsunien). Elle a été publiée récemment dans le Journal des Forces armées (en juin 2006).

Dans cette carte, les États nations sont morcelés, les frontières internationales sont redéfinies le long des lignes des clans ethniques, le plus souvent en fonction de l’intérêt des géants pétroliers anglo-étatsuniens. La carte a aussi servi dans un programme de formation à l’Université de la Défense de l’OTAN pour les officiers militaires supérieurs.

Michel Chossudovsky


- Source : L’aut’journal www.lautjournal.info




Les nouveaux Barbares, par Michel Warschawski.






URL de cet article 4918
  

Même Thème
Les Etats-Unis de mal empire : Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud
Danielle BLEITRACH, Maxime VIVAS, Viktor DEDAJ
Présentation de l’éditeur Au moment même où les Etats-Unis, ce Mal Empire, vont de mal en pis, et malgré le rideau de fumée entretenu par les médias dits libres, nous assistons à l’émergence de nouvelles formes de résistances dans les pays du Sud, notamment en Amérique latine. Malgré, ou grâce à , leurs diversités, ces résistances font apparaître un nouveau front de lutte contre l’ordre impérial US. Viktor Dedaj et Danielle Bleitrach, deux des auteurs du présent livre, avaient intitulé leur précédent ouvrage (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Il faudrait d’abord étudier comment la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l’abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfouis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral, et montrer que, chaque fois qu’il y a au VietNam une tête coupée et un oeil crevé et qu’en France on accepte, une fillette violée et qu’en France on accepte, un Malgache supplicié et qu’en France on accepte, il y a un acquis de la civilisation qui pèse de son poids mort, une régression universelle qui s’opère, une gangrène qui s’installe, un foyer d’infection qui s’étend et qu’au bout de tous ces traités violés, de tous ces mensonges propagés, de toutes ces expéditions punitives tolérées. de tous ces prisonniers ficelés et interrogés, de tous ces patriotes torturés, au bout de cet orgueil racial encouragé, de cette jactance étalée, il y a le poison instillé dans les veines de l’Europe, et le progrès lent, mais sûr, de l’ensauvagement du continent. [...]

Aimé Césaire

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.